On ne joue plus

Des fabriquants de jouets insèrent des micro-processeurs dans des jouets pour les rendre plus vrai. Ces derniers atterissent dans un magasin de jouets, où le fils du gérant finira par succomber aux aliens de service au détriment de l'autre équipe. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que les autres sont des jouets militaires qui compte bien employé la loi martiale...

Datant de 1998, Small Soldiers est l'un des derniers films de Joe Dante. C'est d'ailleurs par ce dernier que j'ai connu la filmographie de ce cinéaste singulier et tant sous-estimé par la profession (la distribution de son The Hole restera parmi les plus honteuses de ces dernières années). On y retrouve Gregory Smith, Kirsten Dunst (passant le cap de l'adolescence), Kevin Dunn et aussi Tommy Lee Jones, Frank Langella, les Spinal Tap (si, si), Sarah Michelle Gellar et Christina Ricci pour les voix des jouets. L'histoire a tout du conte qui tourne au cauchemar tout comme Gremlins du même réalisateur. Comme si Small Soldiers était un troisième Gremlins mais avec des militaires. Le héros est un adolescent amoureux d'une jolie fille, deux races de créatures s'opposent (Gizmo et les Gremlins autrefois, les jouets militaires et les aliens maintenant), il y a Dick Miller dans le coin et il y a toujours l'humour particulier de Dante. Sauf que si Gremlins s'imposait comme un pur film d'horreur pour adolescents, Small Soldiers fait plus dans l'actionner avec message derrière. En sachant que Dante prévoyait un film plus violent, mais Universal ayant négocié avec une firme de jouets, autant dire que cela a quelque peu changer malheureusement.

D'ailleurs, le cinéaste avouera à Ecran Large qu'il avait "raté quelque chose". Reste que Small Soldiers en lui-même ne fait pas dans la dentelle et tant mieux. Rien à voir avec un vulgaire Transformers. Dante analyse ici le monde du jouet, toujours en manque d'attraction et cherchant toujours la prochaine connerie pour faire augmenter les ventes. Ici, il s'agit d'insérer des micro-processeurs militaires dans deux races de jouets pour les rendre doués d'émotions. Histoire de se faire une bonne petite bataille dans les maisons. Pour cela, rien de mieux que de bons gros militaires beaux et charismatiques type GI Joe contre une bande de créatures évidemment très laids et différents. Il s'agit ici de critiquer le manichéisme pompeux de la société de consommation. Tu n'es pas parfait? Tu es un freak. Tu es barraqué? T'es le meilleur. Ni plus ni moins qu'une réalité sociale. Et on ne s'étonnera même pas qu'Alan préfère prendre même inconsciemment les aliens. Sans compter que les militaires sont tous des caricatures magnifiques d'acteurs: le chef a la gueule de Clint Eastwood dans Le maître de guerre (mais incarné par une autre belle trogne, Tommy Lee Jones), le noir ressemble à Stallone, le punk à un Mr T blanc et un autre à Dolph Lundgren. De belles bêtes quoi!

Dante joue également sur les apparences. Ainsi, les méchants ne sont pas les freaks mais les militaires! Un comble particulièrement jouissif. N'attendez vraiment pas à du gentillet avec un coco comme Dante et d'ailleurs, l'affiche prévient. Nos militaires n'ont rien de sympathique et ils comptent bien le montrer à papa, maman et les marmots. Dante tape également sur ses bonnes vieilles Barbie qui comme les GI Joe, ne sont pas cité mais clairement parodiées. Le détournement fait de l'image de ces chères cocotte va être pour le moins détonnante, ces dernières devenant sous l'impulsion de nos bourrins comme des nymphomanes déglinguées et allant presque jusqu'à s'attaquer aux valseuses de notre héros. Les différents affrontements s'avèrent donc assez redoutables et on en a pour notre argent. Le final est particulièrement réussie et touchante, même si ce n'était pas le voeu de Dante. Quoiqu'il dise, elle permet une vision mélancolique que prendra par la suite un autre film avec des jouets, Toy Story. Au niveau des acteurs, ils s'en sortent bien même si ce n'est pas toujours ça. C'est le cas de Kirsten Dunst ou même de notre héros incarné par Gregory Smith.

Un très bon film d'action avec des jouets étonnants.

Comments

[borat8]

Oui comme tu le dis et c'est ce que j'avais déjà évoqué dans mon dossier sur Spielberg, Dreamworks n'a rien de l'usine à rêve qu'était Amblin. C'est juste un petit studio parrainé autrefois par Universal puis par Paramount où le célèbre réalisateur délègue et au final n'est quasiment jamais impliqué dans les projets. C'est quelque peu dommage selon moi. Reste que Small soldier est un excellent film dans son genre, une sorte de Toy Story hard boiled.

[nicos31]

le problème avec ce film c'est que Dante n'a pas eu les libertés artistiques auquel il avait droit jusqu'ici et que spielberg déléguait le travail a sa bande d'hommes d'affaires de Dreamworks qui ne connaissaient rien au cinéma.

[borat8]

Et pourtant c'est un de ses films les moins connus. Revu récemment et toujours aussi jouissif et drôle.

[NICOS31]

Moi qui suis un grand adepte de la filmo de joe dante ce film est une belle réussite.

[borat8]

Merci de l'info Winslow!