Bonjour c'est le proprio!
Ludo sort d'une soirée bien arrosée en alcool et drogue. Il se croit seul sur la route, avant qu'un camion ne le percute de plein fouet. Malgré qu'il soit sur un lit d'hôpital, ses amis décident pourtant de partir en vacances...
Après son adaptation épatante de Ne le dis à personne, Guillaume Canet revient avec un film très personnel, ou il a distillé quelques bribes de sa vie, Les petits mouchoirs. Ils dirigent nombre de ses amis: François Cluzet (qui recevra son premier César grâce à Canet), Valérie Bonneton (ex-compagne de Cluzet), Marion Cotillard (compagne de Canet, pour ceux qui ne le saurait toujours pas), Benoît Magimel, Pascale Arbillot, Gilles Lellouche (qui était déjà présent sur ses 2 premiers films), Louise Monot, Laurent Lafitte (2ème collaboration), Anne Marivin (vu quelques minutes dans Ne le dis à personne), Jean Dujardin (a fait le CM2 avec le réalisateur) et Joel Dupuch.
On a également droit aux apparitions de Maxim Nucci, Matthieu Chédid, Sara Martins et Edouard Montoute. Autant dire que le nouveau film de Guillaume Canet était très attendu au tourmant, avec la notoriété du réalisateur et son casting énorme pour un film français (certains cinéastes voudraient bien s'en payer un pareil, c'est moi qui vous le dit). L'attente était totalement méritée, car nous sommes face à une comédie dramatique de haute volée. Tout d'abord, Canet semble avoir définitivement trouvé ses marques derrière la caméra.
Il faut le voir filmer l'ouverture en gros plan séquence, avec Dujardin dans une boîte de nuit, puis en scooter, avant de se prendre un camion de plein fouet. Une issue d'autant plus percutante, puisque le réalisateur laisse son acteur rouler au loin de la caméra, laissant lieu à un certain choc. Le spectateur ne voit vraiment rien venir. Après, le film tombe plus ou moins dans la comédie pure et dure, pour notre plus grand plaisir. Canet brosse le portrait de personnages atypiques et ayant tous un quelque chose leur permettant de se différencier.
Max (Cluzet) est un nerveux de première, plus ou moins homophobe (faut le voir réagir face à Magimel) et chassant la fouine comme personne (et à coup de hache, s'il vous plaît). Sa femme, Véro (Bonneton), adore le bio et semble un peu moins nerveuse que son mari. Vincent (Magimel) se découvre des sentiments pour Max, ce qui a le don d'agacer ce dernier. Sa femme, Isa (Arbillot), est clairement en manque de sexe (séquence amusante, ou on la voit se mater une simulation coquine). Eric (Lellouche) est un looser de première, allant jusqu'à se faire plaquer à l'aéroport.
Quant à Antoine (Lafitte), il pense toujours reconquérir sa Juliette (Marivin) via des textos toujours plus improbables. Et enfin, Marie (Cotillard) se tape tout le monde (homme ou femme), mais son vrai amour, c'est Ludo. Une belle brochettes de zigotos, qui donne lieu à des scènes d'une hilarité tonitruante. Il y a celle ou Cluzet et Magimel sont bloqués sur un bateau, à cause de la vase, et Cluzet ne se sent pas tranquille. Il décide donc de se sauver. Mais le bougre tombera dans la vase... et le slip avec! Sans compter, Cluzet qui chasse la fouine, allant jusqu'à saccager (trop simple), massacrer (plus clair) son mur de la salle de bain.
Sans compter sur le match de foot, ou Magimel est complètement hagard de Cluzet. Ce dernier essouflé se relève peu à peu, voyant le coco le regarder avec des yeux éberlués. Je citerais également Lellouche déclarant sa flamme à Louise Monot, dans une indifférence totale; et pour finir, Cotillard se faisant charier par les hommes et se met dans une rage folle. Les petits mouchoirs est vraiment un mémorable film de potes, ou ça s'aime, s'engueule, s'éclate... Mais là ou Canet frappe fort, c'est dans sa révélation finale totalement inatendue. Un choc incroyable et qui arrive comme un coup de poing dans le coeur.
Les 2h35 passent comme une lettre à la poste et sans déplaisir. Ce qui est incroyable pour une comédie française et surtout de nos jours. Après Un prophète, on tient probablement le gros concurrent à Des hommes et des dieux pour les prochains Césars. Les acteurs sont tous irréprochables et donnent des prestations de grande qualité. Mais certains se détachent totalement. Je pense à Cluzet, totalement hilarant (faut le voir en chasseur de fouine, façon Nicholson dans Shining), Magimel (qui tournait en rond, depuis un bon moment) et Lellouche (son côté looser est attachant au possible).
Canet confirme son talent de réalisateur, avec ce film à la fois drôle et triste et à l'interprétation remarquable.