Un monde ou la nuit est éternelle
John Murdoch se réveille dans une baignoire de sa chambre d'hôtel. Il ne sait pas qui il est et est accusé de meurtre de prostituées. Il va essayer de retrouver la mémoire, tout en étant traqué par un inspecteur et une confrerie mystérieuse...
En 1998, Alex Proyas signe son second film, Dark City. Décidemment, on peut mettre le réalisateur dans les réalisateurs maudits. Sur The Crow, son acteur principal, Brandon Lee, mourra d'une balle perdue (certains parlent de complots, d'autres d'accidents, autant dire que c'est louche). Sur I,Robot, il se fera viré de la salle de montage, des pubs de grandes marques sont visibles un peu partout (au hasard: Audi, Converse...), sans compter les retouches de Will Smith (son personnage devait être impérativement cool). Mais Dark City est probablement le pire cas.
Tourné assez vite; budget minime; décors réutilisés pour Matrix; montage censuré par la New Line; rajouts inutiles... Malgré un certain bide, Dark City a gagné en réputation depuis. Le director's cut a fini par arriver chez nous et dans une belle édition (de toutes manières, Metropolitan soigne toujours ses Blu Ray et DVD). Malheureusement, le tirage s'avère minime et j'ai mis au moins 1 mois et demi pour le trouver en magasin. On retrouve tout de même un beau casting avec Rufus Sewell, Kiefer Sutherland (pas encore le Jack Bauer du paf), Jennifer Connelly, William Hurt, Richard O'Brien, Ian Richardson, Bruce Spense et Melissa George.
Cette version digne de la vision initiale de Proyas rectifie ou rajoute de nombreuses choses. Déjà plus de nudité (certains seront content ^^). Au tout début, les explications de Sutherland, qui avaient été faites suite à l'incompréhenssion du public des projections tests (et donc imposés par la New Line), sont supprimées. Connelly retrouve sa voix, lors des scènes de bar (autrefois doublée par Anita Kelsey). La petite fille de la prostituée incarnée par Melissa George, totalement absente du montage cinéma, apparaît enfin et donne une meilleure compréhenssion dans les scènes concernées.
Les effets spéciaux ont évidemment été restauré voire refait. En tous cas, le film est vraiment mémorable. Le scénario est à la fois complexe et fascinant. On y suit John Murdoch, un homme amnésique et se découvrant des pouvoirs, comme supprimer des éléments, créer d'autres ou repousser des attaques. Des pouvoirs qui lui causeront des ennuis, vu qu'il est traqué par des hommes chauves ayant les mêmes pouvoirs; mais aussi un inspecteur, que Murdoch va vite rallié à sa cause. Il est accusé de meurtres de prostituées. Or il s'agit bel et bien de l'un de ses traqueurs souhaitant lui ressembler.
Ces traqueurs dirigent également la fameuse ville de Dark City, ville démunie de lumière et dont la population est manipulée dans tous les sens du terme. Ainsi, le peuple a des souvenirs préfabriqués. Dark City se révèle donc très intelligent l'air de rien. On peut également voir que Matrix s'en est assez inspiré, que ce soit dans les combats aériens ou le moule des humains régie par des choses autre que l'Homme. Mais finalement, c'est Dark City qui l'emporte. Pour l'aspect visuel, c'est vraiment fantastique et créatif.
Un film de SF malmené à sa sortie, mais véritable coup de maître.