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Cine Borat
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5 décembre 2013

Bien avant L'Armée des 12 Singes...

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genre: anticipation, science fiction 
Année: 1963
durée: 30 minutes

l'histoire: Envoyé dans le passé, un homme doit permettre l'ouverture d'un corridor temporel. Cet homme est choisi pour ses facultés de mémorisation. Il a en effet été marqué dans son enfance par une image indélébile.

la critique d'Alice In Oliver:

Voilà un court-métrage qui peut se targuer d'appartenir aux classiques de l'anticipation et de la science fiction, et plus largement aux films cultes du septième art. J'ai nommé La Jetée, réalisée par Chris Marker en 1962.
Bien des années plus tard, précisément en 1996, Terry Gilliam, influencé par le chef d'oeuvre de Chris Marker, signera un remake, L'Armée des 12 Singes.

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Mais La Jetée n'a pas seulement inspiré le remake de Terry Gilliam. En effet, le film de Chris Marker marquera toute une génération de cinéastes, notamment Alex Proyas avec Dark City, pour ne citer que cet exemple.
Le scénario est certes complexe mais pas incompréhensible non plus. La Jetée est un court-métrage en noir et blanc, présentant toute une série de photos commentées par une voix-off.

jetée

A partir de ce concept froid et austère, Chris Marker nous décrit un monde apocalytpique et une capitale (la ville de Paris) en proie au chaos, suite à la Troisième Guerre Mondiale.
Le film nous présente l'histoire d'un homme (dont on ne connaît pas l'identité) envoyé dans le passé pour ses facultés de mémorisation, ses rêves étant intimement liés à un souvenir de l'enfance qu'il ne peut expliquer: l'image d'une belle jeune femme.

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A partir de ces différents éléments, Chris Marker élabore plusieurs thématiques passionnantes: la fragilité de la mémoire, l'influence de l'image sur les souvenirs personnels et collectifs, le complexe de Cassandre, les paradoxes temporels, le destin d'une humanité condamnée à sa propre perte, la science de demain, les apprentis-sorciers...
Tous ces thèmes se retrouvent juxtaposés dans un monde post-apocalyptique et de guerre nucléaire. Inutile de le préciser: La Jetée est un film profondément noir et pessimiste. Il règne dans ce film une grande mélancolie, symbolisée ici par la quête d'un héros condamné à rechercher la vérité.

Cet aspect mélancolique est renforcé par des images fixes, froides et une bande son tétanisante. Finalement, La Jetée est un film à la recherche de ses propres fantômes, le film posant la question de l'espace et du temps, deux notions intimement liées, et qui ne cesseront d'interroger la mémoire défaillante d'un héros à la recherche de son identité.
Certes, présentée comme cela, La Jetée peut paraître terriblement austère. Mais La Jetée, c'est aussi une histoire d'amour impossible entre deux personnes qui ne pourront jamais se retrouver, la faute aux grands sorciers de notre temps et à des enjeux plus complexes.
Nul doute que ce film mériterait une analyse plus profonde. En l'état, La Jetée reste un film indispensable et un bijou du septième art.

La critique de Borat

Terry Gilliam ne l'a jamais nié: L'armée des douze singes est largement inspiré de La jetée. On peut même parlé de remake libre, Gilliam n'ayant jamais copié d'histoires sans y mettre sa propre patte (comme ce fut le cas sur Brazil). La jetée est peut être plus reconnu depuis la sortie du film du Monty Python et a acquis définitivement un statut d'oeuvre indispensable. Il s'agit en fait d'un court-métrage en noir et blanc narré par une voix-off de vingt-huit minutes que son réalisateur, Chris Marker, a baptisé comme un "photo-roman". Feu Chris Marker était un réalisateur qui a expérimenté dans le cinéma tout le long de sa carrière, à la fois documentariste (on pense à son documentaire très personnel sur son ami Simone Signoret, comme à l'essai Sans soleil représentant des ethnies d'Afrique à l'urbanisme d'un certain Japon) et amateur de fictions. C'est le cas de La jetée réalisé en 1963. Le film se pose comme un immense diaporama de photos évidemment dans un certain sens chronologique, aidé par la voix-off qui nous permet de comprendre l'histoire. Plus qu'un film d'anticipation (ceux qui ont vu le film de Gilliam savent de quoi je parle), La jetée est avant tout une sublime histoire d'amour.

Lui vient d'un futur où la Terre fut tellement ravagée par une énième guerre mondiale qu'elle ne permet plus à l'Homme de vivre en dehors des sous-terrains. Elle est un vestige du passé qu'il ne connaîtra jamais. Tout deux n'auraient jamais dû se rencontrer et pourtant le cruel hasard du temps a fait qu'ils se sont trouvés. Leurs noms ne sont jamais dévoilés au cours du récit, mais Marker n'en a pas besoin pour sa narration. Un homme, une femme, un amour éternel qui ne s'arrêtera jamais et reviendra sans cesse les hanter. Un même lieu qui sera un commencement comme une fin Règne ainsi une poésie ambiante, un amour impossible mais qui renaît sans cesse de ses cendres pour continuer à rester. C'est rare de voir une telle beauté de l'amour dans le cinéma et La jetée, en si peu de temps, réussi à faire ce que des films dix fois plus longs n'arrivent jamais à faire. Marker se veut également fort convaincant pour dépeindre le futur. Un monde déprimant où il n'y a quasiment pas d'espoir, en dehors d'envoyer des condamnés dans le passé, histoire de savoir si cela peut être évité.

Le problème étant que les trois-quarts du temps, les gens ne veulent ou ne reviennent pas. Le voyage dans le temps apparaît donc comme une porte de sortie pour ceux qui ont ce "privilège". Le futur est montré comme terriblement froid, inexistant et surtout invivable. On comprend assez rapidement l'envie de rester dans le passé, dans la nostalgie. De plus, le procédé du film renvoie aux souvenirs que nous avons, que nous concervons, parfois douloureux (le final), parfois merveilleux (les moments passés avec elle, Marker sublimant l'actrice Hélène Châtelain et laisse même entrevoir cinq secondes de battements d'oeil, seul plan mobile du film). Les images s'alignent pour nous raconter une histoire, mais Marker veut surtout montrer la puissance de l'image, ce moment instantané qui prend à notre rétine. Que ce soit cet aéroport d'Orly, le visage inoubliable (un comble ici) de Châtelain, la machine pour voyager dans le temps complètement expérimentale et neuronale (on est encore très loin de la combinaison en scaphandre de Bruce Willis) et surtout ce final choquant pour le spectateur qui s'était attaché à ces personnages. Le regard que porte la femme sur l'enfant prend tout son sens et sera autant magnifié dans le film de Gilliam avec la beauté flamboyante de Madeleine Stowe.

Un film où Marker expérimente notre perception de l'image et l'impact de certaines, tout en dévoilant une splendide histoire d'amour dans un monde terriblement clinique. 

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Commentaires
B
Par ailleurs et ce malgré la vidéo en fin d'article, je tiens à signaler que j'ai vu La jetée comme Sans soleil en DVD, donc dans une bien meilleure qualité.
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V
à Borat: C'est vrai c'est sans doute pour cela que ça touche autant
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B
D'autant que ces photos sont une allégorie du souvenir, ce pourquoi on fait des photos, pour immortaliser l'instant présent.
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V
à Borat: Clair le film fou vraiment une drôle d'impression. On a parfois l'impression de vraies images
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B
Oui et le style expérimental sied bien avec le sujet même.
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