Un "inspecteur Harry" à la retraite

23 septembre 2011

Un "inspecteur Harry" à la retraite

genre: drame
Année: 2008
durée: 1h50

l'histoire: Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée et pétri de préjugés. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise. Un jour, un adolescent asiatique, Thao, tente de lui voler sa voiture, une Gran Torino. Walt surpasse ses réticences et confie à Thao des travaux d'intérêt général.

la critique d'Alice In Oliver:

Finalement, au regard de la filmographie de Clint Eastwood, Gran Torino, réalisé en 2008, n'a rien de surprenant.
En effet, très souvent dans sa carrière, Eastwood aura abordé et interprété des personnages solitaires et atypiques, la grande capacité de l'acteur/réalisateur étant de défier les codes, amenant le spectateur à prendre fait et cause pour des protagonistes à la base antipathiques.

Encore une fois, Clint Eastwood signe un drame surprenant. Mais avant de revenir sur les thématiques de Gran Torino, il est nécessaire de rappeler l'histoire. Attention, SPOILERS ! Walt Kowalski (Clint Eastwood) est un vétéran de la guerre de Corée. C'est un homme profondément raciste et méprisant, qui déteste plus particulièrement les asiatiques, qui ont envahi son quartier.
Mais un jour, un adolescent asiatique, Thao, tente de voler sa voiture, une Ford Gran Torino.

Par cet acte, le jeune homme vient de déshonorer son clan. Pour se faire pardonner, ce dernier vient chez Walt réparer ses erreurs.
Contre toute attente, Walt et Thao vont sympathiser, le vieux briscard dépassant alors ses préjugés raciaux.
Mais très vite, les choses se compliquent. Alors que Thao se rachète une conduite, le jeune homme est rattrapé par un gang de voyous.
Walt va alors intervenir, mais la situation va rapidement tourner au règlement de compte et à la tragédie.

Avec Gran Torino, Clint Eastwood brosse le portrait d'un homme plus complexe qu'il n'y paraît. Au même titre que les héros qu'il a maintes fois interprété dans les westerns, Clint incarne un personnage énigmatique, tel un fantôme, mais qui va finir par effectuer un retour surprenant.
C'est aussi un personnage qui rappelle beaucoup l'inspecteur Harry. Walt mène une vie paisible, mais n'a aucune pitié pour ceux qui ne respectent pas la loi.

C'est un personnage qui vit dans un environnement incertain et insécurisé. A cause de la tragédie qui va toucher Thao, Walt va redevenir le guerrier qu'il a été par le passé. Certains démons vont revenir à la surface et lui rappeler de bien tristes souvenirs (notamment ceux qu'il a pu connaître en Corée).
Mais encore une fois, Clint Eastwood surprend et bouleverse les codes à travers une fin déroutante, à la fois dramatique et pleine d'espoir.
Un vrai tour de force de l'ami Clint Eastwood. Forcément essentiel.

La critique de Borat

Notre cher Clint le sait très bien: il n'est plus tout jeune. L'idée étant de finir sa carrière devant la caméra en beauté. Pour cela, il se taille un rôle sur mesure. Avec Gran Torino, l'acteur-réalisateur a fait son plus gros coup et pour cause, il est son plus gros succès aux Etats Unis comme à l'internationnal. De quoi faire oublier le flop douteux de L'échange, sorti quelques mois plus tôt. Mais certaines personnes en ont vu son meilleur film. Or ce serait oublié Million Dollar Baby, Sur la route de Madison, L'épreuve de force ou encore Mystic River. Son affiche trompe un peu le spectateur. En effet, le grand Clint apparaît armé. On peut donc penser à un vigilante movie comme le récent Harry Brown, avec Michael Caine défonçant du dealer londonnien à la pelle. Même chose à la voiture éponyme. Eastwood qui fait un film de course à son âge, on peut se poser des questions (en même temps, il a attendu cette année pour nous sortir une chiure comme Hereafter).

Eastwood incarne un vétéran de la Guerre de Corée venant de perdre sa femme. Son portrait est assez truculant. Ses enfants le narguent préférant le mettre en maison de retraite que de le laisser tranquille; les petits enfants sont des petits cons pensant plus à leur portable qu'à leur grand père et Walt n'a plus qu'un ami, sa chienne. On voit ici un homme solitaire et anti-social dans les grandes largeurs. Sans compter le jeune prêtre qui ne cesse de vouloir le faire confesser. Pourtant un élément perturbateur va changer la donne. En effet, Walt va intervenir lors d'une altercation entre ses voisins et un gang local. Il va alors se prendre d'affection pour cette famille asiatique et en particuliers les enfants. Outre son sujet assez sérieux, le grand Clint instaure un humour tonitruant. L'ami Clint nous sort des punchlines à se pisser dessus digne de celle du Maître de guerre ou de L'inspecteur Harry. Avec ce dernier, on pourrait faire quelques comparaisons.

Ainsi on peut voir en Walt un Dirty Harry à la retraite. Faut le voir se castagner verbalement avec son coiffeur ou la séquence se passant chez les Wong avec un Clint alignant les bourdes et opérant un véritable choc des cultures. Le passage avec Miam-Miam est particulièrement succulant. Mais le réalisateur n'oublie jamais son sujet à savoir l'histoire d'amitié entre un vieillard et un jeunot et cela malgré leurs différences ethniques. On regrettera pourtant la fin un peu trop christique sur les bords, que ce soit dans le propos ou la position. Gran Torino reste néanmoins le dernier grand film de l'ami Eastwood, Invictus ayant un peu déçu lui aussi. Eastwood trouve un dernier rôle (pas sûr que l'acteur revienne, même avec un autre réalisateur le dirigeant) en or, véritable illustration de lui même. Pas de doute, ce dernier film signe la fin de sa carrière de comédien, comme le prouve d'ailleurs la fin, Clint comprenant qu'il est peut être trop vieux pour ces conneries.

Certainement pas son meilleur film comme ont osé dire certaines personnes, mais indéniablement un grand cru avec l'adieu d'un putain de grand acteur.

GRAN TORINO - CLINT EASTWOOD - BANDE ANNONCE VO

Posté par Alice In Oliver à 10:00 - Commentaires […] - Permalien [#]

Tags: drame, Clint Eastwood, Gran Torino, années 2000, racisme