Ceux qui tue la nature, la nature les prendra
Japon médiévale. Un jeune guerrier nommé Ashitaka se voit affubler d'une malédiction après avoir touché un sanglier contaminé par un certain mal. Il se voit alors bannir et se retrouve dans la guerre opposant Dame Eboshi et ses ouvrières et la Princesse Mononoké, jeune femme élevée par des loups...
En 1997, une rumeur persistante disait que le prochain film d'Hayao Miyazaki serait bien le dernier. Un événement important au Japon qui fit de Princesse Mononoké un film attendu comme pas possible. Il marque également le début de l'impérialisme autour du monde du réalisateur, dont tous les films sont distribués par Disney depuis (hors Le château de Cagliostro qui n'est pas un Ghibli et n'a pas reçu de traitement de faveur comme NausicaÄ). Un succès internationnal (près de 159 millions de $ de recettes pour un budget de 18 millions) qui précédera celui du Voyage de Chihiro. Je l'avais vu une première fois au cinéma, mais un film pareil n'est pas à voir à 7 ans et encore moins dans des conditions aussi déplorables (je me souviens que l'image déconnaît beaucoup durant les bande-annonces et que le temps de mise en place a été plus long que d'habitude). J'ai attendu 2006 et la vision du Château ambulant pour découvrir correctement le travail de Miyazaki (j'avais vu Totoro sans m'en rendre compte que c'était de ce réalisateur).
Indéniablement, Princesse Mononoké est un immense choc de part sa violence graphique. Miyazaki ne l'avait jamais réellement employé en dehors peut être de la séquence des avions de Porco Rosso ou le caractère pessimiste de NausicaÄ. Ici, les têtes tombent et les morts pleuvent de façon brutale comme mélancolique. Encore une fois, l'auteur nous parle d'une nature déboisée au profit de l'argent et du pouvoir. La nature n'a qu'à s'écraser. D'où la rébellion de la jeune Mononoké, fille bâtarde élevée par des loups, contre l'oppression. Entre cela, on retrouve Ashitaka, guerrier contaminé par le mal d'un sanglier. Depuis, le jeune homme se voit ronger petit à petit et utilise uniquement ce mal en cas d'extrême nécessité. Un idéaliste voulant instaurer une paix impossible. La guerre est véritablement inévitable entre les deux camps et l'ami essayera vainement de réconcilier les deux.
A mon humble avis et contre l'avis de beaucoup, je considère ce film comme le chef d'oeuvre de ce cinéaste de génie. Tout y est: sa position pour l'écologie, le héros voulant la paix ou charismatique, la musique incontournable de Joe Hisaishi (certainement l'une des plus belles que j'ai entendu), l'héroîne inarrêtable, les animaux... L'animation est fracassante, ce film ayant été le dernier où Miyazaki san a supervisé de fond en comble ce projet. C'est d'ailleurs pour cette raison que ce film devait rester le dernier du cinéaste. Le cinéaste donne toute son énergie dans ce projet et cela se sent indéniablement dans ce film épique. Comme quoi, à vouloir prendre sa retraite, le réalisateur n'a jamais été aussi meilleur. Princesse Mononoké dure certes 2h15 mais se révèle passionnant de bout en bout. Le chaînon dramatique atteint son paroxisme dans la dernière demi-heure d'une beauté enivrante et enrichie de la musique d'Hisaishi.
En ce qui me concernes, ce film est le meilleur de Miyazaki et un film épique magnifique.