L'Outrage de Cannes
La guerre fait toujours autant rage au sain des yakuzas, le but étant de frapper le premier. Otomo est de ceux essayant de rester dans sa position mais le fossé va commencer à s'agrandir...
Je connais peu Takeshi Kitano. A vrai dire, j'ai déjà vu Aniki mon frère mais il y a de cela au moins sept ans et m'en souviens pas vraiment. J'ai vu également Tabou dans lequel il n'est que comédien. Après une période plus porté sur l'autoportrait, il revient aux films de yakuzas, genre qui l'a rendu célèbre notamment avec Hana-bi. Présenté à Cannes en 2010, Outrage a divisé la critique en grande partie, si bien qu'on peut presque dire qu'il fut boudé. Pourtant, s'il y avait bien un film qui était intéressant voire potable dans la sélection c'est bien celui là. En attendant on nous a gavé avec Des hommes et des dieux (soupirs...). Dans une édition particulièrement à dormir debout (pour être gentil), le Kitano apparaît comme un réveil tout comme le décontracté-du-gland Kaboom hors compétition.
Malheureusement j'ai dû utiliser d'autres moyens pour le voir, mon cinéma préférant passer l'avant-dernier Harry Potter. De nombreux fans du réalisateur ne seront pas de mon avis, disant que ce n'est qu'un cru comme tant d'autres. Vraissemblablement je dirais que ce film donne envie de découvrir ce cinéaste. Déjà l'intrigue se révèle simple comme le monde: deux clans yakuzas s'entretuent pour avoir la part du gâteau. On suit les déplacements des clans, les coûtumes (le coupage de doigt) et indéniablement les réglements de comptes. Autant dire que l'interdiction aux moins de 12 ans est totalement justifiée. On retiendra impitoyablement cette scène où Kitano démande à un bonhomme de lui montrer sa langue avant de lui défoncer la mâchoire. Une séquence à la limite du gag mais terriblement jouissive. On notera également le pauvre associé se retrouvant soutenu par une corde autour du cou par une bagnole.
Pas de doute, on est bien dans un film de gangsters. On suit particulièrement Kitano alias Otomo, un homme de main particulièrement exécutif (en même temps, les yakuzas...) et dont la violence peut dégénérer à tous moments (voir exemple susmentionné). Il aurait été un génie du crime durant l'âge d'or mais de nos jours, les petits commencent sérieusement à voir gros quitte à couper des têtes. Malheureusement pour lui, Otomo va se retrouver dans un engrenage tel, que même la prison ne peut rien pour lui. Tout ceux qui gêne sont tués, histoire de faire de la place au nouveau chef. Les légendes d'hier ne le sont plus aujourd'hui et c'est cela que veut dire le réalisateur nippon. L'honneur n'a plus d'yeux d'être, le but étant de grapiller le plus d'argent possible. Dans ce rôle de tueur largué, Kitano est magnifique et d'autant plus percutant en VO (pas vu la VF donc peux pas dire). Les autres acteurs également.
Kitano sonne l'alarme aux yakuzas dans ce superbe polar.