Ma petite entreprise connait pas la crise...
Après s'être fait viré d'une usine, Charlot essaye tant bien que mal de trouver du boulot accompagné d'une jeune femme...
En ces temps de crise internationnale, revenons en 1936, une année où régnait encore la Grande Dépression. A cette époque, Charlie Chaplin signait l'un des films les plus importants de sa carrière ou en tous cas l'un de ses plus connus: Les temps modernes. Une oeuvre où le réalisateur donne son point de vue sur la crise de 1929 et ses répercutions. Rare sont ceux qui l'abordent et le King Kong de 1933 en parlait au tout début. Preuve qu'on pouvait également parler de social dans un divertissement pur et dur. Là où Chaplin va plus loin que le chef d'oeuvre de Merian C Cooper et Ernest B Schoedsack, c'est qu'il aborde le sujet de plein fouet et cela durant 87 minutes de bobine. Comme partenaire, l'anglais prend Paulette Godard, une jeune actrice qui deviendra sa femme peu après la sortie du film et participera au monumental Dictateur. A sa sortie, Les temps modernes sera incendié par une critique vraissemblablement pas prête à ce genre de film.
Certains pointeront également que le film soit muet à une époque où le parlant existait déjà. Ce que Chaplin retorquera par le fait qu'un Charlot qui parle n'est plus un Charlot tout simplement. Cet opus peut donc s'aparenter au dernier film du personnage mythique, Chaplin utilisant des personnages inédits par la suite mais lui ressemblant néanmoins. Le réalisateur sait que pour son dernier Charlot, il doit frapper fort. Chaplin n'y va donc pas de mains mortes avec l'industrie, la dégommant avec des clous et un marteau. Dès les premières séquences, le cinéaste fait autant rire que faire peur. Celle avec Charlot essayant vainement d'assembler des pièces tout en mangeant est un sommet dans son genre. Certes Chaplin fait rire avec sa gestuelle et les conneries qu'il fait, mais il nous montre la deshumanisation progressive des travailleurs devant faire inlassablement la même chose.
Un constat qui fait froid dans le dos quand on y repense et pourtant typique du travail à la chaine. Juste après ça, cela va être une certaine descente aux enfers pour le moustachu à chapeau. Le chômage le guette et le travail est rare. C'est à ce moment là qu'il rencontre "la gamine", elle aussi sans emploi. Chaplin fait donc l'apologie de la débrouille, avec des gens essayant de s'en sortir par tous les moyens. Le rêve américain en d'autres termes. Soulignons par ailleurs ce magnifique final avec deux êtres unis face à l'adversité. On aura également droit au premier moment parlé dans un Chaplin avec cette hilarante séquence du restaurant où l'acteur fait un show monumental. L'acteur livre une performance exemplaire comme à son habitude. Aucun doute que face à la misère actuelle, il doit se retourner dans sa tombe le pauvre.
Une comédie coup de poing sur la crise et terriblement actuelle.