Attention à l'homme-fourmi !

genre: comédie
année: 1993
durée: 1h40
l'histoire: Key West, Floride, 1962. Alors que le monde est au bord de l'anéantissement nucléaire, Lawrence Woosley présente son nouveau film d'horreur. Gene et ses amis s'apprêtent à vivre un samedi après-midi qu'ils n'oublieront jamais.

la critique d'Alice In Oliver:

Joe Dante reste un cinéaste de talent. C'est aussi un réalisateur sous-estimé, que l'on a un peu perdu de vue depuis quelques années.
Joe Dante reste caricaturé à un seul film, j'ai nommé Gremlins. Ce serait vite oublié le reste de sa filmographie.
Panic sur Florida Beach, réalisé en 1993, est probablement son film le plus personnel.

Certes, le titre du film pourrait laisser présager à un énième film d'horreur. Il n'en est rien. Panic sur Florida Beach reste avant tout une comédie et un hommage au cinéma de science fiction et d'horreur des années 50 et 60.
Clairement, on sent que Joe Dante a été bercé par les productions made in Ray Harryhausen, Roger Corman et Ed Wood.

En résumé, bienvenue dans le cinéma bis et dans une époque où les salles de cinéma étaient accaparées par le public, friand de pop corn et de sensations fortes. Le scénario de Panic sur Florida Beach est plus complexe qu'il n'y paraît.
Attention, SPOILERS ! En 1962, la petite ville de Key West, en Floride, vit dans la peur et dans la panique, comme le reste du territoire américain.

Nous sommes en pleine Guerre Froide et dans un contexte de guerre des missiles entre les communistes et les Etats-Unis.
Bien évidemment, cette paranoïa inspire le cinéma, notamment Lawrence Woosley, un réalisateur qui vient de produire un nouveau film d'horreur, Mant !
Cette nouvelle série B est l'objet de toutes les critiques, certains évoquant même une oeuvre communiste et dangereuse.

Mais peu importe, le film est projeté. Une bande de gosses a décidé d'assister à la projection de Mant ! Ils ne sont pas prêts d'oublier cette séance !
Certes, dit comme cela, l'histoire de Panic sur Florida Beach paraît assez basique. Pourtant, à travers ce script en apparence simpliste, Joe Dante retranscrit parfaitement la tension qui règnait au début des années 60 aux Etats-Unis.

Cette angoisse vient trouver ses sources dans un contexte de menace nucléaire et de peur de la fin du monde.
Le réalisateur de  Mant !, Lawernce Woosley (John Goodman) en a bien conscience et signe une série B qui se situe entre Them, connu aussi sous le nom Des Monstres Attaquent la ville, et La Mouche Noire.
En réalité, son film n'a rien de dangereux. Mais son scénario, à savoir l'histoire d'un homme qui se transforme en affreuse fourmi après une explosion nucléaire, effraie le public. Ce film est aussi la traduction de nos peurs enfantines, relevant à la fois de l'imaginaire enfantine et de la réalité.
Panic sur Florida Beach reste donc une petite curiosité, un film personnel et sous-estimé.

La critique de Borat

Quelque peu libéré de Steven Spielberg, Joe Dante s'apprête à rendre hommage au Cinéma de sa jeunesse avec Panic sur Florida Beach ou Matinee en VO. La Warner, productrice des Gremlins, devait à l'origine le produire avant de laisser la place à des sociétés étrangères ou indépendantes avant qu'Universal ne repris tout en main. Au niveau du casting, on retrouve John Goodman, Cathy Moriarty (la fameuse femme de De Niro), les jeunes Simon Fenton et Lisa Jakub (qui connaîtra le succès la même année en jouant la fille de Robin Williams dans Mme Doubtfire, puis celle de Randy Quaid dans Independence day) ainsi que des fidèles au cinéaste comme Dick Miller et Robert Picardo. A vrai dire et malgré ses têtes d'affiche et sa qualité, les gars d'Universal ne sauront pas réellement comment le diffuser et le promouvoir.

Pour preuve, le dirigeant du studio sortira même "Mais comment va-t-on sortir ce film?" La suite sera evidemment néfaste, le film se prenant un bide tel qu'il faudra attendre en France dix-huit ans pour qu'il sorte en DVD et BR. Saluons donc l'équipe de Carlotta pour l'avoir enfin montrer au grand public dans une édition digne de ce nom. En voulant rendre hommage à l'année de ses seize ans, Dante signe son film le plus personnel. La reconstitution de l'époque est impressionnante, la plupart des dessins, magazines et autres affiches présents dans la chambre du héros étant de ou au réalisateur. Un vrai souci de l'authenticité qui prime. Pour le personnage de John Goodman, soit le producteur Lawrence Woolsey, Dante s'est inspiré non pas d'Alfred Hitchcock mais d'un certain William Castle, qui s'autoproclamait comme le successeur du Maître du suspense.

Il se mettait également en scène dans les bande-annonces de ses films et utilisait également des méchanismes pour rendre les projections de film plus attractives. Goodman est d'ailleurs énorme dans ce rôle terriblement attachant. Certes c'est un producteur et il aime l'argent mais c'est un mec passionné par son travail et essayant toujours de donner la marchandise à ses spectateurs. Quitte à théâtraliser les séances avec sa compagne faisant signer des décharges dénigrant toutes plaintes pour abus de peur! Le plus drôle étant qu'elle est habillée en infirmière et se fait aguicher en vain pour aller voir des patients. Un rôle qui va à ravir à Cathy Moriarty sachant être à la fois drôle et ironique. Outre cela, le film aborde également les troubles de Cuba. Le père du héros est un pilote de l'avion et en ces temps, les Américains avaient peur que les Soviétiques leur envoient une bombe en pleine gueule.

On voit donc la tension dans la ville où a lieu la projection. Certains croient à la fin du monde tellement fort qu'il s'enferme dans des bunkers ou attrape peur dès qu'il y a un tremblement. Sans oublier le passage où notre héros subi un exercice d'alerte avec les jeunes devant mettre la tête entre les jambes, ce qui est particulièrement ridicule. Si Dante joue avec ces effets comiques, il montre bien cet aspect catastrophe totalement réaliste à cette époque. Le plat de resistance est indéniablement la projection de Mant!, un film avec un homme devenant une fourmi suite à des essais nucléaires. Ce qui renvoie aux craintes précitées. Le film dans le film donc est visible sur les galettes de Carlotta. Une bande en noir et blanc d'une saveur indéniable et renvoyant aux classiques de Jack Arnold comme Tarentula et L'homme qui rétrécit.

Un court métrage d'une vingtaine de minutes et sentant bon la série B voire Z. Entre une bonhomme devenant taré au fur et à mesure de sa transformation, une fourmi géante réaliste et typique de ce genre de productions mais jamais clichés, un dentiste jaloux au possible et un général militaire caricature de lui-même; on s'amuse bien devant. A partir de là, bienvenue dans un véritable bordel, la salle devenant un véritable champ de bataille balisé par le pop corn et autres soda. Woolsey utilisant des systèmes dignes des parcs d'attraction, les spectateurs ont droit à des secousses, décharges électriques aux fesses, loubard déguisé en fourmi donnant lieu à une séquence hilarante où Goodman s'en prend une et faisant comme si c'était joué (!)... Un véritable show. Sans compter ce final apocalyptique.

Une véritable pépite oubliée et véritable ôde à un Cinéma aujourd'hui mal vu par certains.

MANT Joe Dante Matinee John Goodman

Comments

[alice in oliver]

et surtout, ne le loupe pas celui là: je parle évidemment de Tarantula dans lequel Eastwood effectue une courte apparition

[borat8]

D'ailleurs dans une interview d'Ecran large que tu as peut être vu ou lu, Dante dit que le studio lui a dit qu'il ne pouvait tuer Hanks à la fin. D'où une fin un peu lourdigue. Mais très bonne comédie où le voyeurisme en prend un coup. Sinon je vous conseille de le voir tout les deux, surtout que le BR est redoutable niveau bonus.
Pas vu encore Medecine man mais ça devrait venir.

[Tangokoni]

De rien jeune Bobo:-) as tu regardé Medicin man finalement ? il a été téléchargé plusieurs fois, mais je ne sais pas si toi tu l'as vu ;-)

Bienvenue au club de ceux qui aiment Les banlieusards Max :-) la fin est un tout petit peu décevante oui, c'est vrai, mais tout le reste est si bon .......

[MaxLaMenace_89]

Faut absolument que je le vois, celui-là ! Et je viens de découvrir Les Banlieusards (aussi de Dante) que j'avais découvert ici, et grosse surprise, j'ai beaucoup aimé, très drôle, dommage la conclusion est loupée.

[borat8]

Merci Tango!