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Cine Borat
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17 juillet 2012

A la recherche de la paix intérieure

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Genre :inclassable, drame (interdit aux - 16 ans)

Année : 1989

Durée :120min

L'histoire : Fénix est un enfant de la balle, le fils de deux artistes de cirque (son père, lanceur de couteaux, est même le patron du cirque). La mère de Fénix, qui sert de partenaire à son père, est également prêtresse dans l’église impie du Sang Sacré, vouant un culte à une jeune femme ayant été violée, atrocement mutilée (bras tranchés) et assassinée. Un soir, Fénix voit ses parents s’agresser mutuellement : la mère châtre le père, et le père, avant de mourir, tranche ses deux bras à la mère. Fénix, devenu adulte, va alors avoir une certaine disposition à la violence…

La critique d'Alice In Oliver:

Attention, film éminemment complexe ! Complexe mais pas incompréhensible non plus ! C'est ce qui différencie Santa Sangre des précédents films d'Alejandro Jodorowsky. Avant de m'embarquer dans l'explication des thématiques du film, il est nécessaire de vous proposer un résumé de l'histoire.
Attention, SPOILERS !

Fénix (Axel Jodorowsky) est un enfant du cirque et vit au sein d'une famille pathologique, entre une mère castratrice et un père aux abonnés absents. A partir de là, Fénix va vivre une enfance douloureuse, marquée par plusieurs étapes destructrices qui seront les fondements de sa psychologie adulte.
Dans un premier temps, Fénix vit très douloureusement la mort de son éléphant, animal symbolique lui permettant une certaine sérénité et un rattachement à la réalité.

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Mais l'éléphant sera sacrifié et son cercueil sera jeté dans un ravin, l'animal étant livré en pâture à quelques miséreux crevant de faim. Fénix ne s'en remettra jamais, et ce, malgré le soutien indéfectible de quelques personnes du cirque. Second traumatisme, et pas des moindres: la séparation avec Alma, une jeune fille du cirque, muette, du même âge que Fénix.
Alma est partie, Fénix est abbatu. Il vient de perdre celle qu'il aime. Leurs adieux sont tout simplement déchirants.

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Troisième et dernier traumatisme: la mort violente de ses parents, et plus particulièrement, le décès de sa mère dans d'atroces souffrances.
Tous ces éléments vont déterminer la construction et l'évolution de Fénix en tant qu'être humain.  Tous ces traumatismes déboucheront sur une sorte d'autisme et de repli sur soi, profondément ancrés dans le passé et l'enfance du héros.
 

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De ce fait, la figure maternelle deviendra un fantôme persécuteur, tyrannique et castrateur, poursuivant inlassablement Fénix.
Dans ses moments de transe, Fénix devient alors un serial-killer qui s'en prend aux femmes, cherchant symboliquement à tuer sa mère.
Ce qui est plutôt paradoxal par ailleurs puisque Fénix cherche également à se faire aimer par cette femme qui l'a toujours renié.

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Pourtant, une fois devenu adulte, c'est un magicien de talent. Mais les démons du passé sont toujours présents, plus que jamais.
Une question se pose alors: qui peut libérer Fénix de ses fantômes du passé ? Réponse: Alma est la seule personne qui peut le ramener à la réalité et le libérer de ses chaînes, Fénix vivant depuis de nombreuses années comme un martyr (quasi christique).

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A travers Santa Sangre, Alejandro Jodorowsky évoque les bases psychanalytiques qui se trouvent dans la généalogie et la famille de l'individu, tout ceci étant source de conflits, de chocs conscients et inconscients, ayant des répercussions sur la construction et l'évolution de Fénix.
Ce dernier aboutit à une négation de lui-même, à une souffrance terrible et à une dépersonnalisation.

La vie, c'est avant tout une aventure humaine, basée à la fois sur l'amour, la haine, la mort, le deuil, le pardon, l'amitié, l'abandon... au sein d'une humanité pouvant se montrer à la fois cruelle et chaleureuse. Et encore une fois, Santa Sangre exprime tous ces sentiments qui martèlent un individu.

 santa_sangre_photo_de_presse

Alejandro Jodorowsky illustre son propos en réalisant un film musical, théâtral, la thérapie passant ici par le mouvement des corps, la danse, les dialogues intervenant assez peu. Ce qui fait de Sante Sangre une oeuvre brillante, magistrale, puissante, cruelle, barbare, gore, complexe, riche, symbolique, émouvante mais totalement compréhensible dans sa narration.
Avec Santa Sangre, Alejandro Jodorowsky en profite également pour critiquer l'institution religieuse et ses dérives, notamment les sectes et les fanatiques. Pour cela, le réalisateur utilise de nombreux symboles philosophiques et christiques, mais sans jamais sombrer dans la démonstration de savoir-faire.

Impossible de ne pas verser quelques larmes devant ce chef d'oeuvre du Septième Art.
"Santa Sangre est de l’art animal, je l’ai fait avec mes couilles – pas ma tête… J’allais sur la soixantaine lorsque je l’ai monté ! Je ne veux pas de gloire ou d’argent du film, j’y ai renoncé il y a longtemps déjà. Ce que je voulais était un chef d’œuvre intime pour mon plaisir personnel. Mais l’art doit être public, sinon ce n’est pas de l’art du tout, et la loi dicte que l’art doit parler à tout ceux qui on choisi de regarder.
Et si vous choisissez de regarder attentivement Santa Sangre vous vous verrez, reflété dans mes larmes." Alejandro Jodorowsky.

La critique de Borat

Alejandro Jodorowsky fait partie des auteurs préférés des cinéphiles et pourtant si méconnu du grand public. Que ce soit en termes de films que dans la bande-dessinées (il est notamment auteur de certaines histoires du magazine Metal Hurlant). Il est temps de rectifier cela en parlant d'un de ses films les plus connus et peut être son plus facile d'accès, Santa Sangre. Après la déception Dune et Tusk, Jodorowsky s'est mis à la bande-dessinée notamment en compagnie du regretté Moebius sur L'incal. Fort de ce nouveau succès d'estime, il revient avec ce film personnel où l'on retrouve l'art du cirque et de la magie chers à Jodo. On retrouve au casting ses fils Adam (vu il y a quelques années dans Two days in Paris) et Axel, Bianca Guerra, Guy Stockwell et Sabrina Dennison. Je tiens d'ailleurs à dire merci à Olivier de m'avoir fait découvrir Jodo et d'avoir autant insister. A noter que vous retrouverez le film en bas de l'article, vous n'avez donc aucune excuse en disant ne pas savoir où le trouver. Par contre, c'est en anglais sous titré espagnol. Un coup de Google traduction et c'est fait, en sachant que le film n'est pas très compliqué à comprendre dans ses dialogues, loin de là. Le film non plus en lui-même.

Santa Sangre débute dans un hôpital psychiatrique où l'on voit un jeune homme Fenix. A partir de là, Jodo nous entraîne dans le passé de Fenix, le fils unique du patron d'un cirque et de la fondatrice d'une secte hérétique, la Santa Sangre (sang sacré en français, d'où le titre). Une jeunesse entre haîne et désillusion où règne en maître la souffrance. La première et pas des moindres sera la mort de son éléphant. Une séquence assez choc, Jodo contemplant l'animal en plein dans sa mort, déversant son sang sur la place. Son enterrement est encore plus brutal avec ces jeunes prenant le cercueil d'assaut et prenant ce qu'ils veulent. Le tout sous les yeux de Fenix. Et ce n'est pas fini pour le pauvre enfant. Son père particulièrement volage provoque la fureur de sa mère (et elle est sauvage la mama) au cours d'un énième adultère avec la Femme aux tatouages. Le jeune garçon coincé dans la caravane par sa mère assiste donc à la mort sauvage de sa mère (elle meurt comme son idole) et celle de son père; mais aussi à la perte de son amie Alma, emmenée par la Femme aux tatouages. Ce qui donnera une perte totale de repères pour Fenix, victime d'une impuissance qui le conduira jusqu'à l'hôpital psychiatrique de départ.

Jodo nous montre un être profondément choqué et ne pouvant se détacher d'une image de mère qu'il aime tant, mais qu'elle ignore jusqu'au haut point. Pire elle le dénigre à plus d'un point. L'exemple type se déroule lors de la destruction de son église, préférant se donner corps et âme que de rester pour son enfant. Là où sa mère était une féministe pugnace, son père était une personne certes un peu brusque (le tatouage) mais pas forcément dans de mauvaises intentions. Malheureusement, Fenix se trouve plus sous l'influence de sa mère, sorte de divinité vengeresque (à l'image de son idole encore une fois) que de son père, ce qui va lui donner des pulsions meurtrières tonitruantes. Une lutte continue avec lui-même qui deviendra de plus en plus problématiques, Fenix tuant un grand nombre de femmes selon un certain rituel. Le second meurtre en est la preuve. Les autres étant beaucoup plus bourrin voire difficile (le dernier est beaucoup plus cruel et long). Mais comme son prénom l'indique, Fenix va vivre une véritable renaissance au contact de la magie et du spectacle grâce à sa thérapie. Petit à petit, il va devenir célèbre avec sa "mère" dans un show où il remplace les bras disparus de sa défunte mère.

Un aspect magique et théâtral magnifié par la caméra. Jodo dresse le portrait d'un homme contraint de subvenir au souvenir de sa mère pour enfin devenir un homme. L'influence parentale doit s'éteindre pour enfin s'en libérer définitivement et commencer sa vie. La renaissance de Fenix aussi bien humaine qu'artistique en d'autres termes. Jodo traite également en parallèle le parcours d'Alma, elle aussi profondément attristé par la perte d'un ami qu'elle aimait tant. Elle se retrouve contrainte à la prostitution par la Femme au tatouage, chose qu'elle n'accepte plus au point de s'enfuir. Là elle va essayer de retrouver son ami et amour d'enfance. La particuliarité de l'héroïne est qu'elle est sourde et muette. Son sens artistique est donc décuplé et se marie avec celui de Fenix. Visuellement le film s'avère particulièrement riche avec cette mare de sang servant de berceau à la martyre tout comme le massacre familial parmi les scènes les plus cruelles du cinéma. Il y a aussi cet hommage crucial à Freaks avec ce respect envers les personnes différentes que ce soit le nain ou même Fenix, sorte d'autiste. De plus, le réalisateur peut compter sur d'excellents acteurs et notamment ses deux fils incarnant le rôle de Fenix à différentes époques.

Un film à la fois cruel et merveilleux sur la rédemption d'un homme victime d'un passé traumatisant.

PS: Comme prévu, voici une vidéo qui vous permettra de découvrir cette rareté et chef d'oeuvre incontestable du cinéma.

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Commentaires
B
Etant donné qu'après les vacances je risaue d'aller à la Fnac, je pense que je me prendrais des Jodo si je les trouve.
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V
Chef d'oeuvre d'un des plus grands artistes du vingtième siècle. Maintenant Borat prochaines étapes El Topo et surtout le plus culte de tous les cultes de tous les cultes: La Montagne Sacrée (2 visions te seront sans doute nécessaires pour l'apprécier, moi ça a été mon cas, la première fois, pas trop aimé mais depuis la seconde je le mate en boucle)
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A
une autre priorité également !
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B
Oui c'est clair. Je suis vraiment partant pour voir le film de Browning. En sachant que je n'ai toujours pas vu Elephant man.
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A
maintenant, il ne te reste plus qu'à voir freaks: une priorité absolue celui là...
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