Le secret de Jessica Biel
Julia Denning vit dans une ville où les enfants disparaissent de plus en plus. Julia pensait avoir été épargné mais cela finira par arriver un soir d'orage...
Pascal Laugier avait déjà frappé fort avec Martyrs, le meilleur film d'horreur français du cinéma français actuel. Il était donc normal d'attendre avec impatience sa nouvelle livraison. Pourtant elle a eu du mal à arriver. Ainsi, Laugier finira par entendre les sirènes d'Hollywood suite au bouche à oreille du festival de Toronto où son second film fut diffusé. Les majors n'hésitent à lui refourguer tout et n'importe quoi et notamment un remake d'Hellraiser. Malgré l'appui de Clive Barker, le projet ne verra pas le jour entre les mains de Laugier (on parle de Patrick Lussier mais aucune nouvelle depuis un bail et tant mieux) qui préfèrera se barrer face à des exécutifs peu emprunts à une certaine qualité artistique. C'est alors qu'une petite boîte de production indépendante et un producteur du Groupe M6 se mettent à lui faire les yeux doux. The Secret était lancé. Jessica Biel entre assez vite dans l'équation et produit même le film. Rajoutez à cela des têtes connues comme Stephen McHattie, Jodelle Ferland et William B Davis. Promotion à peine commencé en début d'été, The Secret a réussi à titiller l'intérêt au point d'être bien plus excitant que la totalité des blockbusters de cet été (bien naze par ailleurs en dehors de la lumière Nolan).
De plus, le film est bien parti pour être un beau succès ou tout du moins faire mieux que Martyrs. Peut être grâce à Jessica Biel qui n'est pas pour rien dans la qualité du film. Bien au contraire! D'ailleurs, merci aux gars du marketing de n'avoir strictement rien dévoiler du tist ou quelconque spoiler dans la bande-annonce. Autrement dit si vous l'avez vu, vous serez probablement intéressé, si vous venez vierge dans la salle, ce sera peut être encore mieux. The Secret appartient à ces films à twist qui prennent tout leur sens une fois vu en entier ou revu plusieurs fois. A l'image de Sixième sens et Fight Club pour ne citer qu'eux. Le genre où on se fait avoir comme un bleu à force d'être attentif jusqu'au boutisme. Mais pour cela, il faut un peu analyser. Dans un premier temps, Laugier nous montre une héroïne tout ce qu'il y a de plus sympathique. Veuve, mère aimante, son coin l'aime bien malgré certaines personnes regrettant son mari... Nous sommes dans un village complètement paumé et déserte (voitures en ruine ou en pièces détachées) peuplé de rednecks en puissance tous au chômage et où les enfants ont disparu petit à petit. Si bien que chaque parent a peur que le Tall Man, cette légende urbaine, ne lui prenne son bien le plus précieux. Arrive alors le cas de notre héroïne.
Là on passe aux choses sérieuses. Après avoir exposer son climat, Laugier change les règles à l'image de ce qu'il avait fait sur son précédant film. Il s'agit une nouvelle fois de perturber le spectateur, mais sur ce coup là, ce sera beaucoup plus sur le long terme. Il ne s'agit plus de partir sur une expérimentation mystique et sauvage, mais une quête bien plus ambigue qu'on ne le pensait. Les engrenages prennent tout leur sens et on comprend petit à petit où veut nous mener le réalisateur. (attention spoilers) Tout d'abord, le spectateur se pose des questions sur le soudain changement de personnalité des villageois. Pourquoi deviennent-ils si paranos? Pourquoi veulent-ils dézinguer l'héroïne après ce qu'elle a enduré. Puis arrive la rencontre avec le fameux Tall Man qui finalement est beaucoup moins logique. En effet, l'héroïne fait face à une des mères des enfants disparus et son enfant serait celui de Julia. De plus, les paroles de la mère s'avèrent étranges sur le coup mais prendront tout leur sens dans la suite de l'histoire. Mais une fois de retour, on comprend beaucoup mieux le personnage de Jessica Biel. Suffisamment éloignée de la ville, sa maison est en fait une sorte de berceau pour enfants. Son soi-disant "fils" n'est donc pas le premier.
Tout est maquillé pour la rendre détestable: cave qui ressemble à un cachau, tunnel de la mine qui mène à la forêt, aucune information concernant les restes des autres gosses... Là encore, Laugier continue de brouiller les pistes jusqu'à un final finalement inattendu où le personnage de Jessica Biel payera le prix cher. Elle se sacrifie pour la secte auquel elle appartient. Une secte permettant à des enfants délaissés par leurs parents ou se retrouvant dans des familles démunies et sans réel intérêt dorénavant, de vivre une vie qu'ils n'ont jamais réellement eu. Une vie riche. Le personnage de Ferland, dont Laugier nous montre l'envers du décor selon son point de vue uniquement, en est la preuve vivante. (fin des spoilers) En résultes, un film pas si horrifique que ça voire pas du tout (au contraire de Martyrs) mais plus un thriller complexe et qui dévoile ses cartes au fur et à mesure. Le français a également le grand mérite de donner à Jessica Biel son plus grand rôle jusqu'à maintenant. On sent l'actrice investie dans son rôle et tant mieux. Elle disait rêvé de ce genre d'opportunité récemment dans Première, elle l'a eu. En sachant que Laugier utilise toujours la tension à merveille que ce soit dans les révélations ou la violence de certaines actions à l'image du crash du camion.
Un thriller mené tambour battant et plus complexe qu'il n'en a l'air.