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Cine Borat
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29 octobre 2012

Cendrillon chez Norman Bates

carrieaff

Genre: horreur (interdit aux - 16 ans)
année: 1976
durée: 1h40

l'histoire: Tourmentée par une mère névrosée et tyrannique, la vie n'est pas rose pour Carrie. D'autant plus qu'elle est la tête de turc des filles du collège. Elle ne fait que subir et ne peut rendre les coups jusqu'à ce qu'elle ne se découvre un étrange pouvoir surnaturel.

la critique d'Alice In Oliver:

A la base, Carrie Au Bal du Diable, réalisé par Brian de Palma en 1976, est l'adaptation d'un roman de Stephen King.
Pour l'anecdote, le livre original reste le tout premier roman du maître de l'épouvante. Brian de Palma reprend les grandes lignes de l'histoire mais rajoute de nombreux éléments. Aujourd'hui, Carrie au Bal du Diable peut se targuer d'appartenir aux films cultes et aux grands classiques du cinéma horrifique.

Au moment de sa sortie, le film connaîtra un gros succès populaire et rapportera plus de 30 millions de dollars de bénéfices.
Ce qui est considérable à l'époque. Mieux encore, le long-métrage est salué par les critiques et la presse cinéma.
Carrie Au Bal du Diable obtiendra plusieurs récompenses: meilleure actrice pour Sissy Spacek et meilleur film d'horreur.

Au niveau des acteurs, le film de Brian de Palma réunit Sissy Spacek (que j'ai déjà citée), Piper Laurie, Amy Irving, William Katt, John Travolta, Nancy Allen et Betty Buckley. A la base, le cinéaste n'avait pas forcément songé à Sissy Spacek pour interpréter la jeune Carrie mais l'actrice impressionnera le réalisateur lors de son audition.
Pour l'anecdote, Melanie Griffith passera également la douloureuse épreuve de l'audition mais ne sera pas retenue.
Ouf, on l'a échappé belle !

Hélas, ce premier film sera suivi d'un second volet, donc, Carrie 2: La Haine, bien des années plus tard, et d'un remake réalisé en 2002 sous la forme d'un téléfilm. Pour le reste, le scénario de Carrie au Bal du Diable ressemble à s'y méprendre à l'histoire de Cendrillon. Tout du moins, on y trouve de nombreuses allusions.
Là aussi, il est question d'une jeune femme à la recherche du prince charmant et qui fuit une famille toxique.
Seule différence, et pas des moindres, Carrie Au Bal Du Diable s'apparente à un conte morbide et profondément pessimiste.

Carrie-au-bal-du-Diable-fin

L'erreur serait surtout de considérer ce superbe film comme un simple teen-movie et/ou un petit film d'horreur pour adolescents prépubères.
L'air de rien, Brian de Palma brosse le portrait d'une adolescente mal dans son corps et rejetée par les siens, en l'occurrence, par la plupart des filles de son lycée.
Paradoxalement, le cinéaste confère au personnage le physique d'une sorcière, tout du moins, l'apparence d'une fille au physique ingrat.

La middle class américaine et son intolérance en prennent pour son grade. A l'époque, la mode fait déjà l'apologie de l'apparence, du rejet et du repli sur soi.
Parallèlement, l'univers familial de Carrie n'a rien d'un conte de fées. La jeune femme doit subir les nombreuses pressions d'une mère dépressive et acariâtre.
Pourtant, Carrie va connaître son heure de gloire. Le bal annuel du lycée va lui permettre de retrouver une certaine estime de soi.

Carrie-au-bal-du-diable-Carrie-1976-2

Entre deux, la jeune femme développe des pouvoirs télépathiques inquiétants qui semblent surtout régis par les émotions négatives et la colère.
A partir de ces différents éléments, Brian de Palma signe un film d'horreur très inspiré par les oeuvres hitchcockiennes.
Le cas de Carrie n'est pas sans rappeler celui de Norman Bates dans Psychose. Plus que jamais, le démon est intérieur et semble dépasser la personnalité propre du sujet.

Ensuite, Brian de Palma peut s'appuyer sur l'excellente interprétation de Sissy Spacek, totalement investie dans son personnage.
Le réalisateur divise alors l'écran en deux partie (split-screen) pour juxtaposer le point de vue des autres et le regard vengeur et colérique de son héroïne.
Enfin, chacun ou chacune pourra s'identifier à ce personnage et partager sa souffrance. Plus que jamais, Carrie au Bal du Diable ressemble à une tragédie, et plus largement, à un conte cynique, cruel et d'une rare violence.

La critique de Borat

Stephen King est un romancier pour le moins singulier très ancré dans le fantastique tout en parlant social (Brume adapté par Frank Darabont dénonce le fanatisme religieux) ou en abordant le monde de l'enfance (Stand by me et ça notamment). Alors quand Brian De Palma décide d'adapter Carrie, l'écrivain n'en est pas peu fier. Il le sera d'autant plus sur Shining bien qu'il sera très peu optimiste en voyant le film de Stanley Kubrick. Carrie est donc la première adaptation d'une oeuvre de King, donc un petit symbole. La suite sera tantôt bonne (les Rob Reiner, le Kubrick, les Darabont, ça), tantôt mauvaise (Maximum overdrive signé King lui-même, Dreamcatcher...). Pour le choix de l'héroïne, De Palma a eu le droit à une bien drôle de coïncidence. En effet, initialement Carrie Fisher était censé incarné l'héroïne mais ne voulait pas avoir les seins nues. Sissy Spacek devait incarner la princesse Leïa de Star Wars. D'un comme-un-accord, les deux actrices ont permuté leur rôle respectif avec plus (Carrie Fisher tournera pour John Landis, Woody Allen et Joe Dante) ou moins (Spacek n'aura plus jamais un grand rôle et Fisher sombrera dans le caméo pur et dur) de succès. En sachant que Spacek plaira tout de suite au réalisateur à son audition. Le rôle de sa vie était tout trouvé.

D'ailleurs à Avoriaz, elle sera justement récompensée en plus du grand prix. Outre Spacek, le casting comporte également John Travolta, Nancy Allen (déjà amants avant Blow up du même réalisateur), Piper Laurie, William Katt, Amy Irving et Betty Buckley. Dès les premières minutes, le réalisateur secoue le spectateur avec le lynchage de Carrie. De Palma fixe les visages tout droit sortis de l'Enfer des lycéennes jettant comme des folles des tampons à la jeune fille. Puis, pour ne rien arranger, le mépris des adultes se fait aussi sentir. La mère de Carrie est une véritable fanatique (tarée) religieuse en puissance. Une vision de cette réalité très présente en Amérique qui reviendra plus tard dans l'oeuvre de King (remember The Mist). En fait, elle semble prendre sa fille pour responsable de sa solitude et dont la relation sexuelle qui l'a rendu enceinte n'a fait qu'agraver sa haîne envers sa fille. La prestation tout en ambiguité de Laurie renforce ce côté castrateur (pas dans le pur sens du terme évidemment) du personnage. Je serais assez étonné de voir comment Julianne Moore va faire pour passer après une aussi bonne prestation de folle furieuse.

Une soumission que l'adolescente va commencer à ne plus supporter et ça tombe bien, elle se découvre des pouvoirs télépathique. Par là, King cherche à montrer à la fois l'éveil sexuel (les règles au départ) mais aussi le passage à l'âge adulte (fin du lycée, émancipation par rapport à la mère). Outre son héroïne automatiquement attachante (on verrait très mal comment ne pas se sentir concerné par la sinistre histoire de sa vie, véritable évocation des laissé-pour-compte), De Palma s'intéresse aussi à ses camarades, véritables saloperies en puissance peut être aussi cinglées que la mère de Carrie. Les hommes ne sont pas mieux, se montrant comme soumis. On citera les cas de Travolta prêt à tout pour une fellation et Katt allant jusqu'à sortir avec Carrie sur ordre de sa copine. (attention spoilers) Evidemment, Carrie est connu pour son final dramatique et d'une sinistre tristesse qui, comme je le disais dans un précédant article, est gâché par une jaquette particulièrement explicite. Ce qui donne une sorte de spoiler sans le vouloir. Néanmoins, De Palma signe la scène pré-pendant-post saut de sang. D'abord par un plan-séquence glaçant, puis des ralentis pour le moins redoutables de par cette contemplation dramatique de ce drame. (fin du spoiler) Le tout sur la musique hypnotisante de Pino Donaggio, qui reviendra très souvent chez le cinéaste et notamment dans son prochain film.

Un portrait au vitriol d'une adolescente définitivement seule sublimée par l'interprétation puissante de Sissy Spacek.

 
Carrie - trailer

PS: Le film en entier.

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Commentaires
B
Comme ça tu n'auras pas d'excuse pour ne pas le voir. Idem sur les articles d'Au nom du père et La chair et le sang.
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F
Sympa d'avoir mis le lien Youtube pour Carrie :D
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B
L'adolescence a souvent ses gros défauts: les amitiés malheureuses ou sans lendemain, d'autres qui durent, la méchanceté gratuite... J'ai eu plus de chance vraissemblablement!
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L
Je me retrouve parfaitement en "Carrie", j'étais moi même la lycéenne que l'on humiliait sans cesse et je compatit beaucoup à ses malheurs. Si j'avais été ce qu'elle est et si j'avai eu les même pouvoir je ne peux pas être sûr que je n'aurais pas réagit de la même façon. En tout cas, oeuvre magistral de De Palma et Spacek y est sensationelle.
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A
oui, c'est vraiment un très grand film d'horreur !
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