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18 février 2013

Le garçon qui écoutait à l'oreille des fantômes

Norman a le don de pouvoir parler aux fantômes mais est perçu comme un freak par ses camarades et même sa propre famille. Mais quand des zombies et une sorcière se déchaînent sur la ville, ils auront bien besoin de ce jeune garçon...

L'Étrange pouvoir de Norman : affiche

L'animation en stop-motion a repris du poil de la bête l'an dernier. Après Les pirates en mars dernier soulignant le retour d'Aardman après quelques productions foireuses (Souris City quelle horreur!), voici venir ParaNorman sobrement baptisé en France L'étrange pouvoir de Norman (comme ça, si vous le dites à la caisse du cinéma, vous n'aurez pas l'air stupide avec un titre à rallonge). Malheureusement, il n'a pas reçu l'accueil au box office qu'il aurait dû avoir. Aux USA, il n'a pas réussi à dépasser son budget estimé à 60 millions de $ mais s'est rattrapé à l'international. Mais en France, il est complètement passé inaperçu avec plus de 200 000 misérables entrées. Sa sortie en BR est donc une occasion pour le film de se faire connaître. En sachant qu'actuellement, il est en lice aux côtés de Brave, le Aardman justement, Les mondes de Ralph et Frankenweenie. En étant le plus honnête possible, s'il y en a un qui est plus méritant que tous c'est bien ParaNorman. Mais ce sera probablement le Pixar, même bof, qui gagnera la statuette. Bien malheureux mais quand on voit l'omniprésence de l'empire Disney dans cette catégorie (un classique, un Pixar, un film d'animation indépendant), il y a vraiment peu de chance que le petit film en stop-motion gagne. Néanmoins, prions pour lui!

L'Étrange pouvoir de Norman : photo

Au niveau du casting de voix, les choix sont plus ou moins pertinants, puisque la plupart des personnages étrangement à leurs voix respectives: Kodi Smit McPhee, Anna Kendrick, Casey Affleck, John Goodman, Christopher Mintz Platz, Jodelle Ferland, Leslie Mann, Tucker Abrizzi, Jeff Garlin, Bernard Hill et Elaine Stritch. Le film assume totalement son côté horrifique dès son ouverture avec un mini-film de zombies qui nous est présenté à la manière Grindhouse. Cadrage télévisuel, la petite annonce "Le film de ce soir", le grain, les rayure, le vieux film avec un zombie essayant de tuer une femme en détresse et qui crie beaucoup. Mais contre-toute-attente, les réalisateurs Sam Fell et Chris Butler se veulent parodique en faisant tourner en ridicule la scream-queen, la faisant hurler avec des pauses, laissant le zombie arriver progresivement! Une introduction qui met dans l'ambiance et qui fait plaisir à voir, surtout dans le film d'animation où ce genre de parti pris ambitieux n'est pas souvent payant (les adaptations de jeux-vidéos horrifiques comme Resident Evil sont souvent de grosses démonstrations plus qu'autre chose). On nous présente alors le personnage principal, Norman, jeune collègien mis à l'écart comme il en existe tant partout dans le monde (et c'est peut être vous d'ailleurs ou moi enfin non, pas moi!). Et pour cause, le jeune garçon sait parler aux fantômes. Ainsi dès les premières secondes, on le voit parler à sa grand-mère.

L'Étrange pouvoir de Norman : photo Chris Butler, Sam Fell

La conversation n'est pas forcément intéressante, c'est plutôt la suite qui exploite ce malaise. En effet, la grand-mère est bel et bien morte et c'est donc un fantôme que Norman voit chaque jour sur le fauteuil. Une manière intéressante de dévoiler le pouvoir malheureux de cet enfant, regardant la mort partout. Pour confirmer cela, les réalisateurs ont la bonne idée de montrer tout d'abord Norman en roue libre, avant d'anticiper avec un plan-séquence circulaire sur le monde des morts dévoilé. Il y a une belle galerie avec un clone de Fonzie d'Happy Days, un mafioso bien armé ou une parachutiste qui s'est pris une branche d'un peu trop prêt. Norman est incompris par tous: que ce soit sa propre famille (bien que sa mère comprend sa douleur de la mort de sa grand-mère, elle n'est qu'en surface) ou ses camarades de classe. Seul le jeune Neil le comprend. Puis une menace se profile. Déjà la mort du drôle d'oncle de Norman, également détenteur de ce don macabre. Puis ces morts-vivants qui apparaissent comme par magie (d'ailleurs chapeau pour les moments gore avec cervelle qui ressort de temps en temps). Tout cela a un sens, mais lequel? Et pourquoi ces zombies ne tuent pas ses interlocuteurs? Le film a beau duré 1h33, le suspense est à son comble et permet de garder un intérêt jusqu'au final. ParaNorman n'est donc franchement pas prévisible sur les bords et au contraire, réussi à mener sa barque en faisant plus d'un retournement de situation. (attention spoilers) En évoquant l'origine du problème, les réalisateurs citent la chasse aux sorcières dans des régions comme Salem, brûlant n'importe quel homme ou femme ayant un rapport probable avec la sorcelerie.

L'Étrange pouvoir de Norman : photo Chris Butler, Sam Fell Les apparences sont parfois trompeuses.

Le pire étant qu'ici il s'agit d'une petite fille. Le juge, devenu un revenant, finira par dire qu'il avait eu peur comme beaucoup de ce genre de chose. De plus, dans cette condition d'exclusion, on peut faire un parallèle entre la "sorcière" et Norman. Tout deux ont un rapport avec la mort, l'un en n'ayant pu aller au Paradis, l'autre en voyant ceux qui sont contraints de rester. On est bien loin du mielleux d'une série comme Ghost Whisperer. (fin des spoilers) De plus, le film a un beau lot de personnages amusants. On a le petit gros qui transpire quand il marche trop vite (attention il ne s'agit pas de courir!); le frère de celui-ci beau-gosse mais gay (un rôle taillé pour Casey Affleck!); la soeur de Norman l'inévitable cherleader accroché à son portable; le caïd du bahut finalement apeuré dès qu'il voit un zombie et prêt à y aller franco dans les touches-fesses; des parents oscillants entre le beauf et la naïveté; et une bande de villageois aussi timbrés que débiles! D'ailleurs, les réalisateurs donnent lieu à de beaux moments comiques à l'image de ce passage où les villageois confondent les zombies avec les jeunes (moment au combien cynique), sans compter les accrochages en voiture d'un comique remarquable. Au niveau de l'animation, c'est encore meilleur que sur Coraline, précédante production du studio Laika, au point qu'on ne fait plus la différence entre image par image et rajouts 3D. Une véritable beauté comme ce plan de la sorcière dans le ciel.

Un magnifique film d'animation aussi chargé en humour qu'en horreur et dramaturgie pertinantes.

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Commentaires
B
Par exemple c'est le cas quand les zombies s'en prennent plein la tronche. Ce n'est pas dans une optique de leur taper dessus, mais de faire un effet comique. C'est le cas du zombie qui se prend la porte avec les dents qui se reflètent.
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D
Découvert il y a quelques jours et comment dire : magnifique. Le traitement est très respectueux concernant les références aux films d'horreur, l'humour fait des merveilles sans jamais devenir lourdingues (c'est pourtant souvent le cas dans les derniers films du genre); et l'animation est fichtrement inventive et stylisée.
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B
Et c'est bien malheureux car aucun n'est aussi méritant que ParaNorman. Mais bon, c'est toujours une question de lobbisme.
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2
Oui, c'est dommage de ne pas récompenser la qualité artistique. Tout se jouera entre Ralph et Rebelle.
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B
Tu veux que je le mette le copyright? Sinon je le fais volontiers. ;) C'est malheureux que les vieux croulants préfèrent le dernier Pixar ou même le dernier Disney plutôt que ce cru d'une originalité incroyable et bien plus adulte que les deux autres cités. Vraiment tout publics!
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