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23 mai 2013

Entre les bourdes

Un an dans une classe de quatrième dans un collège de banlieue...

Entre les murs : Affiche François Bégaudeau, Laurent Cantet

Dans les résultats cannois, il y a parfois des incompréhensions totales comme le confirme souvent les films concernés, dont certains n'ont plus le souvenir (qui serait capable de me citer toutes les palmes d'or depuis l'an 2000, sans aller sur Wikipedia?). En 2008, Entre les murs de Laurent Cantet décroche la première (et dernière) Palme d'or française depuis Pialat (malgré que des fonds français furent dans Le pianiste ou les films primés de Michael Haneke, d'autant que pour ce dernier, Amour est entièrement en langue française), à la barbe de bijoux comme Gomorra (seulement grand-prix), Two Lovers (repartit bredouille) ou Valse avec Bachir (idem). Si, lors de sa sortie le film m'avait plu (en sachant que j'avais dû revenir en salles à cause d'une alerte à la bombe aussi foireuse que l'attentat pourri devant le Martinez la semaine dernière), sa seconde vision (qui plus est dans un rendez-vous "pédagogique", puisque mon bahut avait décidé de nous le montrer) m'avait pour le moins alarmé: comment une vision peut changer autant votre point de vue? Clairement, le film de Cantet est peut être une des pires Palmes d'or que j'ai eu à voir et se trouve finalement aussi démago que La journée de la jupe (même si Entre les murs est bien mieux). 

Entre les murs : Photo François Bégaudeau, Laurent Cantet

Le film montre des acteurs pour le moins amateur, en général des élèves et l'ancien professeur reconverti très rapidement dans l'écriture (on peut même dire qu'il est plus écrivain que prof!) François Begaudeau. On peut alors penser que l'action sera naturelle et que les clichés s'évaporeront. Or, ce n'est pas le cas. J'avais pu voir lors de sa diffusion en salles un making off sur les chaînes Ciné Cinéma et finalement, il n'y a rien de naturel dans les attitudes des élèves ou de Begaudeau, puisque tout fut répété à l'avance dans des ateliers! Ce sont donc ni plus, ni moins que de vulgaires rôles où chacun est une caricature de l'éléve ou prof type. Commençons par les profs. Begaudeau est un prof de français exemplaire auquel on pourrait donner le monde, sauf qu'un jour, il ose parler de ses délégués de classe comme ayant une attitude de pétasse! Olala! Tollé général dans l'école! Mais finalement, cela aura plutôt l'effet d'un pet dans l'eau et l'occasion de bien rire aussi. Ensuite, on a le professeur d'histoire qui, au début de l'année, conseille le nouveau venu en lui disant les élèves "gentils" et "pas gentils". 

Entre les murs : Photo Laurent Cantet

On croirait voir des élèves demandant à des autres quels profs ils ont. Des gamins d'une trentaine d'années voire plus quand même. Ce qui rajoute encore une fois dans le superficiel qui tue pétrie initialement de bonnes intentions. Le pire c'est que les bourdes de ce genre s'accumulent tellement qu'on ne peut plus qu'en rire. C'est le cas de ce prof de techno qui, à peine quelques semaines, pète un cable en salle des profs, se croyant un peu trop seul! Mais heureusement, le prof de sport toujours cool (et un peu efféminé, mais là n'est pas le sujet) est là pour le consoler! C'est beau la vie! Mais encore mieux, alors que dans la salle des profs ce n'st pas trop l'éclate, la prof d'histoire te sort comme si de rien n'était: "je suis enceinte!" Ouais! Non mais franchement quel intérêt de montrer une séquence aussi improbable, qui plus est avec une belle incohérence puisqu'elle sort une bouteille de champagne d'un frigo de la salle! A quand une bouteille de whisky ou des bières?! Même constat chez les élèves, où évidemment on a les belles têtes de gondoles. Alors certes, je le vois au quotidien, il y en a toujours un qui se démarquera de l'autre, mais là on a vraiment l'impression que c'est un concours.

Souleymane est la racaille type, gentil mais faut pas l'embêter, sinon il part d'un cours comme si de rien n'était. D'ailleurs, malgré ses conneries, il ne parviendra à se faire virer qu'à la fin de l'année scolaire. Un exploit de nos jours. Son pote Boubacar ferrait passer Eddie Murphy pour un enfant de choeur de la tchatche. L'art de parler pour ne rien dire. On a aussi l'élève arrivant en cours d'année, parce qu'il s'est fait viré. Sauf que ce sera encore une fois le bordel. Vous aurez également droit aux bimbos qui ressemblent pas à quelque chose ou pas, la chouchoute qui ne l'est plus (par ailleurs, l'actrice s'appelle Rachel et se voit nommée Khumba, amalgame foireux?) et puis les incultes. Cantet insiste tellement sur ces passages au point que cela en devient méprisant. Surtout que le coup de l'Argentine, à moins que les élèves de Begaudeau en tenait vraiment une couche... Bref que des caricatures ambulantes au point de se demander si, au lieu de donner un portrait des écoles en difficulté (le réel propos qu'aurait dû avoir le film au lieu de sombrer dans le grand n'importe quoi), ce ne serait pas prendre les spectateurs pour des idiots. Mais là où le film atteint des sommets de connerie, c'est dans ce passage où les parents de deux élèves d'origine asiatique risquent de se faire expulser. Cataclisme!

Il faut sauver les parents d'élèves! Sauf que ce n'est pas l'établissement qui propose de l'aide, mais les profs. Les bons samaritains décident de faire une quête pour éviter le désastre. Hic: ces élèves sont particulièrement bons. Question: s'il s'agissait des parents d'un cancre, Souleymane par exemple, est-ce que les profs seraient aussi charitables? Je n'en suis pas si sûr, mais alors pas du tout. Reste un beau moment de rigolade involontaire. Néanmoins, il serait dur de tout jeter dans ce film. En prenant la direction du documenteur mais sans found footage (comme quoi c'est possible), Cantet signe un film qui confine à un certain réalisme, puisque l'on se croirait dans une vraie salle de classe. Les gars hésitant à lever le doigt mais quand ils le font c'est pour dire des conneries, le mec faisant systématiquement le con, les jeunes à côté de la plaque, les exclus.... On en a toujours eu dans sa classe. Mais comme je le disais plus haut, ces clichés ambiants reviennent beaucoup trop souvent et c'est franchement dommage. Les jeunes acteurs n'y peuvent rien, malgré leur naturel inexistant. Par contre, Begaudeau se complait un peu trop et forme un personnage au combien lisse. Un prof (presque) parfait. On pourra noter également que les scènes "normales" de classe ou les conseils de classe (où l'on voit vraiment que le rôle de délégué de classe est minable, chose que je remarque encore au lycée, c'est dire) sont assez crédibles. Par contre, le conseil de discipline laisse à désirer (on a l'impression d'être dans Tribunal!) et se détourne complètement de la chose (cela devient vite une condamnation pour Begaudeau alors que le sujet n'est pas là). 

Un film censé être pédagogique, mais se vautrant dans la caricature souvent énorme. Un petit navet en somme.

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Commentaires
2
Je n'ai pas envie de voir ce film qui semble véhiculé une image biaisé de l'éducation. Mais même sans l'avoir vu, la question que tu soulève dans ton dernier paragraphe sur le cas des parents des élèves asiatiques et prouve le manque de distance du processus.
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A
oui c'est vrai !
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B
Tu l'as déjà fait et même pour une contre-critique, je pense qu'on en a assez parlé sur Naveton.
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A
pas revu depuis sa sortie au cinéma: je l'avais apprécié à l'époque. Tu peux le chroniquer sur naveton si tu en as envie
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V
Pas vu mais ta critique confirme évidemment ce que je pressentais pour ce film.
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