La maison de l'horreur

Ryan Murphy a le mérite de faire dans les extrêmes. Ainsi après les aventures très sexuelles et azimutées du bistouri de Christian et Sean (Nip/Tuck), il est passé à une comédie-musicale type High School Musical (Glee). On peut appeler ça du grand écart! Mais le scénariste va trouver un nouveau concept pour la chaîne FX (qui diffusait déjà Nip/Tuck) avec American Horror Story. Soit une histoire bouclée en douze épisodes d'une saison et après on passe à autre chose, avec de la chance les mêmes acteurs. La première saison met en scène Dylan McDermott (plus régulier dans une grosse série depuis The Practice), Connie Britton, Taissa Farmiga (soeur de Vera et vue récemment dans The Bling Ring), Evan Peters (vu dans Kick Ass), Jessica Lange, Zachary "Spock" Quinto, Kate Mara, David O'Hare, Frances Conroy, Alexandra Breckenridge, Teddy Sears et Sarah Paulson. Le thème de cette première histoire est la maison hantée avec son lot de fantômes morts dans des conditions brutales. Ne croyez surtout pas voir des jump-square en pagaille, Murphy misant sur l'ambiance et ne révèle certains éléments vers la fin de la saison et par petites touches. Ainsi, les éléments caractérisant la maison vont être dévoilé progressivement et notamment par des flashbacks en début d'épisode, enchaînant avec le générique sacrément macabre et pas loin de celui de Seven. A savoir musique très portée sur le gros bruit, les écritos presque en train de brûler et des images dégueulasses avec des photos et une lumière blafarde au possible. Bienvenue dans la maison de l'horreur!

Dès les premières minutes, on sait que la série va aller assez loin dans l'épouvante et dans le glauque. (attention spoilers) Les flashbacks permettent de découvrir années après années les méfaits de cette maison. Cela commence par deux gamins bouffés par une créature au sous-sol dans les années 70, puis deux infirmières trucidées par des cinglés, une femme qui tue son mari puis la bonne qui lui servait de maîtresse dans les années 80, le fils qui a déraillé a mis le feu à l'amant de sa mère avant de trucider tout le lycée façon Columbine (un beau moment de suspense glaçant au possible) et enfin l'assassinat d'un couple gay par une personne en costume de cuir de type SM. Tout ces événements sont liés à la maison et toutes les personnes concernées errent désormais dans cette maison enfermées pour l'éternité. Mais certains vont se trouver des affiliations avec la nouvelle famille et cette dernière ne va y voir que du feu, car ces fantômes sont organiques. Ils peuvent souffrir physiquement, être cloîtrer dans un coin ou même faire le ménage. La bonne de la maison est assez intéressante car pour les femmes, elle apparaît sous un jour vieillissant, ce qu'elle serait aujourd'hui, chez les hommes comme quand elle était jeune et pas encore éborgnée. 

 Jusqu'ici tout va bien...

L'effet semble voulu étant donné que la jeune femme est morte à cause des charmes qu'elle pouvait provoquer chez les hommes, entraînant ainsi sa perte. Que ce soit le père de famille ou un acheteur potentiel vite réduit au silence. Il est beaucoup question de sexualité dans cette saison et au centre de tout, l'adultère. J'ai déjà parlé de la nonne, je vais maintenant parlé du nouvel arrivant incarné par Dylan McDermott. Si la famille a déménagé c'est tout simplement parce que le paternel a eu un adultère... avec son assistante d'au moins dix ans sa cadette. La tension sexuelle est telle que le coco est de plus en plus désaimé par sa femme, il n'arrive plus à s'exciter grâce à elle (dans le premier épisode, on le trouve en train de se masturber difficilement après avoir vu la bonne en train de... mais comment je vais pouvoir le dire... se faire plaisir!) et l'une des seules fois où sa femme couche c'est le fameux individu dans la combinaison SM qui le fait! Ce qui enclenchera un gros problème éthique entre fantôme et humain et donc il y aura comme un petit malentendu. Chaque épisode a au moins le mérite d'avoir une particularité, le deuxième étant un home invasion, le quatrième prend pour thème Halloween, l'avant-dernier est une sorte de délivrance et le dernier est un trip à la Beetlejuice même si en un peu moins joyeux. 

La maison est un éternel recommencement en soi puisque les fantômes n'hésiteront jamais à torturer ou à faire fuir les habitants, car il y aura toujours des acheteurs non-prévenus ou les vendeurs bien heureux que la vente s'enchaîne sur la mort des occupants, empêchant ainsi un quelconque remboursement (puisque la maison est achetée on est tranquille!). Murphy aborde certes l'adultère et ses conséquences (le père en payera largement le prix et ce jusqu'à la fin de la saison), mais aussi les troubles de l'adolescence. On nous présente Violet (Farmiga) comme une fille plus ou moins dépressive et son sort (dévoilé très tardivement permettant une certaine surprise) et parfois, il arrive que l'une des filles qu'elle a cotoyé au lycée l'a voit en dehors de la maison. Cette lycéenne est-elle morte durant cet épisode fatidique? On ne le sait pas, mais le doute est assez intéressant. Le personnage de Jessica Lange (récompensée avec raison aux Emmy Awards) est également un véritable bonheur d'ambiguité. C'est à la fois une mère aimante mais également une prédatrice incroyable auquel on ne la fait plus. A l'image de sa réaction quand son jeunot d'amant discute un peu trop avec sa fille handicapée. Un véritable bonheur de voir l'actrice dans un rôle trouble de femme fatale prête à tout pour avoir ce qu'elle veut (fin des spoilers).

Une première saison étrange et palpitante qui donne envie de replonger dans cette anthologie inédite en son genre.