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29 janvier 2014

Douze ans de perdu

Kidnappé et enchaîné, Salomon Northon va découvrir l'esclavage, lui qui est né libre...

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Voici l'un des gros favoris des Oscars de 2014, déjà lauréat du Golden Globe du meilleur film dramatique, le bien nommé Twelve years a slave ("douze ans esclave" pour les non-bilingues) réalisé par Steve McQueen qui est le réalisateur de Hunger et Shame. Un film au sujet sensible qui fait passer Django unchained pour une plaisanterie (ce qu'il était déjà) qui réuni un casting pour le moins incroyable: Chiwetel Ejiofor (Les fils de l'Homme), Michael Fassbender, Sarah Paulson (Mud), Lupita Nyong'o, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Alfre Woodward, Brad Pitt et Paul Giamatti (crédité assez haut alors qu'il apparaît moins de sept minutes). Récemment, nos amis publicitaires italiens ont fait parler d'eux en mettant en avant sur les affiches l'ami Brad (qui n'apparaît que dix minutes à tout casser) et surtout Fassbender qui incarne l'esclavagiste en chef, laissant de côté Ejiofor pourtant rôle principal! Inévitablement, les affiches ont été jeté à la poubelle mais le mal est fait. Comme à son habitude, Steve McQueen tape au bon endroit avec une virulence qui lui est chère mais jamais vulgaire. Ainsi, quand il cherche à montrer la violence de l'esclavage, il n'hésite pas à opter pour le plan-séquence quitte à mettre mal à l'aise le spectateur.

12 Years A Slave : Photo Chiwetel Ejiofor

A l'image de ce savatage dont les coups sonnent comme un bourdonnement violent (d'autant que McQueen ne bouge jamais la caméra, montrant le martyr de son héros se faisant torturer face caméra); et surtout la pendaison improvisée où McQueen montre jusqu'au boutiste son héros dans une posture dramatique et ne peut compter que sur l'aide de son "maître". Durant au moins cinq bonnes minutes, nous voyons le pendu essayant de se tenir dans la boue face à des esclaves entre l'indifférence et l'impuissance, McQueen insistant beaucoup pour montrer cet aspect. D'autant que Salomon Northup est lui-même dans cette position à plus d'un titre lorsque sa camarade se fait revendre, la laissant partir avec ces gens alors qu'il sait très bien ce qui va lui arriver. Face aux pleurs de sa camarade qui n'arrive pas à se remettre de la perte de ses enfants, il n'hésite pas à lui dire un message qu'il aura parfois bien du mal à faire croire: "Je survivrai! Je ne tomberai pas dans le désespoir! Je résisterai jusqu'à la liberté!" Quand on pense que cette réplique est dites au début du calvaire de Salomon Northup, on se dit qu'il n'avait pas mesuré le niveau de violence de l'être humain et notamment de l'"Homme Blanc". 

12 Years A Slave : Photo Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor

Sur ce point, McQueen évite de nous citer les années, laissant un contenu linéaire là où d'autres réalisateurs auraient insisté sur quinze tonnes de dates au point de rendre le tout terriblement poussif. Rien de mieux qu'un film sans date pour laisser passer le temps. McQueen brosse aussi de sacrés portraits et notamment ceux de Cumberbatch et Fassbender. Cumberbatch apparaît comme un homme bon faisant beaucoup pour que ses esclaves aient une belle vie mais au final, il parle comme tous les autres et les belles promesses finissent toujours par tomber à plat. Il veut protéger Salomon d'un imbécile scandant des hymnes racistes (Paul Dano parfait en salopard fini et arrogant), mais au final il le livre à un esclavagiste encore plus sadique en la personne de Fassbender. L'acteur fétiche de McQueen reprend du service dans ce rôle d'esclavagiste adultère (ce qui engendre la jalousie venimeuse de sa femme, car évidemment il viole régulièrement une esclave, "sa meilleure travailleuse"), violent mais prônant tout de même la Bible au cas où le Seigneur lui pardonnera ses actes. 

12 Years A Slave : Photo Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender

Le paroxisme sera atteint lors de la scène du châtiment de Patsey, la fameuse amante (Nyong'o éblouissante) avec fouettage intégré et surtout le pauvre Northup devant fouetter son ami sous l'ordre du cinglé. Car l'air de rien, l'ami Fassbender semble dans une fièvre frappadingue, le genre de méchant dont on ne voudrait sous aucun prétexte être en face. Le genre qui vous réveille en pleine nuit pour vous sonner les matines et même quand il sait qu'il a tord, il ne s'écrasera jamais. C'est le cas lorsque Brad Pitt (impeccable comme toujours) lui assène une morale qui ne lui correspond pas et le prend avec un air supérieur. Au final, ce n'est rien qu'une raclure raciste comme les Etats Unis savent en faire. La musique d'Hans Zimmer sera facilement reconnaissable surtout à cause des brooms qui ont fait sa (malheureuse) réputation. Mais pour le coup, le son sourd correspond assez bien dans certains passages, notamment celui du bâteau, s'alignant parfaitement à la gravité de la chose. Pour le reste, le thème principal ressemble quand même sérieusement à ce qu'il a fait sur Inception, donc paraît totalement déjà vu.

Un film brutal et révoltant qui dégomme ce début de 2014 avec une violence certaine.

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Commentaires
S
Un beau et bon film, juste un bémol pour McQueen, dommage qu'il ait choisi un style plus abordable que pour ses "Hunger" et "Shame"... 16/20
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2
Je n'en fais pas une priorité. J'ai un peu de mal avec la rudesse de McQueen, qui a l'air d'avoir encore frappé très fort.
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A
j'en prends bonne note donc !
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B
Et c'est encore plus le cas dans Django. Ce final oh puée. Ensuite le problème des Basterds n'est pas l'autocongrulation mais le titre. On doit les voir une demi heure à tout casser!
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B
Et c'est encore plus le cas dans Django. Ce final oh puée. Ensuite le problème des Basterds n'est pas l'autocongrulation mais le titre. On doit les voir une demi heure à tout casser!
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