Cuvée Jonze
A l'occasion de la sortie d'Her dans nos salles (il serait temps, le film étant tout de même sorti depuis un bon moment aux USA, preuve en est dans sa nomination aux Oscars), faisons un petit tour des clips-vidéo de son auteur-réalisateur Spike Jonze. Bien avant de se lancer dans le cinéma avec Dans la peau de John Malkovich, Jonze s'était notamment entraîné dans le clip et le fait toujours par ailleurs pour des artistes aussi variés que Daft Punk ou celui qui a la tête ne cessant d'augmenter fort d'un égo incroyable le fameux Kanye West. Voici donc une sélection totalement exhaustive de certains de ses clips. On va commencer avec nos frenchy de service, les robots Daft Punk qui avant d'être chanceux, faisait déjà appel aux grands moyens en embauchant certains artisans notables. On pense à Michel Gondry, Leiji Matsumoto, Roman Coppola et bien évidemment à Spike Jonze. Ce dernier réalisa en 1997 Da Funk d'après la chanson de l'album Homework. Dans ce clip, nous suivons un homme à tête de chien et déambulant dans une ville qui n'est pas sans rappeler New York.
Daft Punk - Da funk [VO ST FR] 1997 bY ZapMan69 par ZapMan69
Le personnage de Charles nous est montré comme quelqu'un d'absolument banal et ce malgré une jambe dans le platre et un ghetto-baster diffusant la chanson et agaçant tout le monde. Que ce soit un bibliothéquaire hurlant au tintamarre ou le bus n'acceptant ni les radios et encore moins... les chiens! La virée de Charles renvoie au livre qu'il achète à savoir Big City Nights (littérallement "les nuits dans la grande ville"), une ville trop grande pour lui et quelque peu intolérante. J'ai cité le libraire, mais n'oublions pas les jeunes qui jouent avec lui afin de le faire tomber ou même cette femme l'appelant pour un sondage pour finalement l'envoyer chier. C'est alors qu'il retrouve une ancienne voisine dont il est vraisemblablement amoureux. Manque de pot, rien ne se déroulera comme prévu. Le maquillage pour Charles est pour le moins excellent et fonctionne au niveau des interractions comme le prouve les moments où il rigole. Par ailleurs, les Daft Punk réutiliseront ce couple sous un jour plus optimiste dans le clip Fresh (également extrait d'Homework). Charles tourne un film sur une plage pour Spike Jonze (la boucle est bouclée) et part au loin avec sa copine blonde en Mercedes décapotable rouge flamboyant. Charles a donc sa fin heureuse et dans un sens, les Daft Punk partiront ainsi dans de nouvelles horizons et notamment un délire animé venant du créateur d'Albator. Mais ça c'est une autre histoire.
Autre collaboration notable pour Jonze fut celle avec Fatboy Slim. Initialement, Jonze voulait réaliser le clip du morceau The rockafeller skank pour l'album You've come a long way (1998) mais n'avait pas l'autorisation. Il envoie néanmoins une vidéo simpliste qui convainc le DJ de le laisser faire le clip de Praise you sous un modèle simple également. Ainsi pour 800 $, le réalisateur se met lui-même en scène ainsi que des danseurs dans une improvisation de danse à la surprise du public, n'ayant aucune autorisation pour tourner devant le lieu un cinéma de Westwood. Une prestation scénique qui fonctionne de par la surprise des gens présent et pour le culot de Jonze de tourner un clip de cette manière, ce genre de chose n'arrivant plus du tout le tout étant calibré pour être diffusé sur toutes les chaînes type MTV. Et le pire c'est que la fonctionne puisque la chaîne le récompensera aux Video Music Awards de 1999. Plus connu encore est le clip Weapon of choice réalisé en 2001 pour l'album Halfway Between the Gutter and the Stars et pour cause on y retrouve l'un des acteurs préférés de la rédaction (que ce soit moi ou Olivier), à savoir Christopher Walken.
On retrouve donc l'acteur dans un palace assis et regardant vers le bas, la caméra zoome par trois fois sur lui, la musique commence, il regarde la radio de la femme de ménage et paf commence à prendre le rythme. A partir du moment, on n'arrête l'ami Walken qui déambule dans tout l'hôtel comme si de rien n'était, comme s'il était seul, totalement en free-style, sans prendre en compte le regard des autres. En gros, il s'éclate comme une bête! Le voir ainsi partir dans la déconne pure et dure est un pur bonheur et une nouvelle fois, plus que de raconter une histoire, Jonze préfère le travail scénique laissant libre court à l'improvisation. Et paf à 2'56, le réalisateur se fait encore plus plaisir en faisant voler l'acteur mais tout ceci a une fin et le revoilà revenir à la normalité. C'est parfois très bête la réalité. Mais s'y a bien un groupe qui a largement mis à contribution le réalisateur c'est bien les Beastie Boys où l'on dénombre sept collaborations. Commençons avec le très cocasse Don't play no game that I can't win pour leur dernier album Hot sauce committee Part two (2011). Jonze fait encore dans l'originalité en faisant un clip de onze minutes (soit limite un court-métrage!) et surtout en faisant un clip animé à l'ancienne avec des poupées type Barbie et Ken!
D'ailleurs, le réalisateur ne se prive même pas du côté très artisanal de la chose, en montrant bien en évidence les bâtons servant à tenir les poupées, les fils reliant certains éléments comme deux voitures ou même une main pour déplacer la tête d'un personnage ou les personnages eux-même. Les Beastie boys sont montrés comme des poupées avec des vêtements oranges comme s'ils sortaient de taule et la chanteuse Santigold en Barbie de couleur et particulièrement bling bling. Le début commence comme un concert avant qu'un commando type GI Joe décide de tout faire péter! Une poursuite armée s'en suit avant un saut dans le grand froid où nos cocos ont eu le temps de troquer l'orange pour le blanc! Jonze ose même le bon vieux charcutage à la Schwarzy avec le héros qui vole avant de faire son petit massacre. Et encore une fois, Jonze continue de plus belle en insérant des zombies, un yéti ce dernier massacrant les premiers dans un déluge gore détonnant (les boyaux sortent des corps, les têtes sont hâchées) avant de prendre un hélicoptère avec le groupe! De nouveau bousculé, le groupe se retrouve avec les dents de la mer aux trousses bouffant les jambes d'un des membres avant que la chanteuse ne débarque, sauve le bonhomme et les prend sous son aile dans un sous-marin! Nous voilà dorénavant parti pour une bataille navale jouissive où l'on balance carrément des têtes nucléaires.
Par ailleurs le yéti vous salue en sirotant une bonne bière verte. Bah oui le yéti s'appelle Patrick et en cadeau on lui a filé un barillé de bière. Sacré Patrick le yéti! En tous cas, un court réalisé à merveille parodiant aussi bien les films type Commando que les films de zombies avec un humour et une décontraction certaine. Son autre coup de maître pour le groupe fut Sabotage pour III Communication (1994). Il s'agit d'une parodie des séries policières type Starsky et Hutch sous forme de générique. Ainsi le spectateur voit comme une sorte de bande-annonce avec les moments de bravoure comme en voit plein et l'excellente chanson (que vous avez surement entendu dans le Star Trek de JJ Abrams) ne fait que renforcer cela. Ainsi on retrouve beaucoup de poursuites et notamment à pied, les gimmicks habituels du flic actif (roulade, saut sur la bagnole de service, talkie-walkie, saut d'un immeuble à un autre... et le donut!), infiltration curieuse, savatage en règle... Tout y est! Une vraie parodie pleine de moumoutes, de moustaches et surtout de lunettes de soleil.
Beastie Boys - Sabotage par BeastieBoys-Official
Sur Sky's the limit pour Notorious BIG (1997), le réalisateur se permet un hommage au film Bugsy Malone, ce film de gangster d'Alan Parker où l'on ne voyait que des enfants dans les rôles (et notamment une certaine Jodie Foster), mais avec des enfants afro-américains. Même le rappeur est repris dans son rôle par un enfant, utilisant même le look et la canne du chanteur phare des années 90. On assiste donc au règne d'une petite star (pas forcément un gangster les armes n'étant pas présentes) dans sa batisse qui n'est pas sans rappeler celle d'un certain Tony Montana. Evidemment ne cherchez pas d'alcool ici, les boissons étant notamment des milk-shake! Pour Wheezer on lui connait notamment le clip Island of the sun en 2001. Mais si la chanson de la Poste, au même titre que nous avons Vivaldi pour les Assédics! Sans être mauvaise, il faut dire que le fait de l'entendre à chaque publicité ou sur le répondeur des facteurs est pour le moins soulant, sans compter RTL 2 qui la diffuse assez régulièrement, probablement le seul titre du groupe. Ce clip est évidemment très connu par ses images de savane où le groupe s'éclate avec des bébés animaux comme des lionceaux ou chimpanzés. Les amis des bêtes se reconnaîtront dans ce clip.
Sky's The Limit - Notorious B.I.G & 112 par kaz1988
Pendant plusieurs années, Spike Jonze fut le compagnon puis le mari de Sofia Coppola et pour le clip des Chemical Brothers Elektrobank (1997), le réalisateur n'a pas hésité à faire tourner sa chérie. Une petite curiosité où la fille de Francis fait de la gymnastique et autant dire que le spectateur ne s'attend pas tellement à voir se déhancher de la sorte la réalisatrice de Virgin Suicides! Et le pire c'est qu'elle se débrouille plutôt bien et pareil pour l'ami Spike qui n'est pas plus mancho que les cameramen sur les jeux olympiques. D'autant que la musique parvient à donner une véritable attraction à l'ensemble des mouvements et particulièrement vers la fin lorsque la miss attérit sur son pied amoché. En 2002, il signe le clip Wonderboy pour le groupe Tenacious D. Dès les premières secondes, l'hommage au Seigneur des anneaux est assez visible avec la vision des montagnes enneigées (on pense à la Terre du milieu) et le fait de voir l'ami Jack Black avec les cheveux longs et un peu sales à la Aragorn et une épée dans le dos, renforce l'aspect fantasy du clip. La fin est quelque peu portnawak, Jonze jouant peut être un peu trop sur l'enchaînement de plans au point que l'on ne comprend plus trop ce qui se passe, si bien que l'épilogue est assez confu. Dommage car cela commençait bien.
The Chemical Brothers - Elektrobank par TheChemicalBrothers-Official
Tenacious D - Wonderboy par JayKill
Outre leur récente prestation au Youtube movie awards qu'il a filmé en direct, relevant ainsi un défi notable, le montage devant se faire immédiatement (d'autant que le show a duré plus de six minutes) et permettant de voir Greta Gerwig (que l'on retrouvera dans le spin-off d'How I met your mother qui sera... How I met your father!) dans un show déluré; Spike Jonze a aussi signé The suburbs pour le groupe Arcade Fire en 2011. Le réalisateur prend le point de vue d'adolescents dans une distopie militaire. Au détriment des blockbusters qui y vont avec la bonne vieille testostérone, le traitement de Jonze est digne d'un teen movie et le fait qu'il n'implante aucun contexte renforce ce côté naturel digne d'un film indé américain (dans le bon sens du terme hein?). La musique terriblement simple d'Arcade Fire (belle petite balade) renvoie à un aspect mélancolique qui correspond avec ces jeunes déambulant dans des rues quasi-désertes et où seuls les militaires semblent dehors. Pour installer le climat, il montre des barages, des grilles barbelées pour garder le périmètre fermée, des hélicoptères allant vers les flammes, des forces armées dans les rues, la police sortant les fusils, des attaques nocturnes...
Arcade Fire - Afterlife (Youtube Music Awards... par musicfusion
Il suffit de peu pour créer une atmosphère pesante où la jeunesse ne peut s'épanouir. D'ailleurs, dans la bande deux des protagonistes se font contrôler, entraînant la rage de l'un envers l'autre. On ne sait d'ailleurs pas pourquoi les deux sont contrôlés, c'est aussi pour cela que la vengeance paraît aussi stupide que les actes de l'un des gamins que ce soit défoncer le vélo de son ancien pote ou de lui défoncer la gueule alors qu'il est à son boulot. Finalement, ce n'est pas tant à son ami qu'il en veut mais au système l'endoctrinant et qu'il ne supporte plus. En son ami, il voit un probable coupable à ses malheurs mais ce n'est bien évidemment pas lui la cause. C'est sur ce clip que cette cuvée spéciale Spike Jonze se termine, allez à la semaine prochaine!