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10 avril 2014

Le Marvel Cinematic Universe au commencement

Depuis dix ans, le Marvel Cinematic Universe a considérablement changé le super-héroïsme au cinéma. Au point que son principe d'univers partagé a intéressé les studios pour d'autres genres (cf le Dark Universe d'Universal ou le Kaïju Universe de Legendary). Mais aussi la concurrence Warner / DC qui s'est enfin mise à l'ouvrage avec Man of steel (Zack Snyder, 2013). Revenons donc sur cette épopée toujours en cours, tout d'abord en évoquant comment elle a débuté. (attention spoilers)

  • Marvel au cinéma avant 2008

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Howard, un ami qui a fait bien du mal à Marvel et à George Lucas.

Dès les 70's, Marvel cherche à adapter ses comics et un super-héros en particulier : Spider-man. Une série télévisée un brin cheap est réalisée (The Amazing Spider-man, 1977-79), certains épisodes seront même montés pour en faire des films en Europe. Les asiatiques s'attaquent également au mythe (1978-79). Les rares téléfilms de Captain America (dont un avec l'inénarrable Reb Brown, star de films de Bruno Mattei) n'aident pas non plus. Toutefois, la télévision semble aider Marvel à s'imposer un minimum que ce soit par des séries animées (on pense à celles des 90's avec Spider-man et les X Men) ou la série L'incroyable Hulk (1977-82) qui se concluera par trois téléfilms (dont deux avec Thor et Daredevil). Les premiers films viennent ironiquement avec des héros moins populaires, à savoir Howard the duck (Willard Huyck, 1986) et Punisher (Mark Goldblatt, 1989). Le premier n'implique pas trop la Marvel, bien contente de se débarasser d'un héros dont elle ne sait que faire, qui plus est produit par un George Lucas auréolé des succès fracassants de la trilogie Star Wars (1977-83) et des deux premiers Indiana Jones (Steven Spielberg, 1981-84). 

P

Howard the duck fut un flop retentissant, faisant perdre des plumes à Tonton George au point de vendre Pixar à Steve Jobs. Le second n'a pas eu un avenir plus glorieux, pas aidé par l'interprétation très fade de Dolph Lundgren. Reste que les scènes d'action sont plutôt bien montées et efficaces grâce à Goldblatt (rappelons qu'il est le monteur de plusieurs films de Michael Bay). A ce moment, Marvel s'apprête à passer par la case banqueroute, beaucoup de talents ont quitté le navire (dont Todd McFarlane parti fonder Image Comics) et les studios ne se bousculent pas pour les droits en raison de la complexité des productions (le "Spider-man" de James Cameron passera à la trappe à cause de problèmes de droits entre la Cannon, la Fox, la MGM et même Pathé). Captain America (Albert Pyun, 1990) est financé et distribué à la sauvette par feu Menahem Golan, lui aussi en mauvaise position à l'époque (la Cannon venait de se casser la figure). Il y aura même un film Fantastic Four (Oley Sassone, 1994) réalisé uniquement pour que Constantin Film garde les droits ! ll faudra bien le producteur Avi Arad pour sauver le navire de la faillite. 

B

Blade, le chasseur de vampires qui sauva la Marvel.

C'est grâce à lui que Marvel va se développer au cinéma et ce dès 1998 avec Blade (Stephen Norrington). Là aussi il s'agit d'un héros mineur, peut être plus encore que le Punisher mais tout aussi radical. Une coproduction avec New Line Cinema particulièrement efficace et beau hit de l'année, à laquelle se rajouteront une excellente séquelle (Guillermo del Toro, 2002) et une autre catastrophique (David S Goyer, 2004). Ce sera ensuite au tour de la Fox avec l'univers X Men dès 2000 (que l'on peut qualifier d'univers partagé désormais), Daredevil (un ratage en 2003, puis les droits sont repartis chez Marvel pour le plus grand bonheur des fans) et les Fantastic Four (deux films produits entre 2005 et 2008 et un reboot tout aussi désastreux en 2015). Sony s'est très vite rajouté avec Spider-man qui en est à son deuxième reboot et les Ghost Rider (2007-2012) avant que Marvel ne récupère les droits (le Rider est désormais un personnage de la série Agents of Shield).

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L'univers X Men, exemple d'univers partagé progressif.

Lionsgate a relancé le Punisher le temps de deux films sans succès (Hensleigh, Alexander, 2004-2008), avant un retour chez Marvel particulièrement fracassant. Quant à Universal, le studio se contentera d'Hulk (Ang Lee, 2003) et de coproduire L'incroyable Hulk (voir ci-dessous). Voyant qu'ils n'ont pas l'avantage avec les studios, les pontes de Marvel (le producteur Kevin Feige en tête) décident de prendre du recul par rapport à eux en faisant leurs propres films en indépendant. Première étape en 2008....

  • Iron Man (Jon Favreau, 2008) : Le film de l'indépendance

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Cela faisait longtemps que Marvel cherchait à adapter le personnage de Tony Stark. Stuart Gordon (Re-animator) s'est dit intéressé au début des 90's. La Fox, Universal et New Line Cinema se passaient la main régulièrement. Tom Cruise et Nicolas Cage se disaient intéressés par le personnage, mais rien ne s'est fait durant deux décennies. Ce sera finalement en indépendant (tout du moins avec le distributeur Paramount) qu'Iron Man voit le jour. Aux commandes on retrouve Jon Favreau, acteur-réalisateur dont sa dernière expérience de réalisation ne fut pas forcément une partie de plaisir (Zathura, 2005). Pas forcément rassurant mais le réalisateur semble confiant dans son film et Marvel aussi malgré les risques financiers que pourraient occasionner un bide. Pour le rôle principal, ce ne sera finalement pas Tom Cruise à l'époque en pente raide (toujours à cause du divan), mais un autre laissé pour compte Robert Downey Jr. 

Iron Man : Photo Jon Favreau, Robert Downey Jr.

Enfant terrible d'Hollywood tombé en désuétude à force d'excès d'alcool et de drogue, beaucoup le disait irrécupérable. Pourtant, l'acteur a remonté la pente doucement dans les 2000's avec des films marquants par ci, par là (Kiss kiss bang bang et Zodiac en tête). Un parcours ironiquement similaire à celui de Tony Stark, ce marchand d'armes devenant un super-héros après une dure épreuve. La chute avant la renaissance. Le grand méchant du film est Iron Monger, ennemi en combinaison métallique également et ancien collaborateur de Stark incarné par Jeff Bridges. Ce dernier ne sortira pas forcément grandi de l'expérience, pointant notamment des petits casseroles de production.

  • "Ils n’avaient pas de scénario (…) on se ramenait pour tourner des grosses scènes et là, on ne savait pas ce que l’on devait dire. (…) Alors on appelait les scénaristes en leur demandant s’ils avaient quelques idées à nous soumettre. Pendant ce temps-là, l’équipe tapait du pied, en attendant qu’on commence à tourner. (...) On avait les pontes de Marvel au téléphone qui nous répétaient : 'Non, vous ne pouvez pas dire ça !'. On pourrait penser que sur un film à 200 millions de dollars, ça serait moins la merde, mais non. La raison à cela ? Ils se sont mis trop de pression : ils avaient une date de sortie avant même d’avoir un scénario." (*). 

Iron Man : Photo Jon Favreau, Robert Downey Jr.

On voit par ces propos que c'est surtout Marvel qui tient la barque et ce n'est que la première casserole du studio, d'autres se dévoileront au fil du temps (Ant Man en tête). Le problème d'écriture évoqué par Bridges n'a rien d'étonnant au vue de la structure même du film. Reposant quasi entièrement sur les épaules de Robert Downey Jr et quelques effets-spéciaux de qualité, l'histoire est une origin story tout ce qu'il y a de plus banale et encore moins innovante. Tony Stark n'est plus attaqué au Vietnam mais en Afghanistan. Un signe du temps qui le fait combattre non plus les adversaires des USA dans les 70's, mais des terroristes arabes. Un changement qui n'apporte rien de plus. En revanche, grosse production PG-13 oblige, Iron Man ne dévoile rien des addictions pré et post-traumatiques de Stark. Chose qui sera confirmé par Shane Black (réalisateur d'Iron Man 3) des années plus tard pour des raisons évidentes. 

  • "Par rapport à la boisson, je crois que les studios nous ont simplement demandé de décrire Tony Stark comme étant une sorte d'industriel et de mec un peu fou, parfois même mauvais, mais l'alcoolisme de son personnage ne devait pas être montré." (**). 

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En enlevant cet élément, Stark perd beaucoup de sa force et son retournement de veste n'en est que plus artificiel, pas aidé par la structure du film qui passe de grandeur, chute, création de l'armure, quelques actions, puis climaxClimax que l'on peut qualifier de complètement raté, tant on peine déjà à voir quelque chose d'un minimum lisible. Pour comparer avec une autre scène d'affrontement nocturne avec pas mal de détails, celle se déroulant à Hong Kong dans Pacific Rim (Del Toro, 2013) l'est beaucoup plus que le climax d'Iron Man. Le problème des autres scènes d'action est qu'elles n'impressionnent pas et on a parfois plus l'impression de suivre une armure en cgi qu'un véritable personnage en armure. Downey Jr n'est finalement que la façade cabotine d'un super-héros qui n'a pas encore montré ses réelles cartouches. De la même manière, la réalisation de Favreau ressemble à celle de n'importe quel tâcheron d'Hollywood, sans génie, ni fulgurance. 

2007-Audi-Q7-Typ-4L-3

Iron Man étant un succès fracassant (plus de 585 millions de dollars de recettes), Kevin Feige peut commencer à faire des plans. Tout reste encore nébuleux et au départ, on pense que l'apparition de Samuel L Jackson en Nick Fury n'est qu'un simple clin d'oeil au comic-book Ultimates (où il avait les traits de l'acteur). Un projet global qui va prendre de plus en plus d'ampleur au fil du temps.

  • L'incroyable Hulk (Louis Letterier, 2008) : Retour à la case départ

L'Incroyable Hulk : Affiche

A sa sortie en juillet 2008, L'incroyable Hulk ressort d'un bon nombre de galères qui ont bien failli empêcher sa concrétisation. Mais pour cela il faut revenir en 2003. Si Hulk a marché correctement même si Universal s'attendait à mieux (plus de 245 millions de dollars de recettes pour un budget de 135), les critiques sont particulièrement mauvaises aussi bien dans la presse que venant du public. Ang Lee a voulu faire un film très personnel et complexe, sa vision n'en devenant que plus marginale et le spectateur y perdra beaucoup, ne s'attendant pas forcément à un film de ce type. Le studio essayera pendant plusieurs années de relancer le personnage, mais c'est finalement Marvel Studios qui s'en occupe. Universal ne sera que le distributeur du film, ce qui n'empêchera pas le studio d'avoir son mot à dire sur son contenu. Il semblerait par ailleurs que le studio a toujours des parts du personnage et qu'un film sur le super-héros en solo ne peut voir le jour à cause de problèmes contractuels hérités de L'incroyable Hulk (et en soi du film d'Ang Lee).  

L'Incroyable Hulk : Photo Edward Norton

En gros, Universal ne voudrait pas lâcher ses parts et Marvel peine à négocier malgré l'appui de Disney. D'autant plus étonnant qu'Universal ne serait pas vraiment gagnante, n'ayant plus aucun super-héros dans son écurie. Ce qui expliquerait pourquoi Hulk n'est qu'un second-rôle (même prestigieux) dans le Marvel Cinematic Universe. Engagé pour jouer Bruce Banner, Edward Norton retouche également le scénario. Un problème avec les syndicats l'empêchera d'être crédité, au point que Zak Penn est le seul à l'être au générique. Par la même occasion, la situation entre les studios et Norton s'est envenimée à un tel point que l'acteur ne reviendra pas dans la peau de Bruce Banner, remplacé par Mark Ruffalo dès Avengers (Joss Whedon, 2012). Mais mieux encore, beaucoup d'éléments du scénario furent modifiés afin que le film soit plus commercial. La scène d'ouverture en est la preuve. Des flashbacks banals servant de générique histoire de dire que ce film est une sequelle d'Hulk, tout en laissant tomber la mythologie d'Ang Lee au cinéma (les événements sont tournés de manière différente).

La scène d'ouverture originale (voir ci-dessus) montrait Bruce Banner dans un lien enneigé afin de se suicider. Sauf que Bruce Banner laisse sa place à Hulk dans un plan subjectif et déclenche une avalanche. Une scène dérangeante et raccord au comic-book Ultimates (2002-) qui semble plaire à Marvel comme le disait Louis Letterier, réalisateur des deux premiers Transporteurs (2002-2004) et de Danny the dog (2004). Un baptême du feu à Hollywood pour le réalisateur issu de l'écurie Besson.

  • "Je voulais commencer comme ça, annoncer un film sombre. Marvel me défendait, mais c'est Universal qui s'occupait des ventes internationales. C'était une scène importante pour moi, pour montrer l'omniprésence de Hulk dans la vie de Banner. C'est un monstre, mais il va le protéger de lui-même. L'avantage des films américains, c'est de pouvoir faire des scènes d'action spectaculaires, utiliser des effets-spéciaux, travailler avec de grandes stars. L'inconvénient, c'est qu'à la fin, on montre le film à un public qui veut toujours voir à peu près la même chose. (...) Et les studios ne sont parfois pas assez courageux. (...) Sur mon film, le studio ne voulait pas prendre de risques." (3).  

L'Incroyable Hulk : Photo

D'autres scènes coupées sont visibles sur le DVD collector et le BR à raison d'une quarantaine de minutes. Des dialogues entre le personnage Leonard Sampson (Ty Burrell), petit-ami de Betty Ross (Liv Tyler) au début du film, et Banner étaient visibles dans les bandes-annonces mais pas dans le film. Ce personnage est assez important dans la mythologie de Hulk puisqu'il est l'un des rares à bien connaître Bruce Banner. Reste que dans le film, le personnage n'a aucun intérêt. D'après Letterier, ce serait à cause de cette coupe qu'il y aurait eu "ce contentieux entre les studios et Edward (Norton)" (3). Des difficultés internes que Louis Letterier retrouvera une nouvelle fois avec Le choc des titans (2010), autre grosse production où la Warner lui réservera quelques surprises de taille. Au final, on ne retiendra de L'incroyable Hulk qu'un gros film d'action bourrin qui n'exploite jamais réellement son potentiel. Faute d'une direction artistique dégradée par les studios, le film y perd et ne montre son ampleur que rarement.

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Seul Edward Norton semble à fond dans son rôle, totalement impliqué et sa représentation en cgi de Hulk est largement plus crédible que celle gigantesque d'Eric Bana. Elle sera néanmoins meilleure et plus représentative dans les films suivants. Le parcours de Banner n'est d'ailleurs pas sans rappeler la série L'incroyable Hulk avec Banner fuyant de ville en ville pour trouver un remède à sa malédiction. C'est dans cette partie intime que le film se révèle le plus intéressant, n'étant finalement pas si éloigné du Hulk plus cérébral d'Ang Lee. Liv Tyler semble complètement effacée et on regrette souvent Sam Elliott en Thunderbolt Ross, remplacé par un William Hurt en pilotage automatique. Le méchant du film l'Abomination est décrit comme un méchant de série B, soit le soldat jaloux d'un gringalet. Autant dire que même le cinéma d'exploitation en a fait le tour et Tim Roth fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne à faire. On regrette même le look reptilien du personnage d'origine, délaissé pour une colonne vertébrale ressortant du dos.

L'Incroyable Hulk : Photo

L'affrontement final est toutefois assez bourrin pour divertir un minimum et la violence d'Hulk dans ses apparitions est assez pertinente. Ce cru a également du mal à s'introduire dans ce qu'on appellera la Phase 1 du Marvel Cinematic Universe. Encore une fois, Marvel sort l'argument de la scène post-générique, là encore sans savoir vraiment quoi faire ensuite. En montrant Tony Stark lancer l'idée des Avengers après Nick Fury, la firme annonce un film crossover inévitable relié à divers films. Mais L'incroyable Hulk ne se marie pas très bien avec le reste de la Phase, puisqu'il est très peu synchrone avec ses événements. Ainsi, Ross n'apparaîtra plus avant Captain America : Civil War (les frères Russo, 2016) au point d'ailleurs de se demander ce qu'il fait là vu les dégâts de ses opérations. Betty est oubliée, Hulk a changé de visage et il n'y a pas vraiment d'échos des événements du film dans les films suivants. Une âme en peine.


Mise à jour le 24 avril 2018.

* Propos recueillis de: http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema-11832

** Propos recueillis de: http://cinema.jeuxactu.com/news-cinema-iron-man-3-pourquoi-tony-stark-n-est-pas-alcoolique-20401.htm

3 Propos recueillis dans Mad Movies numéro 257 (novembre 2012).

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Commentaires
B
C'était surtout pour montrer l'envers du décor de l'entreprise en place. Cela permettra également d'évoquer la mégalomanie de Kevin Feige qui prévoit des films jusqu'en 2028 avec planning et tout. Il ne sait pas ce qu'il va faire comme films mais il a déjà tout prévu pour caser différents films, sans compter les séries. Mais on y reviendra en temps voulu. En effet, c'est vrai pour Hulk d'autant que Guillermo del toro a travaillé longtemps sur une série, mais avec Avengers, il est complètement bloqué et le projet est au point mort. Sa première série sera l'adaptation de son livre La lignée. Mais ça aussi j'y reviendrais en évoquant les séries.
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J
Excellent récapitulatif, nous en avions besoin ! C'est qu'on va finir par s'emmêler les pinceaux avec tous ses films qui s'entre mêlent. Mais effectivement, le lancement de la phase 1 a été laborieux, et le cas de Hulk pose problème (il est le seul héros pour lequel aucun nouveau film où il serait seul n'est prévu). e film d'Ang Lee est une abomination en tout cas, un ratage cataclysmique à l'esthétique complètement foirée et aux idées ridicules (les chiens-hulks... au secours !). Et le design du père de Hulk en mode homme des cavernes...
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