Les bourricots à la Maison Blanche

Un commando paramilitaire débarque dans la Maison Blanche afin de soutirer une rançon pour la bonne patrie. Sauf qu'ils ont oublié quelque chose : un agent de sécurité qui compte bien protéger le président des USA et surtout retrouver sa fille...

 

Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu Roland Emmerich dans les contrées nanardisantes de Boratland. Il fallait donc bien une nouvelle aubaine mémorable pour que son retour puisse avoir un ordre de grandeur. Cela tombe bien, White House Down (2013) a montré le bout de son nez mercredi soir pour une petite séance de streaming (cela aura éviter à votre interlocuteur de payer sa place ou un BR un peu trop cher pour un film pareil). Dès le départ, White House Down était mal barré puisqu'il entrait directement en compétition avec Olympus was fallen (Antoine Fuqua, 2013), bêtement retitré La chute de la Maison Blanche en France, soit la traduction du titre du film d'Emmerich ! Sauf que sorti en premier, le poids moyen de Millennium films (70 millions de dollars de budget pour 170 millions de recettes) a été plus rentable que le poids lourd de Sony (150 millions de dollars de budget, 205 millions de recettes). Autant dire que ça l'a fout mal à Roland, d'autant que son excellent Anonymous (2011) avait été un beau flop lui aussi. Pas grave, il va nous faire un merveilleux Independence day 2 et la Fox sera bien contente de retrouver celui qui lui a apporté un de ses plus beaux cartons des 90's.  

Avec White House Down, on assiste à l'un des complots les plus drôles du cinéma américain. Ceux qui l'ont vu comprendront pourquoi, mais franchement on a rarement vu une attaque terroriste aussi foireuse au cinéma. En apparence, notre commando est préparé comme les kazakhs d'Air force one (Wolfgang Petersen, 1997) ; mais en fait il semble tout droit sorti de Mars attacks (Tim Burton, 1996). Une telle équipe de bras cassés qui à l'heure d'internet, des blogs et des smartphones restent à découvert au risque de se faire filmer par une gamine qui a un compte youtube . Ne rigolez pas, c'est réellement ce qu'il se passe dans White House Down au point de croire réellement qu'Emmerich deviendrait blagueur. Tout du moins un mauvais blagueur, parce que signer une telle rigolade involontaire à plus de 150 millions de biftons relève du grand art, jusque dans le plan des terroristes. (attention spoilers) En gros, James Woods est vénère : son fils est mort dans une opération qui a mal tourné, mais là n'est pas le problème puisqu'il accepte que son fils soit mort pour la patrie (IL EST PATRIOTE !). 

Non, il n'est pas content parce que le président des USA ne veut plus d'opérations de ce type au Moyen-Orient. Oui car il faut balayer ces vilains barbus du monde occidental et donc leur faire inlassablement la guerre comme de gros bourins. Mais mieux encore, on se demande comment certains olibrius du commando ont pu passer ne serait-ce qu'une seconde dans la Maison Blanche. La plupart sont fichés et même interdits de séjour là-bas. Bon certes James Woods est le patron de la sécurité, mais ça va deux secondes. Surtout que même le soldat incarné par un Jason Clarke éteint (il joue sans conviction le méchant bourrin à la Commando, le gilet pare-balle à la place de la cotte de maille) ne sait pas tellement pourquoi il est là. Mais encore mieux, en fait tout cela est une conspiration pour que le président de la chambre passe président de la république. Un peu comme si Claude Bartolone voulait déloger François Hollande en faisant péter l'Elysée. Evidemment, on voit bien que tout cela n'est pas crédible jusqu'à l'explosion d'Air Force One expédiée en moins d'une minute. (fin des spoilers) 

Outre les bourricots de la Maison Blanche, il faut bien dire que Roland Emmerich a tout fait pour rendre actuel son film. Ainsi, son président est afro-américain, est joué de manière cool par un acteur cool (Jamie Foxx), avec une femme afro-américaine avec le brushing qui va avec, le désengagement dans certains conflits... On ne voit à peine pas la caricature de Barack Obama. On avait droit dans Independence day (1996) à un président brushing sortant d'un magazine de mode, là on a la caricature du président actuel. Mais le plus fort reste quand même la gamine de Channing Tatum qui, de ses quinze ans, a déjà des opinions politiques gargantuesques et fait un vlog politique sur youtube. En gros, cette gamine est peut-être plus intelligente que ceux qui attaquent la Maison Nlanche alors que c'est censé être le contraire. Pour ce qui est du reste, le film est bouffé par des tonnes de CGI visibles à 20 km jusqu'à la poursuite dans le jardin présidentiel. Même les voitures sont numérisées pour de banals dérapages.

On retiendra aussi le décollage de l'avion, le plongeon dans la piscine, les explosions (où objectivement James Woods, Jason Clarke ou Channing Tatum seraient morts) ou les quelques hélicoptères qui explosent d'une rare laideur. Sans compter la scène du toit qui semble tourner sur fond vert. Par ailleurs, McT étant libéré il peut porter plainte pour plagiat, parce qu'à un tel niveau de pompage sur son Piège de cristal (1988) c'est juste fantastique. On passe évidemment sur le marcel évident de Tatum pour aborder ce merveilleux savatage sur le toit avec les hélicoptères qui se font exploser. Ah ben tient comme cette séquence où l'hélico se faisait exploser dans Die Hard ! Ou encore cette fusillade où McClane passait en mitraillant qui revient ici aussi. Sinon le coup du drapeau présidentiel, bravo Roland, cela a valu un beau fou-rire à trois heures du matin à votre cher Borat.

Roland Emmerich qui fait un bon film c'était une anomalie, alors il reprend les bonnes armes naveteuses. Comme dit le proverbe : "Chassez le naturel, il revient au galop ! "

Comments

[Alice In Oliver]

à borat: oui, bien vu !

[Alice In Oliver]

à borat: ah... Je me disais aussi: ce n'était pas normal qu'il signe un bon film, il fallait qu'il se rattrape avec un nouveau cru de sa spécialité !

[arnaud291]

Pas encore vu, mais, il est sur mon ordi depuis un moment celui la. Il va falloir que je m'y attelle d'autant que c'est typiquement le genre de films bien bourrin que j'adore.

[nicos31]

die hard à la maison blanche mais sans l'efficacité et la brio de la mise en scène de mcT, ni le héros charismatique joué par bruce willis.

[Princécranoir]

ça m'a démangé de le prendre en DVD très récemment dans un bac de solderie. Mais en même temps, j'ai tellement d'autres films sans doute bien mieux à regarder que je fais confiance à ton avis pour me forger le mien pour le moment.