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Cine Borat
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18 juin 2014

Regardez, consommez, subissez

Il ne faut parfois pas longtemps pour qu'une série devienne une référence. Souvent il suffit d'une saison, voire de quelques épisodes pour l'imposer aux yeux des téléspectateurs. En six épisodes et seulement deux saisons (les anglais privilégient des saisons courtes voire évènementielles pour leurs séries), Black Mirror (2011-) s'est imposée dans le paysage de par sa subtilité et son regard sur notre société. Il s'agit d'une anthologie où chaque épisode est différent de l'autre, mais chacun à un rapport à la technologie et à la dépendance qui résultes par différents moyens que ce soit. Il est ironique de voir à la production Endemol, groupe ayant largement déglingué la télévision française à coup de téléréalité (ils sont notamment derrière Secret Story ou Star Academy), soit tout ce que dénonce la série! La série met en scène quelques têtes connues à l'image de Rory Kinnear (assistant de M dans les derniers James Bond), Rupert Everett, Toby Kebbell (vu dans Prince of Persia, La colère des titans ou Rock'n rolla soit que des chef d'oeuvres), Jodie Whittaker (la mère éplorée de Broadchurch), Hailey Atwell (l'agent Carter de Captain America), Donhmall Gleeson (fils de Brendan et vu dans Il était temps), Jason Flemyng et Tobias Menzies (vu dans Casino Royale et Game of thrones). Chaque sujet s'avère intéressant au moins dans leur pitch.

(attention spoilers) L'hymne national nous entraîne dans la pression médiatique que peuvent subir certains politiques dans un événement imprévu. Un événement où tous les yeux sont rivés sur le téléviseur afin de voir ce qu'il va se passer, bien que l'on croit au pire. Cela en devient un gimmick. Le public ne veut pas voir l'acte, mais se doit d'être fidèle au poste pour voir l'humiliation en devenir que va subir le premier-ministre anglais (Kinnear). Un événement qui peut vous briser une carrière ou vous faire remonter dans les sondages en faisant ou non un acte immoral qui peut briser votre vie et vous enlevez toute humilité. Quelque soit l'issue, elle sera fatale pour le principal concerné. Il est d'autant plus ironique que depuis la diffusion de l'épisode, des rumeurs évoquent une histoire similaire avec David Cameron. La réalité dépasse parfois la fiction. L'épisode interroge aussi sur la notion de journalisme que l'on a bien du mal à trouver sur nos chères chaînes d'information en continue. Elles ne veulent pas en montrer pour ne pas s'attirer les foudres de la censure, mais se doivent d'en parler sous aucun prétexte car c'est de l'information. Qu'importe qu'elles n'ont aucune image ou information concrète à exploiter, il faut en parler à tout prix via des débats cupides et sans fond. Une technique racoleuse que l'on peut voir en France aussi bien sur Itélé que BFM. 15 millions de mérites se révèle encore plus vicieux puisque parle de la téléréalité. 

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De jeunes gens courent et accumulent des points pour pouvoir se retrouver dans une émission, où un jury pourra juger du talent de la personne, les trois quarts du temps dans la chanson. Sans compter les chambres où ils doivent regarder toutes sortes de programmes, notamment pornographiques (évidemment: adolescents, puberté...) et si vous voulez les zapper, vous payerez de votre temps. Le cercle est vicieux: plus vous pédalez, plus vous accumulez des points, mais vous devez subir toutes sortes de visions obscures et publicitaires. Le plus vicieux reste bien évidemment le show: le jury est sans vergogne et pervert. Imaginez Secret Story qui rencontre The Voice, avec le buzzer qui va avec. Mais mieux, le jury peut aller d'un discours à un autre, vous influencer d'aller dans une direction contraire de ce que voudrait le candidat. Ainsi, le personnage réactionnaire finira par aller dans une direction contraire à son éthique, quant à son ami il vaudra mieux ne pas en parler. Le dernier épisode de la première saison, Retour sur image, est peut être le moins intéressant de toute la série. Il s'agit tout simplement d'un adultère qui tourne mal, à cause d'un mari  à fond sur la technologie et cherchant à tout prix le point pouvant confirmer ses suspicions (Kebell). Reste que le final est superbe et tout en mélancolie. Le premier épisode de la saison 2, Bientôt de retour, joue aussi beaucoup sur l'intimisme et l'émotion, mais le contenu est beaucoup plus pertinent. 

Il met en scène une femme perdant son mari (Atwell) et trouvant dans un processus informatique, voire de clonage une opportunité de retrouver celui qu'elle a perdu (Gleeson). Mais rien ne se passera comme prévu... Le récit se révèle simple mais efficace, riche en émotion sans être forcément pathos mais surtout, cet épisode doit énormément à ses acteurs. Domhall Gleeson et Haylee Atwell suscitent une certaine ampathie, surtout le premier qui doit incarner un clone affectif, mais se trouvant particulièrement gauche. C'est ce qui le rend d'autant plus attachant. Quant à Atwell, cela permet de la voir sous un autre jour qu'en plein régime nazi ou en période féodale. Le second épisode, La chasse, est un cru à twist. Il s'agit d'une traque tournant à la téléréalité. C'est également le cru le plus violent aussi bien idéologiquement que visuellement. Clairement, on a rarement vu une boucle temporelle aussi sadique. Là encore les écrans ont un rôle, ici avec un titre voyeuriste. C'est aussi avec ce genre d'histoires que la série touche son but, à savoir montrer aux téléspectateurs ce qu'ils sont capables de faire face à un écran: regarder ou l'utiliser jusqu'à l'outrance. Dans La chasse, cela atteint son paroxisme dans tout ce qu'il y a de plus vicieux et violent. On en vient à trouver le coupable plus humain que ses bourreaux. Par là, les scénaristes s'attaquent inévitablement à la loi du talion. Les victimes ne reviendront pas, mais les spectateurs trouveront un plaisir vicieux à être encore pire que les coupables.

Le dernier épisode, Le show de Waldo, revient à l'aura médiatique et politique, mais d'une autre manière. Si le premier épisode jouait sur l'influence des chaînes et du public vis à vis des décisions d'un politique, ici nous sommes davantage dans la critique des débats. On nous présente un acteur raté par excellence ayant trouvé une nouvelle vie fructueuse sous les traits d'ours bleu animé. Le défi est juste de le faire bouger via des manettes et de le faire parler. Sauf qu'une altercation avec un député en candidature risque de changer la donne. Waldo a un bouc-émissaire et ses producteurs comptent bien s'en servir. Quand une candidate avec qui il couche le lâche en plein vol, il n'hésite pas à se venger en direct en dézinguant son programme. Avec cet épisode, c'est également l'occasion d'égratigner l'image lisse des politiques, au point que ces derniers deviennent soit arrogants, soit encore plus transparents qu'ils ne le sont déjà. Waldo apparaît rapidement comme la voix du peuple, alors que son créateur n'y voit qu'un simple moyen de dézinguer des personnalités qu'il juge corrompues. Le final confirmera qu'il avait tord et on rigolera avec le clin d'oeil à George W Bush et la fameuse chaussure qui lui a été balancé. (Fin des spoilers) Black Mirror apparaît donc comme un des meilleurs efforts télévisuels venant d'Angleterre, tapant sur nos addictions technologiques et notre fascination de l'écran de manière percutante. Une anthologie grandiose qui tape où ça fait mal et qui devrait bientôt revenir.

Une anthologie qui joue habillement sur le voyeurisme, l'addiction à la technologie et la violence des médias. Grandiose.

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Commentaires
J
Ce n'est pas la première fois que je lis des éloges aussi clairs de cette série. Actuellement dans mes grosses priorités (et j'avoue être davantage attiré que par les game of thrones).
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A
A noter que Black Mirror est une création de Charlie Brooker, le bonhomme s'étant déjà fait connaitre chez nous via Dead Set, ou comment dézinguer la télé réalité en y rajoutant une invasion de zombies, le tout déjà produit par Endemol. Si tu ne l'a pas vu, je te le conseille fortement.
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B
Si la série est passionnante ça va. Comme avec Buffy ou Arrow. Mais parfois il y a des épisodes inutiles. Les épisodes seuls qui ne sont pas dans l'arc narratif peuvent ne pas plaire.
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T
Je connaissais cette série très vaguement, que de nom. Mais ton article m'a donné envie de regarder, surtout qu'il y a peu d'épisodes (sur ce coup, les anglais sont plus intelligents en faisant des saisons très courtes).
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