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28 août 2014

L'épatante Amy a disparu

Nick Dumne voit sa femme le matin de leur cinquième anniversaire de mariage. Ce sera la dernière fois...

LesApparences basse déf

Il est rare que votre cher Borat lit des oeuvres préexistantes avant de voir leurs adaptations. En général, il le fait plutôt pour des bandes-dessinées à l'image de Watchmen (Moore, Gibbons, )lue au moins deux fois avant d'aller voir son adaptation en salles. Mais pour le coup, il a eu une folle envie de lire Les apparences (Gillian Flynn, 2012), dit Gone Girl (titre original même si le titre français est plutôt bien trouvé) qui sert de base au nouveau David Fincher qui sortira le 8 octobre prochain. Au fil de la lecture, on comprend tout de suite pourquoi le réalisateur de Seven s'est investi dans l'adaptation de ce roman, car il renvoie à son univers et sa manière de faire. Fincher a souvent adapté des romans, preuve en est avec son dernier film à ce jour qui est une adaptation de Millenium. Mais pour le coup, on revient au thriller vicieux à la Seven. Flynn décortique ses personnages de manière simple, montrant leur visage petit à petit et selon différents points de vue. En effet, le roman dévoile deux points de vue: celui du mari et de la femme. Chacun à sa place, les avis s'entrechoquent au cours des trois parties du roman. Concernant la femme, ses chapitres correspondent à des extraits de son journal intime remontant à 2005 quand les chapitres de Nick se situe au présent, même s'il évoque des éléments passés.

En apparence (humour), la trame de Gone Girl peut s'avérer classique. Nick part au boulot, un voisin l'appelle lui disant que la porte est ouverte, il entre dans la maison sa femme a disparu, la statue ottomane a été déplacé, la table brisée. Une scène de crime évidente, un coupable parfait... La première partie organise tout, implique le lecteur tellement bien que l'on se met à douter. Ainsi, le personnage de Nick apparaît comme trouble. Il évoque à plusieurs reprises qu'il ment, mais jamais il ne dira sur quoi ou tout du moins rarement. Le lecteur se retrouve dans la situation du juré, devant déterminer si Nick est coupable ou non aussi sympathique soit-il. C'est toute la complexité de la première partie qui est également la plus longue du livre. Mais surtout le point de vue de Flynn est la critique des médias dans ce genre d'affaires. En effet, dès que la nouvelle sera répandue que l'épatante Amy (l'instigatrice d'une saga littéraire type Martine) a disparu, les médias s'emparent de l'affaire et autant dire que c'est toujours le mari de la disparue qui passe pour le tueur probable et il manque peu de choses pour que cela dégénère. Une présentatrice d'un show télévisé est l'archétype des médias, questionnant le premier venu connaissant le mari pour en faire une cible.

Quand une voisine aparemment trop proche de la disparue sort une bourde énorme en pleine conférence de presse, cela fait l'effet d'une bombe atomique. Il suffit d'un geste mal calibré et filmé ou d'une photo prise par le premier venu  pour que l'opinion soit contre vous. Flynn cherche à nous montrer que ce genre d'affaires n'arrive plus à être confidentielles à cause de sites de vidéos ou des réseaux sociaux. Tout se répend à vitesse grand V et on ne peut plus rien cacher sans que cela ne se sache. Les descriptions du couple sont donc importantes car définissent (en apparence) leurs personnalités, leurs faux semblants... Nick est montré comme un homme simple voire passif, ancien journaliste en cinéma ayant quitté New York avec Amy pour le Missouri natal, afin de subvenir aux besoins de ses parents. Amy faisait des quizz de personnalité pour les magazines, tout en ayant un homologue littéraire créé par ses parents, et restant au foyer familial depuis que le couple est dans le Missouri. Son journal se veut problématique puisqu'il incrimine directement Nick. Que ce soit par le possible achat d'un pistolet, l'égarement alcoolique de Nick ou le fait qu'il l'a bousculé une fois. Ainsi, la première partie laisse sans cesse planer le doute sur la personnalité de Nick et ce malgré la sympathie que l'on peut avoir pour lui en lisant ses commentaires.

La seconde partie opte pour une rupture radicale où le lecteur avancera lentement dans le glauque et l'horreur jusqu'à la fin. (attention spoilers pour ceux qui ne l'ont pas lu ou attendent le film) Machinations, pièges, meurtre sont au rendez-vous et il n'y a plus aucun doute au sujet d'Amy. C'est même en cela qu'il y a de quoi avoir peur. Ses réactions à chaud font froid dans le dos, ne cessant de décontenancer le lecteur face à un piège vicieux. Oubliez l'épatante et innocente Amy pour faire entrer "la garce cinglée" dixit son mari. Le type de machination typique de la femme fatale et particulièrement blonde. La seconde partie permet aussi de découvrir Tanner Bolt, avocat préféré des repris de justice et notamment dans les affaires de couple, "l'avocat du diable" comme on dit. Un personnage merveilleux ressemblant plus à un agent de communication qu'à un samaritain. Plus amusant encore, sa femme et lui forment un couple idylique, totalement en désaccord avec le mariage de Nick et Amy et ce malgré qu'ils soient inséparables malgré eux. C'est toute la morale dramatique et vicelarde du roman: malgré leurs désaccords complets et la terreur qu'elle peut provoquer, Nick ne pourra jamais s'en séparer et ce malgré son désamour pour Amy. Leur dialogue finale est d'ailleurs d'une froideur à toute épreuve: "Mon Dieu, Nick, pourquoi est-ce que tu es tellement merveilleux avec moi?' (...) 'Parce que tu me fais de la peine. -Pourquoi? -Parce que tous les matins, tu es obligé de te réveiller dans ta peau." Il résume à lui seul tout le reniement de Nick envers sa diabolique femme. On ne lui donnera pas tord. (fin des spoilers)

Un thriller psychologique savoureux, critique virulente des médias et où les apparences sont toujours trompeuses.

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