Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cine Borat
Archives
Cine Borat
  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
13 décembre 2014

Cuvée lauréate

La Cave de Borat a rendu des hommages à des acteurs, mais jusqu'à maintenant les hommages aux morts se faisaient dans les messages du blog. N'ayant pas eu trop le temps, votre cher Borat n'a pu rendre un vibrant hommage à Mike Nichols décédé le mois dernier (le 20 novembre pour être précis), faute de temps, d'inspiration ou d'envie. Un réalisateur souvent cantonné à un seul film en l'occurrence Le lauréat (on y reviendra). Cette cuvée lui sera donc consacrée en séance de rattrapage, en séance de sauvetage, en séance d'honneur. Cette cuvée s'intéressera donc aux trois films que j'ai vu de Mike Nichols. Alors certes, c'est mince sur toute une filmographie mais au moins ces trois films m'ont marqué. Alors Mike voici l'hommage du Borat qui plus est dans sa cave. On ne pouvait pas trouver mieux comme hall of fame!


 Le lauréat: Couvrez ce bas que je ne saurais voir...

Le Lauréat : Photo Dustin Hoffman, Mike Nichols

Réalisé en 1967, Le lauréat est alors son second film après le succès de Qui a peur de Virginia Woolf? qui a valu l'Oscar à Elizabeth Taylor (1966). Le film est d'ores et déjà considéré comme polémique comme le Lolita de Stanley Kubrick mais en prenant le chemin inverse. Le personnage de Dustin Hoffman n'est plus un enfant, mais il reste un jeune homme venant d'être diplômé quand Mrs Robinson en bonne adulte consentante et épouse de l'ami de la famille lui fait des avances. On a beau être dans des années libérées, il n'en reste pas moins que cela passe très mal à l'époque. Il est d'autant plus cocasse qu'Hoffman était de six ans le cadet d'Anne Bancroft jouant Mrs Robinson et la fille de Robinson incarnée par Katharine Ross avait 27 ans à l'époque. Hoffman ayant un physique de jeune premier, la transition passe pourtant bien. Nichols montre le malaise d'un jeune homme devant faire face à un destin qui n'est pas le sien (la scène du scaphandre en est la preuve, son père l'y oblige histoire de se faire bien apprécier des gens biens) et se retrouvant dans une situation le dépassant.

Le Lauréat : Photo Anne Bancroft, Dustin Hoffman, Mike Nichols

Bancroft incarne en ce sens l'élément déclencheur amenant à un dévergondage du personnage. Non seulement par le sexe, mais aussi en terme de maturité. Il sait désormais où il veut aller. Il n'empêche que la fin ouverte laisse un sentiment de suspense, comme si l'acte avait été manqué. Outre le scénario, Nichols peut s'appuyer sur une bande-originale composée de chansons du duo Simon and Garfunkel mais totalement raccord (le morceau Mrs Robinson parle de lui-même) et ouvrant à merveille le film avec Sound of silence. La musique du film sera d'ailleurs un immense succès de ventes et permettra au duo de continuer son ascenssion dans les charts. Le lauréat reste un film marquant alors que le Nouvel Hollywood commence petit à petit à s'instaurer. Preuve en est le nombre d'hommages dans plusieurs films à différentes thématiques ou scènes du film. La rumeur court (bon qui se souvient du film? Personne? Bon, bon...) reprendra l'affiche montrant Hoffman regardant Mrs Robinson enlevant son bas (en fait ce n'était pas Anne Bancroft mais bon...). Jackie Brown reprendra la séquence du génial générique (comment évoquer un personnage en montrant des éléments furtifs?) confirmant défintiviement que l'ami QT n'a pas inventé l'eau chaude (encore moins la tiède). Wayne's world 2 reprend quant à lui le final phare quasiment plan par plan de manière délirante.

Quand Dustin Hoffman influence Mike Myers!

Quant à American Pie, il va jusqu'à reprendre la relation tumultueuse entre Robinson et Benjamin avec Finch et la mère de Stiffler (dont on ne retiendra à vrai dire que ce status!) et dans le second, la chanson mémorable de Simon and Garfunkel Mrs Robinson sera remixé façon rock dégueulasse! On pourrait continuer encore longtemps mais voilà des exemples marquants confirmant Le lauréat au statut de classique des 60's.


 Wolf: Jack fait un cri dans la nuit

Wolf : Photo Jack Nicholson, Mike Nichols

Au début des années 90, Nichols est moins prisé. Les 70's n'ont pas été très tendre notamment avec Catch 22 (1970) film critiquant ardemment l'armée et ne lui ayant pas attiré que des louanges dans son pays, en plus de sa comparaison inévitable avec MASH. Il revient huit ans après La bonne fortune pour Le mystère Silkwood (1983), film engagé sur une femme dont le combat pour dénoncer les conditions des mines de plutonium a conduit à une mort mystérieuse. Nichols retrouve les louanges et se voit même nommé aux Oscars en plus de donner à Meryl Streep sa cinquième nomination de manière quasi-consécutive. Par la suite, il enchaînera deux films avec Harrison Ford Working Girl (1988) et A propos d'Henry (1991), tout en adoptant l'autobiographie de Carrie Fisher (!) avec Bons baisers d'Hollywood (1990). Le réalisateur se lance ensuite dans le fantastique avec une variation du loup-garou. A cette époque, Columbia et Tristar se lancent dans des adaptations multiples de romans ou thèmes récurrents de la littérature gothique du XIXème siècle. C'est ainsi que naissent Dracula de Francis Ford Coppola (1992), Wolf de Nichols donc (1994), Frankenstein de Kenneth Branagh (1994) et Mary Reilly de Stephen Frears (1996). Si les trois premiers seront de beaux succès, le dernier sera un bel échec commercial pas aidé par des conditions de tournage catastrophiques (et ne nuisant pas au film heureusement).

Wolf : Photo Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, Mike Nichols

Hé bien Jacko faut se faire plaisir!

Ironiquement, Wolf n'a pas eu des conditions très profitables non plus. Le dernier acte a dû être retourné car peu concluant, Jack Nicholson a mis au moins douze ans pour monter le projet avec son ami Jim Harrison; Mia Farrow a dû se désister suite à ses aléas judiciaires avec Woody Allen quand Sharon Stone n'en voulu pas, laissant la part belle à une Michelle Pfeiffer ne demandant que ça après les éloges autour de son interprétation de Catwoman. Wolf est un film qui fait bien son âge (à l'image de votre cher rédacteur préféré) à l'image de certains effets-spéciaux qui aujourd'hui paraissent quelque peu ridicule. Le final le confirme plus ou moins avec un combat où l'on est parfois entre le froncement de sourcils et la rigolade. Bon il faut dire que voir l'ami Jacko se déplacer comme un jeune à 57 ans relève d'un plaisir jubilatoire merveilleux. Néanmoins, si le dernier acte (malgré ses reshoots) est un petit peu foiré (mais bon le final est superbe de sous-entendus), le reste est plutôt intéressant. Déjà, le fait de ne pas faire un remake directe du Wolfman de la Universal ou de reprendre le folklore gothique. En s'éloignant le plus possible de cela, Nichols gagne des points et grâce à Nicholson réussi à garder le spectateur au frais.

Comparé à beaucoup de ses rôles, le personnage de Nicholson n'a rien d'un fou furieux ou d'une grande gueule même s'il garde son franc-parler. C'est avant tout un outsider dans l'édition du livre en passe de perdre son emploi et se retrouvant mordu par un loup lors d'un cruel hasard. Finalement, sa métamorphose se montre par des animaux bouffés et un appétit sexuel indéniable (Michelle Pfeiffer y goûtera avec plaisir!), à cela rajoutez également un art de la compétitivité décuplé subitement par un rival qui se tape sa femme. Bon là, la sous-intrigue apparaît grosse comme un paté de maison et la chute sera rude. Le portrait du personnage est de bonne facture et en plus Nicholson est parfait. Sa folie furieuse revient avec ses passages en garou garou mais jamais réellement quand il est a priori normal. C'est même ce qu'il y a de plus intéressant: alors que l'on pouvait croire à un revival de Shining version loup, Nichols a préféré faire de Nicholson un type banal poursuivi par ses démons. Une très bonne chose au final qui permet à Wolf d'être une bonne surprise.


 

Closer: Natalie les beaux yeux et la perruque rose

Closer, entre adultes consentants : Photo Mike Nichols, Natalie Portman

Mike Nichols se refait une santé avec Primary colors, faisant plus ou moins écho à l'actualité (en gros les années Bill Clinton), après un remake de La cage aux folles dont on préfèra ne pas parler. Après un De quelle planète viens-tu? pour le moins peu connu voire pas du tout, Nichols casse littéralement la baraque avec la mini-série Angels in America pour HBO, adaptation du show de Broadway mettant en scène le début des années SIDA et où il aligne un casting de folie: Al Pacino, Meryl Streep, Emma Thompson, Patrick Wilson, Jeffrey Wright et Mary Louise Parker. Un énorme succès d'audience pour la chaîne (qui pourtant brillait en audience grâce aux Soprano) et une flot de récompenses à la clé (Golden Globes et Emmy Awards à l'appui). Le réalisateur revient ensuite avec Closer. Un récit plus simple, moins fantasque (la mini-série jouait sur des anges etc), plus terre à terre. L'histoire d'un homme qui a tout (Jude Law au top dans un rôle parfaitement narcissique) et se retrouve au même point de départ qu'au début: une rue, lui regardant au loin. Entretemps il rencontre une fille qui deviendra stripteaseuse et qui sera sa petite-amie, avant de faire rencontrer deux personnes totalement inconnues avant de se faire la fille.

Closer, entre adultes consentants : Photo Clive Owen, Mike Nichols

 

On pourrait croire à un vaudeville, une histoire où l'amant se retrouve dans le placard de chacun. Pourtant, Nichols reste dans le drame pur et dur, avec des sentiments certes mais toujours dans une optique dramatique. Si l'on se fiait au nombre de dialogues, on pourrait croire à un film terriblement théâtral. Il n'en est finalement rien puisque le film, par ses dialogues, analyse vraiment bien ses personnages et situations. Law aime Portman comme il aime Roberts mais il ne quittera aucune des deux pour autant. C'est ce qui l'amènera à une chute absolument prévisible. Une personnalité narcissique et lisse, pensant à une vanne mais voyant qu'elle part en cacahuète. Les autres personnages sont tout aussi cryptiques. Portman incarne une personne sensible, dont le dernier recours sera le striptease. Ce qui permettra à votre cher Borat de voir une des plus belles actrices de sa jeunesse dans des tenues pour le moins caliente. Dans le genre plus sexy que dans Black Swan (qui était plus dans le sensuel). Votre cher Borat ne s'en est toujours pas remis. Julia Roberts apparaît comme un bon choix également en femme sévère mais classe. Elle qui a souvent été tapée dessus pour son côté lisse apparaît plus que légitime. Finalement, ce ne fut pas plus mal que Cate Blanchett fut enceinte!

Closer, entre adultes consentants : Photo Jude Law, Julia Roberts, Mike Nichols

Mais indéniablement s'il y a un personnage fascinant dans ce film, c'est bien celui de Clive Owen. On le remarque dans un premier temps dans un tchat coquin où il se fait avoir, puis petit à petit le personnage se dévoile. Il s'agit ni plus, ni moins d'un homme sensible mais terriblement bourrin. C'est même en cela qu'il peut apparaître comme sympathique. Il dit systématiquement ce qu'il pense au risque de blesser, mais au moins il l'aura dit. De plus, il aurait très bien pu se venger de Law dans la séquence du striptease. Il ne couchera finalement pas avec Portman. Au final, c'est lui qui gagne tout. Jude le perdant, Clive le gagnant. A travers ses personnages, Nichols quitte la théâtralité pour une étude de moeurs fascinante. Par la suite, Nichols réalisera le bien accueilli La guerre selon Charlie Wilson. Son dernier film, son testament en soi. RIP Man et à la semaine prochaine.

Publicité
Commentaires
I
Ceux que j'ai vu ce sont "le lauréat", "qui a peur de Virginia Woolf" et "wolf". Bien évidemment ce sont les 2 premiers qui sont les meilleurs et comme je n'ai rien vu d'autre de sa filmo, je ne peux pas vraiment parler de ce réalisateur
Répondre
V
J'avoue que je ne connais pas assez la filmo de Nichols. J'ai vu certains de ses plus cultes: le Lauréat, Qui a peur de Virginia Woolf, Closer et La Guerre selon Charlie Wilson (que je n'ai pas vu en entier en fait).
Répondre
T
Même si je n'aime pas tous ses films, j'appréciais beaucoup le travail de Mike Nichols et sa mort m'a attristée. <br /> <br /> Mon film préféré de Nichols est Qui a peur de Virginia Woolf ?. Non seulement on a droit à un casting de folie, surtout Elizabeth Taylor qui est absolument époustouflante, mais j'ai trouvé le film écrit intelligemment, à la fois drôle (à sa façon) et surtout très émouvant. Il faudrait que je découvre la pièce. <br /> <br /> Je suis également fan de la série Angels in America. Je l'avais regardé un peu par hasard sur France 3 et j'ai été tout de suite scotchée. Je pense que je vais la revoir afin de pouvoir écrire un billet sur mon blog. <br /> <br /> Beaucoup hurlent quand je leur dis que j'aime bien The Birdcage. Je ne dis pas que c'est supérieur à la version originale - c'est juste inconcevable de penser ça - mais je trouve qu'il y a des remakes bien plus honteux que celui-ci. <br /> <br /> Pour Le Lauréat, j'aime bien ce film, il est important de le regarder au moins une fois dans sa vie mais comme j'en parlais récemment avec quelqu'un, je trouve qu'il a tout de même pris un coup de vieux.<br /> <br /> Par contre, je déteste particulièrement Closer, un film que je trouve vraiment surestimé. On parle de ce film que pour les cheveux roses et le cul de Portman (même si je reconnais qu'elle ne joue pas si mal dans le film - d'ailleurs pour moi la seule à bien jouer dans ce film). Personnellement, je trouve ce film très creux, pas aussi profond qu'il en a l'air, j'ai trouvé inintéressante, les personnages plats. Le film m'a également déçue car d'habitude Nichols a prouvé qu'il savait adapter des pièces au cinéma. Or, je ne trouve pas la mise en scène très intéressante. Et puis les histoires de coucheries de bobos vulgaires, ce n'est pas ce qui m'intéressent le plus.
Répondre
D
Ah, "Le Lauréat", un de mes films de chevet. Merci de l'avoir évoqué, Borat.
Répondre
Publicité