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10 août 2015

Love is all you need

Murphy se rappelle l'amour qu'il a éprouvé pour Electra, aujourd'hui portée disparue...

Love : Affiche

S'il y a bien quelque chose de dramatique avec le cinéma de Gaspar Noé est que ses films sont catalogués avant même leur sortie. Enter the void subissait déjà la réputation furieuse d'Irréversible, qui plus est à Cannes une nouvelle fois. Annoncé comme un gros film trash par la presse, il n'en fut rien le film étant un trip sur la renaissance et sur l'amour que porte un frère à sa soeur alors même qu'il vient de mourir. Rien de trash si ce n'est une pénétration en cgi et quelques scènes de sexe qui n'avaient rien du passage au club gay SM ou du viol de Monica Bellucci... Quand il annonce à Mad Movies en avril 2010 (lors de la promotion d'Enter the void donc) qu'il veut tourner un porno en 3D, on ressort les polémistes. C'est comme ça, Gaspar Noé est une grande gueule ne s'en est jamais caché et le montre à longueur d'interview. En sachant qu'initialement l'idée vient de 2001, Noé ayant proposé cela à Bellucci et Vincent Cassel mais ces derniers n'étaient pas d'accord, ce qui a amené à la réalisation d'Irréversible. Cinq ans plus tard, nous voilà face à l'objet et autant dire qu'encore une fois il n'y a rien de trash si ce n'est voir des gens baiser. Certes frontalement mais le cinéma n'en est pas à la première fois et ce n'est pas le XXIème siècle qui va changer cela. On ne peut même pas le comparer à un film comme Nymphomaniac de Lars von Trier, ce dernier étant un film violent et cru (son interdiction aux moins de 18 ans n'est clairement pas usurpé pour le coup) et amenant à une réflexion.

Love : Photo Aomi Muyock, Karl Glusman, Klara Kristin

Love est au contraire un vrai film d'amour mais avec des scènes de sexe. Le réalisateur ne s'en cache pas c'est comme cela qu'il l'a annoncé et vendu. C'est donc avant tout pour les scènes de sexe (aussi nombreuses et variées soient-elles) que le film a écopé de cette interdiction aux moins de 16 ans. Stop. Attendez une seconde. Entre la rédaction de cette critique durant les vacances personnelles de votre cher Borat (même s'il fait mine de ne pas le montrer en vous faisant coucou) et la publication de cette critique que vous êtes en train de lire; il y a eu un hic. Love est passé au -18 via le tribunal de Paris. Pourquoi? Parce que l'association Promouvoir défendant "la dignité de la personne humaine et de protéger les mineurs, à travers la promotion des valeurs judéo-chrétiennes" * (soit des termes qui subjuguent au XXIème siècle mais passons) a posé un recours vis à vis du visa du film. Un recours du ministère de la culture pourrait avoir lieu dans les prochains jours, mais cette tentative interroge. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, le dernier cas revenant à juin dernier lorsque l'association a fait contester avec succès le visa de Saw 3D qui n'a plus eu d'exploitation en salles françaises depuis janvier 2011 et impactant directement sur sa diffusion télévisée qui sera très restrictive. Idem pour Nymphomaniac.

Love : Photo Aomi Muyock, Karl Glusman

Ce genre de nouvelles ne sont pas à prendre à la légère car montrent des cas de censure majeurs. A l'heure où l'on prône sans cesse la liberté artistique, ne pas la montrer au plus grand nombre avec une censure aussi sévère n'en est que plus révoltant. Il est d'autant plus ahurissant que cette association semblant sortir des années 1950 (dommage crée en 1996) puisse avoir un poids aussi flagrant sur l'Etat et les visas des films. On attend donc Promouvoir sur The Hateful Eight le prochain film de Quentin Tarantino trop violent pour nos chères têtes blondes ou Spotlight car il ne faut pas montrer la pédophilie chez les prêtres. On peut jouer longtemps à ce jeu là. Mais revenons enfin au film lui-même. Love ne ment pas dans son titre même s'il commence brutalement par une séquence de... masturbation aussi bien masculine que féminine. Direct, efficace et comme souvent chez Noé, la séquence dure assez longtemps. Un peu de subtilité n'aurait pas été en reste, mais au moins le spectateur sait qu'il n'est pas venu voir les Bisounours. D'autant que le réalisateur met ses scènes de sexe en musique si possible de manière éclectique: musique classique, Pink Floyd, électro, The Sword... Le réalisateur change de genres musicaux régulièrement, permettant une certaine diversité musicale durant ces moments intimes auxquels assiste le spectateur.

Love : Photo Aomi Muyock, Karl Glusman

Il est déjà plus agréable de voir des actes sexuels en musique que de subir les scènes brut. Le spectateur ne subit pas les scènes, il les vit. De plus, le réalisateur filme superbement les corps et donne lieu à de belles séquences. Celle du plan à trois est superbe et bien que longue n'en devient pas chiante pour autant. Plus que du sexe, c'est de l'amour qui émerge de cette scène et des trois quarts du film. Le récit se veut simple et assez clair: un jeune homme nommé Murphy (une allusion à la loi de Murphy est inévitablement citée) a un coup de téléphone disant qu'une ancienne amante, Electra, n'a pas donné de nouvelles depuis plusieurs semaines à sa mère (que l'on ne verra jamais). Une époque révolue pour ce jeune père de famille, mais aussi bénie, éloignée d'un quotidien morne avec une femme qu'il n'aime pas. Omi qui s'apparente pourtant à un moyen de rester les pieds sur terre pour Murphy, le remet face à ses jugements dans une réalité bel et bien réelle, loin du souvenir d'Electra cette fille qu'il a aimé et qui n'est probablement plus là. La réalité paraît cruelle au contraire du souvenir qui oscille entre la joie et le drame. La manière de raconter n'est pas si différente de celle d'Irréversible: même si Noé revient toujours au présent pour des appartés comme des coups de téléphone, un joint ou un bain, le traitement tient de scénettes du passé qui vont de A à B avant de revenir sans cesse plus loin dans le passé. La fin; la relation et le début.

Love : Photo Aomi Muyock, Karl Glusman

Comme Irréversible, le récit est construit à l'envers pour mieux dévoiler l'amour entre deux personnes, cet amour qui passe donc par trois personnes. Chacun des personnages est à Paris pour divers choix: Murphy a suivi sa copine qui a fini par sortir avec un gourou; elles par la famille. Les premiers sont majeurs, Omi non. Omi apparaît à la fois comme la mort du couple et l'aboutissement d'un amour. Elle a brisé le couple de Murphy et Electra mais lui a donné un enfant. Murphy passe pour un salaud doublé d'un imbécile, dont l'appât du physique a fini par briser son couple. C'est là où Noé bouscule les choses et montre que la vie et particulièrement sentimentale n'est pas si simple et que tout n'est pas blanc ni noir. Il n'y a pas de gentil ou de méchant dans Love, ce sont juste trois personnes qui se sont égarés au même moment et où une seule semble avoir émergé. Murphy est enfermé dans une bulle où seul son fils lui permet de rester éveillé, Electra s'est évaporée dans la nature sans rien dire à personne. (attention légers spoilers) On ne saura pas le sort d'Electra, Noé laissant planer un certain mystère à ce propos. Murphy aura beau appelé différentes personnes, personne ne sait où elle est. Mais ses allusions au suicide évoqué lors de la scène du bain paraît assez évidente dans ce cas précis. Elle aura connu l'amour ultime et partira ainsi. (fin des spoilers)

La seconde partie nous dévoile un couple bien moins beau et idylique qu'il ne semble l'être. Lui est passionné, elle se perd trop souvent dans les bras d'un ex qui n'a pas de réel respect pour elle (il parrade avec sa femme à une exposition tout en restant collé à Elecctra comme si de rien n'était). C'est d'ailleurs Noé lui-même qui joue le rôle avec un bel air d'homme distingué. On ne peut pas vraiment parler de jalousie étant donné que Murphy défend sa compagne face à un être menteur et perfide. La seule aventure qu'il a eu fut avec une fille dans les toilettes. Cela ne dépassera pas le sexe. Et tout cela est contrebalancé par le fait qu'Electra est revenue voir son ex. Les deux sont fautifs dans les deux cas et n'ont pas de réelles excuses: ce fut uniquement sexuel et sans lendemain. Noé montre bien que l'amour passe par le sexe mais que l'inverse n'est pas vraiment le cas. Pareil pour le passage du clan échangiste beaucoup moins glauque que celui d'Eyes wide shut de Stanley Kubrick ou moins cru que le bar gay SM d'Irréversible. Le sexe est dérisoire puisque l'amour que se voue le couple est plus fort ensemble qu'avec quelqu'un d'autre. La dernière partie se veut plus violente car confronte la triste réalité à Murphy: la mort du couple et la naissance d'un autre à l'origine du second.

Si l'analyse que fait Noé est très intéressante, il n'en reste pas moins qu'il y a des défauts notables. Le film est souvent trop long et tire en longueur vers la fin. Par exemple, les scènes de coucheries concluant la deuxième partie s'accumulent au point de devenir gratuites. Par gratuit, on peut plutôt parler d'une surabondance de scènes pour finalement pas grand chose. Comme pour faire une explosion de sexe alors que Noé filmait des scènes longues mais armonieuses jusqu'à présent. On s'amusera également beaucoup des autocitations grossières de Noé (en plus de son caméo). Prénom que voudrait donner Electra à son enfant: Noé. Prénom que donne Omi à son enfant: Gaspar. Rire un bon coup! La 3D donne lieu à de beaux effets de profondeur mais peine à convaincre aussi sur la longueur. Il n'en reste pas moins deux scènes méritant le détour. La première est évidente car beaucoup cité depuis le passage cannois, à savoir l'éjaculation en 3D. Un plan au combien gadget et gratuit mais qui vaudra tous les rires des spectateurs. La seconde est plus artistique pour sûr. La scène dans la boîte de nuit est superbe en 3D et pour cause, Noé joue avec les faiseaux lumineux et de couleurs différentes pour un ballet sublime. Pour ce qui est des acteurs, Aomi Mickyock et Klara Kristin sont un peu plus naturelles que Karl Glusman, et les dialogues parfois à la ramasse n'aident pas non plus. On s'amusera également de l'accent terriblement français du producteur Vincent Maraval jouant l'ami policier de Murphy (le film est tourné en anglais), valant un bon lot de fous-rires.

Un film couillu sur un sujet aussi vaste que l'amour et réussissant son coup malgré quelques couacs.

 


 

* Propos tenus par André Bonnet donnés au magazine Première: http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Baise-moi-Nymphomaniac-Saw-rencontre-avec-l-homme-qui-fait-tomber-les-visas-4210793

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Commentaires
S
Je me suis fait chier royalement... Mais le pire est que le film est dénué de la moindre émotion !
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B
A Tina: Je me fous un peu de ce que disent Maraval et Noé ils jouent trop le jeu de la provocation au risque de mal vendre le film. J'ai été voir le film car j'apprécie ce que j'ai vu d'Irréversible et Enter the void. Et je renvoie au début de cette critique. Enter the void était déjà taxé de trash avant même sa sortie à Cannes alors que le film n'avait rien de cela et Love non plus. En tous cas la plupart des séquences de nues sont bonnes et envoutantes. Rien de purement sauvage.
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B
A Vince: Initialement je ne savais grand chose du film. Seulement une histoire d'amour avec des scènes de sexe en 3d. Voilà! :) Le teaser était vague. J'ai vraiment découvert le fond en voyant le film.
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V
Autant j'adore Gaspar Noé, autant ce film ne me tente pas du tout. J'ai trop l'impression que Noé tient le rôle volontaire de "scandaleux" de la croisette. C'était d'ailleurs déjà le cas sur la polémique d'Irréversible qui a été surgonflée et au final le "grand scandale" n'avait pas eu lieu.
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T
Je comprends ce que veut dire Titi, je ne pense pas que ce soit en soi négatif de dire que ce film est porno, tout comme pour Nymphomaniac. Après, oui il y a la limite entre porno Dorcel (ou peu importe les studios) et films d'auteurs, mais bon ne tournons pas autour du pot au bout d'un moment...
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