Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cine Borat
Archives
Cine Borat
  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
14 août 2015

Cuvée difficile pas impossible

Tom Cruise a déjà eu droit à sa cuvée l'an dernier (pour revoir la séquence du canapé c'est dans la Cuvée totalement Cruise), alors choisissons un autre angle. Bien que l'on en a déjà parlé dans la Cuvée sérielle au cinéma épisode II, la saga Mission Impossible est très particulière et mérite bien une cuvée à elle toute seule (au même titre que la saga Star Trek). Plus que des adaptations de la série télévisée phare avec Peter Graves, Leonard Nimoy et Martin Landau, les films reflètent leurs réalisateurs, mais aussi Tom Cruise. Sans cette saga, l'ami Tom aurait eu bien du mal à retrouver une superbe au box-office (malgré son apparition remarquée dans Tropic thunder de Ben Stiller) et elle lui sert ainsi de retour permanent en cas de coup dur. A l'heure où le nouveau volet sort sur les écrans, retour sur quatre films bien particuliers dans la Cave de Borat. Alors lisez vite car cette cuvée s'auto-détruira dans 5, 4, 3, 2, 1... (attention spoilers)

  • Mission Impossible (1996): Tom ne tient qu'à un fil

Mission : Impossible : Affiche

A l'origine, deux séries: la première crée par Bruce Geller et diffusée par CBS entre 1966 et 1973; la seconde Mission Impossible: 20 ans après diffusée par ABC entre 1988 et 1990. Au cours des 90's, Tom Cruise s'intéresse à une possible adaptation de la série et compte la produire avec sa toute naissante société de production qu'il partage avec Paula Wagner. Si Cruise compte d'abord confier le film à Sydney Pollack (avec qui il vient de tourner avec succès La firme), ce sera finalement Brian de Palma qui obtiendra le Saint Graal suite au désistement du réalisateur pour tourner le remake de Sabrina (1995). Ce qui s'apparente à une banale commande pour le réalisateur de L'impasse (1993) va vite devenir une oeuvre digne de son savoir-faire. Un détail qui reviendra à chaque épisode, les différents réalisateurs s'appropriant le sujet à leur manière. De Palma, dôté d'une liberté totale, imposera cette règle dès le premier opus. L'ouverture joue du faux-semblant, montrant une Emmanuelle Béart à moitié morte face à des russes causant ensemble de cela. On ne voit pas réellement l'action, seulement sur le moniteur que surveille Emilio Estevez. On verra par la suite que tout ceci est un leurre: masque pour Cruise; Béart juste évanouie; le criminel neurtralisé et le décor formé de quatre murs facilement détachables!

"Vous ne m'avez jamais vu quand je m'énerve."

Le groupe fait partie de l'agence Mission Impossible et se voit offrir une mission en Europe. Alors que la Guerre Froide est terminée depuis la chute de l'URSS, De Palma joue sur une Europe toujours remplie d'espions de tout bord et surtout aucune scène ne se déroule aux USA, alors même que l'équipe est envoyée par le gouvernement américain. Ce premier opus montre l'Europe au centre de tout et les tensions soi-disant éteintes sont toujours là, attendant le moment précis pour que tout explose. On voit que la CIA est partout et ce malgré le passage à Langley (seul passage à se dérouler aux USA ou ailleurs que l'Europe). Mission Impossible a beau être sorti en 1996, on voit bien que dix-neuf ans après certains sujets (comme l'omniprésence de l'espionnage dans les pays européens par les américains) sont toujours d'actualité. Le générique reprend le principe de la série initiale: le film entier défile devant nous à une vitesse adéquate pour que l'oeil du spectateur voit tels indices sans passer par l'arrêt sur image, entrecoupé des inévitables cartons et de la mèche qui brûle. Contrairement au logo de l'affiche, le logo titre reprend le même que celui de la série télévisée, renvoyant directement à un épisode de la série qui serait largement rallongé.

Mission : Impossible : Photo

Preuve en est même si l'équipe est formée de personnages que l'on ne connaît pas, leur chef est bel et bien Jim Phelps (Jon Voight reprend le rôle de Peter Graves qui n'a pas aimé le traitement du personnage). Cette même équipe qui se fera massacré un par un sauf Ethan Hunt (Cruise) et Claire Phelps (Béart). L'informaticien (Estevez) finira par être inoculé; Jim balancé du pont après s'être fait tiré dessus; Sarah Davies (Kristin Scott Thomas) poignardé; et Hannah Williams (Ingeborga Dapkunaité) explosée dans la voiture. Le début de Mission Impossible est très direct puisqu'en un quart d'heure, le spectateur va voir ce jeu de la mort avec des personnages auxquels il était censé s'attacher. Dès lors, le réalisateur va jouer des faux-semblants en signant un film d'espionnage pur mâtiné de thriller, le personnage d'Ethan Hunt cherchant avant tout à prouver son innocence auprès de ses supérieurs. Pour cela, Hunt est montré comme le coupable idéal, bien que nous l'avons suivit à l'écran depuis le début du film. Sa mère vient de recevoir des virements d'argent et à ce moment de l'intrigue, il est le seul survivant de la mission. D'autant que ses supérieurs cherchaient à trouver la taupe qui officiait dans son équipe, en implantant une autre pour la même mission.

Mission : Impossible : Photo Brian De Palma, Emmanuelle Béart, Jean Reno, Tom Cruise, Ving Rhames

Hunt est le seul qui s'en est initialement sorti. Le coupable idéal. De Palma n'a rien perdu de ses penchants hitchcockiens et la révélation se fera de la même manière. Le couteau retrouvé avec Sarah finira par réapparaître par un modèle similaire avec Krieger (Jean Reno). De même que la réapparition soudaine de Claire paraît improbable, puisqu'initialement elle devait être dans la voiture et ne parlons pas du retour miracle de Jim Phelps. Ce qui entraîne la révélation de tout dans un montage passionnant où Ethan essaye de feindre ses émotions, alors qu'il vient parfaitement de comprendre le cheminement de l'histoire, tout en étant face à son ennemi et ancien mentor. Le jeu des illusions se dévoile tout au long du film que ce soit par ce genre d'éléments de thriller, les masques (dont la meilleure utilisation reste encore celle dans le train) ou ce tour de magie effectué par Ethan pour tromper son adversaire. La seule personne en qui Ethan peut faire confiance en dehors de lui-même étant Luther Stickell (Ving Rhames). Le début d'une longue amitié entre ces deux personnages qui se montre ici par la confiance qu'ils ont entre eux. Mais évidemment la plus célèbre scène du film et pas des moindres renvoie inévitablement à celui qu'on appelle le maître du suspense. 

Mission : Impossible : Photo Brian De Palma, Tom Cruise

La scène de la chambre forte de la CIA est une véritable réussite de suspense, quasiment sans musique, reposant uniquement sur un silence de mort fabuleux permettant une pleine concentration du spectateur. Comme Ethan Hunt, le spectateur a des sueurs froides et De Palma de jouer avec leurs nerfs en multipliant les coups de théâtre (le retour précipité, le rat, le couteau). A l'heure où James Bond ne faisait déjà plus trop dans l'infiltration (GoldenEye, sorti un an avant, était encore centré sur la Guerre Froide lui-aussi, mais on était plus dans le spectaculaire), ce genre de scène s'avère savoureuse de par le frisson qu'elle dégage et sa minutie irréprochable. La séquence de l'eurostar est bien plus bourrine, peut être la seule scène d'action avec l'explosion de l'aquarium (encore une grande scène de suspense, se jouant dans des champs-contrechamps rapides et furieux à l'image des personnages). Une séquence qui a son lot de défauts notamment un bel anachronisme (comme le tunnel sous la Manche avec deux voies au lieu d'une) et une tendance à des effets-spéciaux qui déplaira quelques peu à De Palma. Cela n'en reste pas moins efficace comme final. Ethan Hunt réhabilité, il peut désormais reprendre ses missions...

  • Mission Impossible 2 (2000): Tom Cruise au ralenti

Mission: Impossible II : Affiche

Après le succès de Mission Impossible, Oliver Stone se met à travailler sur une suite, mais en restera au stade du traitement suite à l'engagement sur le long terme de Tom Cruise sur Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick, 1999). Brian De Palma sera aussi approché par l'acteur mais déclinera. John Woo, ressortant du triomphe de Volte/face (1997), est alors choisi pour réaliser le film. Le réalisateur aurait commencé à tourner avec un scénario comportant surtout des scènes d'action qu'il a décrit au scénariste Robert Towne. Ian McKellen est pressenti pour jouer le supérieur d'Ethan Hunt. Ce sera finalement Anthony Hopkins et McKellen d'avoir réussi son coup puisqu'une semaine après, il était engagé dans Le seigneur des anneaux (Peter Jackson, 2001-2003) et X Men (Bryan Singer, 2000). Quant à la musique, Woo souhaite John Powell, ce qui sera refusé par Cruise et Paramount préférant Hans Zimmer. Des chansons sont également rajoutées comme la pas mauvaise révision du thème de Lalo Schifrin par Limp Bizkit (certains tiqueront sur la chanson, mais l'instrumentalisation reste intéressante) ou le titre lamentable de Metallica I disappear (mauvaise période du groupe aidant). Le montage est également revu par la Paramount désirant un film qui ne dure pas plus de 2 heures.

Mission: Impossible II : Photo John Woo, Tom Cruise

Tom ne s'y prend pas à deux mains pour fouler la montagne...

Si le film est à nouveau un succès fracassant, il est nettement moins bien accueilli que le premier film. Et pour cause, Mission Impossible 2 est terriblement mauvais et montre un John Woo pris dans la grosse machine hollywoodienne qui tâche, où son talent est gâché sous l'autel du blockbuster bête et stupide. Contrairement à Volte/face qui bénéficiait d'un concept de base propice à la série B, tout en restant un film d'action explosif et inventif; Mission Impossible 2 sombre très rapidement dans l'ennui et un ton fleur bleue qui lasse rapidement le spectateur. Ainsi le spectateur est face à un triangle amoureux où Ethan Hunt et Sean Ambrose (Dougray Scott qui a décliné le rôle de Wolverine pour jouer dans ce film, pas plus mal) se partagent le coeur de la belle Nyah (Thandie Newton). L'ancien et le nouvel amants s'affrontent dans un duel autour d'un virus nommé la Chimère. Après avoir tué divers docteurs (dont un que l'on reverra dans les mêmes plans tout le long du film, engendrant une répétition lassante), en vient à vouloir affronter Hunt; dont il a plusieurs fois pris l'identité pour des missions. Car oui, le principe de Mission Impossible 2 n'est pas si éloigné de Face/Off. Le gentil et le méchant espion qui s'affrontent, le méchant masquant ses traits derrière le visage de l'autre pour séduire la belle qui lui échappe ou la tuer avant un duel sur la plage.

Mission: Impossible II : Photo John Woo, Tom Cruise

Le meilleur essai de John Woo aux USA n'est jamais bien loin, le problème étant que le jeu de masques est bien moins intéressant ici et Woo en abuse beaucoup trop. Le visage de Cruise est partout, y compris à la fin via un kit de maquillages vraisemblablement à prise rapide (alors que l'on verra bien que c'est tout sauf facile dans les volets suivants) pour tromper l'ennemi en lui faisant tuer son bras droit (Richard Roxburgh). Bras droit dont la relation gay/sado-masochiste avec son patron signe un moment de subtilité hilarante, où le coupe-cigare s'avère bien saignant. Le méchant a beau se croire très méchant (il est jaloux donc il espionne son ex qui revient, il coupe le doigt de son bras droit car il lui manque de respect, il jure afin de provoquer l'adversaire) il n'en est pas moins ridicule dans ses actions et surtout en rien menaçant. La scène de l'entrepôt en est la preuve. Il parle beaucoup mais c'est ses hommes de mains qui font le boulot. Il n'a rien de machiavélique au contraire du plan crapuleux de Jim Phelps dans le premier opus et est encore moins un homme d'action. La baston finale entre Hunt et lui n'en est que plus ridicule, ressemblant à un vulgaire combat de chiffonniers. Le panar étant évidemment ce passage final au ralenti où Hunt tape dans le sable et fait sauter son pistolet de manière parallèle avant de lui donner le coup fatal.

Certainement le passage le plus drôle du film pour sûr, le plus ridicule aussi. Le méchant n'en est que plus mauvais que Dougray Scott est aucunement charismatique. On dit souvent que meilleur est le méchant, meilleur est le film, il n'en reste pas moins que c'est tout l'inverse ici. La réalisation de John Woo cite évidemment son auteur, mais on tombe très souvent dans une caricature qui fait assez mal pour le fan de The Killer (1989) et Hard Boiled (1992). Les ralentis sont parfois classes, à l'image de la fusillade dans l'entrepôt qui reste quand même relativement correcte au regard du reste du film et notamment la sortie de Tom Cruise. L'avant-poursuite est en revanche assez ridiciule, tout semblant trop chorégraphié. La poursuite en elle-même est réussie jusqu'au duel motorisé entre Cruise et Scott qui devient surtout un duel de qui aura la plus grosse. Ne parlons pas non plus du ralenti poussif autour de la danse de flamenco où Cruise regarde Thandie Newton et Newton regarde Cruise. Woo essaye de retrouver le romantisme exploité dans The Killer (on pense aux scènes où Chow Yun Fat vient voir la chanteuse qu'il a aveuglé), mais tout semble trop surfait, d'autant que le couple ne semble pas fonctionner. Les colombes sont également là par le miracle du saint esprit à l'intérieur d'une base, donnant lieu encore une fois à un passage poussif. Tout est là encore une fois pour faire penser à John Woo mais on pense davantage à un cahier des charges. Il n'y a finalement plus grand chose de naturel venant de sa réalisation et cela ne s'arrangera pas avant son grand retour à Hong Kong avec Les trois royaumes (2008).

Mission: Impossible II : Photo John Woo, Tom Cruise

On relèvera aussi quelques instants bien misogynes à l'image d'Anthony Hopkins disant que "Pour coucher avec un homme et lui mentir, c'est une femme, elle a tout l'entraînement nécessaire" ou Dougray Scott insultant Newton de "pute", tout en la comparant à un singe qui ne change pas de branche avant de l'avoir choisi. La classe américaine, pardon australienne (le film se situe dans le pays de George Miller). Le personnage de Thandie Newton présenté comme une voleuse n'est finalement qu'un vulgaire love interest et encore moins d'une grande utilité. Le faire-valoir par excellence et pas dans ce qu'il y a de plus positif. Quant au Cruise show, il atteint des sommets dans le ridicule avec l'ouverture dans la montagne, rappelant le Captain Kirk dans L'ultime frontière (William Shatner, 1989) ! Autre erreur du film, le travail d'équipe n'existe quasiment pas. Towne a essayé de faire d'Ethan Hunt une sorte de James Bond (007 contre le monde entier), sauf que Mission Impossible n'est pas 007 et tient du travail de groupe. Ce qu'avait compris De Palma en tuant l'équipe initiale pour mieux en créer une autre aussi dangereuse soit-elle. Comme le comprendront aussi JJ Abrams, Brad Bird et Christopher McQuarrie avec plus ou moins de succès. Là, Luther joue les informaticiens de service, mais n'est pas égal à Ethan Hunt comme dans le premier volet et le sidekick incarné par John Poison ne sert pas à grand chose non plus.

Prenant la succession de Danny Elfman (qui avait parfaitement mis en musique le film de Brian De Palma), Hans Zimmer donne lieu à une ost d'une rare indigence, passant du flamenco au rock, en revenant ensuite à du "boom boom" et autres. Totalement indigeste un peu à l'image du film.

  • Mission Impossible 3 (2006): Ethan Hunt tombé au combat

Mission: Impossible III : Affiche Tom Cruise

Peu après la sortie de Panic Room (2002), David Fincher est approché par la Paramount et Tom Cruise pour réaliser le troisième Mission Impossible. On parle alors d'une sortie en 2004 et d'une histoire mettant en scène un trafic d'organes. Mais le studio juge l'idée trop violente et Fincher part du projet. Il dira par la même occasion en 2008 aux micros de MTV "Le problème avec les épisodes 3, c'est que ceux qui les financent sont des experts quant à ce qu'il faut faire et la façon d'y parvenir. Quand vous possédez une telle franchise, vous voulez vous débarasser des avis extérieurs (...) Mais vous ne m'entendrez jamais dire 'Faisons ce qui est le plus confortable pour vous" *. Depuis Alien 3 (1992), Fincher n'est plus du genre à se laisser faire et surtout pas auprès des studios, exigeant par la même occasion un droit de contrôle sur la promotion (ce qui a par exemple largement aidé un film comme Gone Girl, dont la Fox songeait un temps à dévoiler des plans de la seconde partie). Il n'est donc pas étonnant que le réalisateur n'a pas voulu s'éterniser sur un projet où il n'aurait pas cette liberté. Joe Carnahan a pris sa place, fort de l'accueil de Narc (2002). Le réalisateur monte un projet où pourrait jouer Carrie-Anne Moss, Kenneth Branagh et Scarlett Johansson. Mais quinze mois plus tard, Carnahan se voit montrer la porte pour différents artistiques.

Mission: Impossible III : Photo Keri Russell, Tom Cruise

JJ Abrams est finalement choisi par Tom Cruise suite à la vision des premières saisons de la série Alias (2001-2006). Le budget a beau être revu à la baisse et Cruise de baisser son cachet, il reste impressionnant pour un premier film (150 millions de $ environ). La promotion ne se passe pas bien (Cruise a fait un peu trop le show et particulièrement en évoquant la scientologie encore et encore) et le film ne marche pas autant que prévu, se rentabilisant surtout à l'international. Si cela n'a pas ruiné la carrière d'Abrams (bien au contraire); celle de Cruise a eu un beau passage à vide jusqu'au Mission Impossible suivant. Mission Impossible 3 n'est pas exempt de défauts (nous sommes devant un premier film ne l'oublions pas, l'indulgence est quand même de mise), mais il relève pleinement la tête de la saga après un second volet de sinistre mémoire. Le début est direct: flashforward, Ethan Hunt attaché et confronté à un certain Owen Davian (le regretté Philip Seymour Hoffman) qui menace de tuer sa femme (Michelle Monaghan). L'issue sera dévoilée par la suite dans le film, mais la séquence est efficace de tension. Pas besoin de beaucoup pour susciter une attente qui va durer au moins 1h30 de film. Après un générique rapide, coup d'éclat! Ethan Hunt dans une pièce bourrée de monde, fiancé à une certaine Julia, lit sur les lèvres entre deux bières décapsulées.

Mission: Impossible III : Photo Tom Cruise

Le saut de l'ange.

Le personnage se serait-il rangé de la Force Mission Impossible? Est-ce une couverture? Ni l'un, ni l'autre. Ethan aime Julia et il suffit d'un appel et hop c'est reparti pour aller chercher des glaçons. Après le film ukrainien et les lunettes, c'est l'appareil photo jetable qui sert de programme de la mission avant autodestruction. Abrams reste dans un aspect sobre, presque normal que certains ont pu voir dans Alias, Sydney Bristow comme Ethan Hunt ayant une double-vie, essayant de vivre une vie de couple tout en ayant un travail d'espion à travers le monde. Néanmoins, l'aspect amoureux arrive difficilement à passer, jouant beaucoup trop sur la guimauve, même si cela permet des scènes efficaces. A l'image de la course contre la montre en voiture, du passage de l'hôpital (Hunt tombant nez à nez avec celui qui est en train d'enlever sa femme sans s'en rendre compte) ou de la course effreinée d'un Tom Cruise toujours plus en forme (et confirmant qu'un film sans Tom Cruise qui court est d'une rareté incroyable). Il manque un petit truc pour avoir une totale adhésion et les scènes où le couple est seul retombent souvent comme des soufflets sur tout l'aspect espionnage et bourrin du film. Abrams essaye aussi de revenir à ce qui faisait le sel de la série, à savoir le travail d'équipe. Ethan Hunt a beau être un homme d'action, il n'est pas James Bond et a souvent besoin d'aide.

Mission: Impossible III : Photo Jonathan Rhys-Meyers, Maggie Q

Après que Robert Towne a fait n'importe quoi avec le personnage (notamment en voulant en faire un héros bondien), Hunt se retrouve désormais accompagné du fidèle Luther, Zhen Lei (Maggie Q) et Declan Gormley (Jonathan Rhys Meyer). Si Luther ne change pas des masses (l'informaticien et aide efficace toujours là au bon moment), les deux autres laissent un bilan bien plus mitigé. La première sert surtout de capital beauté pouvant se défendre en temps voulu, l'autre de charme british sans réel charisme. Sans compter que les personnages sont tout de même très creux. Il n'en reste pas moins qu'Ethan Hunt est encore trop au centre de tout et faisant cavalier seul plus d'une fois. Le personnage de Benji apparaît peu, mais est plus sympathique que les deux-là, la sympathie que procure Simon Pegg étant forcément pour beaucoup (et pourtant l'acteur était surtout connu pour ses travaux avec Edgar Wright, sans réelle exposition à l'international). Idem pour le choix du méchant. Si Seymour Hoffman est parfait en méchant salaud au possible et s'il n'est pas physiquement impressionnant peut largement se faire entendre par son adversaire, Billy Crudup arrive un peu tard,comme une sous-copie du Jim Phelps du film de Brian De Palma. L'agent qui veut prendre la place de son supérieur et opère dans l'ombre, alors qu'il se fait continuellement démasqué pour diverses missions aléatoires (les missions que Hunt fait dans le film sont tout le temps remises en question par le boss incarné par Laurence Fishburne).

Il court, il court Tom Cruise, il ne sait pas où il va, il est passé par ici, il repassera par là...

On a bien du mal à croire que ce personnage fourbe n'est pu se faire repérer bien avant avec des plans aussi foireux. La patte de lapin laissera certains spectateurs sur le carreau, car n'a aucune visibilité (si ce n'est un objet que se trimballe Tom Cruise lors de son ascension à Shanghaï). On ne sait pas ce que c'est, ce que les méchants comptent en faire: le macguffin par excellence en quelques sortes. L'espionnage est réduit au passage au Vatican avec masque à l'appui, le film de JJ Abrams se voulant surtout très bourrin. Comme l'atteste l'extraction de l'agent Lindsay (Keri Russell, héroïne de la première série d'Abrams Felicity) qui résulte avant tout d'explosions et de fusillades et surtout le passage du pont qui évoque directement celui de True Lies (James Cameron, 1994), avec Tom Cruise seul contre tous les terroristes. En parlant de terroristes, on voit que ce Mission Impossible s'assimile beaucoup à l'ambiance des séries de l'époque. La scène de l'interrogatoire dans l'avion rappelle directement les méthodes peu orthodoxes de Jack Bauer dans 24 (2001-2014) et la musique de Michael Giacchino cite énormément la série Lost qu'il a également composé (2004-2010). Un mal pour un bien (le film reste terriblement divertissant), mais Mission Impossible devra changer de fusil pour continuer ses aventures.

  • Mission Impossible: Ghost Protocol (2011): Haute voltige

Mission : Impossible - Protocole fantôme : Affiche

On ne le dira jamais assez mais la saga Mission Impossible reste le fer de lance de Tom Cruise, le moyen de rebondir quand tout va mal. Le temps fut long entre les troisième et quatrième film de la franchise, pas aidé par la brouille entre Tom Cruise et la Paramount qui mit fin à leur contrat en 2006. Cruise relance United Artists avant de jeter l'éponge, mais sa rencontre avec Christopher McQuarrie sur le tournage de Valkyrie (Singer, 2009) sera primoridal puisque le scénariste s'est occupé des derniers films de Cruise depuis (y compris les deux derniers Mission Impossible). Le buzz qu'engendre son apparition en Les Grosman, personnage que Cruise tenait dans Tropic Thunder (Stiller, 2008), au MTV Movie Awards 2010 sera payant. Si Knight and day (James Mangold, 2010) est un semi-échec, Tom Cruise relance la machine Mission Impossible. Certains y voient la mission de la dernière chance mais c''est mal connaître Tom Cruise. Alors que beaucoup annonçaient un peu trop hâtivement que Jeremy Renner fut casté pour reprendre la franchise, il n'en est finalement rien. La star sera Tom Cruise et le choix du réalisateur est original, puisqu'il s'agit de Brad Bird dont c'est le premier film live. Le tout toujours produit par la boîte de production de JJ Abrams Bad Robot.

Mission : Impossible - Protocole fantôme : Photo Tom Cruise

Après les montagnes, les immeubles...

Mission Impossible: Ghost Protocol relance à lui seul la carrière de Cruise en tête d'affiche pour le meilleur. Brad Bird attend quelques minutes avant de montrer Ethan Hunt. Josh Holloway (encore un rescapé des séries de JJ Abrams) se fait descendre (même sort que Keri Russell dans Mission Impossible 3) par Léa Seydoux (qui ne semble pas très à l'aise en femme fatale, qui plus est en tueuse). Simon Pegg reprend le rôle de Benji Dunn et libère des criminels dans une prison russe. Puis vient Tom Cruise de dos sur son lit, attendant patiemment son heure avant de taper quelques bonhommes sur Ain't that a kick in the head de Dean Martin (1960). Ethan Hunt est de retour, on ne sait pas pourquoi il est là (on le saura par la suite) mais curieusement on s'en fout. On a plaisir à revoir Tom Cruise dans la peau d'Ethan Hunt, peut être à cause du temps qui a passé. Le générique revient à la série, puisqu'à sa manière (la mèche qui brûle est présente comme pour un tracet) elle montre toute l'intrigue du film. Une manière originale de préserver l'esprit de la série et en soi du premier film. Autre moyen de revenir à la série: revenir à un esprit d'équipe. Ethan Hunt ne peut pas toujours agir comme un bourrin et réussir au bout d'un moment (comme le montrait les deuxième et troisième volets). Benji prend la place de Luther, Jane Carter (Paula Patton) est un atout charme indéniable et William Brandt (Renner) est l'élément perturbateur arrivant pile poil au bon moment.

Mission : Impossible - Protocole fantôme : Photo Tom Cruise

Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps...

Le film revient vraiment à une alchimie de groupe, chaque étape de la mission ne se faisant pas sans les autres. Ethan devra compter sur les autres lors de son impressionnante ascension le long du grand immeuble de Dubaï comme dans l'excellente scène des deux étages. Jane et Benji en bas, Hunt et Brandt en haut, l'opération d'en bas dépendant de celle du haut, donnant lieu à une certaine tension. Les erreurs des uns (comme ce sera le cas de Jane et Brandt) se répercutent sur le travail des autres. Idem pour le final où Hunt devra attendre sur ses camarades pour arrêter le missile. Un travail d'équipe qui n'avait jamais été aussi bien montrer depuis le début de la franchise cinématographique. Les héros devant également faire avec les moyens du bord, face à un manque de hiérarchie. Un masque qui ne se fait pas? Pas grave on y va à découvert, quitte à ce que ça foire. Pareil pour arriver à leurs fins (la beauté servira à avoir des renseignements, comme le bagout amène aux bons amis extérieurs). L'espionnage reprend au galop et il était temps depuis le premier opus. Brad Bird signe un spectacle particulièrement fun et divertissant qui joue assez malignement avec ses personnages, les mettant dans des positions toujours plus folles. C'est le cas évidemment de l'escalade de l'immeuble. Sur le papier, on a là une banale reprise de la scène de la montagne signée John Woo.

Mission : Impossible - Protocole fantôme : Photo Paula Patton, Tom Cruise

Tenue correcte exigée.

Pourtant, Bird y rajoute une touche de suspense bienvenue puisque les atouts d'Ethan Hunt (des gants magnétiques) ne sont pas fiables. La scène n'en devient que plus intéressante encore car le danger est imminent. D'autant que l'on voit que peu d'effets-spéciaux ont été utilisé pour tourner la scène donnant lieu à un moment incroyable. Intéressante est également la scène dans la tempête puisque Hunt est comme le spectateur fixé à un écran (lui à celui de son téléphone à capteur gps, nous par l'écran par lequel est projeté le film) pour voir où est l'ennemi. Quant au final dans le parking, il revient aux premiers amours de Bird: l'animation. Bird accumule les situations cocasses et cartoonesques, où le chat et la souris se taclent pour avoir le fromage entre deux voitures défoncées. Une scène terriblement jubilatoire où Tom Cruise et Michael Nyqvist y mettent toute leur hardiesse dans l'affaire. C'est aussi le premier film purement sérielle de la saga. Jusqu'à présent, les films se suivaient mais sans réelle continuité. Ici on apprend qu'Ethan a finalement quitté Julia (Michelle Monaghan qui fait un petit coucou) pour ne plus avoir à la protéger sans cesse (on nous apprend par la même occasion que des serbes ont attaqué Hunt, d'où son passage en prison pour acte désavoué).

Mission : Impossible - Protocole fantôme : Photo

Tom et Jerry dans un parking.

Les dernières secondes nous évoquent le futur ennemi de Force Mission Impossible, sous le nom du Syndicat et traquant des agents de l'agence. On ne peut pas faire meilleure transition pour Christopher McQuarrie scénariste de ce quatrième opus et réalisateur de Rogue Nation. Allez à la semaine prochaine!


 * Propos issus de http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18637222.html

Publicité
Commentaires
2
Non, pas vu celui là.
Répondre
B
Je n'ai vu que la fin et en effet c'était pas jojo. Je me demande ce que vaut Chasse à l'homme avec Jcvd et Lance Henriksen et son un coup. Tu l'as vu?
Répondre
2
Broken Arrow était aussi assez navrant.
Répondre
B
D'ailleurs pour avoir revu Face off dans la même semaine c'est juste à en pleurer. Un potentiel à Hollywood totalement gâché.
Répondre
2
Une des rares franchises qui ne cessent de se remettre en question et d'explorer de nouvelles pistes au fil des années.<br /> <br /> Finalement, le seul point noir demeure l'opus réalisé par John Woo, qui offre à la licence une pâle caricature de son cinéma.
Répondre
Publicité