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Cine Borat
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9 septembre 2015

Pas forcément prêt pour être le premier joueur

Ernest Cline, scénariste du film Fanboys, fait publier Ready Player One en 2011. Véritable best-seller, le roman ne tarde pas à intéresser les studios et particulièrement la Warner. Si l'hiver dernier on parlait de Christopher Nolan, c'est finalement Steven Spielberg qui a récupéré la patate chaude (ironique quand on sait que Nolan a repris en main Interstellar qui était un projet de Spielby). Le film ne sortant pas avant fin 2017, votre cher Borat a pris les devants en lisant le roman. Autant dire que le pauvre Spielby va devoir changer une très grande partie du livre s'il veut pouvoir faire quelque chose de ce roman. Le narrateur est Wade un adolescent de 17 ans vivant dans un monde de dystopie. On nous présente 2044 comme un monde fait de pile de caravanes, le pétrole n'est plus, les gouvernements à la ramasse, la consommation de sucre n'a cessé d'augmenter dans les bas quartiers (la bonne nourriture n'étant évidemment pas à l'ordre du jour), mais tout le monde est connecté à l'OASIS. L'OASIS étant un jeu en réseau avec sa propre console devenu bien plus grand qu'il ne l'était au départ. Un monde de réalité virtuelle avec les gants et les lunettes qui vont avec, où les enfants vont à l'école avec leurs avatars virtuels tout en se créant leur propre monde, leurs propres accessoires...

En sachant que l'OASIS offre aussi livres, films, musiques et jeux-vidéos gratuitement du temps que vous en faites partie. Une véritable bibliothèque numérique où tout est téléchargeable à tout un chacun. Impossible de ne pas penser à Matrix des Wachowski (un monde parfait au contraire de la réalité qui est catastrophique) et Soleil vert d'Harry Harrison (les riches dans les immeubles, les pauvres dans des caravanes montées les unes sur les autres, tout en mangeant une drôle de nourriture). Les instruments de réalité virtuelle ne sont pas nouveaux, datant au moins du début des années 80. Quant au quotidien de Wade, il est aussi réjouissant que celui d'Harry Potter (une tante qui ne l'aime pas, des parents décédés) et on pense même ironiquement à... 50 Nuances de Grey d'EL James! Ne cherchez pas très loin (ou pas trop c'est selon): une mère droguée (qui meurt ainsi) et qui se prostitue en ligne. Vous enlevez "adorable" et vous avez la mère de Christian Grey! Le héros n'est en soi pas très intéressant et c'est bien un des gros problèmes du roman. C'est le cas typique du personnage antipathique qui sait tout et se révèle insignifiant dans son discours. Pour preuve, il accumule les connaissances mais n'a aucune réelle passion en le faisant.

Comment se familiariser avec un personnage qui mange de la pop culture au petit déjeuner, sans éprouver un réel plaisir en faisant, où tout est du "par coeur" bête et méchant? Le personnage est très certainement intelligent, mais la manière dont l'auteur évoque son savoir est très mal décrit. La quête est assez simple et renvoie directement à Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl (encore une référence), puisque James Halliday (le Français de base aura certainement un petit fou-rire quand il s'agira d'allumer le feu de la cheminée), le créateur de l'OASIS, meurt et décide de léguer sa fortune à celui qui réussira à trouver l'oeuf de Pâques. On peut évidemment voir en Wade un Charlie 2.0, même si ici tout le monde peut avoir les différentes clés, riche ou pauvre. Dès lors, nous sommes partis pour une quête qui va durer près de 600 pages, où le héros devra trouver des énigmes issues de la mémoire d'Halliday et plus généralement de la pop-culture, tout en déjouant les complots des Sixers, avatars issus de la multinationale IOI. Une entreprise cherchant à s'assurer le parfait contrôle sur l'OASIS et comptant bien chercher des noises au héros, aussi bien dans la réalité virtuelle que dans le monde réel. Là aussi, dit comme cela cet élément peut être très intéressant, mais on a déjà lu ou vu cela ailleurs.

L'IOI et son membre principal Nolan Sorento cherchent à capturer, voire tuer ceux qui barrent leur chemin. Ce point de vue est assez intéressant, d'autant qu'au moins deux passages sont très violents, mais on a déjà vu ça dans au moins une dystopie, 1984 de George Orwell en tête (toutes les parties concernant l'IOI y renvoient involontairement). D'autant que l'auteur l'écrit de manière très naïve, pensant parfois que le lecteur n'a jamais vu ou lu cela par le passé. L'auteur lui-même n'est pas exempt de plusieurs broutilles d'écriture. Outre des références trop présentes dans le récit donnant parfois des airs de déjà vu, on a très souvent l'impression de voir un catalogue géant. Des pages entières sont couvertes de références, à l'image de ce passage où Wade dit avoir vu ci ou ça, parlant de films, séries, jeux, musiques ou littérature comme si vous lisiez le botin. Le pire étant que l'auteur impose ses goûts (voir ce passage où les films sur les Ewoks sont dits comme meilleurs que Legend de Ridley Scott et Ladyhawke de Richard Donner! Rire un bon coup!) et notamment cette tendance à ne jamais sortir des années 80, tout en citant parfois des auteurs des décennies suivantes! Pareil pour les jeux dont on a l'impression qu'il n'y a rien eu après les bornes d'arcades.

On nous cite quand même la XBox, mais quid de la Playstation bien plus révolutionnaire et sortie bien avant? On a l'impression que l'auteur lui-même semble encore vivre dans une bulle de nostalgie dans tout ce qu'il y a de pire. Si c'est pour lire un catalogue, vous avez autant prendre un manuel de la Fnac avec les dernières sorties. Cela n'a strictement aucun intérêt, d'autant que l'auteur ne développe quasiment rien dessus. Il n'y a que sur certaines énigmes que le roman devient intéressant, car le personnage principal est mis à contribution à travers certaines épreuves et l'auteur de développer un peu plus son utilisation du titre en question. (attention spoilers) Le passage avec la goule sur le jeu Joust est assez entraînant, déjà parce que le personnage est génial et devrait inspirer Spielby pour son film, mais aussi parce qu'il y a un certain suspense. Pareil pour ce qui est de revivre certains films à l'image de Wargames de John Badham, Blade Runner de Ridley Scott (même si l'auteur revendique lui-même plus un délire à la Hard Boiled de John Woo) ou Sacré Graal des Monty Python réservant de beaux moments possibles au cinéma, même si cela consiste en majorité à réciter les dialogues et rejouer les scènes. Mais le meilleur passage reste la quête de la clé de cristal avec l'album 2112 de Rush en toile de fond. Là encore on n'est plus dans la référence pour la référence, mais dans une vraie utilisation du support préexistant.

Il y a là un rapport magnifique entre les paroles des chansons et la quête en elle-même. Une odyssée rock'n rollesque en l'occurrence pour ce passage, même si on trouvera cocasse que le héros sache si bien jouer de la guitare du premier coup. Comme quoi parfois l'auteur réussi à toucher au but même s'il a souvent du mal à le faire. (fin des spoilers) A cela, on peut aussi relever une tendance à tenir la main au lecteur, l'auteur refusant de laisser une quelconque ambiguité ou de laisser le lecteur faire son propre cheminement. Sauf qu'à force de trop raconter, le lecteur a déjà compris la chose bien avant comme d'anticiper une romance que l'on voit arriver sur le coin de la figure. Autant dire que tout ce qui concerne Wade et la guerrière Art3mis est d'une niaiserie sans nom tout du long, jusqu'au point de non-retour, apothéose de ridicule. Le pauvre Spielby aura bien du mal à faire passer la pilule avec une romance aussi creuse, à condition de rendre véritablement attachants ses héros, ce qui ne va pas être une partie de plaisir. D'autant qu'Art3mis (le rêve canadien des américains fera toujours rire votre cher Borat) est un personnage intéressant, figure féminine n'ayant pas froid aux yeux et dont l'auteur en fait parfois n'importe quoi bien malheureusement (cette tenue avec un délire mi elfique, mi SF, mi médiéval; avant une robe de soirée aussi invraisemblable que les danses décrites).

Y compris dans la relation entre Wade et Aech aussi sympathique soit elle, tournant parfois au ridicule dans des sortes de (passez moi l'expression) "concours de celui qui a la plus grosse". Ce point atteint son paroxysme lorsqu'il s'agit d'humilier un joyeux drille... qui n'apparaîtra plus jamais par la suite. A quoi bon introduire un personnage pareil, qui plus est en jouant purement sur un ridicule de situation et une caractérisation totale, si c'est pour ne plus y revenir après? Totalement inutile. (attention spoilers) Le passage sur la masturbation est elle aussi un haut sommet d'écriture, avec un héros venant de se faire rejeter et dont le principal moyen de faire passer cet échec est de se payer une poupée gonflable pour faire des choses peu ragoûtantes. Un passage assez ahurissant et vulgaire, qui plus est dans un roman qui flatte le "geek" dans le mauvais sens du terme, en lui citant ce qu'il veut bien lire ou voir au contraire d'un quelconque éveil. On dit de Jurassic World qu'il est un film nostalgique, mais qu'en est-il de Ready Player One? Un roman qui a tous les problèmes du fan-service et qui accumule les casseroles une par une en croyant que cela passera. On s'amusera tout de même de la baston générale entre les robots (évidemment tous issus de la pop culture allant de Cowboy Bebop à Godzilla, en passant par Robotech!) qui s'avère un beau moment de combat. (fin des spoilers)

Ready Player One a tous les problèmes de l'objet qui se veut cool, mais en devient agaçant à force de faire dans la référence pour la référence, le déjà vu ou un narrateur peinant à convaincre. En espérant que Spielby en fasse quelque chose...

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Commentaires
B
Le pauvre Spielberg va avoir du travail car si visuellement, je sais qu'il est capable d'en faire quelque chose; le récit est quasiment à refaire. Quite à faire un film naïf mais à sa manière. Ce ne sera pas facile et le casting devrait le confirmer.
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T
Ah enfin ta critique de ce fameux bouquin... du coup tu ne m'as pas trop donné envie de le lire...
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B
Chiant est pas mal en effet. Montre lui la critique je pense qu'elle sera surement d'accord sur certains points. Ça se lit vite mais alors tu as de ces casseroles...
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T
Je crois que ma femme l'a lu, mais elle l'a trouvé tellement chiant que j'ai préféré éviter ce bouquin.
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