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10 septembre 2015

Un coup de boule made in France

Parcours d'un skinhead au fil des décennies...

Un Français : Affiche

On regrettait l'an dernier d'avoir eu peu de films français marquants (La crème de la crème de Kim Chapiron, le dernier Astérix et Minuscule se sentaient bien seuls), mais on a eu au moins deux coups de poing en moins d'un mois cette années. La loi du marché de Stéphane Brizé en mai dernier, puis Un Français de Diastème le mois suivant. Avant même sa sortie, le film attire la polémique. Le réalisateur comme son acteur principal Alban Lenoir (vu notamment dans les séries Kaamelott et Hero corp ou même dans Antigang le mois dernier) se retrouvent avec de multiples menaces et autres joyeusetés; certains médias parlent d'une sorte d''American History X à la française". Le film fait parler de lui mais pas forcément de son propos, semblant être caricaturé à l'expression citée à l'instant. Non Un Français n'est pas une sorte de révision du film désavoué de Tony Kaye à la française, même si tous les deux abordent les skinheads. Les deux se déroulent sur plusieurs années, mais là où American History X opte pour deux périodes par un procédé photographique (l'avant en noir et blanc, l'après en couleur); Un Français se déroule sur au moins trois décennies, faisant défiler les années sans difficulté et sans avoir besoin d'écritos évoquant une quelconque année.

Un Français : Photo Alban Lenoir

Des éléments temporels comme la Coupe du monde de football de 1998 sont suffisants, le reste se voit dans le physique des acteurs. A ce sujet, il est bon de souligner la qualité évidente du casting avec en ligne de mire Alban Lenoir, absolument parfait dans un rôle au combien particulier. L'ouverture est radicale et portera tout le film. On suit trois jeunes dont le héros principal, tous skinheads et fiers de l'être. Bienvenue dans les brûlantes années 80, où les skinheads savataient ou insultaient tout ce qui n'était pas à leur goût. Diastème ne cherche pas à revenir sur les origines de cet état d'esprit chez son personnage principal. D'autant que cela aurait alourdi le film de flashbacks aussi évidents qu'inutiles. Aller droit au but, voilà le mot d'ordre. Le quotidien du personnage se résume à ses actions d'ultraviolence (tabassages en pleine rue comme l'atteste l'ouverture frappant fort, mais aussi un affrontement pas loin d'être meurtrier en plus d'être sauvage), les potes, parfois les filles, un père alcoolique qui ne voit strictement rien et une mère bien consciente tout aussi aveugle. Quand en plus vos copains sont tout aussi radicaux que vous, vous ne pouvez que tomber aussi bas qu'eux. Automatiquement, cela finit par sauter à la gueule des personnages que ce soit le personnage principal ou ses trois copains (incarnés par Samuel Jouy, Paul Hamy et Olivier Chenille).

Un Français : Photo Alban Lenoir

Les époques s'alignent et on a l'impression que cela va de pire en pire, car il n'est plus question de quelques partisans extrêmes au fil du film. On est désormais face à un certain reflet de notre société et autant dire qu'il fait très mal. C'est là aussi où Un Français marque des points: son portrait de la société bien que fictionnel se veut réaliste et pas vraiment fantasmé. On sent le vécu dans les portraits exposés par Diastème entre le skinhead accidenté devenant encore pire que quand il était valide (le genre qui débarque à la Soupe populaire en faisant son propre stand en face pour une "bonne soupe française"); le grand dadet qui a fait une connerie qui l'a dépassé (merveilleuse séquence malaise); et le plus jeune bouffé par l'excès de consommations illicites. Le personnage principal est peut être dans un cas encore plus extrême, car en voulant s'éloigner du milieu extrêmiste (qui plus est par un fait divers bien connu et glaçant le sang dans les réactions des personnages), la chute ne sera que plus grande. Si la première partie est assez spectaculaire dans les portraits et les faits qu'il expose, la seconde plus noire est peut être plus violente, alors qu'il n'y a pas de coups et blessures ou si peu.

Un Français : Photo Alban Lenoir, Lucie Debay

La violence est avant tout psychologique et Diastème malmène son personnage principal sans passer par les étapes habituelles. (attention spoilers) Ici la chute n'est pas directe mais constante. Plus on avance, plus c'est de pire en pire au point de se demander quand cela va s'arrêter. Cela ne s'arrêtera malheureusement pas et c'est aussi là où Un Français marque durablement son spectateur après la séance. Il n'y a pas de happy-end. Alors que le personnage revient à un statut social légitime et est définitivement sorti des idées extrêmes, il n'a jamais été aussi seul. Ses amis sont partis ou l'ont lâché quand il est sorti du "système"; sa femme l'a quitté, l'empêchant de voir sa fille et pire, a suffisament bien endoctriné la petite pour la faire manifester à la manif pour tous. Les extrêmes n'atteignent pas que le Front National, ils touchent aussi ce genre de manifestations douteuses où tout le monde est convié et notamment les pires individus. Un constat qui fait terriblement mal, d'autant qu'à la période évoquée par Un Français, le mouvement était au sommet des discussions et de son influence. A l'heure où de tels groupes ou partis politiques n'ont jamais eu autant d'influence auprès des potentiels électeurs, il y a de quoi avoir peur et le pire est qu'aux vues de l'actualité (Un Français sort en pleine embrouille familiale au sein du FN, alors qu'il a été tourné l'an dernier), le film délivre son constat triste et révoltant. Tout cela n'est pas nouveau et c'est ce que montre Un Français avec fracas. (fin des spoilers)

Un film coup de poing qui arrive à point nommé dans une actualité brûlante, mais qui ne date malheureusement pas d'hier.

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Commentaires
P
Je te rejoins sur beaucoup de choses. <br /> <br /> D'abord, c'est une excellente idée d'avoir accolé le film à la sortie de "la loi du marché" qui peut à sa manière montrer une désespérance sociale conduisant à des choix politiques, voire idéologiques, regrettables. Le rapprocher "d'American History X" est effectivement une facilité qui met le public sur une fausse route. Là où le film américain faisait fausse route en montrant une certaine forme de fascination pour son sujet, la mise en scène de Diastème prend au contraire de la distance avec son personnage, l'accompagnant au long cours dans son examen de conscience. Il fait ainsi confiance à l'intelligence du spectateur en se servant de repères temporels intradiégétiques afin de mesurer le temps et le chemin parcouru, plutôt qu'en jouant sur un effet éculé et ostentatoire. <br /> <br /> J'avais oublié qu'Alban Lenoir avait auparavant fait le guignol dans "Kaamelott", ce qui rend d'autant plus remarquable sa prestation à contre-emploi ici.<br /> <br /> Je constate que le titre et le sujet ont fait débat, mais j'ai bien peur qu'il ne puisse raisonner les lecteurs/ spectateurs convaincus.
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N
Pas un coup de poing, c'est un film qui vous met à terre purement et simplement!!Brillant!!!
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A
à tina : "Je dois avoir la poisse : je suis souvent au mauvais endroit au mauvais moment - et pas qu'au cinéma"<br /> <br /> Tout simplement parce que tu n'es pas avec moi mon amour...
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A
à vince: oui en effet, mais comme le rétorque justement Borat, il faut d'abord regarder le film. Ensuite, nous pourrons affirmer ou infirmer nos premières impressions
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V
à Oliver: Moi même je veux bien le tenter, puisqu'on ne peut se faire une idée sans avoir vu le film, mais j'ai les mêmes craintes que toi clairement
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