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4 octobre 2015

Cuvée deuil symphonique

"James Horner est décédé dans un crash d'avion à 61 ans" Voilà ce que votre cher Borat a vu en allumant son smartphone le 23 juin dernier. La violence du réveil, certains diront la gueule de bois. Mon compositeur de musique de film s'en est allé sans crier gare. Tout le monde cite en général John Williams, Danny Elfman, Jerry Goldsmith, Basil Podeloudis ou même Hans Zimmer (bien malheureusement mais ce n'est que mon avis) mais moins Horner, dont la réputation de compositeur cyclique (il réutilisait souvent certains passages de bandes-originales antérieures pour d'autres ost, permettant ainsi des liaisons dans son oeuvre et aussi de peaufiner son style) et raccord aux classiques (le compositeur n'a jamais nié s'inspirer de Wagner, Rachmaninov...) n'a pas toujours été flatteuse. Par ailleurs, depuis plusieurs années, il subissait plusieurs évictions. Sa composition pour Roméo et Juliette avec Hailee Seinfeld (2013) fut rejetée par le studio, préférant un score signé Abel Korzeniowski. De même, il est annoncé sur Ender's game (2013) avant que les studios ne préfèrent Steve Jablonsky (le compositeur aux gimmicks patriotes de la saga Transformers). Après sa composition sur The Amazing Spider-man (2012), Hans Zimmer lui est préféré même si le compositeur évoquait il y a quelques temps d'autres raisons, notamment au sujet de la production.

James Horner (photo première Avatar)

"Marc Webb n'avait pas beaucoup d'expérience, mais je m'entendais très bien avec lui. Hélas, les producteurs avaient leurs propres idées... Ils ne voulaient pas que Marc impose son style. Ils voulaient juste de l'action. (...) J'avais la possibilité d'écrire de belles musiques pour les deux personnages principaux... sauf qu'ils ont décidé de (tuer Gwen Stacy) dans la suite. C'est pour ça que je n'ai pas fait le deuxième épisode. Je l'ai trouvé épouvantable." (*) En résultera non seulement un très mauvais film (et le terme est gentil encore) et une infâme bouillie de Mr Zimmer. Cette cuvée très spéciale de la Cave de Borat sera l'occasion de revenir sur différentes Ost qu'il a signé et de lui rendre un hommage digne de ce nom en parlant de son immense travail (on parle de plus de 130 compositions pour le cinéma). Il se peut que d'autres cuvées lui soient consacrés prochainement, mais en tous cas, voici un premier essai.

  • The land before time (1988)

Quand James Horner accepte le dernier cru de Don Bluth, il avait déjà collaboré avec lui sur Fievel et le nouveau monde (1986). Initialement prévu comme une oeuvre muette à l'image de ce qui a été fait sur Fantasia (1940), le film finit finalement par avoir des dialogues et un narrateur. Une bande-originale assez courte à l'image du film (qui fut par ailleurs censuré afin d'avoir une plus large audience, ce qui fut un succès) mais qui s'avère grandiose de bout en bout (et d'autant plus au cinéma). Sous forte influence williamsienne, Horner signe probablement son score le plus emblématique, véritable beauté musicale des 80's et n'ayant pas subi les années comme certaines de ses compositions de l'époque (mais on y reviendra). Rescue and Discovery of the Great Valley en est la preuve la plus formelle (en plus d'être le morceau le plus long de l'ost) et un véritable crève-coeur en puissance. A l'image du film, l'intensité émotionelle est absolument renversante au point d'être synonyme de larmes inévitables. Pas besoin des images, la musique est suffisament émouvante pour l'emporter. Les choeurs angéliques, les violons magnifiques, les sursauts dus aux cuivres, le suspense intense avant un relachement en apotéose... Rescue and Discovery of the Great Valley est douze minutes de grande musique et Horner de signer probablement son plus grand morceau.

Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles : Affiche

Un morceau que je peux réécouter chaque fois avec une même émotion. A vrai dire, chacun des morceaux précédents, bien qu'ils aient des intérêts indéniables, amène à ce grand final absolument dantesque. The great migration permet de belles envolées poétiques où la flute et le violon prennent tout leur sens, avant les merveilleux choeurs sur la harpe et surtout un émerveillement de tous les instants. Sharpooth and the Eartquake laisse un petit moment d'émerveillement avant de proposer un véritable suspense qui reviendra dans Rescue... par un rythme trépidant allant crescendo. Les sursauts vifs et stridants hérités d'Aliens (1986) font également leur apparition. Après tant de vigueur, Whispering Wind s'avère bien plus calme, renvoyant à une mélancolie rare dans un film d'animation et annonce lui aussi l'émotion certaine de Rescue... Foraging for food continue dans le registre enchanteur, jouant parfois sur les échos. Quant au dernier morceau, il mélange un peu tout pour notre plus grand plaisir. Cette musique sera moult fois récupérée par la saga DTV et par ailleurs a servi pour diverses éditions du Festival de Cannes. Ironiquement, l'ost sera utilisée pour la bande-annonce de Casper (1995)... film dont James Horner s'est lui-même occupé.

  • Titanic (1997)

Selon la légende, il semblerait que James Cameron a voulu retravaillé avec James Horner à l'issue de son écoute des ost de Braveheart (1995) et Apollo 13 (idem). Les deux finissent par s'entendre, après s'être brouillé suite aux conditions difficiles d'Aliens (et on connaît le tempérament de feu de Big Jim). Big Jim fond en larme devant les morceaux que lui propose Horner, voilà deux hommes rabibochés pour la vie. Horner travaillera six mois sur la composition du film, rajoutant même une chanson que Big Jim ne voulait pas, mais qui l'a conquis une nouvelle fois quand il l'a écouté. Résultats: Titanic fut jusqu'à Avatar (2009) le plus grand succès de tous les temps en salles (sans inflation et il reste toujours le second presque vingt ans après sa sortie), récolte onze Oscars soit le seul avec Ben Hur (1959) et Le retour du roi (2003); dont deux statuettes pour Horner (les seuls de sa carrière malgré moults nominations, la dernière étant pour Avatar); la bande-originale est un véritable hit jamais égalé dans le milieu de la musique de film (on parle de plus de 25 millions de disques vendus); et Céline Dion devient une superstar international avec My heart will go on. Dans ses premiers titres (et principalement à partir de Southampton), le compositeur joue sur le merveilleux et la majesté du paquebot qu'il doit illustrer.

Titanic : Affiche

La magie opère, on se croit en plein rêve éveillé. Les choeurs sont sans cesse là pour nous le rappeler. Sans compter l'amour naissant entre Jack et Rose illustré dès Rose et continué dans Take her to sea Mr Murdoch. En revanche dès Hard to Starboard, Horner prend les devants, laissant place à un suspense tonitruant (qu'il balance à coups de rafale de percussions et de violons hurlants) et surtout une mélancolie d'une profonde tristesse. A promise kept est en soi un merveilleux crève-coeur à la fois calme et terriblement pessimiste. Horner mélange deux styles particuliers tout en ne perdant jamais son but: émouvoir. My heart will go on a peut être été trop diffusé au point d'en être quelque peu agaçante de nos jours. Il n'en reste pas moins que la chanson concoctée par Horner et Will Jennings est profondément belle, allant parfaitement avec la musique du film qu'a concocté le compositeur. D'autant que comparé à beaucoup de films (notamment les James Bond) où la chanson du film revient sans cesse dans la musique du film comme un leitmotiv, la musique de la chanson est un morceau typiquement original et n'est entendu qu'à la fin. Enfin, Hymn to the sea revient aux émotions, faisant pleurer littéralement la cornemuse dans un élan dramatique poignant.

James Horner lors de la cérémonie des Oscars en 1998.

Terriblement le genre de thème qui convient parfaitement à un film et réussi, rien qu'à son écoute, à émouvoir sans avoir besoin d'image. Ce que l'on demande de certaines bandes-originales sorties de leur contexte. En mai dernier, James Horner donnait une série de ciné-concert avec Titanic. Sa dernière apparition publique s'est donc faites sur le plus grand succès de sa carrière.

  • Le nom de le rose (1986)

Première collaboration entre Jean-Jacques Annaud et James Horner et pas des moindres. Horner s'était imposé petit à petit sur des gros films (La colère de Khan, 48 heures) et le voici à accepter un film au budget bien moindre, qui plus est une coproduction entre l'Italie, la France et l'Allemagne de l'ouest, avec des acteurs internationaux tels que Sean Connery et F Murray Abraham! Contrairement à ce que l'on a l'habitude d'entendre chez le compositeur, à savoir des beautés symphoniques qui réussissent à émouvoir ou des musiques plus électroniques, comme il l'a montré au début des 80's sur des projets aussi éclectiques que Commando (1985); Le nom de la rose est clairement une bande-originale obscure et particulière. Orgue, chant en latin (présent sur bons nombres de titres comme Kyrie et Veni Sancte Spiritus), mandoline poétique, tambour au bruit sourd, violoncelle venant des ténèbres, coups métaliques à la portée certaine (hérités d'Aliens, même si les coups ne sont pas donnés de la même manière)... Le score semble totalement imprégné de l'ambiance religieuse et catholique du film, tout en lui donnant un corps pour le moins fascinant et spirituel. Betrayed se révèle plus dans le suspense, revenant à un rythme un peu plus trépidant que l'on reconnaît d'Horner.

Le nom de la rose

Quant à l'Epilogue, il permet à Horner de sortir les synthétiseurs pour une mélodie poétique et admirablement sublime. Une composition déroutante et religieuse, prouvant que James Horner pouvait faire des ost plus particulières et tout aussi fascinantes.

  • Aliens (1986)

Première collaboration avec James Cameron et certainement la plus compliquée. Déjà stressé par le tournage, Big Jim ne donne à James Horner que six semaines pour réaliser la composition, engendrant un planning serré, d'autant que comme beaucoup de compositeurs à cette époque, Horner se montre très prolifique. Le remontage de l'affrontement entre Ripley et la Reine engendre de nouvelles disputes, puisque le compositeur se trouve obligé de revenir sur sa composition. C'est donc fâchés que les deux hommes se quittent, avant de se retrouver dans des conditions beaucoup plus stables. Avec Aliens, Horner écope de sa première nomination pour l'Oscar de la meilleure musique, la première d'une longue lignée (il est ironique de voir que sa première et sa dernière compositions, comme son Oscar, furent pour des films de Big Jim). Oubliez le mystère planant qui faisait le charme de l'ost de Jerry Goldsmith sur le film de Ridley Scott (1979), l'ambiance de l'ost d'Aliens n'a rien à voir. Plus de mystère, mais du bien bourrin qui tape aux oreilles de l'auditeur et du spectateur. Sursauts et répétitions, voilà ce que ressent l'auditeur en écoutant l'ost d'Aliens par James Horner. A l'image du film qu'il met en musique, l'ost est purement guerrière et fait plaisir à écouter, tel un bon moment bourrin digne de ce nom.

Aliens

On peut notamment retenir ces bruits métaliques, qui seront repris à tire-larigot dans diverses bandes-annonces et films au fil des années et notamment Matrix (1999), dont Don Davis les fera revenir notamment pour l'entrée dans l'immeuble de Néo et Trinity. Le titre Bishop's countdown  en est la preuve, véritable furiosité ambulante, semant la terreur sur son passage tout en restant trépidant au possible, sans compter les violons. Ces bruits métaliques parsèment la bande-originale et amènent un ton brutal rajouté aux violons, dont le rythme est très rapide et les percussions qui font bien plaisir. Aliens se démarque très rapidement du style de Goldsmith, alors même que James Horner a dû l'imiter plus d'une fois à la demande de studios ou producteurs à ses débuts. Ici, ils s'en libèrent. Sur le premier titre, il en vient à se différencier par une atmosphère tout de suite inquiétante et annonçant la menace à venir. Mais à chaque fois quand le calme s'empare de la musique, Horner revient sans cesse à la charge. Bishop's countdown se termine sur une note d'espoir, Queen to Bishop en rajoute une couche en développant une tension de tous les instants. Les trompettes grondent sur Resolution and Hyperspace avant un retrait salutaire plus mélodique. Aliens est un bonheur de bout en bout, sachant terrifier l'auditeur comme le toucher dans des élans guerriers monumentaux.

  • The perfect storm (2000)

Un réalisateur qui se lance dans un film catastrophe donne souvent lieu à un film jouant sur le choral et une situation dramatique; où les personnages principaux arrivent difficilement à s'en sortir, voire pas du tout. C'est d'autant plus le cas sur The perfect storm de Wolfgang Petersen, film qui à l'image de son fait divers (Hollywood n'essaye pas de changer les choses, malgré les noms modifiés de divers personnes impliquées) se finit dans la douleur. En général, les musiques de films catastrophes sont lourdes insistant sur le côté héroïque de ses héros, mais aussi sur la brutalité et le danger des événements. Un côté alerte qui semble ne jamais atteindre James Horner lorsqu'il se lance dans l'ost de The perfect storm. On peut même parler de parfaite anti-thèse de son score de Titanic, qui alimentait la tragédie par des morceaux de plus en plus alertes et dramatiques sur la longueur. The perfect storm semble profondément épris du coin où débute l'action, à savoir le Massachussetts, Etat américain proche de l'Atlantique. Pas très loin d'une certaine Americana, Horner fait simple et semble surtout vouloir rendre hommage à la ville où ont vécu les différents protagonistes.

En pleine tempête (affiche)

Coming home from the sea est un thème principal qui reviendra continuellement au cours de l'ost par des notes bien significatives. Les envolées de violons, un air doux devenant subitement sombre après un déploiement. Une sorte de ritournelle qui sera également compris dans une chanson finale, pas loin de la country. A la différence que de la guitare électrique apparaît pour un petit rif! Par ailleurs il est très amusant de reconnaître le thème de Commando dans celui de The perfect storm, même si le traitement est différent (comme souvent chez Horner) ! L'ost de James Horner étonne autant qu'elle surprend, donnant un aspect agréable à l'écoute. Le genre d'ost qui change radicalement du genre catastrophe et tant mieux.

  • Commando (1985)

Durant les 80's, James Horner commence à trouver son style et les studios lui font un peu plus confiance. Les grosses productions
s'accumulent et Commando en est la preuve. Nanar mythique, film d'action over the top et terriblement jubilatoire; Commando a aussi une bande-originale terriblement atypique. On peut déjà s'amuser de la plupart des titres des morceaux renvoyant directement à des actions et principalement avec John Matrix dans le titre. Over the top jusque dans les titres de l'ost! Le thème met tout de suite dans l'ambiance avec du saxophone, du synthétiseur qui part dans des nuances hawaïennes ou tout du moins tropicales pour le moins délirantes (c'est aussi à cela que l'on reconnaît la BO de Commando!), des percussions, de la flute. Le plus ironique étant que le thème de Commando servira à James Horner pour l'ost de The perfect storm. De la belle ironie en soi! The helicopter arrives sera repris plus d'une fois au cours de l'ost (au moins deux morceaux: Matrix captured Jenny tried up et Matrix approaches General). Le synthétiseur est répétitif imitant les pales de l'hélicoptère qui arrive tout en laissant des pauses.

Commando : Affiche Arnold Schwarzenegger, Mark L. Lester

Run to the shed révèle un rythme effréné, avec néanmoins un aspect plutôt cliché à base de guitare électrique et surtout de saxophone (la même année sortait Mad Max Under the Thunderdome, ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres). On retrouve également une petite touche new wave sur Don't distrub my friend, sans compter la batterie qui attaque le morceau, les synthés qui jouent sans cesse sur le côté hawaïen. L'ost de Commando vaut son pesant de cacahuètes. Alors qu'on s'attend à du gros bourrin des familles, l'ost se révèle très sympathique et a un certain charme nanar plutôt savoureux.

  • Braveheart (1995)

Après L'homme sans visage (1993), Mel Gibson refait appel à celui qui deviendra son compositeur fétiche (James Horner a composé tous ses films sauf La passion du Christ signé John Debney) et permet à James Horner de revenir à une approche plus européenne. Rien à voir avec l'ambiance religieuse du Nom de la rose, ici il épouse les terres d'Ecosse. Le premier morceau revient à certains sons atmosphériques écoutés dans Aliens, tout en annonçant purement et simplement par deux fois le score de Titanic avec la cornemuse (évidente compte tenu du thème du film), puis les trompettes qui sonneront le glas du paquebot par la suite. Un thème principal annonçant la tragédie à venir par petites touches. A gift of a thistle dévoile le leitmotiv du film, le thème principal du film entre violons et flûte pour un mélange saisissant et beau. C'est là aussi où l'on voit le talent certain de James Horner pour passer d'un sujet purement guerrier à une dimension dramatique et mélancolique. Wallace Courts Murron revient au thème principal en rajoutant quelques petites touches nécessaires pour l'étoffer. Les dernières notes sont par exemple assez saisissantes, laissant planer le doute sur la tragédie à venir. Idem dans les dernières minutes de The secret wedding  laissant planer le doute, tout en jouant sur une mélodie armonieuse.

Braveheart : Affiche Mel Gibson

Attack on Murron se révèle entraînant, reprenant un peu le thème pour aller vers une forme épique jusqu'à la tragédie inévitable. A ce moment, Horner joue des choeurs et des violoncelles avec brutalité. La fatalité par excellence. Horner opte pour quelque chose de plus exotique sur Revenge, annonçant ni plus, ni moins qu'Apocalypto comme Titanic (ces petits sons de violoncelles arrivant quand le paquebot tape l'iceberg tout simplement). Making Plans/Gathering the clans évoque encore une fois ce que sera Titanic (certaines oreilles attentives reconnaîtront très facilement la scène où Jack et Rose dansent). The battle of Stirling note une rupture, se voulant tout d'abord mélancolique avant d'être véritablement entraînant par des sursauts de violons et de percussions, revenant à quelque chose de plus dramatique sur le final. Morceau court avec Mornay's dream mais particulièrement guerrier. Peut être le seul véritable de l'album. Le thème aurait pu annoncer une oeuvre guerrière, il en résulte sous la plume de James Horner une pure oeuvre mélancolique rendant un vibrant hommage à l'Ecosse.

  • Avatar (2009)

Après le film de tous les records, James Cameron se lance dans un autre défi de taille avec Avatar. Oeuvre colossale au budget record et au développement de plus de quinze ans, cet énorme blockbuster est l'occasion pour Big Jim de proposer une nouvelle ost à James Horner. Pour le compositeur, c'est l'aubaine de créer un véritable univers (à l'image de John Williams avec Star Wars), où il a pu s'aider d'ethnologue pour divers chants tribaux en rapport avec la langue des navi's. Un travail de six mois pour le compositeur décrochant ici sa dernière nomination aux Oscars. You don't dream in Cryo annonce la couleur, se voulant très porté sur les choeurs (mais encore rien de tribal), les trompettes grondent déjà entre les violons trépidants ou plus symphoniques. On peut même ressentir une petite part de mystère, le morceau dévoilant ses cartes au fur et à mesure des six minutes de musique. La harpe fait son apparition sur Jake enters his avatar world, donnant lieu à un ton enfantin avant que les
violoncelles n'imposent leur majesté, montant crescendo et de revenir à la magie de la harpe. La flute tutoie la flute de pan dans une beauté exotique sur Pure spirits of the forest, entraînant celui qui écoute dans un pur voyage sensoriel. Avec ce genre de titre, on peut vraiment dire que James Horner emmène le spectateur vers un voyage dans l'inconnu, allant du purement symphonique à l'exotisme, en passant par le synthé et les bruits lourds à base de trompettes et percussions.

Avatar : Affiche

The Bioluminescence of the night rappelle même le temps de quelques instants les notes de The land before time, tout comme le thème reprend quelques airs de Titanic. Climbing up Iknimaya revient à quelque chose de tribal et majestueux, renvoyant justement aux recherches ethnologiques effectuées par Horner et bien évidemment Big Jim sur le film. Preuve que les deux acolytes étaient définitivement sur la même longueur d'onde sur Titanic et Avatar. Jake's first flight continue dans le tribal tout en revenant au thème principal, tout en donnant rapidement un ton plus mélodramatique, jouant a contrario de ce que nous avons entendu jusqu'à maintenant. Quelque chose de trouble se prépare et on le sent bien musicalement, une véritable émotion se dégage du morceau soudainement, donnant des frissons. Quadrich est peut être le premier morceau particulièrement épique. Rythme soutenu, ton martial bien que les choeurs rappelent les chants des navi's... Le thème colle parfaitement au personnage. The destruction of hometree épouse aussi bien les violons que les choeurs dans une musique tragique au possible, la trompette se rajoutant en fin de titre. Revenant au tribal, Gatheraing all the navi's clans for battle se révèle particulièrement trépident annonçant le gros morceau à venir qu'est War, formant le dernier vrai morceau de l'ost originale (on passera sur la chanson I see you qu'Horner a composé et dont tout le monde semble avoir déjà oublié, au vue de sa qualité).

Démarrant tambour battant, War ne se fait pas prié pour montrer tout le souffle épique que nécessite la bataille finale du film de Big Jim. Martiale et guerrière au possible avec trompettes pétaradantes, violons plus tempérés puis trépidants, choeurs endiablés... Du pur son épique que mérite ce genre de scènes spécifiques, un modèle dans le genre comme l'avait prouvé Horner sur Aliens des décennies plus tôt. Finir l'ost sur onze minutes de grande musique, voilà du beau travail. Dire que Big Jim doit désormais trouvé un nouveau compositeur pour ses suites. Tristesse...

  • Casper (1995)

James Horner n'est pas à sa première expérience avec Amblin lorsqu'il se lance dans Casper: The land before time, Fievel et le nouveau monde  et sa suite au Far West (1986, 1991), Batteries Not Included (1987) et Les quatre dinosaures et le cirque magique (1994) sont à son tableau de chasse déjà. Mais il s'agit à chaque fois d'univers différents (The land... et Les quatre... ont beau parlé de dinosaures, leurs sujets n'ont strictement rien à voir ensemble) et Casper ne déroge pas à la règle. Pour ce cru, James Horner fait pile poil ce que l'on peut attendre de la musique de film de maison hantée. Au point que sa musique n'en est que plus amusante, jouant des habituels clichés pour en faire un vrai plaisir de spectateur (et auditeur donc). Xylophone, harpe laissant vite place aux trompettes entraînantes, choeurs annonçant quelque chose de terrible, orgue survitaminé, harmonica ronflant, même du pur jazz par moments... Un côté malicieux qui va parfaitement avec le film et qui se trouve sur la plupart des titres présents sur la bande-originale. Comme le confère le thème principal reprenant la chanson du célèbre cartoon ayant déjà adapté Casper. Les notes sont simples mais terriblement charmantes avant le rock'n roll de Little Richards qui fait des merveilles pour le générique (et qui sera repris dans la série animée qui suivra le film)

En revanche, le compositeur se veut aussi dramatique au bon moment. The lighthouse annonce cela avec des notes moins enfantines, plus légères où le merveilleux laisse place à quelque chose de plus mélancolique jusqu'à ces petites notes de piano donnant le ton. On ne rigole plus trop ici, épousant pleinement la mélancolie du petit fantôme avec une douceur remarquable. Le reste de l'ost est teinté de ce mélange entre malice (plus rare) et ton plus dramatique, ce dernier prenant petit à petit sa place. Fond memories n'est d'ailleurs pas sans rappeler par moment certains temps d'émerveillement de The land before time. Casper est un cru inattendu jouant des codes du genre pour mieux s'en amuser, tout en sachant donner un ton dramatique pertinent à son personnage principal.

  • The amazing Spider-man (2012)

Quand James Horner s'embarque dans The amazing Spider-man, il a une tâche particulièrement lourde. Si Christopher Young ne faisait que du banal remplacement sur le troisième opus de la trilogie de Sam Raimi, le travail de Danny Elfman sur les deux premiers films a considérablement impregné la musique de film de par un rythme trépidant et un thème que l'on retenait facilement. Horner avait donc une pression suplémentaire sur les épaules et devait imposer sa forme. Si cela n'a pas convaincu les studios par la suite, la bande-originale du reboot n'a strictement rien à voir avec l'horrible chose qu'a signé Hans Zimmer sur la suite. Preuve irréfutable qu'Horner pouvait passer après une musique puissante pour mieux imposer sa patte. Toute la musique de The Amazing Spider-man sent sa patte symphonique, ce qui n'a évidemment rien à voir avec les "brooms" de Zimmer. Un parti-pris qui contrebalance avec un grand nombre d'ost super-héroïque, la plupart reprenant le style de Zimmer adopté depuis Batman Begins (2005), soit pour des résultats déjà vu et qui ne renouvelle rien (exemple criant avec Bryan Tyler refaisant à peu près la même chose sur les films de MCU, au point que l'on préfère écouter les chansons des Gardiens de la galaxie!). 

The Amazing Spider-Man : Affiche

Si Horner ne signe pas forcément sa meilleure ost, il n'en reste pas moins que ce score est très loin de démériter et s'impose même comme une parfaite contradiction du thème flamboyant adopté par Elfman en 2002 et 2004. Les trompettes sont là, plus pétaradantes que jamais le tout avec les synthés rapides dans le thème principal. Dès que vous avez entendu cela vous savez que vous n'êtes plus chez Elfman, mais chez Horner. Les notes de piano comme certains motifs ne sont pas non plus sans nous rappeler Casper. Sur Becoming Spider-man, il en vient même à faire revenir les coups métaliques que l'on affectionnait sur Aliens. Même si tout le long Horner utilise des tons générés par ordinateur, on sent une vraie patte symphonique qui manque cruellement à certaines productions super-héroïques depuis plusieurs années. Des thèmes dramatiques comme Ben's death ou Rooftop kiss (morceau terriblement beau et romantique) fonctionnent parfaitement, car ces morceaux réussissent à susciter une émotion comme savait en faire transmettre Horner. Avec The Amazing Spider-man, Horner composait une ost trépidante mais n'ayant rien à voir avec Elfman, tout en laissant place à une imagerie plus posée et romantique. On ne s'attendait pas forcément à cela en se lançant dans un film Spider-man et finalement c'est une des rares qualités que l'on retiendra de ce premier reboot.

  • An american tail (1986) et Fievel au Far West (1991)

 

Première collaboration entre Don Bluth, Gary Goldman et James Horner, An american tail permet à James Horner d'imposait d'autant plus sa patte, lui qui commence à se faire une sérieuse réputation (pour donner une idée, en 1985 il a signé sept ost de suite contre cinq l'année de Fievel et le nouveau monde!). Lors de la tragique nouvelle, Gary Goldman était revenu sur les origines de leur collaboration qui aurait initialement due se passer bien plus tôt. "C'était au début de l'année 1982. Nous avions engagé Jerry Goldsmith pour composer la musique de notre premier film d'animation indépendant, Brisby et le secret de NIMH. Quelques semaines plus tard (...), j'ai reçu plusieurs appels de l'agent David Gersh, qui me pressait d'engager un certain Jamie Horner pour notre film. 'Jamie est le prochain Jerry Goldsmith!' me disait Mr Gersh. 'Mais on a déjà Jerry Goldsmith' (...) 'Mais Jamie est très douée, et il peut composer une partition à la moitié du prix du légendaire Goldsmith!' (...) 'Mais nous avons déjà signé le contrat avec Jerry...' 'Et bien, surveillez quand même la carrière de Jamie (...) car dans l'avenir, il sera un des meilleurs compositeurs de l'industrie, avec des ventes qui le prouveront." Sur ce point, pas de doute à dire que Gersh était visionnaire.

"Trois ans plus tard, en août 1985, nous avons revu Jerry Goldsmith, cette fois dans le bureau de Steven Spielberg au studio Amblin. Grâce à Jerry, nous avons collaboré avec Steven pour faire An american tail, et il était très excité d'avoir à en composer la musique. Trois jours plus tard, nouvelle réunion chez Steven au cours de laquelle Jerry nous annonçait qu'il ne pouvait plus accepter le contrat, parce que son agent lui avait donné six films à composer sur les douze prochains mois. A son départ, on a suggéré immédiatement Jamie Horner et Spielberg a accepté. La semaine d'après, on rencontrait enfin James Horner en personne. En lui serrant la main, je l'ai appelé Jamie. Il m'a repris: 'Non, maintenant, c'est James'. Il a rapidement accepté notre boulot et de travailler avec Barry Mann et Cynthia Weil sur les chansons. C'était une belle équipe, et ça a donné une belle partition avec des chansons merveilleuses et inoubliables" ** . Le premier morceau nous emmène directement en Europe avec la mandoline et les violons si chers à la Mère Russie. Un thème magnifique qui évoque le temps de quelques instants la chanson Never say never (rien à voir avec James et Justin, c'est une chanson du film -NDB). The cossack cats attaque bien plus avec son rythme trépidant, le morceau prenant place durant la poursuite entre Fievel et les chats.

L'aspect poursuite se ressent sur tout le morceau. The market place commence de manière pétaradante avant de revenir à quelque chose de plus sobre, plus enfantin annonçant même The land before time autour de quelques notes, tout comme une des chansons de la suite de ce film! Totalement impensable à l'époque, mais Horner a surement dû se souvenir de ce petit motif pour la chanson qu'il reprendra aussi sur Reunited! The great fire revient à quelque chose de pessimiste dans ses derniers instants avant qu'Horner revienne à quelque chose de plus doux sur Reunited. Mais indéniablement si on se souvient aussi beaucoup de l'ost d'An american tail c'est aussi pour la chanson Somewhere out there. Composée par Horner et écrite par Barry Mann, elle fut faites en partie parce que Linda Ronstadt s'est imposée (notons qu'elle était aussi la petite-amie de George Lucas et comme on le sait, George c'est le mal sur beaucoup de choses, hein George??! -Note particulière pour ceux qui ont subi le viol de Star Wars et d'Indiana). Une chanson superbe, probablement l'une des plus belles composées par Horner, bien plus que My heart will go on par exemple. Quand Fievel au Far West s'annonce à Amblin, James Horner se retrouve à nouveau impliquer dans la machine. Mais cette fois-ci Don Bluth et Gary Goldman ne sont plus de la partie. Pas grave, Horner va continuer de plus belle en s'impregnant totalement du western.

Le thème principal reprend les notes du thème d'An american tail; avant de prendre des airs de western avec une musique pétaradante et la bonne vieille harmonica des familles. Les diverses chansons à venir sont esquissées dans ce morceau avec la plus belle orchestration d'Horner possible. Un motif renvoie même à l'éternelle ritournelle de The land before time. Cat rumble s'avère pétaradant, alignant les moments de grâce pour trompette avant de se lancer dans le banjo! De la même manière qu'il le fera sur Casper, Horner s'est totalement inspiré du genre western pour pouvoir y ajouter une patte parodique mais respectueuse de ses pairs. Encore une fois, Horner se fait plaisir au niveau des chansons avec la superbe Dream to dream. De préférence la version chantée par Cathy Cavadini bien moins retouchée que celle servant au générique chantée par Linda Ronstadt (le complot George Lucas! Bon ok j'arrête avec George...). 

  • Southpaw (2015)

A quelques semaines de sa sortie en salles, Southpaw d'Antoine Fuqua se voit offrir une publicité bien morbide: James Horner vient de nous quitter et Southpaw devient une de ses ost post-thume avec The 33 (film de Patricia Riggen revenant sur l'histoire des mineurs chiliens) et Les sept mercenaires que doit réaliser Fuqua l'an prochain (et dont la composition est la dernière ost de James Horner). C'est donc dans une atmosphère morbide que l'on entend cette bande-originale. Par ailleurs, il est bon de savoir qu'il y a deux albums qui sont sortis: l'album produit par Eminem avec plusieurs chansons et deux morceaux d'Horner que vous trouverez partout et la véritable ost d'Horner que vous devrez trouver dans une Fnac en priorité. The preparations dévoile les deux faces de Billy Hope: un aspect calme symbolisé par les notes de piano et sa colère venant d'un son lourd revenant dans le morceau comme un leitmotiv. Une manière de parfaitement saisir la dualité du personnage par la musique. A more normal life annonce un avenir radieux quand A fatal tragedy reprend le thème principal avec un tempo plus rapide. Les notes de piano seules laisse planer la tragédie en titre, en l'occurrence la mort de Mme Hope. Suicidal rampage revient au son lourd s'alignant crescendo. Les trompettes sonnent comme un avis mortuaire avant de reprendre un rythme rapide, plus lourd. A l'image du personnage principal, Horner joue sur un tempérament sonore pouvant exploser à tout moment.

La Rage au ventre : Affiche

Les sommets de violon chers à Horner reviennent avec Dream crusher. Un morceau terriblement beau et à l'image du Horner symphonique, rappelant légèrement l'introduction de The land before time par son fond sonore. Après un retour au piano sur A cry for help, Horner reste dessus en mixant avec du violon sur House aunction. Encore un beau morceau dramatique, où le compositeur épouse pleinement l'état d'esprit du personnage principal. Un personnage qui doit se relever pour préserver ce qui lui reste de famille. A long road back n'est pas sans rappeler Titanic dans sa tonalité quand How much they miss her mixe ni plus, ni moins Dream crusher et A long road back dans un mélange de qualité. L'ost se termine sur un son rythmé ressemblant fort à de l'électro. Southpaw permet à James Horner de sortir par la grande porte et d'aller vers des cieux plus propices.

Allez à la semaine prochaine.


 

* Propos recueillis de http://cinema.jeuxactu.com/news-cinema-james-horner-balance-sur-the-amazing-spider-man-24835.htm
** Propos recueillis de http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Exclu-les-createurs-du-Petit-dinosaure-et-Fievel-rendent-hommage-a-James-
Horner-4207049

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Commentaires
P
Je poste les deux liens :<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=CwQZ9UrnyJw<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=tKtLjztXhhA
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P
"Main Title & Colwyn's Ar" à écouter aussi sur l'OST.
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B
Je n'ai pas vu Krull, donc je n'ai pas entendu la musique de James Horner. Après il n'est pas impossible que je connaisse peut être un air, puisque certaines musiques de James Horner ont été utilisé à droite et à gauche (je pense à une pub disney qui utilisait le thème de Willow et je n'ai vu Willow que bien des années plus tard).
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P
Krull de Peter Yates 1983
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P
Je ne sais pas si vous avez déjà écouté la BO du film "Krull" par James Horner ? Son côté épique est digne des plus belles oeuvres de l'heroic fantasy. Un must.
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