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Cine Borat
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9 décembre 2015

Fais comme l'oiseau...

Un acteur has-been revient sur le devant de la scène avec une pièce jouée à Broadway. Mais les critiques, les doutes comme sa collaboration avec ses partenaires vont-elles être lui faire perdre la raison?

Birdman (officiel)

Dernier grand vainqueur des Oscars avec quatre statuettes au compteur, Birdman d'Alejandro Gonzalez Inarritu est un film plutôt ambitieux surtout si l'on se fit à ce que nous raconte Hollywood ces derniers temps. Faisant partie des réalisateurs mexicains montants aux USA, Innaritu n'a pas cherché le film le plus facile pour passer après Biutiful (2010), même si Birdman se révèle plus léger. A l'image de son ami Alfonso Cuaron, il se lance dans un film contenant un maximum de plans-séquences. Cela aurait été plus simple s'il n'avait pas voulu faire un plan-séquence d'1h59 environ, à l'image de La corde d'Alfred Hitchcock (1948). A la différence que le film d'Hitch se trouvait dans un décor unique (un appartement avec deux pièces ouvertes), Birdman se déroulant dans un théâtre avec cabines et scène, mais aussi sur Time Square, un bar... Le défi logistique est grand (surtout Time Square qui est toujours noir de monde) et qu'un projet aussi particulier soit un succès au box-office, malgré un budget moindre que la norme (18 millions de $), a de quoi amuser. Est-ce que l'engagement de Michael Keaton a réussi à rameuter les foules? Peut être bien, tant le film joue sur la mise en abîme continuellement jusqu'au portrait de ses deux acteurs principaux correspondant aussi bien à la réalité qu'à la fiction.

Birdman : Photo Edward Norton, Naomi Watts

Keaton incarne un acteur voulant faire son come-back au théâtre et son fait d'arme notable est un super-héros avec des ailes. Le tout avec franchise à succès à la clé. Le parallèle avec Michael Keaton est tellement évident que l'on s'amuse à repérer les petits détails. Même si Michael Keaton n'a jamais arrêté de tourner depuis 1992, son départ de la franchise Batman au cours du second épisode a entraîné des choix de films discutables. Au point d'en être réduit à jouer des seconds-rôles. Ce qui permet également de payer ses impôts mais pour un The other guys  (2010), combien de Coccinelle revient (2005) ? En France, il est même parfois reconnu uniquement par sa ressemblance avec le présentateur Julien Lepers! Birdman est donc aussi bien le come-back de Riggan Thomson que de Michael Keaton. Si l'acteur n'a pas eu l'Oscar, il est tellement bien revenu sur le devant de la scène qu'il multiplie des projets prestigieux comme Spotlight de Thomas McCarthy. Le Batman de Tim Burton n'est pas le seul acteur du film à vivre une mise en abîme. Edward Norton n'est plus en odeur de sainteté depuis bien longtemps à Hollywood. Evoqué comme un acteur capricieux dans les studios et médias (ses problèmes avec Tony Kaye et la Marvel sur American History X et L'incroyable Hulk restent en mémoire), l'acteur s'est fait de plus en plus rare au point de devenir un vulgaire guest-star (The Dictator de Larry Charles).

Afficher l'image d'origine

Son rôle dans Birdman? Un acteur avec des méthodes bien à lui (donc en contradiction avec Riggan) que l'on appelle en dernier recours quand il n'y a plus d'espoir (on ose même une petite boutade sur les Avengers...). De même, le personnage est tellement pris par la méthode de l'Actor's studio (jamais citée mais on pense à elle en particulier) qu'il en vient à avoir un érection pour être le plus crédible sur scène! Mettre mal à l'aise sa camarade? Pas grave du temps que la performance est là. L'ironie veut que Keaton et Norton sont d'anciens super-héros et se retrouvent face à face lors d'un affrontement qui n'a rien de spectaculaire. Il est même merveilleusement ridicule, entre un homme plus âgé et un autre plus jeune en slip kangourou se battant laborieusement pour des choses futiles. On regrette néanmoins que l'ami Norton quitte la scène de manière si violente, surtout qu'il est le personnage le plus jubilatoire du film. Le duo improbable aurait pu éclipser les autres acteurs, ce qui est en soi le cas pour Naomi Watts ou Andrea Riseborough qui ont des rôles moins bien écrits, voire peu intéressants. En revanche, ce n'est pas vraiment la même chose avec Emma Stone et Zack Galifianakis. La première se retrouve dans un vrai rôle d'adulte, l'éloignant définitivement des blockbusters et romcoms. Son rôle est plus grave puisque non seulement elle joue la fille de Riggan, mais aussi une ancienne junkie, ce qui s'avère peu reluisant. Cela lui permet de jouer un rôle plus cynique encore que celui dans Easy E de Will Gluck (2010). Galifianakis joue les impressarios, lui donnant une dimension plus maniérée et intéressante. Oubliez l'excentricité pénible du rôle d'Alan dans les Hangover de Todd Phillips (2009-2013), l'heure est à la sobriété et tant mieux.

Birdman : Photo Edward Norton, Michael Keaton

Si le réalisateur a beaucoup insisté sur le fait qu'il n'aimait pas les films de super-héros en interview, le discours de son film n'a rien de critique. Le fait de revenir au super-héros permet au personnage principal de s'émanciper, de lâcher prise, chose qu'il n'avait pas fait depuis des années. Cela donne même lieu au meilleur passage du film, montrant ce que l'on attend d'un film de super-héros avec quelque chose de purement spectaculaire. Du pur fantasme surtout qu'aucun extrait des films Birdman ne sont montrés, reposant sur ce passage clé. Au mieux, on aura le souvenir des exploits de Keaton en Cape Crusader. On s'amusera également du regard d'Inarritu sur le monde de la critique en la dévoilant sous la personne d'une femme au combien négative. Le message n'est pas forcément bien amené et peut prêter à confusion. Certains n'hésiteront pas à s'amuser de la position du réalisateur dézinguant ceux qui peuvent le critiquer. La réalisation en revanche n'est pas indiscutable. Qu'Inarritu a voulu faire un plan-séquence géant est une chose, il n'empêche que le tour de force exceptionnel n'est pas forcément là. Les transitions pour montrer le temps qui passe sont trop simples (petit cadrage sur des immeubles et on repart dans une direction); les scènes sur le toit entre Norton et Stone sont chorégraphiées à l'identique; de même qu'une scène de couloir devient quelque peu risible. Le cameraman en vient à faire la course pour arriver avant le personnage, pour mieux le cadrer ensuite quand il arrive et le suivre en travelling. L'effet se révèle finalement assez ridicule. On préfèra la sincérité de Victoria de Sebastian Schipper, dont le rendu technique (tourné en temps réel en une seule séquence) est bien plus sidérant au vue des conditions. Enfin, on s'amusera de la musique composée de batteries par Antonio Sanchez rappelant également celle tout aussi jazzy du film Whiplash de Damien Chazelle.  

Birdman (photo)

Si la technique n'est pas toujours à la hauteur, la mise en abîme de Birdman laisse purement songeur et permet à deux acteurs d'en ressortir grandis.

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Commentaires
A
j'avoue que je partage le scepticisme de Prince et de Tina
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T
Tu sais ce que je pense de ce film, je ne vais pas revenir dessus car je sens que je vais m'énerver toute seule (je te le jure, ce film me met dans un état de nerfs). :o
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P
Le plan-séquence le plus énervant de l'histoire du cinéma, mâtiné de solos de batterie plus qu'agaçants (on est loin de l'électrisant "whiplash" je trouve). Tu le défends pas mal mais ça reste le film qui m'a fâché avec Inarritu.
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A
Assez déçu par ce film qui traîne en longueur et qui ne raconte rien ou presque malgré la bonne performance de son acteur principal. Bcp de bruit pour rien
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