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Cine Borat
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14 janvier 2016

Cuvée râleuse mais amusante

Décidément l'année commence bien mal, puisque la Cave de Borat en est déjà à son second hommage en trois cuvées millésime 2016. Deuxième sur quatre en prévision (quand je mettais "sous réserve" dans la précédente cuvée, ce n'était pas pour rien) et si cela continue, la Cave va devenir la Nécro de Borat. Enfin bon, commençons la cuvée autour d'un de nos monstres sacrés, Michel Galabru. Parler d'un acteur pareil est toujours difficile, car il y a à boire et à manger. Avec des rôles à foison que l'on ne compte plus tellement c'est vertigineux, que ce soit au cinéma ou au théâtre, la carrière de Michel Galabru est colossale. On se demande parfois dans quoi on va s'embarquer, car le grand Michel ne l'a jamais démenti: des bouses il en a tourné à la pelle, des rôles avec cachets misérables pour quelques heures aussi, le but étant de manger à la fin de la journée. Encore maintenant, certains critiques (on ne vise personne ici, n'est-ce pas Télérama et Les cahiers du cinéma?!) ne manqueront pas de le dézinguer, car il est non seulement de bon ton de se payer la tête d'un certain cinéma populaire, mais aussi de critiquer ses acteurs stars. Michel Galabru en était un et ce malgré un statut particulier. Comparé à ses camarades Louis De Funès ou Jean Lefebvre, le géant Galabru n'a jamais été un rôle principal, mais le second-rôle marquant.

gendarme

"Louis on nous regarde. -Oui en effet. -Soyons sérieux un instant. On pourrait avoir un compliment de Télérama."

De préférence, le gueulard revenchard qui s'énervera pour pas grand chose. Une caricature peut être trop grosse, mais qui a largement fait sa carrière. C'est comme tout dans le cinéma, quand quelque chose marche, on le réutilise inlassablement jusqu'à plus soif. Puis quand il n'y a plus rien, on ressort les acteurs stars pour des caméos. Il n'était donc pas étonnant de le voir goûter à des gourmandises sous la table de San Antonio (on évitera de parler du film, par respect pour le nanar de qualité), ou en pastiche de Marlon Brando chez Dany Boon (il révélait récemment avoir négocier plus de jours pour toucher encore plus, sacré Michel!). Dans les années 90 cela se ressentait déjà, en dehors d'Uranus (Claude Berri, 1990) ou la grosse production Astérix (Claude Zidi, 1999), où il jouait tout de même le chef Assurancetourix, rôle conséquent parmi les second-rôles. Il faut dire qu'il avait tellement enchaîné les films entre les années 60 et 80 que le voir si peu provoquait une étrangeté. Reste que la télévision avait fait le travail, le faisant apparaître aussi bien dans des téléfilms que des séries (il était notamment passé voir les équipes de Scènes de ménages, où il jouait un gendarme encore et toujours).

Michel le gaulois 

Michel le Gaulois.

De Michel Galabru, on retiendra pourtant des films particuliers, ceux qui sortent du lot en dehors de certains films aux titres
évocateurs. Pour ces derniers, le catalogue est rempli à l'image d'Arrête de ramer, t'attaques la falaise (Michel Caputo, 1979), Le trouble-fesses (Raoul Foulon, 1976), Le führer en folie (si vous voulez voir des nazis et prisonniers de guerre jouer au football, demandez Philippe Clair) ou Te marre pas... c'est pour rire! (Jacques Besnard, 1982). Beaucoup retiendront les Gendarmes (1964-82) à travers les rues de Saint Tropez, pourtant votre cher Borat n'en est pas familier. Il dirait même que cette saga ne l'a jamais intéressé et quand il finit par voir le premier, l'éclate ne fut pas au rendez-vous. Il préfère voir l'ami Michel ailleurs, même dans la comédie. Le grand bazar (Claude Zidi, 1973) lui permet d'être face à Michel Serrault pour la première fois dans un duel entre commerçants, où les Charlots font conneries sur conneries pour notre plus grand plaisir. Ils se retrouvaient chez Edouard Molinaro en 1978 dans La cage aux folles. Même s'il râle aussi beaucoup dedans, le contexte est différent. Il joue le beau-père du fils de Renato, un député qui n'avait certainement pas prévu de se retrouver avec les moeurs homo-sexuelles de la famille en face. L'occasion de voir un Galabru subjugué (en plus d'avoir droit à un magnifique déguisement) et encore plus dans le second opus (1980), où l'ami Serrault deviendra sa Marilyn le temps d'un gâteau explosif! Il y a des cadeaux qui ne se refuse pas.

la cage aux folles

Michel femme d'un soir.

Il finira par revenir dans le troisième opus, mais on préféra éviter de taper sur l'ambulance. Claude Zidi refait appel à ses services pour les célèbres Sous doués (1980), l'occasion pour lui de surveiller les cancres du bac. Là encore le stéréotype du personnage à bout de nerfs devenant un gimmick comique réutilisé à outrance, permettant à Galabru d'exceller. Que ce soit autour d'une partie de flipper ou d'une bombe artisanale, il y a de quoi rendre fou un Michel en pleine circulation. Puis vient le moment où il doit remplacer son ami Louis de Funès venant juste de décéder. Un second-choix certes, mais le papy faisant de la résistance, Galabru s'amuse comme un petit fou et fait oublier le choix initial. Il ne singe pas De Funès, ce rôle est pour lui et il fait admirablement face à Jacqueline Maillan, dont c'est probablement le rôle le plus connue au cinéma. D'autant qu'il faut s'imposer autour du Splendid et des guests en pagaille, dont un certain Jacques qui n'a pas changé. Néanmoins, là où l'on pourrait le cantonner au second-couteau dans des comédies, ce serait oublier que Michel Galabru était capable de toucher aussi des rôles bien plus sérieux. On pourrait en citer plusieurs (notamment Le choix des armes d'Alain Corneau, où il avait pour adjoint le jeune Gérard Lanvin), mais on en retiendra finalement deux.

Le juge et l'assassin

"Ben te voilà mon Michel, ça faisait longtemps! -Oui je suis enfin monté voir les anges."

Les plus connus certes, les plus marquants aussi. Le premier lui permet même d'avoir la reconnaissance du milieu aux Césars. Un beau cadeau offert par Bertrand Tavernier en 1976 avec Le juge et l'assassin. Pas facile d'incarner un tueur de femmes quand vous êtes caricaturé à un acteur de comédie. Pourtant on oublie totalement ce que l'on a vu de Michel Galabru auparavant, non seulement car cela n'a pas lieu d'être, puis tout simplement parce que le travail de composition est fantastique. Un personnage complexe, un des rares serial killer abordés dans le Cinéma Français avec ce qu'il faut de sobriété. Un être malade de violence et rage dans la France pré-Ière Guerre Mondiale. Tavernier trouve l'acteur parfait pour lui faire face avec le fidèle Philippe Noiret. Même si Noiret en impose, on retiendra finalement Galabru. Son apparition dans L'été meurtrier (Jean Becker, 1983) est certes courte, mais elle marque durablement. Là encore, le rôle est ambigu, père adoptif d'une Isabelle Adjani perturbée par ses origines. Rôle court, mais émouvant et qui marque. Derrière sa porte, les langues se délient et les larmes coulent sur le visage d'une jolie fille. Michel l'homme qui râle, qui émeut, fait peur ou rire. Voilà ce que l'on retiendra de Mr Galabru. C'est aussi ce qui en fait une de nos icônes nationales, une madeleine de Proust indispensable à nos chaînes pour des rediffusions qui feront toujours plaisir au public, malgré qu'il a vu les films tant de fois. Allez à la semaine prochaine.

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Commentaires
T
Un bel hommage pour cet immense acteur, RIP :(
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A
à borat : c'est le pb avec ce genre d'acteur qui a tourné dans des comédies, ils sont souvent mésestimés
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A
immense acteur et immense perte pour le cinéma français. Tu nous manqueras Michel...
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I
60 années de carrière, ça en dit long sur cet homme des seconds rôles !
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P
Bel hommage Borat, pour un comédien qui débordait de tant de truculence et de tendresse qu'il le mérite largement. Sale temps pour les Michel. Polnareff, Sardou et Jonasz serrent les fesses il paraît. ;-)
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