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Cine Borat
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12 février 2016

Tarantino en plein blizzard

John Ruth doit livrer Daisy Domergue. Suite à plusieurs rencontres et à un blizzard foudroyant, il fait escale chez Minnie, une aubergiste qui n'est finalement pas là. Il se peut qu'un ou plusieurs des résidents présents ne soient pas ce qu'ils semblent être...

The hateful 8

Après Django Unchained en 2013, Quentin Tarantino est reparti sur les terres du western en espérant y trouver un nouveau salut. Alors qu'un casting était plus ou moins formé, le projet essuyait un premier retard au cours de l'année 2014, puisque le script de The Hateful Eight a fuité sur le net. Suite à une lecture, le réalisateur-scénariste finit par relancer le projet en le réécrivant. Alors que d'habitude il est accueilli à bras ouvert par la critique, ce nouveau cru du réalisateur de Kill Bill semble avoir des réactions différentes selon les fans du réalisateur ou ses détracteurs. La réussite commerciale n'est pas forcément là non plus, en raison de la colossale concurrence de La guerre des étoiles. A cela se rajoute la fameuse polémique du 70mm, cette pellicule avec une grande largeur engendrant des caméras très lourdes. Sauf que les cinémas du monde entier ne sont quasiment plus équipés pour diffuser du 70mm et il faut donc réinstaller des projecteurs pour le diffuser dans ce format. D'autant que le réalisateur a rajouté huit minutes et un entracte pour la version Ultra Panavision 70. Il est inutile de dire qu'en France, les projections 70mm furent des exceptions, au point de se demander si ce tintamarre médiatique fut finalement bénéfique. Sachez qu'inévitablement votre cher Borat n'a eu d'autres choix que de voir le film en version DCP, donc avec les minutes en moins.

Les Huit salopards : Photo Kurt Russell, Samuel L. Jackson

Une forme de chantage dont QT est finalement le seul responsable, quoique ses fans puissent dire. Avouons-le, si tout le monde avait eu la chance de le voir en 70mm, l'insistance des bandes-annonces sur ce format aurait été logique. Alors que là elle n'en devient que plus ridicule, vague argument de promotion pour un format que quasiment personne ne pourra voir au cinéma. Le réalisateur y voit un "cadeau" pour ses fans assidus, au point de se demander s'il ne se fout pas un peu du spectateur allant voir son film. Comme si les autres spectateurs ne pouvant voir la version 70mm étaient moins méritants. Comme quoi, l'egotrip de l'ami QT peut parfois être très amusant. Il n'en reste pas moins que le 70mm peut amuser, d'autant plus qu'il s'agit d'un film essentiellement en huis clos. Même si QT utilise souvent des plans larges pour aborder l'espace présent dans le chalet, ce n'est finalement que dans les plans extérieurs que le 70mm se révèle finalement utile, dévoilant largement le blizzard décimant la forêt et plus généralement le paysage. Il n'en reste pas moins que le film est bien réalisé, même si le réalisateur a parfois tendance à trop en faire (les plans sur les chevaux au ralenti sont particulièrement lourdingues) ou à s'autociter (un plan bien spécifique de Michael Masden est filmé à l'identique dans Kill Bill).

Les Huit salopards : Photo

De même, il s'agit du film le plus original de QT depuis... Pulp Fiction (1994). Certains citeront The Thing (1982), à cause de Kurt Russell, Ennio Morricone (hé oui, QT s'est enfin décidé à prendre le compositeur après l'avoir utiliser à tord et à travers; et il est triste que ce ne soit pas exceptionnel), du huis clos et le neige, mais honnêtement on ne pense jamais au film de Big John. D'autres spectateurs trouveront bien des références, mais à l'oeil nu, cela paraît moins choquant que sur n'importe quel film de QT depuis vingt et un ans. Il faut dire que le réalisateur avait tendance à piller des films continuellement, à l'image de Lady Snowblood de Toshiya Fujita (1973), des Douze salopards de Robert Aldrich (1967) ou Django de Sergio Corbucci (1966). On a ainsi plus de plaisir à regarder le film, sans avoir le problème de voir quels plans à été pompé à tel ou tel film. Ce que peut amener à un renouvellement du cinéma de Tarantino. Certains de ses détracteurs crieront peut être "ouf", d'autres resteront sur leurs positions. Les scènes gore peuvent paraître grossières, voire outrancières, elles n'en restent pas moins jubilatoires (même si QT ne voulait pas forcément cet effet, cf Mad Movies numéro 292). En partie à cause de cette outrance quasi-comique dans les effets de KNB (qui fait comme d'habitude des miracles), les scènes fonctionnent mieux que sur Django Unchained où cela partait bien trop souvent dans tous les sens et où le trop-plein de sang devenait grotesque.

Les Huit salopards : Photo Bruce Dern, Jennifer Jason Leigh, Kurt Russell

Là où QT peut étonner c'est dans sa gestion du temps et de l'espace. La principale crainte que votre cher Borat pouvait avoir avant de se lancer dans The Hateful Eight était sa durée. La dernière fois que le réalisateur a avoisiné les trois heures, c'était sur le très longuet et ennuyeux Jackie Brown (1998). De même, un grand nombre de ses films suivants était beaucoup trop long, à l'image de Inglourious Basterds (2009) à force de partir dans toutes les directions (Shosanna!) et surtout Death Proof (2006), rallongé jusqu'à l'outrance. The Hateful Eight a beau durer près de trois heures, il ne paraît jamais long ou si peu, en grande partie dû à une bonne gestion du suspense et un cheminement progressif vers un engrenage inévitable. Le réalisateur se focalise en premier lieu sur les relations entre les quatre personnages centraux incarnés par Samuel L Jackson, Jennifer Jason Leigh, Russell et Walton Goggins, histoire de poser les bases. Le bourreau (Russell), la prisonnière (Leigh), le chasseur de prime (Jackson) et le nouveau shérif sudiste (Goggins) se présentent, se dévoilent (la lettre d'Abraham Lincoln amenant l'admiration du bourreau; la méfiance réciproque entre le chasseur noir et le shérif blanc) et le contexte est planté. D'où peut être une certaine lenteur pour installer ces personnages, avant d'atteindre le chalet. Une fois le chalet atteint, le suspense peut commencer à s'imposer. 

The Hateful eight

(Attention spoilers) Si l'arrivée de Daisy et John est tout ce qu'il y a de plus banale, celle de Warren se veut bien moins calme. Il est le seul à se méfier de tout le monde pour des raisons souvent évidentes. De toutes manières, le personnage principal c'est lui: sous ses atours d'anti-héros tout ce qu'il y a de plus détestable, il est le principal adversaire à abattre et c'est aussi pour cela qu'on l'aime. Il ne fait de cadeau avec personne, vannant même son principal allié avec une lettre juste pour voir la réaction d'un blanc et jouer sur le patriotisme exacerbé de l'Américain moyen; et allant même plus loin en faisant honte à un père en deuil (Bruce Dern). La séquence en question est d'ailleurs terrible, entre le malaise évident (le contexte est glauque au possible) et le fou-rire inévitable. Tarantino provoque le malaise, mais ne peut s'empêcher de faire rire avec une situation surréaliste. Le fameux entracte n'est pas visible dans la projection DCP, mais on peut facilement le déceler avant le chapitre sur le secret de Daisy. La rupture de ton opéré par l'ajout d'un narrateur de circonstance semble le confirmer. Le flashback suivant ce chapitre n'en devient que plus inutile, tous les indices ayant été dévoilés, allant du fauteuil sanglant, l'absence de Minnie (Dana Gourrier), le mexicain qui n'a rien à faire là (Demian Bichir), la porte trouée... A part pour éclaircir deux spectateurs qui n'auraient pas suivi, le flashback n'a pas lieu d'être.

Afficher l'image d'origine

Comme quoi, QT peut parfois s'éloigner de son sujet, au risque de s'égarer ou de multiplier les faux-raccords (autant de sang sur du bois, c'est bien difficile à enlever en moins d'une journée). Le dernier chapitre n'en devient que plus jouissif, revenant au cynisme ambiant. La violence est omniprésente, alignant les éclaboussures délirantes et une pendaison hargneuse. Les personnages veulent tous sauver leur peau, au point que cela en devient un hallucinant jeu de la mort. Un peu comme dans The Thing, Tarantino laisse les personnages vivants en suspens, épuisés, probablement voués à se vider de leur sang, mais tout est réglé. Un final assez sombre et concluant un sacré foutoir où l'humour noir est roi. (fin des spoilers) En plus de ses dialogues, Tarantino peut inévitablement compter sur ses acteurs, parfois pas loin de la caricature qu'ils incarnent. Après un tour vers les grosses cylindrés, Kurt Russell fait un grand retour dans la cour de Tombstone avec un rôle de grand naïf se retrouvant dans un piège trop gros pour lui. Un rôle qui le change des personnages de durs à cuir qu'il a souvent mythifié (Snake Plissken en tête). Jennifer Jason Leigh confirme qu'elle manquait cruellement au paysage cinématographique, avec un rôle qui la met enfin en valeur. Walton Goggins confirme tout le bien que l'on pouvait penser de lui, idiot improbable tournant dans une morale impayable avant de sortir du lot avec un amusement certain. Si le reste du casting est irréprochable, comment ne pas évoquer la prestation exceptionnelle de Sam Jackson? Meneur de jeu irresistible, l'acteur se fait plaisir et le spectateur aussi dans un rôle ambigu taillé pour lui. 

Quentin Tarantino a probablement signé son film le plus frais depuis très longtemps, bien aidé par une gestion du temps et de l'espace de qualité et des acteurs géniaux.

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Commentaires
G
a Princranoir : Je prefere de loin "L'Attaque de la Malle Poste ' d'ailleurs interdit aux moins de 16 ans a l'epoque ! Jack Elman est vraiment terrifiant et on craint pour la vie de la petite fille ... Mais dans le western "huit clos ' de Hattaway les bandits ne sont pas vraiment mechants (Sauf Jack Elman ) et le heros est loin d'etre le heros qui n'a pas froid aux yeux ... Un des rares films westerns ou il n'ya pas un seul "bon " les "* 8 Salopards " , "La Horde Sauvage " de Peckinpah ou encore "L'Implacable "de Eastwood, on recherché qui aimait mais en realite ce sont tous des salopards.
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A
@ Borat<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part, je l'avoue, au vue de sa bande annonce, il ne m'intéressait absolument pas. Mais, plus j'en entends causer et plus j'ai envie d'essayer, mais, pas au cinéma. Pour Promouvoir, je te rejoins entièrement et quand tu sais que l'avocat en question est un ancien ami d'un certain Bruno Megret, je crois que ça rends encore plus dangereuse cette association qui, soi disant, veux protéger nos enfants.
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B
En effet du théâtre filmé il ne se passera rien tout restera statique en gros plan ou en plan large. On est tout de même loin de là ici.
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P
Comme tu le sais déjà, je suis dans le camp des "Huit salopards". Intéressante la référence de gerard à l'excellent "l'attaque de la malle-poste" que j'aurais effectivement pu citer dans ma critique. Qu'il préfère le noir et blanc à la couleur, c'est une chose, mais ce qui différencie un bon film en huis-clos d'un soporifique spectacle filmé (car le théâtre n'est pas forcément ennuyeux), c'est tout de même l'art de la mise en scène. Et pour moi, l'exploit accompli par Tarantino vaut bien celui d'Hathaway à l'époque.
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T
@ Borat<br /> <br /> <br /> <br /> Voila un film dont j'ai finalement entendu autant de bien que de mal. Des amis y sont allé en pensant voir un western (désolé, mais, c'est clairement ce que démontrait la bande annonce) ont détésté et se sont fait chier, tandis que d'autres, qui n'en attendaient rien (comme les gars de Mad Movies) ont adoré. Perso, j'attendrais qu'il sortent en dvd, mais, je le verrais avant qu'il soit interdit par les gus de Promouvoir (ils veulent retirer son visa d'exploitation au film de Tarantino et ont porté l'affaire en justice).
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