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24 février 2016

Le clown blanc et le clown noir

La vie d'un clown blanc et un clown noir, duo atypique sévissant à la Belle Epoque en France...

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Comme tout genre qui se respecte, le biopic est omniprésent au cinéma et ce n'est pas le Cinéma Français qui va dire le contraire. Force est de constater que depuis le triomphe commercial de La Môme d'Olivier Dahan (2007), les films biographiques se sont accumulés, qu'ils reviennent sur un fait divers (on peut également les mettre dans la case "biopic") ou une personnalité. Que ce soit dans la chanson, la politique, l'écriture, le cinéma, parfois même la mode, le biopic s'intéresse à tout, au point parfois d'en devenir drôle. Comme lorsque deux films sortent la même année sur un même sujet (remember les films sur Coco Chanel et Yves Saint Laurent), au point de n'intéresser personne. Le dernier biopic venant de nos contrées se nomme Chocolat. Pour sa quatrième réalisation, Roschdy Zem peut s'aider d'Omar Sy en tête d'affiche pour attirer le public  (ce qui est le cas, film déjà millionnaire). D'autant plus que les occasions sont rares désormais de le voir dans un film français (son premier depuis Samba d'Eric Toledano et Olivier Nakache). De multiples libertés ont été prises dans le récit du parcours de Rafael Padilla, que ce soit ses débuts, son passage au théâtre ou d'autres anecdotes du film qui finalement n'ont pas eu lieu ainsi, voire pas du tout. Ce qui est peut être dommage, faisant perdre de la crédibilité au projet qui aurait mérité d'être plus authentique.

Chocolat : Photo James Thiérrée, Omar Sy

Mais n'oublions pas qu'un biopic est souvent romancé et ce, même les meilleurs. C'est par exemple le cas dans Ed Wood de Tim Burton (1995), puisque le réalisateur de Plan 9 from outer space n'a jamais rencontré Orson Welles. Puis au contraire d'un American Hustle (David O Russell, 2013) se foutant complètement de l'histoire qu'il adapte, Chocolat a au moins le mérite de respecter son sujet adapté, tout en signant un beau portrait. (attention spoilers) Il n'empêche que le film soit conditionné par le schéma A-B, même s'il ne démarre pas à la naissance de Padilla (on assistera toutefois à des flashbacks de sa jeunesse en Afrique) et que l'on assiste à une ellipse temporelle peu avant la fin du film. Peut être brutale, mais elle permet de mettre en avant la déchéance du personnage, passant de la gloire à l'ignorance la plus totale avec une certaine violence. Si le film est très classique dans sa manière d'exposer son personnage, il a le mérite de bien mettre en avant ses deux personnages principaux. Malgré son titre et le fait qu'il suit en premier lieu Padilla, le film s'intéresse avant tout au duo qu'il formait avec George Foottit (James Thierrée). C'est d'ailleurs par lui que commence le film et non Chocolat, bien la preuve que Roschdy Zem a voulu les mettre d'égal à égal au lieu de faire de Foottit un vulgaire second-rôle.

Chocolat : Photo James Thiérrée, Omar Sy

D'autant que les deux sont complémentaires: d'un côté, Foottit permet à Chocolat d'aller dans des directions qu'il n'aurait pas tutoyer sans lui, de l'autre, leur duo permet à Foottit de retrouver une gloire qu'il n'a plus depuis longtemps. Padilla sort du rôle de "cro-magnon sauvage" pour épouser un rôle de cascadeur comique. Foottit est le plus expérimenté, c'est donc lui qui monte les shows. Il n'en reste pas moins que sans son atout charme (qui est son clown noir), son show ne fonctionne pas. Le réalisateur n'oublie pas de montrer un envers du décor moins glorieux qu'il n'y paraît, le succès grisant les deux personnages. Padilla devient accro aux jeux au point d'accumuler les dettes. Foottit sera contraint d'abandonner puisque sans son partenaire. De même, en ne prenant assez au sérieux les volontés de son partenaire, il en vient à se l'aliener bêtement. Une scène montre même Foottit essayer vainement de convaincre un public de poivrots. Sans succès. De même pour Padilla, victime de sa couleur de peau, l'empêchant de trouver un public sur les planches. Deux personnages condamnés à rester dans un moule inévitable et interchangeable. Tout simplement car le public ne veut pas voir ce qu'il aime devenir différent. Une réalité déjà visible à cette époque et que l'on retrouve encore de nos jours avec certains comédiens (notamment "faire son Tchao Pantin"). Sous ses atours de film grand-public, Chocolat ose des scènes dures en prison (fait non avéré, néanmoins révélateur d'une époque) tout comme un savatage en pleine rue.

Chocolat : Photo James Thiérrée, Omar Sy

Comme évoquer une époque, celle de la Belle Epoque, propice au changement et notamment pour ce qui est du spectacle. Celle où naissait un duo de clowns blanc et noir, où le cinéma faisait ses premiers pas (le duo fera d'ailleurs un court-métrage pour les frères Lumière, reconstitué pour l'occasion), celle où le Théâtre découvrait enfin le pouvoir de la mise en scène... Cela est bien retranscrit dans le film, de même que l'ambiance terriblement raciste, où l'on met encore des noirs en exposition en les faisant passer pour des barbares. Le paradoxe est atteint lorsque Padilla se retrouve face à ce genre de manifestation, alors qu'il est habillé aussi bien qu'un blanc, avec toute la richesse qui s'impose. On peut aussi noter les réactions sinistres au sujet des couples-mixtes, où la femme est aussi visée que l'homme noir. Si cela n'est évoqué que brièvement, les scènes sont suffisamment fortes pour renforcer ce contexte sociologique violent et choquant. (fin des spoilers) Si la réalisation de Roschdy Zem se révèle assez classique, elle prend néanmoins des envolées merveilleusement burlesques dans ses scènes de cirque absolument superbes. Si Omar Sy confirme dans un contexte tragi-comique, James Thierrée éblouit dans un rôle qu'aurait surement adoré incarner son grand-père (vous irez bien vérifier sur wikipedia, hein? -NDB). Le parfait clown blanc, jouant de son expérience dans le cirque pour créer un personnage sérieux mais professionnel. A noter que le reste du casting est également de qualité, allant de Clotilde Hesme à Olivier Gourmet.

Un biopic parfois trop libre, mais plantant bien une époque et ses préjugés et mettant en valeur deux personnages malheureusement oubliés.

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Commentaires
T
je vais le dire tout net, ce film ne m'intéresse absolument pas, j'ai d'ailleurs préféré aller voir le dernier Disney qui, lui aussi, aborde la question du racisme.
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T
Je regrette un peu une réalisation pas suffisamment aguerrie par rapport à ce très beau sujet, même si on sent la sincérité et l'implication de Zem. C'est assez pédagogique mais tout de même efficace même si quelques scènes ne pas très subtiles De plus les numéros de cirque restent très réussis également. Le duo Sy-Thierrée fonctionne très bien même si Thierrée est vraiment épatant dedans !
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L
Assez peu friand de biopic, je ne pense pas aller le voir en salles, mais s'il fait la nique à Kev Adams, j'avoue être assez content (ce n'est guère charitable de ma part, mais j'assume).
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A
à borat : ah tant mieux, le machin avec Kev Adams se casse la figure. Ce serait son premier gros échec au cinéma
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B
Je n'irais pas jusque là (le petit Deadpool rapporte beaucoup malgré son -12), mais le film marche vraiment bien et tant mieux. Je préfère voir ce genre de film peut être imparfait mais efficace que le machin avec Kev Adams qui se plante complètement au box-office.
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