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1 avril 2020

Cuvée sous le signe du X #1

The New Mutants (Josh Boone) a une nouvelle fois était reporté (on s'habitue à force). Toutefois, il était temps de revenir longuement sur la franchise X Men à l'heure où elle s'apprête à disparaître. Présents dans le paysage cinématographique depuis vingt ans, les mutants ont réussi à se faire une place et à se renouveler au fil du temps. Un cas rare pour une saga regroupant tout de même treize films (spin-off compris). L'occasion pour votre cher Borat de revenir durant trois cuvées sur ces héros issus de la Maison des idées, quitte à évoquer de très mauvais souvenirs. Ready ? Go ! (Attention spoilers)

  • X Men (Bryan Singer, 2000) : Le commencement

X-Men : Affiche

Les X Men, créés par Stan Lee et Jack Kirby en 1963 et largement développés la décennie suivante par des auteurs comme Chris Claremont, intéressent le cinéma dès les 80's, décennie où ils connaissent une aura folle sous la plume de Chris Claremont. James Cameron est en pourparlers pour une adaptation, avant de préférer le tisseur masqué. Alors que la Marvel est en discussion avec Columbia (déjà en quête des droits de Spidey), c'est finalement la Fox et Lauren Shuler Donner qui s'accaparent les droits en 1994. Andrew Kevin Walker (scénariste de Seven et impliqué dans le projet "Batman VS Superman" par la suite) s'occupe d'un premier traitement. Wolverine entre dans l'équipe aux côtés de Cyclope (une rivalité était déjà prévue entre le glouton et lui), Jean Grey, Iceberg, Beast et Angel et ils doivent combattre Magneto, Sabrebooth, Toad et Blob.

xMEN

Concept-art de Wolverine, Cyclope, Jean Grey et Mystique réalisé par Tim Flattery.

Il était aussi question de Bolivar Trask et de ses Sentinelles. Un peu comme ce qui sera évoqué dans Days of future past (Bryan Singer, 2014) au sujet de John Fitzgerald Kennedy, Magneto aurait été responsable de la catastrophe de Tchernobyl. Les versions s'accumulent au fil des années, notamment une signée Joss Whedon transformant Jean Grey en Phénix en fin de film. Un aspect qui ne plaît pas à la Fox et devra attendre le second opus sorti en 2003. Pour ce qui est du choix du réalisateur, Robert Rodriguez décline l'offre, tout comme Paul WS Anderson qui désire s'atteler à un film Restricted à l'époque (ce qui sera le cas avec Event Horizon en 1997). Suite au succès d'Usual Suspects (1996), Bryan Singer est approché par la Fox dans un premier temps pour réaliser Alien Resurrection

X-Men : Photo Bryan Singer

Bryan Singer a le sens du cadre.

Après divers refus, le réalisateur finit par donner sa chance aux mutants suite à plusieurs lectures de comics et au visionnage de la série animée (1992-97). Prévu initialement pour Noël 1998, le film prend du temps parce que Singer veut d'abord réaliser Un élève doué (1998) et que le scénario a besoin de quelques remaniements. C'est ainsi que Beast, Nightcrawler, Pyro (qui fera finalement un caméo sous les traits d'Alex Burton) et la salle des dangers sont éliminés du scénario pour ne pas faire exploser le budget. L'intérêt pour Marvel reprend du galop entretemps grâce à un succès inattendu : celui du film Blade (Stephen Norrington, 1998) mettant en scène un héros marginal de la Maison des Idées campé par Wesley Snipes. X Men devient alors une priorité pour la Fox. Pour ce qui est du casting, la production enchaîne le numéro des chaises musicales :

  • Russell Crowe (trop cher) et Dougray Scott (occupé sur Mission Impossible 2 de John Woo) pour Wolverine
  • Angela Bassett et Jada Pinkett Smith pour Tornade
  • Sarah Michelle Gellar pour Malicia
  • Jim Caviezel (déjà engagé sur Fréquence interdite de Gregory Hoblit) pour Cyclope
  • Terence Stamp pour Magneto
  • Jeri Ryan pour Mystique
  • Kevin Nash pour Sabrebooth.

Casting

Une partie du casting d'X Men : Anna Paquin, Famke Janssen, Ian McKellen, Patrick Stewart, Halle Berry et Hugh Jackman.

Au final, Hugh Jackman, Halle Berry, Anna Paquin, James Marsden, Ian McKellen, Rebecca Romijn et Tyler Mane joueront ces rôles. X Men est un des plus gros succès de l'année 2000 (plus de 296 millions de dollars de recettes totales pour 75 millions de budget) et permet le feu vert au Spider-man de Sam Raimi (2002). Derrière ses atours de grand divertissement, X Men a le mérite de commencer de manière coup de poing. Erik Lehnsherr, enfant juif, voit sa famille partir dans les camps d'Auschwitz. La scène est simple, Singer entraînant le spectateur dans l'enfer nazi dès l'ouverture. A la seule différence que le personnage découvre à ce moment précis qu'il peut contrôler le métal. L'adolescence est souvent évoquée dans la franchise comme le point déclencheur de la mutation et il n'est pas étonnant que l'ouverture soit suivie par l'arrivée des pouvoirs de Malicia.

Magneto

Cette ouverture offre également un parallèle avec le reste du film, comme pour nous dire que cela n'a pas changé depuis le IIIème Reich. L'Homme est encore capable du pire avec lui-même, y compris lorsqu'il a peur de certaines personnes. Autrefois les Juifs, dorénavant les Mutants. Montrer Magneto (Ian McKellen) dès les premières minutes par son trauma est certainement l'une des meilleures idées de Singer. Comme le disait le Maître du suspense : meilleur est le méchant, meilleur est le film. Avec ce prologue, Magneto n'est plus un banal ennemi : on comprend pourquoi il a une haine de l'Homme et sa démarche n'en devient que plus légitime. C'est aussi pour cela que durant toute la saga (même si l'incarnation de Michael Fassbender est plus perturbante) Magneto est un personnage qui peut fasciner le spectateur et ce malgré son ralliement au mal. 

Xavier Lehnsherr

Comme le désigne Singer, Charles Xavier (Patrick Stewart) et lui apparaissent comme des équivalents de Martin Luther King et Malcolm X, l'un essayant de pacifier le conflit, l'autre l'engendre par son excessivité. Le scénario d'X Men est assez simple (deux équipes de mutants s'affrontent afin de stopper ou non une opération consistant à transformer les hommes en mutants), mais ses thématiques et sa caractérisation de personnages donnent souvent le change. Le sénateur Kelly (Bruce Davison) est un personnage en or, renvoyant à bons nombres de personnalités politiques actuelles. Peu ou prou le même discours, changez étrangers par mutants, vous aurez le même schéma. Comme quoi, ce premier film a beau avoir bientôt vingt ans au compteur, il n'en reste pas moins toujours d'actualité. Il faut une transformation pour que le sénateur change de point de vue sur les mutants. S'il n'avait pas eu de mutation, Kelly n'aurait jamais changé de discours, ce qui rend le combat de Xavier d'autant plus utopique. 

Kelly

Pour ce qui est du traitement des personnages, tout n'est pas parfait. Cyclope gagne du terrain grâce à sa rivalité avec Logan. Cela permet au personnage de sortir du carcan fonctionnel, de même pour Jean Grey (Jannsen) qui engendre ainsi une tension sexuelle entre les deux mâles. On ne peut pas en dire autant de Tornade qui surnage (en plus de se voir supprimer une scène expliquant ses origines kényanes), tout comme Toad (Ray Park) très / trop cabotin ou Sabrebooth qui perd en intérêt par le manque d'expressivité de Tyler Mane (il sera nettement plus convaincant en Michael Myers). Mystique est excellente de malice et Singer semble bien s'amuser à filmer le personnage, bien aidé par Rebecca Romijn et son superbe maquillage fait de prothèses et de peinture. Pour ce qui est des autres personnages, Singer s'en sort beaucoup mieux. La mise en avant de Wolverine n'est pas étonnante, car en plus d'être le plus connu des mutants, il est aussi l'un des nouveaux arrivants de l'intrigue.

X Men

La visite de l'établissement se fait avec lui, comme une représentation improbable du spectateur. Vu son omniprésence, il n'est pas étonnant que le spectateur comme Logan pense pendant une bonne partie du film qu'il est le "macguffin" de Magneto, cet objet ou personnage recherché à la fois par les gentils et les méchants. Par la même occasion, la quête du passé de Logan se fait par petites touches avec une photo jaunie. Une photo reprise à l'identique dans X2 et totalement absente du spin-off (Gavin Hood, 2009). Il est d'ailleurs assez ironique que ces flashbacks de quelques minutes soient plus convaincants et instructifs que le fameux film en question... Le seul aspect dont le personnage se souvient est son squelette en adamantium. Néanmoins, le réel fil conducteur du film est la relation qu'il noue avec Malicia. Dès lors, Logan arrête d'être un marginal pour devenir un être plus sensible, à la limite du père de substitution.

X-Men : Photo Anna Paquin, Hugh Jackman

Soit ce dont a le plus besoin Malicia pour garder ses repères et lui d'en trouver. Il a beau la connaître depuis peu, dès lors qu'elle est en danger, il part la secourir. Le coeur d'X Men se trouve principalement dans ce duo et celui plus idéologique formé par Xavier et Lehnsherr, en plus de montrer qu'un film de super-héros aussi ambitieux visuellement est possible en ce début des 2000's. Malgré ses défauts inhérents à la plupart des premiers opus des comic book movies (présenter l'univers et ses personnages, réalisateur cherchant ses marques), X Men pose les bases pour une sequel bien plus ambitieuse. Un bon coup d'essai.

  • X2 (Singer, 2003) : Le soulèvement des mutants

X2

Une suite est rapidement envisagée par la Fox et plusieurs versions se succèdent entre 2000 et 2002. Beast et Angel (qui devait servir d'expérience à William Stryker et devenir Archangel) sont proposés dans le traitement de Michael Dougherty et Dan Harris, mais le grand nombre de personnages déjà présents fit que les deux-là soient adaptés plus tard dans la franchise. Beast fera néanmoins un petit caméo télévisé où on le voit débattre pour la cause mutante (il n'a pas encore l'aspect bleu que nous connaissons) sous les traits de Steve Bacic. Ce qui ajoute une certaine cohérence si l'on commence à regarder la franchise à partir de First Class (Matthew Vaughn, 2011). En effet, le sérum confectionné par Hank McCoy durant les 70's dans Days of future past (Singer, 2014) lui permet de se montrer sous un aspect plus humain et de ne pas épouser son aspect félin et bleu. Cela rend donc son apparence blanche dans ce court extrait d'X2 logique et ne l'empêche pas d'épouser sa condition dans The Last Stand (Brett Ratner, 2006).

Sentinel

Concept-art d'une Sentinelle réalisé par Guy Hendrix Dyas.

Quant à la salle des dangers et les Sentinelles, elles s'avèrent encore une fois trop chères pour être incorporées dans le film et ce malgré un budget bien plus conséquent (110 millions de dollars) et la construction d'un décor pour la première. Au cours de l'écriture, Anne Reynolds a laissé sa place à Lady Deathstrike. David Hayter avait fait de Reynolds l'assistante de William Stryker (Brian Cox) et ce dernier s'apercevait très tard qu'elle était une mutante. Deathstrike a finalement été inséré dans le scénario par Dougherty et Harris. Le personnage de Tornade a gagné en développement suite à l'Oscar d'Halle Berry (sans compter l'augmentation de salaire), ce qui s'avère une bonne chose compte tenu de son aspect trop fonctionnel dans le premier film. Cela s'avère également ironique si l'on se fit à une déclaration de Berry dans les bonus du DVD d'X Men, où elle disait que cela ne la dérangeait pas de ne pas être plus présente que les autres acteurs. Les choses changent en quelques années.

Tornade

En revanche, Cyclope aurait perdu en présence car le studio trouvait le film déjà trop long (2h05 au final). Sabrebooth est quant à lui éliminé du script et en dehors du spin-off sur Wolverine, il ne réapparaîtra jamais dans la franchise. X2 réussit le pari de faire mieux que le premier opus d'un point de vue commercial (plus de 407 millions de dollars de recettes) et artistique. Bryan Singer revient à une ouverture fracassante, faisant la part belle à l'un des nouveaux personnages : Nightcrawler (Alan Cumming). Ce dernier commet un attentat à la Maison Blanche et manque de peu de tuer le président des Etats Unis (Cotter Smith). Une séquence spectaculaire où le personnage se téléporte moult fois pour notre plus grand plaisir. Singer joue sur les effets d'attente (les agents visent la porte, tout en entendant les coups de feu d'à côté) et se paye même un long plan faisant la démonstration des pouvoirs du téléporteur.

Nightcrawler

Le conflit est de nouveau présent (Kelly représenté par Mystique devient subitement pacifiste), les Mutants sont une menace post-11/09 et ce sur un mensonge. Il s'agit d'une vengeance de William Stryker, ancien militaire devenu conseiller du président et ayant un fils mutant qui est allé à l'école de Charles Xavier (Michael Reid MacKay). A cela rajoutez qu'il a fait de Wolverine son Arme X quinze années auparavant (on est bien loin des 70's d' X Men Origins Wolverine) et qu'il a des mutants à sa disposition pour faire le sale boulot. Par quel moyen ? Une marque derrière le cou où il injecte un sédatif. Stryker n'est pas comme le sénateur Kelly dont le discours xénophobe ne tenait que par la parole et les idées (ce qui le rendait dangereux tout de même). Stryker attaque là où ça fait mal, quitte à ce que ce soit sur des adolescents et bien aidé par quelques magouilles auprès d'un président crédule. Là encore, Singer a trouvé un méchant en or, cette fois-ci un humain ayant les pleins pouvoirs pour assouvir ses pulsions.

X-Men 2 : Photo Brian Cox

Il fallait bien un acteur aussi charismatique que Brian Cox pour imposer un personnage aussi abject et criminel. L'occasion aussi d'en savoir un peu plus sur Wolverine à travers des flashbacks plus explicites que dans le premier film. Maintenant qu'il sait à peu près qui il est, Logan peut aller de l'avant. Singer a donné de l'importance aux différents personnages, qu'ils soient déjà vus ou nouveaux. Là où le Marvel Cinematic Universe (2008-) se plantera plus d'une fois des années plus tard, Singer réussit un véritable tour de force, faisant oublier le côté fonctionnel de plusieurs personnages, tout en introduisant d'autres avec la même subtilité. Comme Nightcrawler et Pyro (Aaron Stanford), deux personnages personnifiés au possible (l'un fervent catholique avec un corps rempli de marques pour chaque péché, le second attendant l'étincelle pour utiliser pleinement son pouvoir destructeur).

Origins

Même Colossus (Daniel Cudmore) est convaincant alors qu'il apparaît très peu dans le film. Malicia tombe amoureuse de Bobby Drake (Shawn Ashmore), ce qui entraîne des difficultés évidentes au vue du pouvoir de la jeune mutante (elle ne peut avoir de contact physique avec personne). La fin de l'adolescence, le début de l'âge adulte et le fait de devoir faire des choix. La scène chez la famille Drake montre aussi le rapport compliqué entre des parents incapables de comprendre leur enfant ("Est-ce que tu as essayé de ne pas être mutant ?" dit la mère) et un fils essayant de montrer (en vain) qu'il n'est pas un danger pour eux. La scène est d'autant plus frappante qu'elle évoque la xénophobie envers les mutants dans un malaise total et un contexte familial (l'alerte est donnée par le frère de Bobby, visiblement anti-mutant si l'on se fit à sa chambre). Ce n'est pas un personnage comme Pyro, éprouvant un certain plaisir à faire exploser des voitures de police qui va aider (scène au combien spectaculaire et à la réalisation compliquée).

Iceberg

Singer est plus à l'aise et sa réalisation se veut plus ambitieuse, à l'image de l'assaut du manoir ou le passage de Mystique chez Lady Deathstrike (Kelly Hu), engendrant de beaux moments de suspense. On peut également admirer comment Singer termine son film (Sam Raimi fera aussi bien avec son second Spider-man). Pendant tout le film, on peut observer une Jean Grey perdant progressivement le contrôle, éprouvant des maux de tête récurrents et ayant des pouvoirs de plus en plus puissants (comme contrôler le rayon de Cyclope). Son sacrifice tragique n'en devient qu'une superbe porte ouverte pour l'arrivée du Phénix par la suite. Malheureusement tout va capoter... 

  • X Men - L'affrontement final (Brett Ratner, 2006) : Déchéance de la mutation

X3

Au cours de l'année 2004, Bryan Singer se désintéresse progressivement d'un possible X Men 3 suite à son attachement à Superman Returns (2006). Son traitement écrit avec Dan Harris et Michael Dougherty évoquait le Phénix et une Emma Frost vieillissante et manipulatrice. Le Phénix aurait fini par être arrêté par l'esprit de Jean Grey reprenant en main son corps (ce qui n'est pas si éloigné de ce qu'il se passe dans Dark Phoenix). Il n'en reste pas moins que les relations entre Singer et la Fox commençaient à sentir le roussi. En effet, la légende veut que le réalisateur se soit fait virer des studios de la Fox sur le pilote de la série Dr House (2004) qu'il produisait et réalisait, avant de le faire revenir rapidement pour qu'il le termine. Le studio ne veut pas l'attendre pour X Men 3 et les chaises musicales des réalisateurs potentiels ont commencé.

TLS

Un concept-art de Dean Sherriff montrant une tout autre issue pour le climax de The Last Stand.

Hugh Jackman suggère Darren Aronofsky avec qui il vient de tourner The Fountain (2006) ; Joss Whedon décline la proposition à cause de "Wonder Woman" ; Alex Proyas ne veut pas revivre une epérience similaire à I, robot (2004) avec la Fox : Rob Bowman (Elektra), John Moore (Max Payne) et Zack Snyder sont approchés... C'est finalement Matthew Vaughn qui signe, castant au passage Kelsey Grammer (Beast), Dania Ramirez (Callisto) et Vinnie Jones (Juggernaut). "Ils n'avaient pas de scénario et en six jours, [Simon] Kinberg, Zak Penn et moi avons écrit une ébauche" dit Vaughn (*). Le couperet tombe quelques temps avant le début du tournage : Vaughn ne réalisera pas le film pour raisons familiales. La raison officielle élude une autre bien plus officieuse : les délais serrés imposés par la Fox auraient considérablement gêné le réalisateur de Layer Cake. Les mêmes qui ont failli coûter sa place sur X Men : First Class (2011).

Angel

Angel, un personnage apparaissant si peu qu'il faut compter ses secondes de présence.

Le dévolu se jette sur Brett Ratner, tâcheron capable d'un Rush Hour (1998) comme d'une pure commande comme Dragon rouge (2002). Vu son arrivée tardive, on peut clairement parler de commande, voire de solution de secours. Le retour de Jean Grey en tant que Phénix a entraîné beaucoup de problèmes entre les scénaristes et le studio, peu désireux d'un personnage aussi sombre dans un blockbuster estival. Preuve aussi du manque de confiance de Tom Rothman (CEO de la Fox à l'époque) envers des personnages qu'il n'aimait pas. Sans Bryan Singer, le studio peut désormais faire ce qu'il veut. Le pauvre Cyclope se trouve réduit à mourir dans les premières minutes à cause de la Fox et de l'emploi du temps de James Marsden, ce dernier ayant embarqué dans Superman Returns

Love

Gambit devait initialement faire partie du casting des nouveaux mutants, mais les scénaristes Zak Penn et Simon Kinberg n'ont pas su trouver l'utilité du personnage dans le récit. Le studio décide de couper Nightcrawler, personnage trop peu présent pour engendrer un maquillage aussi intensif sur Alan Cumming. On pourrait en dire autant pour Rebecca Romijn, relativement peu présente sous les traits de Mystique. Pour ce qui est du personnage de Kitty Pride enfin présentée après deux caméos (avec deux actrices différentes), Maggie Grace est d'abord considérée avant de laisser la place à Ellen Page, car trop âgée. Si l'actrice est tout sourire sur les images de tournage présentées dans le DVD du film, cela fut beaucoup moins mignon en réalité. Dans un long post diffusé sur Facebook en 2017, l'actrice avait alors évoqué l'attitude lamentable de Ratner envers elle.

Kitty

Lors d'une réception avec l'équipe du film, ce dernier aurait dit à une femme en visant l'actrice "Tu devrais la baiser pour lui faire réaliser qu'elle est gay.". Les relations entre les deux personnes se sont encore envenimées suite à un autre événement : "Il faisait pression, devant de nombreuses personnes, pour que j'enfile un T-shirt sur lequel était écrit 'Team Ratner'. J'ai dit non, mais il a insisté. J'ai alors répondu que je ne faisais pas partie de son équipe. Et plus tard ce jour-là, des producteurs sont venus me voir pour me dire que je ne pouvais pas lui parler comme ça. J'ai été réprimandée, alors que lui n'a ni été puni, ni renvoyé pour l'acte ouvertement homophobe qu'il a eu envers moi et dont tout le monde a été témoin" (**). Ces faits ont été évoqué au moment où Ratner a été accusé d'agressions et harcèlement sexuels à l'encontre de femmes. Rappelons qu'Ellen Page n'avait que 18 ans à l'époque et qu'elle n'a fait son coming-out qu'en 2016. Au vue de ces réactions lamentables, on se doute qu'elle n'a pas attendu si longtemps pour rien...

Brett

Outre ces faits, The Last Stand s'impose comme un succès certain (plus de 450 millions de dollars de recettes pour 210 millions de budget), mais se révèle être aussi un véritable carnage à l'intérieur. On pourrait presque parler de film malade, puisque le film a de bonnes idées que les scénaristes ne savent jamais aborder correctement. Le point de départ sur le vaccin pouvant guérir les mutants est une excellente idée, car il remet en perspective l'idée de malédiction chez certains mutants. C'est par exemple le cas de Malicia, probablement désireuse d'avoir une vraie relation avec Bobby Drake. Comme il peut être vu comme un moyen d'éradication des mutants selon Magneto. Pourtant, l'idée tombe vite à plat, car entremêlée avec l'intrigue du Phénix. Cette dernière est beaucoup trop survolée, prenant un pic d'importance flagrant, avant de retomber pour ensuite revenir en toute fin de film. 

Malicia

Les scénaristes n'ont pas su quoi faire du personnage, peu aidés par les directives du studio. Un personnage au potentiel gâché et ce n'est pas le seul. Si Kitty Pride apparaît de manière correcte (bien aidée par le jeu d'Ellen Page), Angel (Ben Foster) est inexistant. Il pourrait ne pas être dans le film, ce serait identique. Le seul moment important dans lequel il apparaît est quand il sauve son père (Michael Murphy). Un personnage attendu et qui lui non plus n'a pas eu droit à la visibilité qui lui était légitime. X Men Apocalypse (Singer, 2016) ne changera pas vraiment la donne, même si le personnage a au moins une fonction. Sa relation pince sans rire avec Logan, tout comme son aspect politique permettent à Beast d'être un mutant intéressant. Toutefois son maquillage peine souvent à convaincre, notamment ses cheveux.

Beast

On pourrait énumérer un grand nombre de personnages fonctionnels, à l'image de Juggernaut qui n'est plus le frère de Charles Xavier, mais juste un mutant beauf délivré par Magneto. Aucun effort d'écriture à l'horizon. Quant aux personnages déjà installés, soit ils gagnent un peu par l'action (c'est le cas de Colossus), soit ils perdent en aura (Wolverine en mode pépère durant tout le film), soit leur temps de présence tient du grandiose. Malicia pourrait elle aussi ne pas être présente dans le récit, elle serait aussi utile. L'intrigue va dans trop de directions, ne sait pas quoi faire de divers personnages, pas aidée par des divergences scénaristiques multiples. Le film est encore regardable en raison de quelques scènes d'action bien senties. Parmi lesquelles, la scène dans la salle du danger (enfin !), valant quelques rares moments où Wolvy sort les griffes ou le final terriblement bourrin, mais malheureusement sans réel enjeu (le seul étant de montrer les X Men se battrent face à la Confrérie).

Alcatraz

D'autant que le final devait être beaucoup plus apocalyptique avec Jean ravageant une partie de San Francisco. Comme le soulignait le défunt magazine Climax en 2009, ce passage préfigure Avengers (Joss Whedon, 2012) avec un temps de présence bien précis pour chaque personnage et des héros qui se battent dans une bagarre générale. On pourrait retenir aussi la mort du Phénix, un des rares moments d'émotions dans un film qui en manque cruellement. Quant au Professeur Xavier, il aura droit à sa petite séquence post-générique, alors même que le spectateur l'a vu mourir au cours du film. La justification vient du commentaire audio : il aurait mis son esprit dans le corps de son frère jumeau... qui est pourtant justifié par le réalisateur et ses scénaristes comme mort né. On a donc bien du mal à comprendre comment quelqu'un qui n'a jamais grandi puisse acquérir une taille adulte...

TLS 3

Mais si les scénaristes ne savaient plus quoi inventer pour sauver le film de la noyade, Brett Ratner n'est pas non plus en reste. Les bonus montrent largement son incompétence, accumulant les erreurs de tournage parfois sauvées au montage. Ratner prévisualise une scène avec Magneto et une pierre, puis tourne la scène avec une tasse de métal, avant de constater sa bêtise en post-production en essayant de sauver les meubles avec les plans de base et des cgi représentant non pas une tasse, mais le pistolet avec les vaccins. Idem pour une scène où Logan part avec une veste et se retrouve subitement en marcel en pleine forêt, à peine raccordé par un plan sur le visage de Jackman. Mais le meilleur reste quand même le groupe de Magneto avançant en plein jour sur le Golden Gate Bridge... avant qu'une nuit noire finisse par arriver d'un plan à l'autre. Sans compter les nombreuses scènes alternatives montrant que le coco ne savait vraiment pas ce qu'il devait faire. Comme quoi, il valait peut-être mieux attendre...

  • X Men Origins Wolverine (Gavin Hood, 2009) : Le film qui a failli détruire la franchise

X-Men Origins: Wolverine : Affiche Gavin Hood

La Fox prévoyait initialement trois spin-off pour relancer la marque X Men après The Last stand : un sur Magneto chapeauté par David S Goyer (qui ne verra jamais le jour, laissant la place à First Class), un sur Deadpool (qui mettra plus de six ans à se produire) et un sur Wolverine. Ce dernier apparaît comme la priorité, la Fox encore sous Tom Rothman comptant bien capitaliser encore un peu sur le mutant aux griffes en adamantium. David Benioff a longtemps travaillé sur le projet, s'inspirant notamment de Wolverine Origins (2001-2002) et de Weapon X (Barry Windsor-Smith, 1991) avec dans l'optique un classement Restricted. Par la suite, Skip Woods (scénariste d'Hitman et de Die Hard 5) se met aux réécritures. On parle de Brett Ratner, d'Alexandre Aja ou encore de Zack Snyder, mais c'est finalement le réalisateur sud-africain Gavin Hood (Mon nom est Tsotsi) qui mettra en scène X Men Origins Wolverine.

Wolverine

Concept-art réalisé par Evan Shipard.

Peu de temps avant sa sortie, le film subit de plein fouet le piratage d'une version non-finalisée. Les internautes diront que la copie piratée n'était pas si différente de celle sortie en salle. Quand on voit le résultat, on n'est pas vraiment étonné, les effets-spéciaux du film étant souvent catastrophiques. Que ce soit Sabrebooth (Liev Schreiber) en slow motion bien ridicule, la transformation finale de Wolverine signant un pur moment de ridicule et évidemment le final avec Deadpool (Ryan Reynolds). En plus d'un décor relevant du grand nawak (une centrale nucléaire abandonnée !), le personnage de Deadpool est totalement dénaturé. Son introduction en début de film avait de quoi faire peur, le montrant causant mais pas drôle et jouant de ses sabres de manière ridicule. Le final le dévoile en Arme X ultime, bouche cousue, avec des lames sortant de ses bras et des marques noires sur le corps.

deadpool

Mon pauvre Deadpool, qu'est-ce qu'ils t'ont fait?

Ce qui vaut à lui seul le dégoût profond qu'inspire ce film. Ce n'est pas le rajout d'une scène post-générique le montrant ramassant sa tête et disant "chut !" qui va sauver les meubles. On comprend d'autant plus l'insistance de Ryan Reynolds de ne pas jouer dans ce film. La Fox lui avait alors dit qu'il pouvait faire une croix sur le personnage s'il ne jouait pas dans Wolverine. On voit le résultat : un désastre complet à l'image d'un film qui n'a ni queue, ni tête. L'intrigue commence comme Origins : James est le fils malade d'un noble, sa femme a une liaison avec le garde, ils ont un autre enfant nommé Victor. Tout va bien jusqu'à ce que le garde tue le noble et que le petit venge subitement son père (adoptif) en sortant des griffes de ses poings. C'est à partir de là que le film part a contrario de son modèle. 

gosse

Victor n'est plus un demi-frère violent cherchant à atteindre les privilèges de James. Ils s'enfuient même ensemble comme si de rien n'était. Outre ce ressort scénaristique éludant la noirceur du comic-book adapté, le film part ensuite dans une tout autre direction au bout de seulement quelques minutes. James et Victor deviennent membres d'Arme X en pleine guerre du Vietnam. Le personnage de William Stryker est présent sous les traits de Danny Huston. Une première incohérence, puisque si Wolverine a rencontré Stryker à cette époque, Stryker aurait donc à peu près l'âge de Huston à l'époque (une quarantaine d'années). Ce qui paraît bien peu crédible avec le rôle de Brian Cox dans X2. De plus, rappelons que Logan et Stryker sont censés s'être rencontrés dans les 80's pour l'opération. Or, ici on serait plus proche des 70's. 

Danny Huston

Deux aspects qui seront également présents dans Days of future past (2014) : Stryker est incarné par un acteur bien plus jeune (Josh Helman) et Logan subit un paradoxe temporel quand il le voit (il ne l'a pas encore rencontré dans les 70's). Comme il paraît peu probable que Sabrebooth s'attaque à Wolverine dans le premier X Men dans ces conditions. A cela, on pourrait rajouter que des éléments de ce film seront complètement révisés par la suite. Cyclope n'aura pas rencontrer Wolverine avant les 80's (ce que l'on verra dans Apocalypse). Emma Frost aura droit à une nouvelle version dans First Class, Charles Xavier ne sera pas chauve avant les 80's, comme il ne pourra plus marcher dès 1963. Quant à Gambit, il hérite finalement de sa seule incarnation dans la franchise sous les traits de Taylor Kitsch (qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il a), le projet de film autour du personnage étant désormais abandonné. 

Arme X

Wolverine apparaît dès First Class comme un film à éradiquer de la timeline générale de la saga. Entre les incohérences et les révisions qui ont suivi, Wolverine n'a plus lieu d'être, en plus d'être une bouse infâme que le spectateur cherche à oublier. La vanne présente en fin de Deadpool 2 (David Leitch, 2016) est en soi presque un soulagement (ceux qui géraient la franchise depuis 2011 en ont terminé avec ce film). Ce n'est pas non plus le fan-service ambiant, consistant à citer le plus de personnages de comics possibles, qui va aider. Qui se souvient de Dominic Monahan ou de Will.I.Am dans ce film ? Probablement pas grand monde et ce n'est peut être pas plus mal. A la prochaine ! 


Article initialement publié le 7 mai 2016.

* Propos issus du making-of d'X Men First Class.

** Propos issus de https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/l-actrice-ellen-page-accuse-le-realisateur-brett-ratner-de-harcelement-sexuel_1959820.html

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Commentaires
T
@ Borat<br /> <br /> <br /> <br /> Même Michael Fassbender avoue que Dark Phoenix est une daube. Pour le reste, voici une vidéo avec laquelle je suis assez d'accord : https://www.youtube.com/watch?v=j3C3hPLJYHU&t=13s
Répondre
T
@ borat<br /> <br /> <br /> <br /> C'est dommage pour Spider Man Far From Home, car, même moi qui n'en attendait pas grand chose, j'ai été surprit par le retournement de situation en plein milieu. Pour X men, perso, je continue à penser que The Last Stand est un chef d'œuvre en comparaison de Dark Phoenix.
Répondre
T
Bonne idée que de revenir sur la saga X Men, même si je ne partage pas forcement ton avis sur tous les films. Par contre, je me marre quand je lis que Dark Phoenix est le meilleur film de super héros sortit l'an dernier, vu comme le film s'est fait massacrer, tu doit probablement être le seul à le défendre. En tout cas, pour ma part, j'ai préféré Spider Man Far From Home.
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A
X Men Origins Wolverine reste à mon sens le pire chapitre de la franchise. Par ailleurs, le dernier épisode en date, Dark Phoenix, suite lui aussi l'opportunisme et le dilettantisme
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A
j'aime bien les deux premiers épisodes de la franchise. Après, disons que c'est par intermittence. Mais les opus 3 et 4 ont failli coûter cher aux producteurs !
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