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8 avril 2020

Cuvée sous le signe du X #2

Après être revenue sur les films sortis durant la décennie 2000, la Cave de Borat s'attaque aux films X Men sortis avant le changement de timeline dans la franchise. Soit le renouveau qui s'installe après deux désastres. Ready ? Go ! (attention spoilers)

  • X Men First Class (Matthew Vaughn, 2011) : Un nouvel espoir

First Class

La Fox ne sait pas vraiment quoi faire de ses mutants depuis fin 2009. D'autant plus que les Fantastic Four n'intéressent déjà plus grand monde (le reboot de 2015 ne fera qu'accentuer cela) et que les droits de Daredevil sont sur le point de revenir à Marvel. Contre toute attente, Bryan Singer finit par revenir au bercail. On dit tout d'abord qu'il doit réaliser "X Men Origins Magneto" que chapeaute le scénariste (et parfois réalisateur) David S Goyer depuis plusieurs années sans succès. Singer et Simon Kinberg choisissent finalement de s'intéresser au run First Class (Parker, Cruz, 2006-2007). "D'autres films sur les origines devaient être tournés, comme celui sur Magneto, mais je me suis dit que son histoire n'était pas suffisante pour justifier un long-métrage. Nous avons donc incorporé dans notre script certaines idées du scénario d'origine, comme le désir de vengeance du personnage suite à la mort de ses parents durant l'Holocauste. C'était plus intéressant d'un point de vue dramatique." *.

FC 2

Singer prévoyait une trilogie sous forme de prequel en cas de succès. Pourtant, le réalisateur des deux premiers X Men finit par partir sur le projet Jack le chasseur de géants qu'il doit à tout prix réaliser pour la Warner, la Fox décidant de fixer la date de sortie de First Class à juin 2011. Il reste toutefois au poste de producteur et choisit Matthew Vaughn, le réalisateur qui devait initialement lui succéder sur X Men : L'affrontement final (Brett Ratner, 2006). Le réalisateur est désormais plus aguerri et a gagné en réputation, bien aidé par Kick Ass (2010) et même Stardust (2007). De plus, cela permet au réalisateur de tourner principalement en Angleterre, lui évitant de rester trop loin de sa famille et d'être dans les délais (le film rentre très vite en production pour pouvoir sortir le film dans les temps). Si Jamie Moss (Rise of the Planet of the apes) et le duo Ashley Miller / Zack Stentz (Thor) s'occupent des premières versions, c'est finalement Jane Goldman qui signe le scénario définitif avec Vaughn.

Matthew

Matthew Vaughn et James McAvoy sur le tournage de First Class.

Même si la direction de la Fox a changé, la production ne se déroule pas sans accroc, le problème des délais trop courts imposant des mesures drastiques et des dommages collatéraux. Parmi eux, le chef-opérateur Ben Seresin renvoyé au début du tournage et remplacé par John Mathieson. Vraisemblablement des problèmes avec Vaughn. Mathieson doit toutefois continuer à tourner dans le style de Seresin. Mais comme on dit : jamais deux sans trois. "Je suis arrivé en octobre. J'ai tourné jusqu'à Noël, et je devais revenir ensuite, mais cela ne s'est pas fait. Il y a eu sept chef-op sur ce film (...) il m'arrivait de donner mon opinion et de partager mes idées (...) mais je passais surtout mon temps à rattraper mon retard, d'autant que le scénario était régulièrement retouché. De mon point de vue, le film se faisait vraiment au jour le jour. (...) A la fin, l'équipe ressemblait à une gigantesque armée, et le plateau à un énorme champ de bataille." (*). 

First Class

Le casting est entièrement renouvelé vu qu'il s'agit d'un prequel, en dehors de Hugh Jackman reprenant le rôle de Wolverine le temps d'un caméo ("allez vous faire enculer."). L'emploi du temps de Benjamin Walker l'empêche de jouer Beast, il sera remplacé par Nicholas Hoult qui est également le Jack du film de Singer. Suite à un désaccord, Alice Eve laisse sa place à January Jones dans le rôle d'Emma Frost. Sur ce dernier élément, cela confirme à quel point Singer a fait le ménage dès ce film sur des aspects qui ont été instauré en son absence. Emma Frost change non seulement d'interprète, mais aussi d'époque (exit l'adolescente-pré-adulte d'X Men Origins Wolverine, ici elle est une mutante d'une trentaine d'années) et de contexte. Emma Frost correspond davantage au personnage du comic-book en faisant partie du Club des Damnés, ce club où la lingerie est reine pour cacher quelques manigances.

X-Men: Le Commencement : photo January Jones, Matthew Vaughn

Emma Frost plus fidèle à son modèle dessinée sous les traits de January Jones.

Sur ce même point, comment ne pas citer Charles Xavier (James McAvoy) infirme à la fin du film, alors qu'il est montré sur ses deux jambes dans The last stand et Wolverine (Gavin Hood, 2009), qui se situent dans les 70's-80's ? N'oublions pas non plus Moira MacTaggert, docteur sous les traits d'Olivia Williams lors des 2000's dans L'affrontement final devenant agent de la CIA en 1962 incarnée par Rose Byrne. Des changements multiples qui se confirmeront dans Days of future past et Apocalypse (Singer, 2014-2016). La faute aussi à un canon pas toujours cohérent et à des problèmes au sein de la production au fil des années. Il n'en reste pas moins que faire oublier définitivement Wolverine au sein de la timeline n'est un drame pour personne. First Class apparaît comme la renaissance de la franchise, celle que l'on attendait depuis 2003 et à laquelle on ne croyait plus.

Chess

"Tuer ne t'apportera pas la paix. -La paix n'a jamais été une option."

Le film réinstalle un univers et des personnages connus, tout en leur donnant une définition que l'on n'avait pas vu autrefois. Charles est un conférencier réputé, mais aussi un grand fêtard (une de ses premières apparitions le montre en train de descendre quelques litres de bière) et amateur de femmes. Vaughn nous présente alors un fait inattendu : Mystique (Jennifer Lawrence) devient ici la meilleure amie de Charles et ils se connaissent depuis l'enfance. Jusqu'à présent, on connaissait surtout la belle bleue comme un personnage malicieux et faisant partie des mutants radicaux, mais souvent dépourvue de réelle personnalité. Vaughn met en valeur le personnage comme jamais auparavant, en montrant un aspect intime intéressant permettant au personnage de se renouveler et de ne pas rester le personnage bleu sexy qui se métamorphose.

Mystique

On connaissait Erik Lehnsherr (Michael Fassbender) comme un être rongé par l'Holocauste (la scène d'ouverture est reprise plan par plan de celle d'X Men), mais nous ne connaissions pas l'entre-deux. Ce film dévoile une face d'autant plus sombre et vengeresse, atteignant des sommets macabres et ce malgré le PG-13 (cf le superbe montage alterné sur l'action de la pièce). S'il entre dans les X Men, c'est aussi pour pouvoir se rapprocher de Sebastian Shaw (Kevin Bacon), un mutant pouvant reprendre toute forme d'énergie et impliqué dans la mort de ses parents. Ce qui est paradoxal car malgré cet événement, Lehnsherr a le même point de vue que Shaw. Frankenstein et sa créature en quelques sortes. Vaughn a la bonne idée d'alterner entre les points de vue de Charles et d'Erik, montrant deux hommes ayant grandi dans des milieux différents et s'étant toujours débrouiller tout seul (Charles évoque le peu d'attention que lui porte sa mère, Erik perd ses parents durant l'Holocauste).

X-Men: Le Commencement : photo Matthew Vaughn, Michael Fassbender

Ils étaient faits pour se rencontrer, mais leurs raisonnements sont différents. C'est là qu'entre en jeu Raven : elle a grandi avec Charles, mais ce dernier ne la voit que comme une petite fille ou soeur et dénigre sa forme d'origine ; Erik la voit comme une femme et l'aime comme elle est. Le rejet qu'il fait de sa transformation humaine est un aspect qui avait déjà été montré dans The Last Stand, quand Erik la laisse dans le fourgon une fois redevenue humaine. Il y a donc une certaine cohérence sur cet aspect. Raven s'affirme en tant que femme fière de sa mutation en rejoignant Erik dans son combat radical, tout en partant l'esprit tranquille avec l'approbation de son ami de toujours. Charles et Erik sont deux êtres qui ont appris à s'aimer et qui se brouillent sur un événement tragique dû à leurs divergences. 

Missile

Vaughn revient au discours de Singer dans le premier film (en plus de la scène des échecs) : Charles et Erik forment les deux faces d'une même pièce, le problème est que l'un est trop bon, l'autre trop mauvais et qu'ils sont en soi irrécupérables. A cela se glisse des personnages peut-être moins forts que ce trio, mais ayant un certain charme. Même si tous n'ont pas des descriptions fantastiques (on pense à Riptide et Azazel), ils sont actifs et suffisamment bien représentés à l'écran pour ne pas passer inaperçu. Beast gagne en intérêt sous les traits d'Hoult, malgré un maquillage laissant parfois à désirer à l'image de certaines CGI. Dévoilé dans The last stand comme un politicien un brin chatouilleux avec Logan, il apparaît ici comme un personnage complexé par sa nature, essayant de la cacher jusqu'à commettre l'irréparable. Le mythe de Docteur Jekyll et Mr Hyde personnifié en une mutation définitive.

Beast

En prenant pour cadre une époque historique bien précise (ce qui était parfois flou dans la franchise jusqu'à présent), Vaughn joue avec la Guerre Froide et plus particulièrement sur la crise des missiles en 1962. Les Mutants deviennent aussi bien les instigateurs de l'événement (Shaw et sa bande) que des menaces potentielles pour les Hommes. Ces mêmes hommes qui ne savent pas comment juger les Mutants, si ce n'est comme des bêtes de foire que l'on regarde devant une vitre. Leurs rares défenseurs passent pour des fous, voire sont rejetés (cf le sexisme ambiant autour de MacTaggert). Une ambiance tendue parfaitement représentée, tout en y ajoutant un côté James Bond à l'image de ce que fera Vaughn sur les Kingsman (2015-2017). Un parfait mélange symbolisé par Shaw campé par un Kevin Bacon en grande forme, méchant machiavélique mais toujours classe et amateur de bonnes punchlines ; et par Fassbender costumé à la manière de Sean Connery période 007. First Class est à la fois la renaissance de la saga X Men, mais aussi un retour aux sources salutaire et nécessaire.

  • The Wolverine (James Mangold, 2013) : Un gaijin au pays des samouraïs

The Wolverine

Avant même la sortie d'X Men Origins Wolverine, la productrice Lauren Shuler Donner cherchait déjà à lui donner une suite, si possible au Japon comme le suggère une des scènes post-génériques (celle supprimée de la version DVD au profit de celle avec Deadpool). Christopher McQuarrie, scénariste d'Usual Suspects (Singer, 1996) et script-doctor sur X Men (idem, 2000), est chargé d'écrire un scénario basé sur le run de Chris Claremont et Frank Miller (1982) imposé par Hugh Jackman (également coproducteur). Darren Aronofsky se retrouve à la réalisation, mais un conflit au sujet de la distance avec sa famille le contraint à partir du projet. A cela se rajoute le drame de Fukushima en 2011 et voilà l'équipe contrainte de trouver de nouveaux décors (en Australie notamment). Beaucoup de réalisateurs feront la queue pour prendre la place du réalisateur de Black Swan : Antoine Fuqua (L'élite de Brooklyn), Gavin O'Connor (Warrior), Justin Lin (Fast and furious 3 à 6), José Padilha (Tropa de Elite), Mark Romanek (One Hour Photo), Duncan Jones (Moon), Doug Liman et Gary Shore (Dracula Untold).

Claremont miller

C'est finalement James Mangold qui emporte le morceau, avec des réécritures de Mark Bomback (Unstoppable) qu'il supervise. La question d'un film Restricted fut évoquée, mais n'a finalement pas eu d'appel... tout du moins en salles. Pour trouver la version longue ou plutôt une version non-censurée (soyons honnête), votre cher Borat a galéré un petit peu. La Fox a multiplié les éditions, au point de ne plus s'y retrouver. Il y a donc le DVD sans (aucune édition DVD ne l'a), le BR simple sans, le coffret BR ou DVD avec les deux spin-off sans, le coffret intégrale DVD ou BR sans, un combo BR 3D / 2D sans, un steelbook avec combo 3D / 2D avec et enfin un digibook BR avec (celui que j'ai). Heureusement que pour Days of future past, le Rogue Cut a une édition bien précise et plus facilement trouvable.

TW 2

L'édition en question.

Au final, cette version aurait dû sortir en salles, d'autant que certains plans étaient déjà présents dans les bandes-annonces. On pense à l'explosion dans le village et à l'agression en pleine nuit des yakuzas sur Logan. Pour la première, la scène est plus violente (Yuko broie tout un lot d'hommes de main avec une machine !) et rallongée par le passage de l'explosion totalement absent du montage salle. La scène devient plus fun, plus fluide et moins expédiée. La seconde s'arrêtait à l'évanouissement de Logan après avoir vu Jean Grey (Famke Jannsen) et il se réveillait ensuite chez le vétérinaire. C'est tout un passage supplémentaire qui se dévoile, avec Logan balancé d'un toit et attaqué au tazer. Il sera sauvé dans les deux cas par Mariko (Tao Okamoto), même si cela apparaît plus pertinent dans cette version.

The Wolverine

Un plan que vous ne verrez que dans la version extended.

Comme souvent ces plans, voire scènes furent évincés car le film était déjà trop long ou trop graphique. Certains plans ont donc des effusions de sang supplémentaires, invisibles en salles à cause du PG-13 et correspondant davantage au ton et à la personnalité de Logan. Pour apprécier pleinement The Wolverine c'est cette version qu'il faut privilégier et particulièrement si vous ne l'avez jamais vu. Une frustration qui n'arrivera pas sur Logan (Mangold, 2017), puisqu'il a eu droit au classement Restricted. Mangold aurait pu revenir à un autre prequel se déroulant après la purge de Gavin Hood et pourtant il prend le pari risqué de faire suite à L'affrontement final. Il prend néanmoins suffisamment de distance (sept ans entre les deux films) pour que cela soit crédible. Quand le film débute après le flashback spectaculaire et le rêve, Logan est un homme errant parti de l'Institut Xavier et encore traumatisé par la mort de Jean Grey.

TW 3

Les différentes scènes de rêves (voire visions comme le montre la scène du toit) le confirment avec une certaine brutalité (comme dans X Men, ce type de rêve le réveille brusquement avec les griffes dehors). Il s'en veut de l'avoir tuer car c'était celle qu'il aimait par dessus tout. Une part romantique que l'on a rarement vu du personnage, même si Singer et Ratner avaient insisté sur le fait qu'il aimait la télépathe jusqu'à en pleurer. Le fait de trouver quelqu'un d'autre et cette fois-ci bien moins destructrice (Mariko donc) lui permet de faire définitivement son deuil. Le chemin de croix continue, puisque dans cet opus Logan a le corps parasité par Viper (Svetlana Khodtchenkova), l'empêchant de se régénérer correctement. Logan devient proche d'un homme, subissant les coups qu'il prend avec de beaux effets de flou montrant ses réactions à la douleur. 

TW4

Les scènes d'action n'en deviennent que plus intéressantes, permettant de voir jusqu'où peut aller Logan. Soit un point de vue que continuera à explorer James Mangold dans Logan, montrant un Wolverine malade et ne pouvant plus se régénérer comme il le souhaite. Le réalisateur fait même une allusion étonnante à son futur film. A un moment, Yuko (Rila Fukushima) révèle à Logan qu'il va mourir d'une certaine manière. Si cela n'arrive pas dans The Wolverine, il se trouve que c'est plus ou moins la mort que lui réserve Logan. The Wolverine est également l'occasion d'entendre enfin la signification du terme Wolverine (glouton) au bout du sixième film de la franchise. Le réalisateur continue en misant sur un duo de gaijins, terme japonais évoquant les étrangers de manière péjorative. Un aspect qui n'est pas sans rappeler Black Rain (Ridley Scott, 1989), où l'Américain (Michael Douglas) et le Japonais (feu Ken Takakura) faisaient équipe seuls contre tous. 

Wolverine : le combat de l'immortel : photo

Deux gaijins face à une grande dynastie. 

Le principe est le même ici avec Logan et Yuko. D'un côté, l'Occidental immortel (certains évoqueront ronin, samouraï sans maître) qui vient voir un ancien ami (Haruhiko Yamanouchi), de l'autre une jeune femme traîtée comme un jouet par celui qu'elle pourrait considérer comme son père (Hiroyuki Sanada). Deux êtres rejetés et formant un duo fusionnel dans une famille rongée par toutes sortes de pouvoir (le grand-père par celui de l'immortalité, le père par celui de l'argent) et dont le seul point positif reste une femme loin d'être fragile (Tao Okamoto). Un univers pas forcément connu du personnage incarné par Hugh Jackman, découvrant comme le spectateur un monde où les coups bas sont de rigueur (la haine du père pour sa propre fille et Yuko atteint des sommets incroyables). Si l'on excepte un final partant un peu trop dans les CGI (mais permettant un renouveau pour le personnage), The Wolverine montre le personnage comme rarement et dans un contexte plus intimiste. 

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Un contraste qui a peut-être désarçonné les spectateurs à sa sortie en salles. Sorti durant un été 2013 plein à craquer de semi-échecs et de bides commerciaux (tous dézingués par Moi, moche et méchant 2), The Wolverine avait rapporté 414 millions de dollars de recettes totales pour un budget de 120 millions. Ce qui est pas mal en tout, mais pas vraiment quand on voit qu'il n'a gagné que 132 millions de dollars aux USA. Sans compter des critiques pas toujours tendres. 

  • X Men Days of Future Past (Bryan Singer, 2014) : Renaissance d'un univers

Affiche DOFP (2)

Matthew Vaughn reste à la barre de cette suite (initialement) de First Class. Il veut mettre en scène l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy du point de vue des mutants, tout en abordant la Guerre du Vietnam et les droits civiques. Il semble que ce soit l'avancement du projet vers le voyage dans le temps qui soit à l'origine de son départ durant la pré-production. Bryan Singer reprend les rênes, bien content de revenir définitivement sur la saga qu'il a initié. Il garde néanmoins les points abordés par Vaughn, notamment en faisant du président suscité un mutant, dont Erik Lehnsherr n'a pas pu dévier la balle meurtrière. Idem pour le Vietnam où Raven fait rapatrier des mutants (dont Havok toujours incarné par Lucas Till) à la barbe de William Stryker (Josh Helman). Simon Kinberg songeait également à intégrer Juggernaut (personnage qui devait initialement délivrer Magneto de sa prison), Nightcrawler, Jubilee et Psylocke. Ils apparaîtront finalement dans Deadpool 2 (David Leitch, 2017) et Apocalypse.  

DOFP

Singer part davantage dans une adaptation libre de Days of Future Past (qui était également le titre de base du projet de Vaughn), run de Chris Claremont et John Byrne (1981) où Kitty Pride partait en 1980 pour que Mystique ne tue pas le sénateur Kelly et engendre la mort des mutants par les Sentinelles. Sur ce point, le réalisateur modifie un point central puisque ce n'est plus Kitty, mais Wolverine qui part dans le passé. Pride n'en reste pas moins la personne qui lui permet de voyager jusqu'en 1973 (là aussi période modifiée par rapport aux comics et à peu près raccord avec celle envisagée par Vaughn). De même, ce n'est plus Kelly qui est assassiné mais Trask (Peter Dinklage), le créateur des Sentinelles. Days of Future Past est aussi un véritable problème de logistique, puisque Singer doit jouer avec l'emploi du temps de ses acteurs.

X-Men: Days of Future Past : Photo James McAvoy, Patrick Stewart

Passé et futur réunis le temps d'une scène.

Le réalisateur jongle entre les acteurs qu'il a dirigé autrefois (sauf Ellen Page qui était présente dans le film de Ratner), une bonne partie du casting de First Class et de nouveaux arrivants à l'image de Dinklage ou d'Omar Sy. Il faut dire que DOFP est à la fois une suite à The Wolverine, mais aussi une sequel de First Class, tout en étant un renouvellement de la timeline de la saga. Si la version salle était déjà d'un bon niveau, il faut bien dire que le Rogue Cut gagne beaucoup plus en cohérence au niveau de son montage, tout en rajoutant des scènes. Un plan de la première bande-annonce dévoilait Malicia (Anna Paquin) secourue par Lehnsherr (Ian McKellen). Des plans que Singer avait supprimé à contre-coeur lors de la phase finale de montage, son producteur Hutch Parker trouvant que cela ralentissait le film avec une mission à part. Tellement qu'il a finit par produire un autre montage avec ces éléments, admirez l'ironie. 

Malicia

Malicia, un rajout dans le second montage pour le moins pertinent.

Le personnage est de nouveau intégré et de manière logique, tout du moins si on n'évoque pas une incohérence malheureuse. En effet, Malicia avait pris le sérum dans The Last Stand, lui faisant perdre ses pouvoirs. Or, ici elle les a. Sérum défaillant ? Peut-être mais cela n'est pas précisé, tout comme l'énigme entourant le retour de Charles Xavier (Patrick Stewart) vivant ou Magneto retrouvant ses pleins pouvoirs. Un manque d'informations dont la saga X Men était récurrente, faute d'avoir eu un enchaînement cohérent dès le troisième film. Un signe aussi que Singer cherche à retirer ce qui ne lui convenait pas dans les opus précédents et ce malgré qu'il reste dans la continuité de la franchise. Comme montrer un Stryker bien plus jeune que dans Wolverine où il était bien trop âgé sous les traits de Danny Huston. Pour rester dans les incohérences, il est assez improbable que le personnage de Mystique soit capturée suite à l'assassinat de Trask.

X-Men: Days of Future Past : Photo Jennifer Lawrence

Tout simplement parce qu'on ne l'imagine pas s'évader des centres de Stryker et réapparaître au début des 2000's comme si de rien n'était aux côtés de Magneto. Même si Singer reprend le point initial des comics, au cinéma on a un peu de mal à y croire. Pour revenir à Malicia, le rôle paraît essentiel à l'intrigue et modifie le montage salle considérablement. Dès son sauvetage, le film change de trajectoire les scènes du futur. Le sauvetage permet même de faire un montage alterné entre Magneto dans le passé, récupérant un casque dans un musée (scène présentée de manière classique dans le premier montage) ; et celui du futur, sauvant Malicia à l'Institut Xavier (devenu un laboratoire pour disséquer des mutants) et où la mort d'Iceberg (Shawn Ashmore) est modifiée. Dans le montage originel, il mourait suite à l'assaut final des Sentinelles où il sauvait Magneto.

Iceberg

Days of Future Past, un film qui ne laisse aucun échappatoire à ses héros.

Le rajout de Rogue donne un sens plus tragique et beau à la mort de Bobby Drake (il se sacrifie pour sauver son ancienne petit-amie, tout en faisant ses adieux à Kitty Pride avant cela), mais aussi plus de cohérence. En prenant les pouvoirs de Kitty, Malicia peut lui permettre de se reposer et de protéger Magneto juste avant une attaque des Sentinelles, ce qui était impossible dans le premier montage. De plus, on nous apprend pourquoi les Sentinelles peuvent reproduire les pouvoirs des mutants pour les tuer (les pouvoirs de Malicia sont utilisés par les autorités). Un élément qui était autrefois complètement évincé du récit pour privilégier la piste Mystique. Le Rogue Cut permet aussi de raviver l'amour de Beast pour Raven dans une scène d'amour bestiale. Une scène pas si anodine, car Hank en viendrait presque à accepter sa nature sauvage. Ce rajout permet également à Mystique d'endommager le Cérébro et ainsi de ne pas se faire repérer par Xavier par la suite (ce qui n'est pas sans rappeler la scène similaire d'X Men).

Beast Mystique

Des rajouts qui permettent de voir que Raven n'est pas si mauvaise, regrettant par la même occasion de s'être éloignée de Charles pour rester auprès d'Erik. Ce qui marque particulièrement cet opus est le regard totalement pessimiste porté par Singer sur ses personnages, que ce soit dans le passé ou le futur. L'univers futuriste peut paraître soudain, d'autant que l'univers sur les trois premiers films n'a jamais été clairement défini ("un futur pas si lointain" disait X Men). Si l'on part du principe que The Last Stand se situe en 2006, rajoutez les sept années le séparant de The Wolverine, puis les deux ans qui sépare le film de sa scène post-générique annonçant DOFP. Au final, on tombe sur 2015 et DOFP se déroule en 2023. Il se peut donc que l'avenir radieux laissé par The Last Stand soit perverti subitement, donnant lieu à un nouvel Holocauste. 

DOFP 2

Le réalisateur va même plus loin, puisque même les Hommes essayant de sauver les Mutants ou pouvant les engendrer sont exécutés ou cloîtrés dans des camps à faire pâlir les nazis. Le réalisateur multiplie également les exécutions brutales, rendant même émouvantes les morts de personnages installés juste pour ce film. Certains sont incinérés, d'autres éventrés, Colossus (Daniel Cudmore) est à la fois tué par un coup mortel au crâne et par un écartelement en plan large, Iceberg est au départ décapité avant que son crâne ne soit éclaté... Singer repousse très souvent les limites du PG-13 pour dépeindre cet univers post-apocalyptique et sans pitié. Il ne l'est pas moins avec les personnages de 1973. Charles apparaît comme un homme blessé et reproche à Erik son abandon, tout comme ce dernier regrette que son ancien ami ne l'a pas soutenu dans sa cause.

M X

Deux personnages irréconciliables jusqu'à un final où le mutant magnétique met en danger son propre peuple à force d'actes trop radicaux. Singer aborde également le thème de la drogue avec ce sérum permettant à Xavier de retrouver ses jambes, mais l'empêchant d'exercer ses pouvoirs de télépathe. Il faudra bien une scène entre le Charles de 1973 et le Xavier de 2023 pour que le personnage se reprenne définitivement. On doit une des scènes les plus impressionnantes de ces dernières années au nouvel arrivant Quicksilver (Evan Peters). Singer ne se fait d'ailleurs pas prier pour en faire le fils de Lehnsherr le temps d'une private joke bien sentie. La scène permet de voir toutes les capacités du personnage dans un temps ralenti où il peut s'exécuter. Un vrai bijou qui sera réitéré dans Apocalypse et Dark Phoenix (Kinberg, 2019).

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Et Logan dans tout cela ? Le choix de le prendre comme corps propice au voyage dans le temps est logique, puisqu'il existait déjà à cette époque. Cela permet même une superbe séquence de paradoxe temporel, puisque Logan devient perturbé en 1973 quand il est face à Stryker. Toutefois, le retour de l'adamantium dans le futur n'est jamais expliqué. Il se peut que les événéments avec Stryker soient similaires dans les timelines de DOFP et Logan, mais comme souvent les non-dits récurrents de la franchise n'aident pas. Dans le sillage de The Wolverine, Logan apparaît comme un être meurtri, ayant vu ses amis mourir au fil du temps et le seul vestige d'un monde qui n'existera plus. Le voir débousolé à la vision de ses amis finalement vivants dans la nouvelle timeline rend la scène d'autant plus émouvante. 

Happy end

Les morts ne sont jamais enterrés tant qu'il y a de l'espoir.

Et ce même si cette timeline apparaît comme modifiable si on prend certains éléments de Dark Phoenix en compte. En effet, Jean meurt à la fin de ce film, mais on peut un Phénix dans le ciel dans le dernier plan, évoquant une potentielle renaissance. Donc peut-être que la Jean vue en fin de DOFP est bel et bien revenue à la vie depuis 1992 ou alors la timeline a été modifié par Dark Phoenix. L'univers X Men tel que nous le connaissions est définitivement changé à partir de DOFP, partant ainsi vers d'autres horizons. Un recommencement. A la prochaine ! 


Article initialement publié le 14 mai 2016.

* Propos issus de Mad Movies numéro 241 (mai 2011).

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Commentaires
M
Bonjour ! Votre article est vraiment complet, c’est donc un plaisir de le lire surtout pour un grand fan comme moi. Personnellement, j’espère qu’il y aura d’autres films des X-Men pour quelques années encore.
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B
Ou à la citation de personnages comme le faisait un peu trop Apocalypse (on attend encore le film où Jubilee servira à quelque chose). Pas qu'elle n'est pas jojo mais elle est moins convaincante que le reste du film.<br /> <br /> Si c'est un steelbook ou un digibook elle est logiquement dedans.
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P
Je viens de relire le passage sur "Le combat de l'immortel", reprise en main très réussie par James Mangold. Contrairement à d'autres opus de la franchise, il s'agit d'abord d'une belle réussite artistique qui permet d'élever le genre un peu au-dessus de sa fonction récréative, pas limitée au fan service. Effectivement la fin n'est pas jojo, mais le spectacle servi précédemment vaut le coup, et certainement plus encore dans la version "extended" que tu indiques. J'ai investi (j'espère dans la bonne), il me reste à la découvrir.
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B
Les x men ont réussi à se renouveller au fil du temps avec des films qui justement vont dans d'autres directions. On le voit visiblement avec Logan qui est un film plus violent, plus proche d'un Peckinpah que d'un comic book. Dc on ne sait pas trop car malheureusement ça mais BVS est le meilleur film de super héros de ces 7 dernières années et Man of steel ce qui s'est fait de mieux sur Superman. Marvel avec Disney est en effet plus dans ce que tu critique et je te rejoins.
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A
je parlais des films de super héros en général. D'une façon générale, je trouve les films interchangeables
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