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2 juin 2016

Cuvée last lethal weapon

Après être revenu sur son nouveau film la semaine dernière, votre cher Borat part rejoindre sa Cave pour vous parler de Shane Black. Son nom ne dit pas forcément grand chose au spectateur lambda et pourtant il connaît souvent au moins un des films qu'il a scénarisé. Commençant comme acteur (en plus d'être script-doctor dessus, il fut aussi la première victime du Predator!), il décide de se mettre à l'écriture sous l'impulsion de Fred Dekker, ami avec qui il co-signera The Monster Squad (1987). Une histoire de soldats zombies nommée Shadow Company qui ne verra jamais le jour, mais c'est assez pour le convaincre de continuer dans ce domaine. Le producteur Joel Silver le repère et le paye 250 000 $ pour le script de L'arme fatale (Richard Donner, 1987). Le succès est fracassant, vraisemblablement beaucoup trop pour le scénariste qui en vient à entrer en dépression. A cela se rajoute rapidement des désaccords. Il n'est crédité que pour le script original de L'arme fatale 2 (Donner, 1989), Silver refusant de faire tuer Martin Riggs (Mel Gibson) comme initialement prévu. Le script sera modifié par Jeffrey Boam (Dead Zone), mais cela n'empêche pas l'influence de Black d'être très présente. Ce ne sera plus le cas pour les suites suivantes où il ne sera plus impliqué. De même, la production de The last boy scout (1991) se passe très mal, des divergences d'opinions ayant lieu entre Silver et lui, tout comme avec le réalisateur Tony Scott et des modifications du script ont lieu (le fils du sénateur tabassé par Bruce Willis était impliqué dans le complot).

Predator 

Shane Black, une bonne tête de porte-bonheur.

A l'image de Joe Eszterhas (Basic Instinct), Black devient une véritable star avec des scénarios se négociant jusqu'à 4 millions de dollars. Une folie qui va entraîner sa chute, les journalistes se payant sa tête à longueur de papiers (on l'accuse même de faire augmenter le crime à cause du nombre de morts dans ses scripts!) et les fameux scénarios donnent lieu à des échecs commerciaux retentissants. Les titres? Last Action Hero (John McTiernan, 1993) et The Long kiss goodnight (Renny Harlin, 1996). Il se retire, subit même le syndrome de la page blanche et en vient même à louer sa maison pour un épisode d'X Files (1993-) ! L'acteur W Earl Brown témoigne de ce moment au combien impensable dans les années 90: "Le tournage du jour se déroule dans une maison à Hancock Park. Je me dis, 'Mais à qui appartient cette maison?'. Et puis soudain un type apparait, errant dans la pièce, en robe de chambre. Je demande au réalisateur qui est ce type bizarre. 'Oh, c'est le propriétaire de la maison. C'est le scénariste Shane Black.' Quoi, c'est le mec qui écrit L'Arme Fatale? Le scénariste le mieux payé d'Hollywood? Mais qu'est ce qu'il fout à louer sa maison pour des tournages, et à demander si tout se déroule bien, habillé en robe de chambre?" (*). Il attend son heure, celle qui arrive en 2005 avec sa première réalisation Kiss Kiss Bang Bang (2005) chapeautée par son mentor Joel Silver. Dès lors, Black n'écrira que pour lui, lui permettant de contrôler ses futurs projets.

Kiss kiss, bang bang : photo Joel Silver, Shane Black

Shane Black et Joel Silver sur le tournage de Kiss Kiss Bang Bang.

Enfin, du mieux qu'il peut comme le confirme certaines difficultés survenues sur Iron Man 3 (2013, voir La Marvelverse gagne en épaisseur). Mais un scénario de Shane Black se reconnaîtra toujours à travers des astuces scénaristiques dont il a le secret. La Cave de Borat compte bien y revenir plus longuement aujourd' hui. Ready? Go! (attention spoilers)

  • Le buddy movie

L'Arme fatale : Photo Danny Glover, Mel Gibson, Richard Donner

Riggs et Murtaugh, un duo à l'origine du cinéma de Shane Black.

S'il y a bien une marque de fabrique chez Shane Black, c'est bien de s'attacher particulièrement au buddy movie. Pour les deux du fond, c'est un type de films consistant à mettre en scène deux personnages aux caractères et / ou physiques totalement opposés. A ce niveau, on peut citer le couple Laurel et Hardy avec le maigre qui pleure et le gros qui râle. A partir des années 80, il a surtout été question de duo dans des films d'action ou policier. C'est le cas de 48 heures (Walter Hill, 1982) avec Nick Nolte en policier et Eddie Murphy en arnaqueur et surtout de L'arme fatale. En dehors de The Monster Squad, tous les films scénarisés et / ou réalisé par Shane Black sont des buddy movies. Comme 48 heures, il est souvent question de jouer sur la mixité du duo avec un homme blanc et un homme afro-américain. C'est le cas chez Richard Donner (Mel Gibson et Danny Glover) où l'aspect familial est très visible (Riggs s'intègre à la famille de Murtaugh), mais également The last boy scout (Bruce Willis et Damon Wayans), The long kiss goodnight (Geena Davis et Sam Jackson) et Iron Man 3 (Robert Downey Jr et Don Cheadle). Toutefois, il arrive parfois que le buddy movie selon Shane Black se fasse avec un adulte et un enfant. C'est le principe de Last Action Hero (le héros est un jeune garçon se retrouvant à collaborer avec le héros de film d'action qu'il adore), mais aussi durant plusieurs minutes d'Iron Man 3 (le garçon aidant Stark à remettre son armure en état).

Arnold et Danny

Jack et Danny, un duo qui défie les générations.

Pour ce qui est du physique, il est rare que les deux personnages soient au même niveau. Pour preuve, Murtaugh n'est pas aussi bestial que Riggs (même s'ils ont fait l'armée tous les deux); Geena Davis est une tueuse surentraînée face à un Sam Jackson bourrin du dimanche; et Iron Man a une meilleure armure que War Machine tourné régulièrement en ridicule au cours du film (Iron Patriot quelle bonne blague). Comme Val Kilmer montre la voie du privé à Robert Downey Jr jusqu'à lui montrer qu'il est un as de la gachette par le plus surréaliste des endroits. Dans le pire des cas, les deux personnages sont égaux à l'image des larrons de The last boy scout, Willis étant une loque alcoolique, Wayans un joueur déchu par les scandales. Un duo improbable mais soudé.

  • Le flic et le privé

 L'Arme fatale : Photo Mel Gibson, Richard Donner

L'arme fatale aux côtés de sa femme.

Comme évoqué dans le précédent segment, le buddy movie est omniprésent dans la filmographie de Shane Black et il a les trois quarts du temps deux types de personnages principaux: le policier ou le détective privé. A ce titre seul Iron man 3 ne possède pas de personnage de ce type. Pour The Monster Squad, il s'agit plutôt d'un second-rôle, puisque c'est le père d'un des héros (Stephen Macht). Commençons d'abord par les policiers. Murtaugh comme Jack Slater sont des pères de famille. D'ailleurs dans le film où s'introduit Danny Manigan (Austin O'Brien), la fille du policier est même introduite pour l'occasion (Bridgette Wilson), histoire de donner du corps au film dans le film. Pourtant, Slater se rapprocherait davantage de Riggs. Tout deux ont perdu un être cher (Riggs sa femme, Slater son fils) dans un contexte criminel (elle a été tué par des sud-africains véreux, il est tombé d'un toit avec l'Eventreur). A la différence que chez Slater, il s'agit davantage d'un cliché permettant au personnage d'avoir un peu plus de psychologie (Schwarzy en mode réel en vient à le souligner en mode promo durant le film). Après tout c'est un personnage de cinéma dans un film, qui plus est une parodie des rôles de Schwarzy qui ont tendance à être de purs bourrins fonçant dans le tas, y compris dans des productions Silver. De plus, Slater est un héros d'action typique: un bulldozer qui dégomme tout ce qui passe devant lui et s'en sort toujours à la fin. On peut lui tirer dessus un nombre incalculable de fois, il ne prendra aucune balle (ni même ne mourra dans une explosion). 

Une entrée qui casse des oeufs.

Ce qui n'est pas non plus sans rappeler Riggs, lui aussi un personnage explosif pouvant littéralement casser la baraque.Pour autant, le drame donne des tendances suicidaires à Riggs y compris dans son boulot, au point que son association avec Murtaugh lui permet de passer à autre chose. Il n'en reste pas moins que le destin en veut à Riggs et particulièrement à ses femmes. Un personnage complexe qui, alors qu'il touche au bonheur, finit toujours par voir la mort à l'arrivée. Le final de L'arme fatale 2 n'en paraissait que plus logique, bien aidé par la chanson Knockin' on heaven's door (on ne peut pas faire plus évident). Pourtant par un rebondissement improbable, Riggs est de retour juste un peu amoché par de multiples balles. Des intentions purement commerciales, Mel Gibson est plus connu que Danny Glover et Silver comme Warner souhaitent bien continuer à exploiter le filon. On comprend pourquoi Black a été vite écarté. Dans le même genre, le privé Holland March (Ryan Gosling) dans The Nice Guys n'est pas loin de le rejoindre. Là aussi, le personnage s'en veut de la mort de sa femme. Dans L'arme fatale 2, Riggs évoque qu'il aurait dû être le conducteur comme March dit que s'il n'avait pas eu un problème d'odorat, il aurait pu sentir le gaz dans la maison. A cela se rajoute des rapports avec Joe Hallenbeck, le personnage incarné par Willis dans The last boy scout. Tout deux ont commencé à boire à cause d'un événement (March la mort de sa femme, Hallenbeck son licenciement des services secrets) et en viennent à se négliger, avant de reprendre du poil de la bête avec une affaire en or.

Bruce

The Nice Guys : Photo Ryan Gosling 

Joe et Holland, même combat pour remonter la pente.

Ils ont également le même type de relation avec leurs filles respectives. Danielle Harris n'hésite pas à remettre son père à la place qui doit être la sienne, quand Angourie Rice n'hésite pas à prendre les devants et à s'affirmer face à des adultes souvent immatures. Marvin (Sam Jackson) et Harry (Robert Downey Jr) dans Au revoir à jamais et Kiss kiss bang bang apparaissent plus comme des gars arrivant au mauvais endroit, au mauvais moment et essayant de s'en sortir de manière héroïque. Leurs associés (Geena Davis pour l'un, Val Kilmer pour l'autre) ont des méthodes beaucoup plus musclées. Quant à Jackson Healy, il apparaît comme une brute au grand coeur, pendant actionner de Marsh dans The Nice Guys. Ce qui n'est pas sans rappeler quand il contemplait aussi Kim Basinger deux décennies plus tôt dans ces mêmes rues de Los Angeles.

  • Les enfants

The monster squad

La Monster Squad au grand complet.

Si les films de Shane Black sont souvent burnés avec des héros liquidant un bon paquet de bonhommes, les enfants et adolescents ont souvent une place centrale au sein des intrigues. Dans The Monster Squad, ce sont même les personnages principaux. Une sorte de version fantastique des Goonies (Richard Donner, 1985), où les enfants sont seuls et les seuls à pouvoir combattre Dracula, la créature du marais, une momie et un loup-garou. Les seuls car non seulement la police n'arrive pas à arrêter le loup et ce à plusieurs reprises (pas faute de se dénoncer!), mais surtout c'est les seuls à avoir suffisamment d'imagination pour savoir à quoi ils ont affaire. Lorsque l'un des enfants dira à son père qu'il y a une momie dans son placard, ce dernier ne regardera pas l'intérieur du meuble ouvert, ne faisant que faire un peu plus peur au petit voyant bel et bien la créature! D'autant qu'à l'image de Chris Columbus et Richard Donner, Black a beaucoup d'affection pour ses héros, quand bien même il en fait des clichés. Il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'il y a un cinéphile dans le groupe, tout comme un grand nombre de gosses opressés (le petit gros qui finit par devenir un héros en point d'orgue). Peu avant, L'arme fatale faisait de la fille de Murtaugh (Traci Wolfe) un enjeu au cours du récit. Comme évoqué plus haut, Danielle Harris et Angourie Rice incarnent des enfants dégourdies, usant de leur répondant face à leur père souvent à côté de la plaque.

Danielle

MARSH 

Les filles de Bruce Willis et Ryan Gosling, deux grandes filles n'ayant pas besoin de leur papa.

A ce titre, comment ne pas évoquer le mythique Danny Manigan, cinéphile indéniable, seul personnage à comprendre les délires de Jack Slater IV en bon fan qu'il est de la franchise. Les codes du cinéma utilisés par Danny sont les mêmes que ceux de Black et c'est aussi par lui que les références deviennent jubilatoires. Il est comme le spectateur: quand il voit Sylvester Stallone en Terminator il sursaute! Quand il voit un commissariat où se retrouvent un chat, un hologramme de Humphrey Bogart (encore un hommage au pulp cher au scénariste) ou le tueur de Mozart (F Murray Abraham évidemment!), il semble comme le spectateur totalement abasourdi par un univers totalement foutraque et irréel. Un univers de cinéma. Danny apparaît non seulement comme un fin connaisseur (après tout, il a vu des éléments que Jack ne connaît pas), mais aussi une grande aide à Jack. Danny est un des rares spectateurs à avoir tutoyer le héros de ses rêves et on l'envie un peu pour cela. Ty Simpkins est dans ce même type de situation dans Iron Man 3, devenant le sidekick d'un jour de Tony Stark et est un bricoleur débrouillard. On ne peut pas forcément en dire autant d'Yvonne Zima dans The long kiss goodnight, totalement passive jusqu'à se retrouver dans le mauvais camion!

  • Des éléments qui se répondent

Pour terminer cette cuvée, revenons probablement sur un élément important. Les tics scénaristes de Shane Black sont nombreux, mais beaucoup d'éléments peuvent se répondre au fil de ses scénarios. Il n'est pas étonnant de retrouver une chanson au début des films qu'il scénarise. Avant de montrer la fille Hunsaker faire le grand plongeon, le spectateur aura droit à Jingle Bell Rock (Bobby Helms, 1957) en générique, Shane Black ayant tendance à poser l'action de ses films aux alentours de noël. Ce sera également le cas dans Au revoir à jamais et Iron Man 3 (Stark offrant même un ours en peluche géant à Pepper Potts). Notons également Michelle Monaghan, certainement une des plus belles Mère Noël de tous les temps. Le début de The last boy scout est assez similaire avec une musique avant un suicide (celui d'un joueur de NFL en plein match). Tony Scott pousse même le délire plus loin en faisant du générique un pur clip avec chanteur, chanson pétaradante à la gloire de la NFL (avant de la démonter), pom pom girls et la bannière étoilée! On ne peut pas rêver plus beau contraste avec le sujet du film. Celui-ci (critique des magouilles de la NFL) fait d'ailleurs écho à l'enquête de The Nice Guys, qui s'attaque aux groupes automobiles polluants dans les 70's. Last action hero débute par What the hell have I d'Alice in chains (1992).

Pour débuter Iron Man 3, Black a opté pour le radical I'm blue d'Eiffel 65, perdant au passage votre cher Borat le temps de quelques instants. Enfin, The Nice Guys débute tranquillement par les Temptations (Papa was a rolling stone, 1972)... avant lui aussi de montrer un personnage mourir! La voix-off fait aussi partie intégrante des films de Shane Black, même s'il faudra attendre Au revoir à jamais pour que ce soit le cas. L'héroïne amnésique raconte alors son parcours avant de laisser la narration opérée. Un élément qui sera réutilisé dans ses trois réalisations. Dans Kiss Kiss Bang Bang, le scénario se concentre au maximum sur Harry au point de ne prendre en compte que son seul point de vue. D'autant plus que le film est très écrit, permettant à Robert Downey Jr d'effectuer un vrai numéro de moulin à parole. Dans Iron Man 3, la narration en voix-off apparaît peu et on apprendra à la fin qu'il s'agissait d'une conversation entre Stark et Bruce Banner (Mark Ruffalo). Dans The Nice Guys, la voix-off opte pour deux personnages aux tempéramments bien différents (Russell Crowe le dur à cuir, Ryan Gosling le privé à la petite semaine). Pour ce qui est des climax, Black a souvent misé sur les ports que ce soit dans L'arme fatale 2 ou Iron Man 3 et parmi d'autres décors récurrents de Los Angeles, on peut noter que des éléments se passent souvent sur un pont d'autoroute (le climax de Kiss Kiss Bang Bang, celui de Au revoir à jamais, un des passages de The Last Boy Scout). 

La pluie est aussi de la partie dans les climax de L'arme fatale (qui se déroule dans une bourgade comme dans The Monster Squad) et Last action hero. A cela rajoutons que les hélicoptères mettent souvent à rude épreuve nos héros. Dans les Armes fatales, Hunsaker se fait tuer par Gary Busey depuis un hélico et Riggs se fait canarder chez lui. Dans Last action hero, l'hélico zigouille tout un étage, sans toucher le brave Jack Slater. Enfin, on pourra noter les ennemis se servant de l'engin volant pour le climax de Au revoir à jamais et dans Iron Man 3 pour une scène assez similaire à celle de L'arme fatale 2, mais avec plus de cgi. Pour finir, évoquons le petit clin d'oeil de Michael Kamen, reprenant le temps de quelques instants l'un de ses thèmes de L'arme fatale dans Last action hero. Il s'agit du moment où le vieux flic afro-américain dit "à deux jours de la retraite", allusion évidente à Murtaugh!

Allez à la semaine prochaine!


* Propos issus de http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Lhistoire-secrete-de-Shane-Black-De-Au-revoir-jamais-Kiss-Kiss-Bang-Bang-les

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Commentaires
T
Je connais assez le travail de ce bonhomme mais je garde un excellent souvenir de Kiss Kiss Bang Bang :)
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A
Merci de rappeler que Last action hero débute par le morceau What the hell have I, pas mon morceau préféré du groupe par ailleurs...
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