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10 août 2016

Cuvée gravée dans la peau

Après les aventures d'Ethan Hunt et du double-zéro l'an dernier, la Cave de Borat va s'intéresser à une autre franchise marquante du cinéma d'espionnage. On aurait pu évoquer les missions du fameux Harry Palmer (Michael Caine pour les intimes), mais restons aux Etats-Unis avec Jason Bourne. Créé en 1980 par Robert Ludlum, le personnage avait déjà été adapté en 1988 pour la télévision, avec Richard Chamberlain dans le rôle de Bourne. De même, Jean Van Hamme n'a jamais caché s'être inspirer de La mémoire dans la peau pour la bande-dessinée XIII (1984-). Jugez plutôt: un tueur, qui plus est soupçonné d'avoir tué le président des Etats-Unis, se retrouve sur une plage totalement amnésique. Cette cuvée va ainsi revenir sur la trilogie et le spin-off servant de quatrième opus, à l'occasion de la sortie de Jason Bourne de Paul Greengrass. Ready? Go! (attention spoilers)

  • La mémoire dans la peau (2002) : L'espionnage a un nouveau nom

La Mémoire dans la peau : Affiche

L'air de rien, il faut revenir à Jack Ryan pour trouver une franchise 100% américaine de films d'espionnage. Trois opus à l'époque (deux autres se rajouteront en 2002 et 2014), dont on ne retient en général qu'A la poursuite d'Octobre Rouge (John McTiernan, 1990). Puis il y a eu les deux premiers Mission impossible (Brian de Palma, John Woo, 1996, 2000), la trilogie parodique Austin Powers (Jay Roach, 1997-2002) et l'adaptation de la série Drôle de dames (McG, 2000) dont on évitera de parler, tout comme les premiers opus de Spy kids (Robert Rodriguez, 2000, 2002). Le genre reste prioritairement anglais avec l'impitoyable James Bond qui régne de mains de maître sur le genre, même si on notera un beau lot de casseroles (dont pas mal venant de la période Roger Moore). Puis vint le seigneur Bourne, Jason Bourne. 007 n'est pas encore parti en vacances prolongées que Bourne se prépare sous l'impulsion du producteur Frank Marshall, collaborateur notable de Steven Spielberg. Cela ne s'est pas fait sans difficulté, le réalisateur Doug Liman venant du milieu indépendant et Universal n'étant pas d'accord sur bien des points. Comme on peut le penser, Universal voulait certainement plus d'action. Si le film en a, il mise davantage sur l'infiltration. Une chose que James Bond avait perdu, tout comme Ethan Hunt sous la direction de John Woo, au profit de scènes d'action toujours plus acadabrantesques dans les deux cas.

Bourne la nuit 

A cela se rajoute des réécritures dues au studio allant jusqu'à déplacer la sortie du film de septembre 2001 à juin 2002 aux USA. Dans cette optique, le film a dû passer par des reshoots pour des scènes alternatives, histoire que les événements soient antérieurs à 2001 et donc aux attentats du World Trade Center. Il n'en sera finalement rien, le montage initial ayant passé les projections-test sans encombre. Le début et la fin alternatives sont toutefois disponibles sur le DVD (et probablement le BR) pour une "version longue explosive" (ah les arguments marketings...). Pour réduire les coûts, Universal songeait également à tourner à Montréal plutôt que Paris, ce qu'a refusé Doug Liman avec raison, voulant avant tout être authentique. Heureusement, tant l'atmosphère de La mémoire dans la peau (The Bourne Identity) est européenne et on reconnaît facilement la ville, là où un tournage à Montréal aurait certainement été bien différent. Le film n'est pas un succès retentissant, mais la critique le promulgue avec attention. En France, l'accueil est plus mitigé avec un peu plus de 700 000 entrées, faute d'une sortie en septembre, synonyme de moins d'attente et donc de moins de spectateurs dans les salles. Pourtant, le film est aussi bien accueilli par la presse et gagne en réputation chez les spectateurs au fil des rediffusions télévisées. Un succès qui permet à Matt Damon de s'imposer définitivement dans le paysage hollywoodien et de montrer qu'il peut être un leading-man solide.

Chris cooper

Le scénariste Tony Gilroy et Liman vont dans une direction opposée aux derniers James Bond: anti-spectaculaire et surtout un personnage qui n'est pas forcément attachant (et ce même si Bond a des tendances machistes certaines). Mieux encore, le personnage est amnésique et tout le long des trois premiers opus, il cherche ses origines. Chaque opus sera l'occasion d'explorer une phase de son passé, à chaque fois un événement antérieur au précédent. Ici il s'agira de l'événement qui l'a rendu amnésique. Là où le scénario est habile est dans le fait que le spectateur est aussi vierge que Bourne. Même si le début aligne les montages alternés entre Bourne et le bureau de la CIA que dirige Alexander Conklin (Chris Cooper), le spectateur n'a jamais une réelle longueur d'avance, ne savant pas forcément dans quoi il est embarqué. Il avance comme Bourne dans les souvenirs de ce dernier, au point d'en devenir un témoin privilégié. Au fur et à mesure du film, on remarque aussi un aspect schizophrénique qui continuera à être exploité dans les volets suivants. Outre les multiples identités, Bourne a de plus en plus peur de l'homme qu'il était autrefois. Même s'il a toutes ses capacités (habileté au combat au corps à corps, au maniement des armes, langues...), il n'est plus l'homme qu'il était autrefois, l'espion indestructible de la CIA. Le personnage se remet constamment en question, y compris dans la gravité de ses actes.

bourne et marie

Sauf que la CIA voit toujours en lui l'agent dévastateur qui en sait beaucoup trop, dont il faut maquiller les faits et le liquider au plus vite pour éviter les fuites. La quête identitaire est donc aussi importante que la chasse à l'homme, sans que l'un n'empiète sur l'autre. D'où l'utilisation évidente du montage alterné. Le seul repère humain de Bourne est Marie (Franka Potente), personnage naïf mais plus attachant que Bourne, lui permettant de garder les idées claires et de ne pas rester seul dans sa quête. Un sidekick plus que bienvenu dans un univers froid, vestige d'un autre temps. Celui de la Guerre Froide, ce temps soi-disant révolu alors que la CIA est encore bien implantée en Europe. Bourne a été conditionné dès les 80's autour du monde. La politique de Bush Jr n'est pas encore au centre de l'intrigue, le film ayant été tourné avant le 11 septembre 2001 (si l'on ne compte pas les reshoots effectués après). Cet aspect sera mieux mis en valeur dans les volets suivants. Toutefois, la CIA n'est jamais montrée sous un beau jour, s'attaquant à des hommes politiques qui ne leur conviennent pas et en faisant le ménage en temps voulu. C'est ce qui se passe avec Nykwana Wombosi (Adewale Akinnuoye Agbaje). Bourne devait s'en charger, c'est finalement le tueur incarné par Clive Owen qui finira le travail, car Bourne a manqué de sang froid. Il n'a pas voulu le tuer devant son enfant.

Bourne fusil

Le fait que la CIA soit aussi critiquée avait fait tiquer le studio, essayant de tout faire pour noyer le poisson, en vain. Même si cet aspect n'aura de réponse que dans le spin-off, on peut voir que le conditionnement de Bourne et ses camarades vient peut être des cachets, ce qui entraîne des effets secondaires comme les maux de tête. Il se peut donc que les tueurs de Treadstone soient ainsi à cause des médicaments. Pour ce qui est des scènes d'action, elles sont radicalement opposées à celles des films de Greengrass, notamment dans les combats. Plus de plans d'ensemble, pas de caméra portée ou si peu. Certains diront tant mieux. On notera également l'excellent gunfight final ou la poursuite dans Paris. Sans compter le merveilleux duel à distance à la ferme, véritable climax avant l'heure.

  • La mort dans la peau / La vengeance dans la peau (2004, 2007) : Un dyptique inattendu

affiche mort 

Malgré le fait que la saga Bourne fut particulièrement prolifique en littérature (douze romans à ce jour, dont trois de Ludlum), il n'y avait pas de plan de suite évoqué par la production, ni même par Matt Damon. Le succès de La mémoire dans la peau a grandement aidé et le producteur Frank Marshall envisage l'idée d'une suite en prenant pour pitch l'enlèvement de Marie, devenue la campagne de Bourne. Doug Liman fut écarté assez rapidement suite à ses mauvaises relations avec le studio sur le premier film, laissant la place à Paul Greengrass (Bloody sunday). Le réalisateur et Damon s'entendent comme larrons en foire, si bien que la star en viendra à bichonner son réalisateur sur les trois films qu'ils feront ensemble. Greengrass devient aussi une caution visuelle sur la saga, quitte à déstabiliser les non-amateurs de shaky-cam. La caméra portée est avant tout utilisée pour plus de réalisme, être au plus près de l'action. A la différence de beaucoup de films qui réutiliseront cette technique par la suite, cela permet plus de dynamisme dans l'action et s'avère suffisamment lisible pour que ce ne soit pas un problème. Un style qui sera plus ou moins repris pour le nouveau Bond incarné par Daniel Craig, tout comme l'aspect infiltration et notamment dans des bains de foule (légions chez Greengrass aussi bien dans celui-ci que dans le film suivant). Ce qui est synonyme également de caméras au plus près des acteurs, notamment lors de la poursuite délirante dans les rues de Moscou, aussi bien à pied qu'en voiture.

mort marie

Cette dernière n'a rien à voir avec celle de Paris présente dans le premier film. Dans celle-ci Bourne avait le dessus, ici il est déjà amoché et essaye avant tout de survivre à la police et à son assaillant (Karl Urban). De même, pour l'affrontement entre Bourne et le tueur joué par Marton Csokas, bien moins statique et plus percutant que le combat dans l'appartement du premier film. Même la photographie d'Oliver Wood est radicalement changée par rapport au film de Liman (qu'il a shooté également), passant à un aspect jaunâtre particulièrement froid. A l'image des villes de Berlin et Moscou à l'esthétique encore fort influencée par ce qu'il reste de la Guerre Froide. Le récit lui-même est baigné dedans, Bourne devant faire face à la première mission de sa carrière. Une mission où il a tué un couple dont le mari était politique. Vladimir Neski était contre la privatisation pétrôlière, entraînant sa mort commanditée par Treastone et un industriel russe Gretkov (Karel Roden). Les mêmes qui font relancer l'affaire en voulant liquider des cibles liées, dont Bourne. Pour notre ancien espion, l'objectif est double: tout d'abord se venger de ceux qui ont tué Marie, puis découvrir cette partie de sa vie qui lui manque. Marie était son seul rapport à l'humanité qui lui restait, une fois qu'elle n'est plus là, il n'a plus rien qui peut l'empêcher de redevenir l'armoire à glace qu'il était. Bourne n'est plus le tueur qu'il était autrefois, mais il est obligé de le redevenir pour survivre à ceux qui le traque.

LANDY

Pamela Landy, une femme de poigne envers et contre tous.

Pour concorder avec cela, il va voir la fille de Neski (Oksana Akinchina) pour s'excuser. Plus que le complot autour de lui qui se manifeste à Berlin comme à Moscou, son but est d'aller voir la petite pour lui dire que sa mère n'a pas tué son père, comme évoqué depuis tant d'années. Le Bourne d'autrefois ne l'aurait jamais fait, concordant avec l'humanité qu'il a retrouvé suite à son amnésie. Greengrass et Gilroy introduisent également le personnage de Pamela Landy (Joan Allen), agent de la CIA traquant elle-aussi Bourne involontairement (initialement elle était à Berlin pour un marché autour d'informations confidentielles) et constatant progressivement que sa hiérarchie lui ment ou n'est pas très fiable. Treadstone est peut être morte, son héritage est toujours là que ce soit ses dirigeants tirant toujours les ficelles (la preuve avec Ward Abbott, cherchant à tout prix à tuer Bourne pour maquiller ses fautes) ou ses tueurs toujours actifs au cas où. Le 11/09 est passé, mais la CIA est toujours dévoilée sous l'oeil du complot et des magouilles. Landy est un personnage intéressant car il est seul contre tous face à ses supérieurs cherchant à tout moment à appuyer sur le siège éjectable. Quant à Bourne, il est le coupable idéal: il a tué les Neski, il a déserté durant deux ans, certains y voient son grand retour, son nouveau coup d'éclat. Boucler la boucle. La fin de La mort dans la peau est énigmatique, montrant un Jason Bourne de retour aux USA, avec sa véritable identité en poche (David Webb). Il n'en faudra pas plus pour lancer un nouvel opus, fort du succès de La mort dans la peau (plus de 288 millions de dollars engrangés). 

poursuit mort

Même en France, le film dépasse le million d'entrées sur une période similaire à son aîné. Preuve que La mémoire dans la peau a gagné en réputation et que ce second volet a su pérénniser la franchise avec brio. Pourtant les choses se dégradent en coulisses. Il semblerait que Tony Gilroy soit trop gourmand au vue de sa production globale d'écriture. Si son cachet augmente, son script est tellement mauvais selon Matt Damon que les scénaristes Scott Z Burns et George Nolfi, qui étaient vraisemblablement déjà intervenu sur le précédent opus, sont appelés pour réécrire (*). Même si les deux films ont été produit séparément, La mort dans la peau et La vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum) sont liés dans leurs scénarios, le troisième opus se déroulant entre les deux scènes finales du second opus, avant de lui donner suite dans ses derniers instants. Certainement une première dans le genre, qui sera reprise de manière opportuniste dans le volet suivant. Le montage est d'ailleurs assez habile, permettant au spectateur de se retrouver, même si on lui demandera d'avoir vu les deux premiers films avant. La vengeance dans la peau s'impose également comme une véritable conclusion, le périple de Bourne pour retrouver sa mémoire touchant à sa fin. Nous connaissons désormais le nom exacte de Bourne, reste à savoir comment il est arrivé à devenir un tueur. 

Nicki

Nicky, un personnage gagnant en importance au fil de la trilogie.

Les flashbacks montrent qu'il a été volontaire pour la mission, mais l'examen tient à l'exécution d'un homme. Une vulgaire cible qu'il a tué par épuisement et non par réelle envie. D'autres ne résisteront pas autant. L'examen ne tient que sur la fatigue du candidat que l'on tortura autant que celui qu'il doit exécuter, que ce soit en l'empêchant de dormir ou en le passant sous l'eau. Des tortures que l'on retrouvera lors des années Bush Jr en Irak ou à Guantanamo. Les secrets de la mémoire de Bourne sont ici moins importants que ce qu'ils symbolisent. On pensait Abbott crapuleux, il a pourtant de beaux concurrents avec Noah Vosen (David Strathairn) et Ezra Kramer (Scott Glenn). Les secrets d'affaires liées à Bourne doivent être éradiqués? Un assassin se chargera de faire taire les sources. Que ce soit un agent de la CIA à l'origine du conditionnement de Bourne, comme d'un journaliste trop curieux. Landy va trop loin dans ses recherches? Elle sera surveillée tout particulièrement, quitte à foncer tête baissée dans un piège. Sur ces deux points, le script de La vengeance dans la peau sous-entend déjà ce que dénoncera Edward Snowden en 2013, à savoir la mise sous surveillance de civils ciblés par la CIA de manière abusive. Comme quoi, la réalité dépasse parfois la fiction de manière fracassante. 

Bourne gif

La vision de la CIA à propos de Bourne est désormais plus que claire: il sait désormais trop de choses et il faut l'éradiquer. D'où un final particulièrement halletant où Greengrass fait de New York un terrain de chat et de la souris avec cascades délirantes à la clé. Cascades folles que l'on retrouve également lors du passage à Tanger. Preuve en est ce suspense lors de la poursuite du tueur lancé aux trousses de Bourne et Nicky (Julia Stiles), valant un plongeon incroyable avant une baston violente dans les toilettes. Nicky est un personnage clé depuis le premier volet, servant d'abord d'intermédiaire basé à Paris, puis témoin donnant des renseignements à Bourne. Désormais, elle sera son acolyte (d'autant plus qu'elle est désormais la cible de la CIA au même titre que Bourne) et mieux encore, on apprend qu'ils étaient en couple autrefois, d'où un certain attachement envers lui. De même, Bourne la protégera tout le long, évitant à Nicky une mort certaine. Greengrass répète la scène entre Bourne et la fille Neski, avec cette fois-ci le frère de Marie (Daniel Brühl). La séquence est quasiment similaire, alignant les champs-contrechamps, le héros déjà assis laissant entrer son interlocuteur, mais une réplique a un double sens. Bourne dit qu'il a tué Marie. Le frère a certainement compris que Bourne ne l'a pas assassiné, sinon il ne serait pas venu le voir.

end

 

En revanche, cela sous-entend bien que si Bourne ne l'avait pas connu, elle serait encore vivante à l'heure actuelle. Des remords qui sont une fois de plus la preuve de l'humanité retrouvée de Bourne. De même, avec le final où il jettera les armes face à son adversaire avant un dernier coup de théâtre. Greengrass prend son temps pour le final, revenant au montage alterné. En même temps que nous voyons Bourne inconscient dans l'eau, les magouilles de la CIA finissent aux informations. Quand la chanson Extreme ways (Moby, 2002), ritournelle plus qu'efficace de la trilogie Bourne depuis le premier opus, se fait entendre, on sait que l'espoir est sauf. Il faudra toutefois attendre cette année pour revoir Matt Damon reprendre son rôle phare.

  • The Bourne Legacy (2012) : Un spin-off inutile

Jason Bourne : l'héritage : Affiche

La vengeance dans la peau est un succès fracassant, doublant les résultats de La mort dans la peau dans ses recettes totales (plus de 400 millions de dollars). Il n'est pas étonnant qu'un quatrième volet est annoncé par le studio. Mais plus les années passent, plus les négociations se déroulent mal, Matt Damon voulant à tout prix Paul Greengrass aux commandes. Le réalisateur part, Damon aussi, préférant se lancer dans Green Zone (2010). Un quatrième opus est toutefois toujours d'actualité pour devenir progressivement un spin-off. Aux commandes, Tony Gilroy le scénariste principal de la franchise. Au vue des déclarations de Damon, l'annonce du réalisateur n'est pas rassurante et cela se confirmera avec ce film. D'ailleurs le public ne s'y est pas trompé, boudant majoritairement ce quatrième opus officiel que tout le monde a probablement déjà oublié. D'autant plus que ce spin-off a coûté plus cher que La vengeance dans la peau (15 millions de plus, soit 125 millions au total) et a moins bien marché (plus de 276 millions, soit moins que La mort dans la peau), l'atout charme n'étant plus là. D'où le retour de Bourne cette année avec la poule aux oeufs revenant au bercail et l'enterrement définitif d'Aaron Cross. Soit Jeremy Renner l'acteur qui s'installe dans toutes les franchises sans réussir à s'y imposer. Souvenez vous à l'époque où l'on disait Tom Cruise foutu et que Paramount avait imposé Renner dans le quatrième Mission Impossible (Brad Bird, 2012) pour servir de possible nouveau leading-man. Jamais arrivé. Comme c'est à nouveau le cas ici.

Jason Bourne : l'héritage : photo Jeremy Renner

Pas que l'acteur soit réellement mauvais. Il fait le job, savate le plus de bonhommes à la vitesse de l'éclair, fait de la moto avec une balle dans l'épaule, combat un loup en cgi... Le problème vient plutôt du personnage. Il est totalement inintéressant, ne parvient jamais à passionner et en plus s'avère n'être qu'une armoire à glace sans consistance. On ne sait pas qui il est, ni comment il est venu à devenir un agent de la CIA et progressivement le spectateur se rend compte qu'il s'en fout. Or, le film dure quand même plus de deux heures et suivre un personnage dont le spectateur se désintéresse complètement peut s'avérer bien pénible. D'autant que cet opus ne semble avoir aucune identité. Il s'avère que The Bourne Legacy reprend le même principe que La vengeance dans la peau: se retrouver entre deux séquences de La mort dans la peau pour ensuite prendre sa propre route. Sauf que les événements de The Bourne Legacy sont quasiment identiques au film de Greengrass. Dans les deux cas, la CIA engage un bonhomme pour faire le ménage (Vosen dans le premier / Eric Bayer dans le second), piloté par un haut ponte dans une section parallèle (Scott Glenn autrefois / Stacy Keach désormais) et se retrouve face à un problème qui les dépasse. Cross donc, un des tueurs non-totalement conditionné et un des rares à n'avoir pas eu à prendre de cachets meurtriers. 

Ce point est probablement le seul d'intéressant dans ce film. Les médicaments sont donc bien une preuve du conditionnement des tueurs comme on pouvait le penser dans La mémoire dans la peau. On le voit par le personnage de Zelijko Ivanek qui tue tous ses collègues dans la société pharmaceutique qui fabrique ces médicaments. Le concepteur devenant trop gênant à cause d'une vidéo, la CIA ne prend pas de risque. Comme les tueurs sont des personnages pouvant poser problème pour la suite, alors on leur change leurs cachets pour les tuer discrètement. Dans un bus, sur un bateau, dans la rue. Personne n'y fera réellement attention et vu le nombre d'identités des bonhommes, cela restera anonyme. C'est bien tout pour ce film servant avant tout de véhicule à des scènes bourrines en tous genres, dont une poursuite à moto sur les trottoirs de Manille qui semble déjà vue et se finissant d'une manière ridicule (voir vidéo ci-dessus). Un final que vous regardez en boucle pour voir à quel point c'est mal fait (et donc horriblement drôle au vue du budget). Terminons cette cuvée en musique en vous disant à la semaine prochaine!


* Voir http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema-21452

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Commentaires
I
Je me suis arrêtée aux 3 premiers films en ayant un bon souvenir de ce personnage qui évolue et qui se questionne comme tu le soulignes dans ton article.<br /> <br /> Je ne sais pourquoi le 4ème ne me tentais guère mais ce 5ème opus oui ! <br /> <br /> Peut-être est-ce dû à cette B.A qui m'a fait redécouvrir le jason Bourne des débuts (même si Matt a un peu plus vieilli sur les écrans :) )
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T
Même s'il faudrait que je revoie les films, je garde un bon souvenir de la trilogie, réellement divertissant et bien réalisé, avec un Matt Damon charismatique. Maintenant, pour être honnête, lassée par ces suites, reboots and co, j'ai pas envie de voir ce Jason Bourne au cinéma.
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A
Une saga plus que recommandable. Par contre, toujours pas vu le spin-off et pas spécialement motivé
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