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29 octobre 2016

Le punch de Harlem

Après avoir façonné les trois quarts de ses héros durant les 60's sous la plume de Stan Lee, Marvel décide de jouer sur les tendances culturelles lors des 70's. Si on peut citer les cas de Frankenstein en plein déclin des films gothiques de la Hammer ou Godzilla, on pense inévitablement à Luke Cage et Iron Fist créés en réaction aux succès de la blaxploitation et des films de Bruce Lee. Après des 90's particulièrement violentes et agitées, John Shaft faisait son (piètre) retour sous les traits de Samuel L Jackson, comme pour montrer que le héros de la blaxploitation et le courant culturel lui-même n'étaient pas mort. Son réalisateur John Singleton porte alors son intérêt sur Luke Cage durant les 2000's. On parle même régulièrement de Tyresse Gibson (acteur fétiche du réalisateur) pour incarner ce héros indestructible règnant sur les nuits rouges de Harlem. Puis le projet s'enlise, disparaît sans jamais avoir réellement exister (probablement aucun traitement n'a été fait), Marvel crée son studio bientôt sous l'égide de Disney, puis vint Netflix. Luke Cage sera finalement adapté en série, au même titre que Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist ou le Punisher, avant une série les réunissant tous (The Defenders). Après s'être intéressé aux vigilantes avec Daredevil (2015-) et au film noir sur Jessica Jones (2015-), Marvel / Netflix fonce directement dans la fameuse blaxploitation. La violence a beau être toujours là (Netflix peut se le permettre, pas ABC), la série est un peu plus légère, moins glauque (Jessica Jones atteignait souvent des sommets à ce niveau).

Luke Cage

Les téléspectateurs croyant avoir tout vu de Cage (Mike Colter toujours convaincant) dans la série Jessica Jones risquent fort d'avoir une surprise. Pas que le personnage change de personnalité, mais le contexte et le ton sont différents. D'ailleurs, il n'est plus rattaché à l'héroïne incarnée par Krysten Ritter qui n'apparaît pas ici. Comme suggéré en début de série, il s'est passé cinq mois depuis son départ du bar et il s'agit d'un retour aux sources. Qui dit Harlem, dit population noire et donc des acteurs de couleurs pour le moins nombreux. N'en déplaise à certains idiots ayant peur de ne pas voir suffisamment d'acteurs blancs... Un contexte raccord également au principe même de la blaxploitation: des histoires mettant en scène des acteurs noirs pour le public afro-américain. D'autant qu'à cela se rajoute la musique, point quasi primordial de ces films (on se souvient plus des Nuits rouges de Harlem pour la musique d'Isaac Hayes que pour le film lui-même). Le héros, ses amis et ennemis, son sex-appeal délirant et la musique (rap, hip hop, soul, jazz... un pur régal pour les oreilles) renvoient directement à ce mouvement 70's, faire de Harlem le terrain de jeu de ce petit monde offre quant à lui un regard intéressant. D'autant plus dans un pays où les afro-américains subissent actuellement des violences policières et juridiques aussi fortes que dans les 90's. Il est à la fois ironique et triste de voir un héros afro-américain indestructible dans le contexte présent. Marvel est finalement dans le vent en produisant une série basée sur Luke Cage à l'heure actuelle, au point que cela en devient presque nécessaire.

Photo Mahershala Ali

Si la série n'est pas vraiment politique, sa diffusion l'est beaucoup plus. Luke Cage apparaît comme un dur à cuir, mais ne cherche pas à devenir un héros. Là où Matt Murdock (Charlie Cox) et Frank Castle (Jon Bernthal) se sentent nécessaires dans leur combat, Cage non et devient un symbole en prenant la défense des habitants face aux raclures leur tournant autour. Luke Cage apparaît rapidement comme l'insoumis face à la corruption, lui-même étant le fruit de cette dernière. (attention spoilers) Ainsi le quatrième épisode est entièrement consacré au complexe de Luke. Un homme accusé à tord à cause de son demi-frère qui ne va pas tarder à montrer le bout de son nez (Erik LaRay Harvey). Donc passage en prison où les scénaristes se jouent des clichés des histoires carcérales avec violence, gardes crapuleux, prisonniers n'attendant qu'une bonne baston et projet expérimental qui tourne à la catastrophe. A moitié mort sur la table d'opération, il en ressortira blindé. Cage symbolise l'injustice et c'est aussi pour cela qu'il se bat aux côtés de ceux qui, comme lui, ont été ou sont exploités. Face à lui, des enfants teribles du crime de Harlem, régnant depuis deux générations. Les scénaristes nous présentent alors les cousins Cottonmouth (Mahershala Ali) et Mariah Dillard (Alfre Woodard), l'un implanté dans le crime organisé et la gérance d'une boîte de nuit, l'autre dans la politique tout en grapillant quelques billets chez son cousin.

Photo Mike Colter

Mais surtout au cours du sixième épisode où leur passé commun est révélé (un peu comme si Martin Scorsese s'attaquait à la pègre afro-américaine), les scénaristes optent pour un retournement de situation. On a vu Cottonmouth comme le méchant de l'histoire jusqu'à présent, mais ce sont finalement les hommes de l'ombre qui ressortent. Que ce soit Mariah, Shades le bon sous-fifre (Theo Rossi) et surtout le fameux frère de Luke, Willis Stryker. Celui que l'on pensait être le mal incarné n'est finalement que l'arbre qui cache la forêt, les vrais méchants finissant par sortir de l'obscurité une fois la tête du roi coupée. Si la série s'avère assez lente dans ses débuts, dès lors que le sixième épisode est arrivé, Luke Cage devient terriblement halletante et met sans cesse son héros en difficulté face à des êtres trouvant son point faible et ayant des ressources politiques pour le faire condamner. La série trouve véritablement son rythme à travers le quatrième épisode. Dès lors que les intentions de la série sont claires, la série peut davantage s'épanouir et passionner. Avec cela, les personnages gagnent en dynamisme. Shades est très discret jusqu'à qu'il voit en Mariah l'occasion qu'elle soit sa chose. Dès lors, il exercera une influence merveilleusement néfaste sur elle, sans toutefois être là pour qu'elle exploite toute sa fureur (le genre à faire des ravages avec un micro). Willis est celui qui a la main mise sur tout ce petit monde, avec la solution à tous les malheurs engendrés par son demi-frère. 

Photo

Ayant la rancune tenace, le personnage ne fera pas de cadeau, faisant une prise d'otage pour déloger son adversaire (bon huis clos au passage). Le dernier épisode s'ouvre donc sur un affrontement délirant en plein quartier, preuve que les rues de Harlem sont au centre de tout. Oubliez le combat raté de Rocky V (John Avildsen, 1990) qui tournait au combat de coq bête et con, on assiste ici à un combat de boxe entre deux surhommes (bon, un avec une combinaison spéciale). Les rancoeurs explosent sous les poings de la violence car il n'y a aucun autre moyen. La série introduit également le personnage de Misty Knight (Simone Missick), héroïne bien connue des fans de comics puisqu'elle est une des associés de Cage et Iron Fist dans l'entreprise "Héros à louer". Ici, elle est encore une policière voyant que la loi est sans contrecarrée par la corruption et dans l'impossibilité de la faire appliquer (il y aura toujours une magouille pour que toute affaire s'arrête). Un personnage qui devrait gagner en importance dans The Defenders ou dans une autre saison de Luke Cage sans problème. Quant à Rosario Dawson, son personnage continue à s'étoffer, devenant le lien entre toutes les séries Marvel / Netflix. Claire retrouve toutefois l'importance qu'elle a dans Daredevil en devenant comme Cage une exilée cherchant à se faire petite. Sans compter une histoire d'amour finalement pas si mal, car raccord aux personnages concernés. Claire apparaît finalement comme une sorte de voix de la raison qu'on est bien content d'avoir avec soi. (fin des spoilers)

Photo

Luke Cage met peut être un peu de temps à démarrer, mais une fois installée cette série s'avère pertinente et une célébration jouissive de la blaxploitation.

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Commentaires
P
Je regarderai sans doute, même si je me fais bien ch.... devant "Jessica Jones", série qui se traîne avec une héroïne sans épaisseur (je la préférais en junkie repentie dans "breaking bad"). Et son copain au poing fumant ne m'a pas l'air plus enthousiasmant au vu de la B.A. Pour l'instant D.D. reste le meilleur.
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