Take me home, country roads...
Le Kingsman subit les assauts du trafiquant de drogue Poppy Adams. Les membres restants doivent être aidé par leurs homologues américains pour combattre l'ennemi...
Matthew Vaughn n'est pas très friand de suite et en général il le fait vite comprendre. La suite de Kick Ass (2013) s'est faites sans lui (il reste producteur du film de Jeff Wadlow). Il avait quitté la pré-production d'X Men Days of Future Past suite à la tournure que prenait l'intrigue (le film sera finalement réalisé par Bryan Singer). Mais Kingsman (2015) était son bébé. Il était déjà impliqué dans la conception du comic-book (2012), au point d'être crédité comme co-auteur aux côtés de Mark Millar. On pouvait s'attendre à une défection de Vaughn sur une suite de Kingsman, mais il n'en fut rien. The Golden Circle (2017) a même eu une production assez rapide, ce qui ne pouvait que plaire à la Fox, distributrice chanceuse du premier film. Si les chiffres sont un peu plus faibles que pour le premier (le film n'est toutefois pas au bout de son exploitation), il n'en reste pas moins qu'ils sont de bonne tenue (377 millions de dollars de recettes contre 414). (attention spoilers) The Golden Circle commence sur les chapeaux de roue, un peu comme un certain Quantum of solace (Mark Forster, 2008). La poursuite confirme que ce second opus est bien une suite et non une séquelle ou nouvelle aventure individuelle qui peuvent aller dans une direction totalement différente.
Eggsy (Taron Egerton) combat un ancien camarade passé définitivement dans les lignes ennemies (Edward Holcroft). La suite du film nous évoquera qu'il est en couple avec la princesse avec qui il a eu des moments gourmands et croquants dans le précédent film (Hanna Alström). Un élément qui confirme qu'Eggsy n'est pas James Bond l'espion qui découche à droite et à gauche, mais plutôt un Jack Ryan fidèle à la même femme. Il est aussi bien habillé et professionnel dans son métier que Bond, mais pour ce qui est de la vie privée c'est différent. De la même manière, un événement rendra sa quête / mission plus personnelle. Une scène va aussi dans ce sens, le problème étant qu'elle a tendance à aller un peu trop dans le graveleux inutile. Quelques gags vont parfois dans ce sens, là où d'autres passent beaucoup mieux. C'est un des défauts notables d'un film ambitieux qui veut parfois trop en faire, au point d'avoir aussi quelques baisses de rythme dans un film un peu trop long (il dure dix minutes de plus que son aîné). Ce qui n'empêche pas le film d'être divertissant et de s'imposer comme une suite qui tente des choses et ne fait pas dans la redites. Le retour d'Harry (Colin Firth) est justifié de la plus improbable des manières, mais cela reste assez cohérent avec le délire proposé par ces films.
Le personnage ne retrouve pas sa fougue d'antan tout de suite et il faudra de la persévérance pour qu'il redevienne l'espion que nous avons connu précédemment. D'autres franchises se sont cassées la figure sur le même principe par exemple (cf le retour délirant de Michelle Rodriguez dans la saga Fast and Furious). Outre les connecteurs logiques (soit le Kingsman, Eggsy, Merlin et Harry), The Golden Circle est pour Vaughn l'occasion de développer un peu plus la mythologie de son univers. Comme faire une filiale américaine des Kingsman spécialisée dans le whisky ! A la différence des chevaliers de la table ronde de leurs camarades anglais, les Statesman sont plutôt branchés noms d'alcools. Si Halle Berry et Pedro Pascal ont des rôles de qualité, on peut reprocher que Jeff Bridges et surtout Channing Tatum soit trop peu présents. En détruisant le Kingsman, Vaughn réussit à renouveller le concept à travers cette nouvelle filiale, ses gadgets tout aussi sophistiqués (voir cet engin permettant à une victime de tir en pleine tête de reprendre vie) et de permettre d'autres possibilités. Le plan de Poppy Adams (Julianne Moore) est la suite logique de celui de Richmond Valentine (Samuel L Jackson) : il y a un côté totalement absurde mais aussi logique dans sa démarche. Valentine voulait endiguer le réchauffement climatique en faisant s'entretuer une bonne partie de la population.
Poppy veut dézinguer le trafic de drogue en négociant le libre accès de sa came dans le monde. Comme Valentine, Poppy garde une personnalité au chaud. C'est ainsi que le camarade Elton John se retrouve dans un show d'autodérision particulièrement jouissif où Saturday laisse place à Wednesday Night's allright. Y compris en étant une aide improbable à Harry au cours d'un des climax ! Outre le plan, Poppy est une méchante assez amusante avec sa ville 50's en pleine jungle sud-américaine, sa passion de la robotique et des tendances au burger cannibale valant un beau moment de malaise. Vaughn en vient aussi à s'amuser de l'actualité, puisque le président des USA incarné par Bruce Greenwood n'est pas très éloigné de Donald Trump dans ses idées radicales. Le pire est que Greenwood en vient à être plus effrayant que Poppy. Vaughn continue à signer des scènes d'action fun et déjantées à l'image de ce triple climax réussi. On commence sur John Denver repris magistralement par un Mark Strong en grande forme et Henry Jackman, avant d'enchaîner sur une fusillade rythmée par Elton John. On continue avec deux héros faisant jeu à part avant de se rejoindre pour un plan-séquence où ils sont à égalité. Harry a retrouvé ses facultés, Eggsy est devenu l'équivalent de son maître. Au moins, on ne peut pas dire que les personnages n'ont pas évolué au cours du film et le casting est encore une fois de qualité. (fin des spoilers)
Une séquelle qui a quelques fautes de goût, mais parvient à largement renouveler son concept et à être la suite logique de son aîné.