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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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31 décembre 2019

2020 for life

Le 31 décembre étant ce qu'il est, vous connaissez la tradition : il est temps de faire le bilan de l'année cinématographique et autant dire que cela risque d'être spectaculaire. Car s'il y a bien une chose à dire de cette année est qu'elle ne fut pas américaine. Les USA nous ont balancé une bonne panoplie de navets, films dispensables, voire sympathiques mais peuvent mieux faire. Cela n'a pas empêché de très bons films US de sortir dans nos contrées (encore heureux), mais l'année laisse un goût amer de l'autre côté de l'Atlantique. Au passage, dites vous que je n'ai pas regardé certains films comme le diablement excitant Cats (Tom Hooper) ou certaines productions Disney (les trois remakes de classiques animés notamment) par inintérêt ou tout simplement pour ne pas perdre mon temps. D'autant que j'en ai déjà perdu bien assez avec certaines sorties. 

Cats

Cats, un film qui a l'air de sentir la litière.

Mais avant cela, ayons une pensée pour Andrew G Vajna (co-créateur du studio Carolco), Michel Legrand, Rutger Hauer, Ariane, Henry Chapier (critique de cinéma parodié par les Inconnus), James Frawley (réalisateur des Muppets, ça c'est du cinéma), Dick Miller, Albert Finney, Julie Adams (la proie de L'étrange créature du lac noir), Bruno Ganz, Stanley Donen, Ron Miller (gendre de Walt Disney et ancien patron des studios Disney), Serge Merlin, Katherine Helmond (la maman de Jonathan Pryce dans Brazil), Med Hondo, Luke Perry, Anna Karina, Larry Cohen, Monkey Punch (créateur de Lupin III), Jean-Pierre Marielle, Dick Rivers, John Singleton, Anémone, Peggy Lipton (éternelle Norma Jennings), Pierre Hatet (voix française de Christopher Lloyd et du Joker depuis 1992), Narciso Ibanez Serrador (réalisateur des Révoltés de l'an 2000), Franco Zeffirelli, Billy Drago, Edith Scob, Maurice Bénichou, Rip Torn, les membres du studio Kyoto Animation, Philippe Ogouz (voix française de Lupin III), Claudine Auger, Michel Aumont, Richard Williams (réalisateur de l'animation de Qui veut la peau de Roger Rabbit), Sid Haig, Philippe Tome (co-créateur du Petit Spirou et auteur de plusieurs albums de Spirou), Robert Forster, Robert Evans (producteur du Parrain et de Serpico), Marie Laforêt, Peter Mayhew (éternel Chewie) et à tous ceux qui nous ont quitté cette année.

giphy

Je ne vais pas m'attarder sur certains films pour évoquer les flops et autres déceptions, puisque j'ai assez râlé dessus dans un long article (voir Bilan de mi-mandat américain édition 2019). Commençons donc avec Glass qui montre encore une fois les limites du cinéma de M Night Shyamalan. Split (2016) était une excellente surprise et on pouvait s'attendre à un crossover intéressant entre Kevin (James McAvoy) et les personnages d'Incassable (Shyamalan, 2000). Au final, on se retrouve avec un nouveau film de petit malin, où le réalisateur revient à ses pires travers, à savoir le film à twist tout pété et une mécanique trop bien huilée pour être honnête. On peine à croire au récit, McAvoy cabotine vu qu'on le laisse trop en roue libre, la pauvre Anya Taylor Joy attend qu'on daigne s'intéresser à elle et Bruce Willis trouve un peu de lumière entre deux direct-to-video. Comme quoi, Shyamalan et moi font toujours 145. 

Glass

L'excitation autour de Nicky Larson et le parfum de Cupidon (Philippe Lacheau) fut pour le moins incroyable tant le film est aussi pauvre que la purge avec Jackie Chan (City Hunter, 1993). Alors oui cette nouvelle adaptation est plus fidèle que le film de Wong Jing, oui quelques scènes d'action sont pas trop mal filmées, oui Elodie Fontan est plutôt convaincante en Laura. Mais il y a tout le reste. Les scènes d'action aussi sympathiques soient elles n'ont rien de phénoménales et une d'entre elles peut dire merci aux films The Villainess (Jeong Byeong Gil, 2017) et Hardcore Henry (Ilya Naishuller, 2015). L'humour de Lacheau est toujours aussi lourdingue, douteux et pénible. Les clins d'oeil au Club Dorothée (1987-97) et aux séries animées qui y étaient diffusées sont un supplice au bout de la troisième allusion ("Ramna, un demi s'il te plaît !" sérieusement, vous avez quel âge ?). Les potes de Lacheau Tarek Boudali et Julien Arruti nuisent au film, tant ils sont aussi inutiles qu'omniprésents.

Nicky Larson

Puis il faut un peu plus que des costumes, une voiture et deux chansons pour être fidèle à un manga ou son adaptation animée. Sinon Dragon Ball Evolution (James Wong, 2009) l'est tout autant. Chose qu'a un peu plus retenu Alita Battle Angel (Robert Rodriguez), victime de sa trop grande ambition au point de tout vouloir adapter. Ce qui donne un film sans fin, qui essaye de montrer certaines pistes pour un second opus qui pourrait ne jamais voir le jour au vue des chiffres pas catastrophiques, mais pas dingues du film au box-office (404 millions de dollars de recettes pour 170 millions de budget). Il n'en reste pas moins un film sympathique avec des scènes d'action dantesques, une production design qui fonctionne bien dans l'ensemble (malgré quelques ratés en cgi) et une adaptation qui s'en sort selon certains passages. Isn't it romantic (Todd Strauss Schulson) et The perfect date (Chris Nelson) font parties des plus beaux ratages de Netflix cette année.

The perfect date

Des romcoms sans intérêts qui ne font que recycler sans intelligence des choses vues mille fois ailleurs. Captain Marvel (Boden, Fleck) symbolise à lui seul mon ras-le-bol concernant le Marvel Cinematic Universe (2008-). Un film d'une rare laideur, écrit avec les pieds au point d'accumuler les incohérences et les absurdités, aussi mal réalisé que monté (quatre plans pour une voiture qui prend un virage ! ), avec une actrice principale (Brie Larson) aussi antipathique dans son jeu que son personnage... Avengers Endgame (Russo) fera à peine mieux en alignant quelques scènes de qualité, comme Scott Lang (Paul Rudd) cherchant sa fille (Emma Fuhrmann) dans une population divisée en deux ou le départ de deux des figures iconiques de la franchise. Puis il y a là-aussi le reste. Un récit qui se torche des aspects temporels qu'il est censé développer ou n'utilise jamais les timelines qu'il aligne, du moins quand ça l'arrange.

Captain Marvel

Sans compter un Thanos (Josh Brolin) qui perd considérablement en impact ; Thor (Chris Hemsworth) et Hulk (Mark Ruffalo) subissant des traitements d'une beauferie à faire pâlir le Pitof de Catwoman (2004) ;  une Captain Marvel vendue comme l'événement du film et n'apparaît qu'au début et à la fin du film ou encore du recyclage de plans d'autres films de la franchise qui tient du je-m'en-foutisme le plus total. Si Avengers : Infinity War (Russo, 2018) avait plutôt étonné, Endgame signe la fin d'une époque de bien sinistre manière. Au final, on peut lui préférer l'inoffensif Shazam ! (David F Sandberg). Un film qui ne révolutionne rien, a souvent un humour douteux, mais s'avère étonnant par moments, comme lorsqu'il met en scène des créatures plus gloutonnes ou évoque avec sérieux son univers et les problèmes familiaux de son héros (Asher Angel). 

Shazam

Donc même s'il n'y a rien de dingue dans Shazam !, il fait au moins le minimum syndical et ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas. Restons dans le super-héros avec le totalement nazebroque Hellboy (Neil Marshall). Bénéficiant d'une production chaotique (Marshall aurait eu de gros problèmes avec ses producteurs sur le ton du film, à même le tournage), ce reboot pompe sans génie des scènes spécifiques des films de Guillermo del Toro (2004-2008), mais attention cette fois-ci c'est plus dégueulasse. Au regard du dit film, on voit surtout un mélange de Deadpool (Tim Miller, 2016) et de Suicide Squad (David Ayer, 2016), soit du Restricted où ça dégoupille des monstres en se marrant entre deux têtes qui giclent. A cela rajoutez un humour graveleux qui atteint des sommets rien qu'avec le Docteur Broom (Ian McShane en roue libre), un scénario inintéressant, une Milla Jovovich toujours aussi bonne actrice (non) et des effets-spéciaux d'un grotesque à s'en fendre la poire. 

Hellboy

L'entreprise ne donnait déjà pas confiance aux vues de ses prémices (Mike Mignola semble avoir produit ce reboot juste pour embêter Del Toro qui n'avait pas du tout la même vision que lui du personnage et de son univers). En voyant la bête, les craintes apparaissent comme des évidences tant le ratage est incroyable. On peut en dire autant d'Anna (Luc Besson), film produit à la vitesse de l'éclair suite au bide de Valerian (Besson, 2017) et qui est resté pendant plus d'un an dans les cartons. Pendant ce temps, Besson est passé au tribunal pour harcèlement moral, a été accusé d'agressions sexuelles, son studio Europacorp a été repris par Vice, deux de ses productions (Anna et Nous finirons ensemble de Guillaume Canet) sont sortis grâce à Pathé et l'école de la Cité du cinéma a fermé ses portes. 

Anna

Anna apparaît comme le dernier clou du cercueil artistique de Besson, se payant un bide commercial aussi bien en France qu'ailleurs (716 779 entrées en France et à peine plus de 7 millions de dollars de recettes aux USA pour plus de 30 millions d'euros de budget). Il apparaît également comme un des films les plus mal écrits par Besson (et ce n'est pas ça qui manque à son tableau de chasse), avec ses retours-en-arrière tellement ridicules qu'ils finissent par devenir un running-gag. L'héroïne (Sasha Luss) fait un truc, retour en arrière pour expliquer pourquoi elle est là et ainsi de suite sur près de deux heures. Puis on attend encore de voir le concept des matriochkas tant vanté par les bandes-annonces. Comme très souvent avec Tonton Besson, les scènes d'action sont montés à la vitesse de l'éclair, ce qui ne les empêchent pas d'être affreusement molles. Le récit n'est qu'un Nikita like de plus, ce que Besson avait déjà fait avec le bien naze Colombiana (Olivier Megaton, 2011).

anna 2

L'héroïne n'est pas intéressante non plus et son comportement est souvent aussi douteux que les hommes qui l'entourent (voir ce qu'elle fait avec "sa petite-amie" jouée par Lera Abova). Ce qu'il y a de bien avec Besson est que quand on croit qu'il a touché le fond, il insiste pour vous montrer qu'il peut encore creuser. Grand bien lui fasse... Yesterday (Danny Boyle) s'est avéré être une sacrée déception au vue des précédents travaux de son réalisateur et de son scénariste (Richard Curtis). Boyle signe un de ses films les plus quelconques, Curtis un scénario qu'il a déjà fait plus ou moins avec l'excellent About time (2013). Soit une romcom avec un aspect science-fictionnel dedans (le voyage dans le temps dans About time, un monde sans Beatles ici). Les reprises sont bonnes, mais peu inventives et ne font que reprendre quasiment de la même manière les chansons des Scarabées.

Yesterday

La bande-originale fait alors pale figure quand on commence à comparer ces reprises avec celles d'Across the universe (Julie Taymor, 2007), qui renouvelaient les chansons avec des instrumentalisations et tons bien différents. A cela rajoutez une relation amoureuse qui tient peu la route et fait forcée, là où Curtis a toujours été un champion pour écrire ce type d'intrigues ; sans compter des ressemblances flagrantes avec la bande-dessinée Yesterday (David Blot, 2011) et le film Jean-Philippe (Laurent Tuel, 2006). Un rendez-vous manqué dont on ne retiendra finalement qu'une scène symbolique. Zombi child (Bertrand Bonello) est un très bon exemple du film qui ne sait pas quoi raconter et s'arrête curieusement au moment où il devient intéressant. Le film se focalise beaucoup sur des adolescentes aux moeurs inintéressantes, alors que le récit de cet ancêtre qui est devenu zombie (dans le genre de The Serpent and the rainbow, pas de La nuit des morts-vivants) méritait un peu plus d'égard et de visibilité.

Zombi child

 

D'autant que Bonello s'intéresse plus à la copine de la petite-fille du zombie (Louise Labeque) qu'à la petite-fille (Wislanda Louimat), renforçant l'incompréhension globale que suscite le film. Restons en France avec un autre film resté dans les cartons durant près d'un an, à savoir Girls with balls (Olivier Afonso, 2018). Repêché par Netflix, ce premier long-métrage s'avère un exemple de tout ce qu'il ne faut pas faire dans le film d'horreur français. Voulant visiblement signer un film à la Goal of the dead (Rocher, Poiraud, 2014), Afonso (maquilleur sur Grave notamment) se casse les dents dès le départ par une écriture aux ras des pâquerettes, un florilège gore tout sauf fin et des acteurs qui jouent horriblement mal. L'ironie veut qu'il partage Tiphaine Daviot avec le film précité, actrice qui s'avérait bien mieux dirigée par Benjamin Rocher et Thierry Poiraud. Wonderland (Keiichi Hara) est un film sympathique et plutôt beau qui s'avère décevant au regard de ce qu'a fait son réalisateur autrefois.

Girls with balls

 

Beaucoup plus familial que ses aînés, Wonderland dénote par rapport aux très matures Un été avec Coo (2007), Colorful (2010) et Miss Hokusaï (2015). De plus, le film ne bénéficie pas forcément d'un scénario exceptionnel (Alice au pays des merveilles mixé au Royaume des chats). Là où Sylvester Stallone a réussi à perpétuer la saga Rocky à travers les Creed (Coogler, Caple Jr, 2015-2018), il n'a pas su le faire avec Rambo Last Blood (Adrian Grunberg). Comme on pouvait s'y attendre au vue de sa bande-annonce, ce Last Blood ne ressemble pas tellement à un film Rambo. A part les allusions au début avec le traitement médical post-traumatique et le retour au ranch, on est plus devant un film de vengeance avec Stallone, qui plus est une sorte de Taken plus saignant, mais tout aussi moralement douteux (ouh qu'ils sont vilains les mexicains !).

Rambo

 

Quand on commence à comprendre le délire du film (qui n'est pas sans rappeler les dérives de la franchise à une certaine époque), il vaut mieux ne voir là-dedans qu'un nanar ridicule se croyant décomplexé, alors qu'il lorgne davantage vers le vulgaire. Enfin terminons cette partie sur le décevant Frozen 2 (Buck, Lee), suite d'un des meilleurs films Disney de la décennie. Un film qui ne raconte pas grand chose de neuf, utilisant à fond des stéréotypes vus et revus. Si l'on excepte quelques chansons plutôt bonnes (Show yourself est vraiment géniale), les autres ne feront pas oublier la bande-originale du premier et une d'entre elles (Lost in the woods) est d'une ringardise à toute épreuve, au point de sortir le spectateur du film. Sans compter que les chansons sont bien meilleures en vo. On pouvait clairement s'attendre à mieux au vue de l'ambition potentielle de cette suite.

Frozen

 

Passons maintenant au top 10 de cette année !

  • 10- The Irishman (Martin Scorsese)

The irishman

Netflix a produit et diffusé certains des meilleurs films de cette année (voir plus bas) et le dernier de Marty en est la preuve indéniable. The Irishman est un film que le réalisateur cherche à faire depuis dix ans, essayant de trouver la meilleure manière de montrer des personnages évoluer sur un peu plus de cinquante ans. Il finira par utiliser la technologie d'ILM avec ses hauts et ses bas, certains effets étant peu convaincants. Mais c'est peu dire face à une fresque désenchantée ayant peu à voir avec les précédents rise and fall de son réalisateur. Oubliez les aspects clinquants d'autrefois, ici l'ambiance est sinistre et froide, les exécutions rapides et furieuses et on sent littéralement le poids des années sur les personnages. C'est aussi l'occasion de retrouver Al Pacino et Robert De Niro dans des rôles dignes de ce nom face à un Joe Pesci que l'on n'espérait plus et qui signe un baroud d'honneur incroyable. Sans compter Anna Paquin qui réussit à faire frissonner le spectateur et De Niro rien qu'avec des regards. 

  • 9- Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma)

Portrait

Après des films se déroulant de nos jours, la réalisatrice de Naissance des pieuvres retrouve Adèle Haenel avec un film en costumes. Céline Sciamma montre de sublimes portraits de femmes gangrenées par les conditions sociales de leur époque. Un écho qui se porte jusqu'à de nos jours avec une peintre ne pouvant peindre des hommes, un modèle qui ne veut pas se marier, une servante qui ne peut avoir un enfant hors mariage et une matriarche dont on sent le poids des concessions. Quatre visions sublimées par Noémie Merlant (véritable révélation du film), Haenel, Luana Bajrami (déjà vue cette année dans le mémorable L'heure de la sortie) et Valeria Golino. Sciamma prend également le temps de sublimer l'art en montrant le plus possible son héroïne peindre et chercher l'inspiration. C'est aussi une belle et sensuelle histoire d'amour qui n'est pas sans rappeler par moments la beauté de Mademoiselle (Park Chan Wook, 2016). Le grand retour de l'une des meilleures réalisatrices françaises.

  • 8- J'ai perdu mon corps (Jérémy Clapin)

J'ai

Contrairement à ce que beaucoup veulent faire croire, non l'animation française n'est pas morte. Mieux, elle signe de très bons films. En voilà la preuve avec cette nouvelle production Xilam à réserver à un certain public. J'ai perdu mon corps met en scène une main coupée ayant une conscience au même titre que la Chose dans La famille Addams. Elle se remémore alors la vie de son propriétaire Naoufel, tout en essayant de survivre dans les rues de Paris pour le retrouver. Le film joue parfaitement sur les sens, en abordant la vue par la vue subjective de la main ou l'ouïe avec le dialogue entre Naoufel et Gabrielle par le biais d'un interphone. Un film hypnotisant au même titre que la sublime bande-originale signée Dan Levy. L'animation n'est pas sans rappelé celle de l'excellent Spider Man into the spiderverse (2018), de par les déplacements de ses personnages et le mélange entre animation traditionnelle et cgi. Un premier long-métrage qui laisse entrevoir un grand réalisateur.

  • 7- Le chant du loup (Antonin Baudry)

 

Chant

 

Après avoir signé l'adaptation de sa bande-dessinée Quai d'Orsay (Bertrand Tavernier, 2013), Antonin Baudry réalise la meilleure grosse-production française de cette année avec ce film de sous-marin. Prenant pour modèles les mémorables Le bateau (Wolfgang Petersen, 1981) et USS Alabama (Tony Scott, 1995), le réalisateur impressionne par un suspense de tous les instants, avec une situation qui peut dégénérer à tout moment. Baudry réussit à impliquer le spectateur dans une unité de temps et de lieu bien précise, où le contexte géo-politique apocalyptique est plutôt logique. L'aspect catastrophe fonctionne du tonnerre, d'autant que l'on quitte rarement l'intérieur des sous-marins et que tout repose sur les actions humaines. Le film peut également compter sur un excellent casting, allant de Mathieu Kassovitz à François Civil qui était omniprésent cette année. Si seulement on pouvait voir un peu plus de grosses productions françaises de cet acabit...

  • 6- So long, my son (Wang Xiaoshuai)

So long

Souvent censuré en Chine, Wang Xiaoshuai ne risque pas d'être à nouveau bien vu avec ce film dézinguant la politique de l'enfant-unique. Une fresque sur plusieurs décennies qui montre deux familles ravagées par un même drame. D'un côté, celle qui essaye de se reconstruire malgré la perte de son enfant. De l'autre, les amis se sentant coupables et ne parvenant pas à avancer. La tragédie n'en devient que plus évidente avec la politique de l'enfant-unique, le couple ne pouvant plus avoir d'enfant au moment de la perte de leur garçon. Wang Xiaoshuai montre alors le destin croisé de gens meurtris par une politique qu'ils subissent. A cela rajoutez l'arrivée d'un autre enfant dans le couple en deuil, orphelin devenant leur fils aux yeux de la société. Le couple va alors voir ce qu'il n'a pas pu vivre avec leur propre enfant. Le titre symbolise à la fois le deuil de l'enfant perdu, mais aussi cet autre fils qui souhaite voler de ses propres ailes. So long, my son est un film aussi terrible qu'émouvant, parvenant à passionner durant plus de trois heures.

  • 5- Halte (Lav Diaz)

Halte

Le film de Lav Diaz est très long (4h39), mais il s'agit d'un des films les plus passionnants de cette année. Au contraire de films qui feraient mieux de durer moins longtemps au vue de leur incapacité à raconter une histoire correctement, Halte utilise sa durée en se focalisant sur un grand nombre de points de vue différents. Se déroulant en 2034 dans un contexte où le soleil n'est plus dans les Philippines et une partie du monde, Halte dépeint une dystopie particulièrement réaliste avec un dictateur fou furieux (Joel Lamangan), des résistants essayant de le déloger, les lieutenants du dictateur les décimant tous un par un et les civils entre l'aliénation et la révolte citoyenne. Le réalisateur passe d'un point de vue à l'autre, parvenant à captiver à travers une oeuvre chorale fascinante faisant écho à notre réalité et à ses travers, tout en montrant qu'il reste peut-être encore de l'espoir dans ce monde de brutes. Mais encore faut-il avoir les yeux ouverts...

  • 4- Liz et l'oiseau bleu (Naoko Yamada, 2018)

Liz

Liz et l'oiseau bleu est sorti en France dans une année dramatique pour le studio qui l'a produit. Quelques mois après la sortie française du film, Kyoto Animation a subi un incendie dans ses locaux, tuant 36 personnes et faisant un grand nombre de blessés. La cause ? Un homme criant au plagiat et ayant mis le feu au studio. Naoko Yamada est une des survivantes de ce drame. La réalisatrice travaillait pour le studio depuis la fin des 2000's et avait signé le sublime A silent voice (2016). Elle restait ici dans un contexte de lycée avec l'histoire de ces deux adolescentes amies, dont l'histoire s'entrechoque avec le conte qu'elles doivent jouer dans l'orchestre du lycée. Ce film est un peu moins accessible que le précédent film de la réalisatrice, mais n'en reste pas moins une véritable bombe d'émotions. Yamada prend soin de se focaliser sur la vie des personnages dans le lycée et non ailleurs, enfermant un peu plus ses héroïnes dans un étau. Mizore n'arrive pas à prendre son envol, là où Nozomi semble avoir un chemin tout tracé. Mais plus le film avance, plus les rôles s'inversent, donnant lieu à un retournement de situation intéressant. Liz et l'oiseau bleu évoque la fin d'une époque et le début d'une nouvelle pour ses héroïnes, tout comme pour le studio qui les a vu naître.

  • 3- Jo Pil Ho : Souffle de rage (Lee Jeong Beom)

 

Jo Pil Ho

 

Après l'inédit No tears for the dead (2014) et un film Doraemon (2019), le réalisateur de The Man from nowhere revenait sur Netflix avec ce superbe polar. Le cas typique du film qui débute de manière classique (un flic ripou essaye de couvrir ses arrières, tout en cherchant à retrouver les types qui l'ont dupé), avant de prendre une toute autre dimension au bout d'un moment. Comme le superbe film qu'il avait réalisé en début de décennie, Lee dévoile une relation forte entre un homme d'action (Lee Sun Gyun vu également dans Parasite cette année) et une jeune fille (même si So Nee Jeon est plus âgée que Sae Ron Kim à l'époque) qui va atteindre des proportions dramatiques au fil de l'intrigue. A partir du moment charnière, le film va dans une direction dramatique incroyable qui prend aux tripes. Le flic n'est peut-être pas un ange, mais les événements le marquent durablement (cf la conclusion du film), au point de prendre les armes pour la simple raison qu'une vie ne vaut pas 50 centimes. Jo Pil Ho n'est pas le film d'action de l'année, mais c'est un film aussi puissant émotionnellement que The Man from nowhere.

  • 2- Parasite (Bong Joon Ho)

 

Parasite

 

Après ses deux expériences internationales (Snowpiercer et Okja, 2013-2017), revoilà Bong Joon Ho avec une satire sociale particulièrement fracassante. Un film qui revient un peu vers le cynisme exposé dans son premier long-métrage Barking Dog (2000), métrage qui n'hésitait pas à aller vers les extrêmes, tout en faisant dans l'humour noir le plus grinçant possible. Parasite évoque avec une grande subtilité la lutte des classes avec des petits voulant arnaquer des riches, tout en se sentant supérieurs à d'autres petits au bout d'un moment. Bong n'épargne personne, avec des riches facilement manipulables et méprisables et des petits se bouffant entre eux pour avoir leur part du gateau. Une simple odeur montre au personnage de Song Kang Ho qu'il n'aura jamais le même statut que les gens dont il essaye de prendre la place. Au passage, Bong a signé une des scènes les plus marquantes de l'année avec le passage sous la table, moment de suspense, de malaise et d'hilarité totale. 

  • 1- One cut of the dead (Shin'ichirô Ueda, 2017)

One

Comme l'an dernier, le meilleur film que j'ai vu en 2019 ne date pas de cette année. Véritable hit venu du Japon, One cut of the dead ou Ne coupez pas a enfin atteint le sol français cette année. Un film qui est non seulement une comédie à mourir de rire, mais aussi une puissante déclaration d'amour au cinéma. Ueda signe un film sincère, bénéficiant d'un casting particulièrement convaincant (Takayuki Hamatsu est terriblement touchant en réalisateur qui veut absolument bien faire) et dont il vaut mieux ne pas trop en dire pour ne rien perdre de sa saveur. Donc vu qu'il est sorti en DVD chez Les films de Tokyo, je ne peux que vous conseiller de foncer sur ce petit bijou.

Enfin, je termine ce bilan sur mes autres coups de coeur de cette année. Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année en espérant vous revoir en 2020 !

  • Bienvenue à Marwen (Robert Zemeckis, 2018)
  • Creed 2 (Steven Caple Jr, 2018)
  • L'heure de la sortie (Sébastien Marnier, 2018)
  • La Mule (Clint Eastwood, 2018)
  • Dragons 3 (Dean DeBlois)
  • The Drug King (Woo Min Ho, 2018)
  • Les éternels (Jia Zhang Ke, 2018)
  • Triple Frontière (JC Chandor)
  • Mon inconnue (Hugo Gélin)
  • Monsieur Link (Chris Butler)
  • Rocketman (Dexter Fletcher)
  • X Men Dark Phoenix (Simon Kinberg)
  • City Hunter : Shinjuku Private Eyes (Kenji Kodama)
  • Lords of chaos (Jonas Akerlund, 2018)
  • Le daim (Quentin Dupieux)
  • Toy Story 4 (Josh Cooley)
  • Yves (Benoit Forgeard)
  • Pour les soldats tombés (Peter Jackson)
  • Les enfants de la mer (Ayumu Watanabe)
  • Crawl (Alexandre Aja)
  • Promare (Hiroyuki Imaishi)
  • Midsommar (Ari Aster)
  • Operation Red Sea (Dante Lam, 2018)
  • Dragged across concrete (S Craig Zahler, 2018)
  • Le Gangster, le Flic et l'Assassin (Lee Won Tae)
  • Frankie (Ira Sachs)
  • Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief)
  • Ad Astra (James Gray)
  • Gemini Man (Ang Lee)
  • Shaun le mouton, le film : La ferme contre-attaque (Becher, Phelan)
  • Hors normes (Toledano, Nakache)
  • Dolemite is my name (Craig Brewer)
  • Doctor Sleep (Mike Flanagan)
  • Ford V Ferrari (James Mangold)
  • Les Misérables (Ladj Ly)
  • A couteaux tirés (Rian Johnson)
  • Six Underground (Michael Bay)
  • Koko di koko da (Johannes Nyholm)
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Commentaires
T
Pour ma part, la meilleur œuvre que j'ai vu cette année reste la mini série Chernobyl et, si je faisais un top 10, elle figurerait en première place. Mais, si l'on s'en tient au cinéma, ça rèste une année decevante, je trouve. Certes, Parasite est plutôt interessant sur le fond, mais, sa première partie est mieux que la seconde et le film pèche par une réalisation très téléfilm de fin d'après midi. Pour le rèste, Aelita m'a fortement déçu, tout comme Dragons 3 ou Hellboy (même si j'en attendais pas grand chose). Clint Eastwood a prouvé qu'il faisait toujours partie des meilleurs avec La Mule, et la plus grosse surprise rèste le reboot de Child's Play (j'aurais pas cru qu'il soit aussi reussi). Pas vu la plupart des autres films de la liste. Sur ce, je te souhaite, par avance, une très bonne année 2020.
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P
Je n'ai vu que Parasite, le Chant du Loup (un film d'action français ambitieux et réussi, ça se fête) et Irishman, j'ai donc des films à rattraper !<br /> <br /> J'aime beaucoup ta sélection qui fait la part belle à des films dont on a peu parlé, notamment "Liz et l'oiseau bleu" dont j'ignorais qu'il émanait de ce studio qui a brûlé.<br /> <br /> J'ai loupé le Sciamma, et depuis je m'en mords les doigts (quand je pense que je suis allé voir Bacurau à la place…). Nul doute qu'il aura mes faveurs en DVD. Le film d'animation "j'ai perdu mon corps" aussi, que je rangerai au côté du "voyage du Prince" du grand Laguionie, notre Miyazaki à nous mais que personne ne connaît.<br /> <br /> Sur ce, je te souhaite un bon passage vers 2020, et pas d'abus de Michael Bay sur Netflix stp. ;-)
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A
je n'aurais peut-être pas érigé Ne coupez pas ! à la première place, mais il mérite entièrement de figurer dans le top 10 de ce classement, c'est une certitude
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