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10 avril 2020

Un chat dans la gorge

Des chats espèrent être choisis pour aller au paradis des chats...

Cats

Les 2010's ont été les témoins de certaines des pires horreurs du cinéma américain du XXIème siècle et les exemples ne manquent pas. Comme il paraît évident que certains flops commerciaux sont plus que mérités au vue de la qualité des dits films. Cats (Tom Hooper, 2019) risque d'être cité longtemps comme un cas d'école dans le registre du naufrage industriel à gros budget. Mais pour cela, il faut revenir aux 80's. A l'origine, Cats est un musical créé en 1981 par Andrew Lloyd Webber, déjà à l'origine de Jesus Christ Superstar (1971) et d'Evita (1976). Ce musical a la particularité d'être inspiré de poèmes de TS Eliot et au fil du temps, il s'est imposé comme l'une des plus célèbres comédies-musicales dans le monde, ayant même droit à son adaptation en France en 1989 et ces dernières années. 

Cats musical

Au début des 90's, Steven Spielberg en a acquis les droits pour pouvoir en faire un film d'animation. C'est certainement la raison qui explique pourquoi Amblin est l'un des studios derrière le film d'Hooper et que Spielby soit un des producteurs exécutifs. A l'époque, Amblin avait son studio d'animation et cherchait à percer. Malheureusement, toutes les tentatives se sont soldées par des échecs commerciaux (Fievel au Far West, Les quatre dinosaures et le cirque magique et Balto, 1991-1995), au point que le studio ferma ses portes pour laisser la place à l'autre studio d'animation lancé par Spielberg, Dreamworks. Le projet "Cats" s'arrête donc aussi vite qu'il a été annoncé et Spielberg ne retrouvera l'animation qu'avec Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne (2011). Toutefois, une captation du show a été réalisé en 1998 et on pouvait se demander si un jour une adaptation avec des acteurs ou animée allait enfin voir le jour. 

Cats spielberg 2

Cats spielberg 3

Cats spielberg

Concept-arts du projet avorté de Steven Spielberg.

En 2013, Universal commence à développer une adaptation, mais c'est seulement trois ans plus tard que Tom Hooper est engagé. Le réalisateur du Discours d'un roi a déjà touché à la comédie-musicale par le passé, puisqu'il s'était occupé des Misérables en 2013, faisant de Russell Crowe un meme savoureux du net. Le projet ne semblait pas intéresser grand monde jusqu'à juillet 2019, en raison d'une promotion tardive et d'une absence d'images. Quand les internautes ont pu voir la première bande-annonce du film, ils ont vite compris pourquoi rien n'avait été montré avant. Le trailer dévoile certains des problèmes qui vont se confirmer dans le film fini : des acteurs qui jouent des chats en performance-capture, mais réagissent régulièrement comme des humains, tout en ayant l'impression d'avoir leur visage collé sur la tronche des chats. 

Cats 2

Un malaise total qui prend tout son sens quand on sait les problèmes de production du film. Récemment, un des producteurs des effets-spéciaux s'est exprimé anonymement, évoquant un temps de travail alarmant. Selon lui, les gars des SFX n'auraient travaillé sur le film que durant quatre mois. Mieux encore, ils ont passé plus de temps sur la bande-annonce du mois de juillet que sur le film lui-même. Il n'est donc pas étonnant que la seconde bande-annonce montre des scènes quasiment identiques à celles de la première, avec à peine quelques plans inédits. Cette même source enfonce le clou en évoquant qu'à une période la plupart des plans contenaient des chats... avec des trous du cul. Alors oui les chats en ont bien évidemment, mais dans un film familial PG ça passe mal. Une personne a donc dû dégager tous les trous de balle de nos chers félins en quatrième vitesse (*). 

Cats 3

Mais la vie étant ce qu'elle est, quand il n'y en a plus, il y en a encore. Ainsi, Cats sort la même semaine que The rise of Skywalker (JJ Abrams, 2019) et se prend un gadin monumental. En tout et pour tout, le film n'a rapporté que 73 millions de dollars (dont seulement 27 millions aux USA) pour un budget de 95 millions. Comme si cela ne suffisait pas, Cats sort dans une version non-terminée et Universal envoie une version modifiée dans les salles la semaine suivant la sortie. Sauf que les gens ne sont jamais revenus pour voir si Judi Dench avait ou non sa main humaine avec son alliance au doigt. Cats symbolise à lui seul la crise qui règne dans le milieu des SFX depuis le début des 2010's. Les studios hollywoodiens font des économies, les compagnies d'SFX se retrouvent à travailler à plusieurs sur un même film, voire à travailler sur plusieurs films en même temps, parfois même en se délocalisant pour que les studios les prennent sur des territoires moins chers, la plupart finissant par déposer le bilan faute de rendements solides. 

Judi Dench

Pour ceux qui pourraient croire à une vanne de ma part, voici la bague de Judi Dench.

A l'image de MPC Vancouver qui a fermé ses portes en décembre et a travaillé sur Cats et Sonic le film (Jeff Fowler), autre film qui a eu des problèmes de production similaires. Des cafouillages qui ont entraîné des conditions de travail horribles pour finir les effets des deux films. La fameuse source évoque donc des semaines de 90 heures, parlant du réalisateur comme de quelqu'un à côté de la plaque, se comportant mal avec les gars des SFX au point que certains n'ont pas hésité à quitter le navire. Quand on voit Cats, on comprend mieux le calvaire de ces gens qui ont fait ce qu'ils pouvaient dans des conditions déplorables pour sauver les meubles d'un film allant tout droit vers les abysses. D'un point de vue visuel, Cats est une abomination tellement frappadingue que l'on se demande comment les pontes d'Universal ont pu laisser passer ça. 

Cats

Comme évoqué plus haut, les chats se comportent comme des animaux quand cela arrange le réalisateur et leur côté humanoïde avec visage humain collé envoie directement le film vers la fameuse Vallée dérangeante. C'est là où le projet de Spielberg semblait bien plus logique. Il était question d'un film d'animation traditionnelle avec des chats anthropomorphisés. Le spectacle montrait des acteurs et danseurs maquillés ou déguisés en chats, annonçant d'office quelque chose de faux et pouvant permettre aux spectateurs de s'habituer rapidement. Mais là, le spectateur est sans cesse le cul entre deux chaises, voyant une sorte d'hybride douteux entre homme et chat avec en plus des situations très tendancieuses. Comme Jason Derulo qui joue de son bassin pour attirer une bande de chattes qui le regarde avec les yeux de l'amour devant un bar à lait. 

Cats 2

Sachant que les gars des SFX ont visiblement dû diminuer l'entrejambe du monsieur. Ou Taylor Swift qui se comporte comme une femme fatale sexy. Ou Rebel Wilson qui ajoute un rôle vulgaire de plus à sa carrière, écartant les jambes pour laisser entrevoir ce qu'il faut voir et se grattant ce qu'il y a à gratter par la même occasion. A cela rajoutez des chats habillés, d'autres avec seulement des chaussures et des chats qui dansent comme des humains, à l'image de l'héroïne incarnée par une véritable danseuse de ballets (Francesca Hayward)... qui va donc danser comme une danseuse de ballets et non une chatte. Mais là où la Vallée dérangeante se fait encore plus sentir est dans une scène avec Wilson. A un moment, cette dernière mange des cafards et s'apprêtent à faire de même avec des souris. Sauf que ces personnages aussi comestibles soient-ils ont des visages humains. 

Capture

Après avoir vu ça, vous pouvez passer une bonne nuit.

C'est là où l'on constate que le problème ne vient pas des SFX eux-mêmes, mais bel et bien de la direction artistique et des choix du réalisateur. Car quand on voit le visage d'enfants ou de femmes collé de la même manière qu'avec les chats sur des souris et des cafards, c'est un choix artistique et autant dire que l'image cauchemardesque qui en découle reste durablement en tête. Y compris celle des cafards mangés par Wilson. En gros, ce sont des humains que l'on voit se faire bouffer par des humains et non des cafards mangés par des chats, ce qui s'avère particulièrement dérangeant. On passera également sur le chat visible dans le ciel dès le premier plan, aspect aussi subtil que les premières minutes de Cinquante nuances de Grey (Sam Taylor Johnson, 2015), où l'on voyait un ciel, un titre et monsieur Grey en sweat-shirt gris. Mais si Cats n'était qu'une catastrophe visuelle, cela se saurait. 

Cats 3

Visiblement, le film est fidèle au scénario de la pièce de théâtre. Sauf que l'on ne répétera jamais assez que ce qui marche au théâtre ne marche pas forcément au cinéma. C'est totalement personnel, mais votre interlocuteur n'a aimé aucune des chansons. C'est du parler-chanter quasiment tout le temps, au point de se demander pourquoi un doublage français a été fait, tant les personnages parlent peu. Sans compter qu'elles ne développent rien de mémorable vu que le scénario de base n'est pas intéressant non plus. Même la fameuse chanson Memory tombe complètement à plat avec Jennifer Hudson, ne déclenchant absolument aucune émotion tant cela paraît surfait, là où la célèbre version de Barbra Streisand réussit à émouvoir. Quant au scénario, il se résume à aller d'un point a à un point b, pour aller à un point c, puis à un point d. A un moment, on se retrouve même sur un chemin de fer sorti de nulle part, avant de revenir à la réalité comme si de rien était. 

Cats 4

Il n'y a que le personnage d'Idris Elba qui semble avoir un minimum d'intrigue et encore son développement reste en surface (on attend toujours de savoir pourquoi il a des pouvoirs de magicien par exemple). Tous les autres personnages ont une caractérisation bateau, allant de l'héroïne sans profondeur à la vieille dame qui doit donner son vote (Judi Dench), en passant par la laisser-pour-compte (Hudson) et le gros chat qui n'arrête pas de manger (James Corden). (attention spoilers) Mais c'est quand arrive le final que Cats réussit à devenir génial à sa manière. Pendant tout le film, les chats font des pirouettes en tous genres pour que Dench vote pour eux, afin qu'ils aillent au paradis des chats. Hooper et son scénariste Lee Hall (pourtant pas le dernier des manchots, puisqu'il est le scénariste de Rocketman et de Cheval de guerre) sont très vague durant tout le film et quand la révélation arrive sur ce fameux paradis, on peut difficilement s'empêcher de rire. 

Cats 5

Idris, il faut vraiment que tu choisisses mieux les films dans lesquels tu joue.

En fait, le chat est juste envoyé dans une sorte de montgolfière qui l'envoie vers le ciel, voire l'Espace. Ce qui paraît encore plus jubilatoire quand on voit que le délire est traité avec un premier degré hallucinant. (fin des spoilers) Alors oui c'est probablement le cas dans le musical, c'est même probablement le même scénario, mais cela confirme bien qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas dans tous les arts. Cette adaptation cinématographique de Cats le confirme absolument partout. C'est également un film affreusement long, étirant jusqu'à plus soif un grand nombre de ses scènes (dont celle du magicien qui est interminable). Si au départ le film apparaît comme une blague à se casser des côtes, le spectateur finira épuisé après deux heures de métrage dégueulasse et chiant. Parce que là où certains mauvais films réussissent à faire rire sur la longueur, Cats démarre en grande pompe avant de s'effondrer au bout de quarante minutes.

Cats 6

Tout simplement parce que l'on suit juste des protagonistes fades qui ne font rien d'intéressant à part danser et chanter et au but sans intérêt. On passera également sur les vannes cassage de roubignoles et vomi qui montrent le niveau d'humour de l'entreprise. Et les acteurs dans tout cela ? Vu que leurs rôles n'ont rien de bien fascinant, autant dire que leurs prestations laissent également à désirer, à l'image de Ian McKellen qui semble se demander ce qu'il fait là. Pour conclure, Cats est un spectacle cauchemardesque qui risque de rester longtemps dans les mémoires des spectateurs (enfin ceux qui l'ont vu).


* Anecdotes venant de : https://news.avclub.com/cats-vfx-artist-speaks-confirms-butthole-cut-says-a-1842726004?rev=1586270080304

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Commentaires
B
Sauf que ce ne sont pas des maquillages ! C'est là où il y a déjà un problème. Ils ont fait de la performance capture comme pour Avatar ou les dernières Planète des singes. Sauf que le rendu fait plus penser au film de Debbouze qu'à ceux de Cameron, Wyatt et Reeves.
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A
pas vu et pas l'intention de le voir mais déjà au niveau des maquillages, ça laisse pour le moins pantois
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