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Cine Borat
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26 avril 2020

Made in France #9

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Arrête ! Machin n'a jamais tourné dans un bon film !"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 60's ou des 2010's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de confinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Total Western (Eric Rochant, 2000)

Total 4

Il y a quelque chose d'amusant à regarder Les patriotes (1994) et Total Western la même semaine. D'un côté, un brillant film d'espionnage, très sérieux et à la violence rare. De l'autre, un film d'action bis à la violence excessive. Et pourtant il s'agit du même réalisateur aux commandes, à savoir Eric Rochant le créateur du Bureau des légendes (2015-). Total Western n'est pas sans défaut et son excessivité lui joue parfois des tours. Pour commencer, le côté un brin vulgaire de certaines répliques. Jean Pierre Kalfon en méchant parrain du crime qui dit que quand elles crient, au moins ça prouve qu'elles ont compris (comprenez "viol"), bon... Idem pour les insultes racistes qui sont un peu trop présentes en mode punchlines (Laurent Chalumeau n'est pas réputé pour sa subtilité). Rochant va franco dans la violence et parfois on se demande si c'est bien nécessaire ou pas trop excessif. 

Total

Ce qui n'empêche pas le réalisateur de faire dans la suggestion, ce qui n'est pas plus mal pour certaines scènes (notamment une de torture). Le jeu d'acteurs varie aussi selon les interprètes. Au départ, Samuel Le Bihan semble pasticher De Niro dans Heat (le bouc peut être mis en cause). Après cela va un peu mieux. Kalfon est à fond dans le rôle du gangster maniéré mais pas trop. Par contre, pour les jeunes délinquants, on tombe rapidement dans les clichés. Le scénario insiste pas mal sur la fille droguée (Alexia Stresi) pour au final ne pas l'exploiter correctement, alors qu'il aurait mieux valu s'intéresser un peu plus au personnage de Kahena Saighi, plus présent et important dans l'intrigue. On a également le petit blond voleur et grande gueule (Christophe Hemon), le mec qui croit dur comme fer à la théorie de la savonnette (Ouassini Embarek) et surtout le meilleur : Saïd Serrari. 

Total 2

Vous l'avez aimé dans Samouraïs (Giordano Gederlini, 2002) ? Vous allez l'adorer dans Total Western ! L'acteur est là aussi en roue libre, accumulant les punchlines ridicules et les actions qui le sont tout autant (Le Bihan venge les spectateurs de Samouraïs à lui tout seul). Mais Total Western n'est pas un film déplaisant. Le scénario va à l'essentiel et s'avère prenant, malgré une partie un peu mollassonne avec les jeunes. L'action est bourrine et bien filmée et le côté lieu isolé assailli n'est pas sans rappeler le final de Rio Bravo (Howard Hawks, 1959). Un véritable carnage qui n'épargne personne, pas même des militaires forts en gueule qui se font décimer vitesse grand v. Pour les jeunes, c'est aussi la fin de l'innocence. Ils étaient venus pour des petits faits d'armes, ils se retrouvent en survivants se défendant à leur manière et probablement traumatisés à vie (Saighi notamment, manquant de peu de subir un viol). 

Total 3

Donc si Total Western est très bis jusque dans ses travers, il reste un film d'action intéressant et divertissant qui ne méritait certainement pas le bide commercial qu'il a subi (77 978 entrées). Car des films d'action français aussi généreux que le film d'Eric Rochant, on n'en compte pas beaucoup depuis...

  • Fatal (Michaël Youn, 2010)

Fatal 2

Michaël Youn s'est fait connaître au début des 2000's en animant le Morning Live sur la sixième chaîne, le plus souvent nu et avec un porte-voix. Puis il a envahi le cinéma avec son lot de casseroles avariées, allant de La beuze (Desagnat, Sorriaux, 2003) à Iznogoud (Patrick Braoudé, 2005), en passant par Incontrôlable (Raffy Shart, 2006). Au fil du temps, ses activités télévisuelles et cinématographiques lui ont permis de se lancer dans la chanson avec des personnages fictifs. Parmi eux, Alphonse Brown, les Bratisla Boys et bien évidemment Fatal Bazooka, personnage qu'il a longuement alimenté à coup cagoules et de mauvaise foi nocturne. Youn finit par en faire le héros de sa première réalisation, continuant d'explorer la personnalité du concurrent du lance-roquette. Si vous recherchez de la finesse dans Fatal, vous faites fausse route car le film est à l'image de son personnage principal : un rappeur particulièrement vulgaire entouré de personnages qui le sont tout autant.

Fatal

D'autant que Youn ne se prive d'absolument rien, à l'image de cette dégustation de saucisses bien gratinée. Mais contrairement à des films dans lesquels il a joué précédemment, Youn vise juste, montrant un milieu de la musique caricatural avec son lot d'artistes racoleurs et prêts à tout pour vendre des disques. Car si Bazooka n'est pas triste, on peut en dire autant de son concurrent Chris Prolls (Stéphane Rousseau) dont un des titres les plus connus est C'est la fête dans mon slim. Un chanteur écolo jusqu'au bout des ongles, mais vegan quand ça l'arrange (l'image de marque tout ça, tout ça). Les parodies de Renan Luce (à moins que ce ne soit Raphael) et de n'importe quelle star du rnb français ont évidemment pris un petit coup dans la tronche depuis 2010 (le paysage musical a changé), mais les plus vieux risquent de bien s'amuser en les écoutant ("trahie par mon chien qui est en fait une chienne").

La parodie des Enfoirés (groupe que côtoie Youn depuis), bien que charcutée au montage (la scène intégrale ci-dessus est géniale), est même d'une subtilité incroyable. On voit quand même des chanteurs essayer d'avoir la lumière sur eux ou se trémoussant tout sourire alors qu'ils chantent une chanson contre la pédophilie et la zoophilie. La palme à Rousseau à la limite de pratiquer un exorcisme. Fatal est un film qui se sert intelligemment de la vulgarité de ses personnages et de son univers, au contraire d'être un film vulgaire (ce que sont généralement les films avec Youn). La partie à la montagne n'est pas forcément la plus passionnante du film et a même quelques longueurs, mais elle a aussi son lot de scènes cocasses (cf la scène chez Armelle et sa réplique mémorable "Tape dans le fond, j'suis pas ta mère"). On peut regretter quelques emprunts à droite et à gauche (notamment à Hot rod d'Akiva Schaffer), mais Fatal est une comédie convaincante et bien jouée.

  • La fille au bracelet (Stéphane Demoustier, 2019) 

La fille

Pour son troisième long-métrage, Stéphane Demoustier (frère d'Anaïs) se lançait dans un récit tournant autour d'un procès, tout en reprenant le point de départ d'Acusada (un des coproducteurs a acheté les droits du film par sécurité, mais Démoustier ne l'a pas vu et s'est juste servi de la base). Le récit de procès est un cas récurrent du cinéma (et de la télévision) qui a donné lieu à des classiques tels que Douze hommes en colère de Sidney Lumet (1957). Un peu comme ce dernier, Demoustier ne s'embarrasse pas de flashbacks ou d'éléments racontés qui prennent vie à l'écran. Le film repose sur ce qui est dit durant le procès et rien d'autre. Bien qu'il a une vision du quotidien de l'accusée (Melissa Guers), le spectateur se retrouve à la place d'un juré lors d'un procès et tout ce qu'il voit ou entend durant le film l'aide ou pas à savoir si l'accusée  est coupable ou pas d'un crime. Les rares éléments antérieurs sont en fait des pièces à conviction que n'importe quel juré pourrait voir lors d'un procès, que ce soit des vidéos ou des photos.

La fille 3

 

Si le spectateur joue le jeu, le film devient alors merveilleusement interactif et même en étant attentif à l'intrigue et en sachant le verdict, La fille au bracelet laisse planer le doute en étant parfaitement ambigu. Même les parents de l'accusée (Chiara Mastroianni et Roschdy Zem) se posent des questions. En plus du procès, on assiste également à l'explosion de la cellule familiale, brisée par un crime dont la fille n'est peut-être même pas coupable. Le père découvre les mœurs de sa fille avec fracas et la mère semble avoir laissé tomber. A cela rajoutez les accusations de l'avocate générale (Anaïs Démoustier dans un rôle plus agressif que d'habitude et n'ayant rien à voir avec le rôle d'avocate qu'elle avait dans A trois on y va) qui ne font qu'augmenter la violence globale du film. Tout cela ne marcherait pas aussi bien sans le talent des acteurs, allant de Melissa Guers (dont c'est le premier rôle) à Roschdy Zem.

La fille 2

A la prochaine ! 

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Commentaires
A
je n'ai vu que Fatal mais comme je n'aime pas du tout Michael Youn, je n'ai pas du tout apprécié le film
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T
J'adore Total Western. Par contre, les 2 autres films cités, je passe.
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