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Cine Borat
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12 mai 2020

Made in France #13

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Je n'ai pas vu un film d'action français potable depuis que Bebel n'en fait plus"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 90's ou de 60's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de déconfinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Nuit et brouillard (Alain Resnais, 1956)

Nuit et brouillard

Il y a des films si importants que même si on ne les a vu qu'une ou deux fois, ils restent dans votre mémoire à vie. Nuit et brouillard en fait partie. A cette époque, Alain Resnais a déjà une belle carrière dans le court et le moyen-métrage et ce film va lui donner du fil à retordre. En 1956, on ne parle pas de la Seconde Guerre Mondiale, encore moins de l'Holocauste ou des autres victimes des nazis. On évite également de causer des collaborateurs et on enjolive un peu trop en disant que la France a été entièrement résistante. La mise en chantier d'un projet comme Nuit et brouillard fait d'office polémique, ce qui se confirmera lors de son exploitation. 

Nuit et brouillard 2

Bien qu'il s'agisse d'une commande, le film d'Alain Resnais a subi la censure, qu'elle vienne de France, d'Allemagne et même de la Suisse (qui ne voulait pas le diffuser pour cause de neutralité). Mais le film est resté dans les mémoires, est encore diffusé dans les collèges (votre interlocuteur peut vous le confirmer) et ses images n'ont pas perdu en impact. D'un côté, les archives et les images chocs qui en résultent en noir et blanc, à l'image de cette scène aussi impressionnante que bouleversante montrant des cadavres empilés. De l'autre des images d'Auschwitz en 1956 en couleurs dans un décor désormais vide. Le temps passe, mais les images restent indélébiles et la tristesse n'en est que plus grande.

Nuit et brouillard

 

Resnais montre la barbarie d'une époque dans ce qu'elle a de plus sinistre et là il n'y a pas d'effets-spéciaux. Nuit et brouillard est un film qui tape là où ça fait mal et c'est ce qui en fait un film important. C'est un film à voir au moins une fois pour ne pas oublier. Pour paraphraser un autre film important sur la Seconde Guerre Mondiale : va et regarde.

  • L'Homme de Rio (Philippe de Broca, 1964)

L'homme de rio

Seconde collaboration entre Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo, L'Homme de Rio est rapidement devenu un des maîtres étalon du film d'aventure à la française. Si le réalisateur de Cartouche n'a pas pu réaliser une adaptation de Tintin (bien qu'il a été approché pour s'occuper de Tintin et le mystère de la Toison d'or), L'Homme de Rio est un véritable hommage à l'oeuvre d'Hergé, fourmillant ici et là de références aux aventures du petit reporter. C'est ainsi que la solution de l'énigme est trouvée en superposant trois parchemins (Cf Le secret de la Licorne, 1942-43). Une malédiction pèse sur les détenteurs d'objets sacrés et des personnes sont droguées pour être emmenés en Amérique du sud (cf Les sept boules de cristal, 1943-44). Le passage où Bebel passe par la façade d'un immeuble pour aller du couloir à une chambre renvoie directement à Tintin en Amérique (1931-32). Quant aux statues, elles ressemblent au fétiche de L'oreille cassée (dont une réplique identique apparaît également dans le film).

L'homme de rio 2

Les fans de Tintin apprécieront, les autres n'y verront que du feu dans cette course-poursuite qui ne s'arrête quasiment jamais (le film a de rares temps morts pour souffler), de la France au Brésil, en avion comme en moto. L'intrigue se retrouve même avec un twist bienvenu à mi-parcours, permettant à L'Homme de Rio de repartir sur les chapeaux de roue avec de nouveaux enjeux. Bebel cumule les cascades les plus dingos, allant du passage de la façade à une poursuite dans Paris, en passant par une séance de bourre-pif que n'aurait pas renié Bud Spencer et Terence Hill. Le spectateur assiste à cela avec plaisir, suivant les péripéties d'un personnage pressé par le temps et souhaitant sauver sa bien-aimée. Bebel joue les hommes d'action impeccables face à une Françoise Dorléac au charme fou. Un duo qui fonctionne du tonnerre à l'écran.

L'homme de rio 3

L'Homme de Rio est donc un savoureux cocktail d'aventure, d'action et de comédie. Une recette que Philippe de Broca a réitéré plus d'une fois par la suite, souvent avec le roi du tac tac badaboom devant sa caméra.

  • Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982)

Le père noêl

S'il y a un classique du film de Noël par chez nous, c'est bien le film de Jean-Marie Poiré. La pièce de la troupe du Splendid (1979) était déjà un sacré numéro, n'hésitant pas à aller vers le trash et le dramatique sans oublier de faire rire le spectateur. Si des éléments sont rajoutés (Marie-Ange Musquin n'existait pas dans la pièce), modifiés (Zézette et Thérèse ne sont plus cousines), voire supprimés (la fin est très différente) ; Le Père Noël est une ordure ne perd rien de son mordant au cinéma. Poiré aurait pu rester dans un décor unique comme au théâtre (soit les locaux de SOS Détresse Amitié), mais il préfère montrer d'autres décors pour ne pas faire du théâtre filmé. D'abord avec les frasques de Félix (Gérard Jugnot) dans les rues de Paris ou chez lui ; puis le final ou les aventures de Josiane Balasko dans l'ascenseur de l'immeuble.

Le père noël

De même, le réalisateur signe parfois des scènes étonnantes comme ce travelling avant amenant à la cuisine où Félix et Zézette (Marie-Anne Chazel) découpent un corps. Une scène génialement angoissante qui repose uniquement sur des bruitages, ce que disent et font les personnages et sur la suggestion (on ne verra jamais le corps). La scène de sexe entre Pierre et Thérèse (Anémone) s'avère bien glauque également, au vue des pulsions dégueulasses du personnage de Thierry Lhermitte entrevues en début de film à travers sa magnifique peinture (copain comme cochon...). Le film n'épargne personne, allant du couple totalement barjo à la patronne coincée dans l'ascenseur et qui sert de bélier. Les membres de SOS Détresse Amitié apparaissent comme des gens faussement bienveillants et égoïstes. 

Le père noël

 

La preuve avec Katia (Christian Clavier), travesti pris en charge avec peu d'égard par les bénévoles alors qu'il est dépressif et insulté par sa famille ("Charles Bronson"). Idem avec le sympathique voisin bulgare (Bruno Moynot) qui est une plaie pour Pierre et son palais. Poiré signe une adaptation efficace et jubilatoire, bénéficiant d'un casting aux petits oignons (Michel Blanc n'apparaît que vocalement, mais quelle apparition ! ). Une comédie corrosive qui est peut-être le meilleur film de la bande du Splendid ou du moins le plus travaillé. Si vous ne le savez pas, un remake a été réalisé par Nora Ephron en 1994 avec Steve Martin, Juliette Lewis, Anthony LaPaglia, Liev Schreiber, Madeline Kahn et Rita Wilson dans les rôles autrefois joués par Lhermitte, Chazel, Jugnot, Clavier, Balasko et Anémone. Un film qui a une aussi belle réputation que L'embrouille est dans le sac (remake d'Oscar, autre adaptation d'une pièce de théâtre) et qui n'existe même pas en DVD en France.

Le père noël 3

A la prochaine !

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Commentaires
B
Sachant que je n'ai pas voulu utiliser d'images trop choquantes pour la partie sur Nuit et brouillard, le sujet étant déjà assez effroyable comme ça. Pas besoin de faire dans le sensationnalisme.
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A
On passe des rires (le père noël est une ordure) aux larmes (nuit et brouillard) dans ce nouveau billet, avec évidemment une préférence pour le documentaire d'Alain Resnais
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