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Cine Borat
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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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8 juin 2020

Made in France #19

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Des comédies satiriques au pays des bobo-gauchistes, on aura tout vu"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 70's ou de 2010's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de déconfinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Le grand bazar (Claude Zidi, 1973)

Le grand bazar

Avant de devenir Dingo et Marc le joyeux ami de Sophie, feu Gérard Rinaldi était un Charlot aux côtés de ses camarades Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Jean-Guy Fechner et Luis Rego. Un groupe de musique à la base (Merci patron est leur plus célèbre fait d'armes) qui deviendra une troupe de comiques alignant les films entre 1971 et 1992, notamment sous la coupe de Claude Zidi. En 1973, il leur offre un véritable boulevard après qu'ils soient passés par l'Espagne devant la caméra de Jean Girault. Un film qui commence assez banalement avec les Charlots faisant tout et n'importe quoi, enchaînant les petits boulots. Ainsi ils débutent en construisant des tondeuses à gazon n'ayant plus grand chose à voir avec la réalité, puis se retrouvent à faire des courses pour le regretté Michel Galabru.

Le grand bazar 2

Claude Zidi aligne une série de gags plus ou moins drôles où les Charlots cumulent les conneries potaches, comme essayer de livrer un nombre de caisses de bouteilles de vins ahurissant, vendre des appartements insalubres ou essayer la moto de Galabru, permettant une poursuite délirante avec la police. Mais c'est évidemment dans sa seconde partie que Le grand bazar se révèle réellement intéressant. Imaginez un David contre Goliath made in 70's avec d'un côté les petites épiceries et de l'autre les hypermarchés qui débutent leur règne. Cet aspect apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe après une première partie n'ayant rien à voir avec, mais c'est au final ce que l'on retient du film. Les petits essayeront de lutter, mais c'est bel et bien le gros, imprévisible, plus grand et prêt à tout pour épater la galerie qui gagnera. Que ce soit un hypermarché ou autre chose.

Le grand bazar 3

Zidi montre également que le succès de l'hypermarché n'est pas anodin, les clients des petits commerces finissant par délaisser ces derniers et leurs patrons proposent leurs services à la grande distribution, ne pouvant plus vivre de leurs commerces. Derrière les bouffonneries des Charlots, il y a donc un constat social peu reluisant qui se confirme également par les clients consommant à foison et prêts à tout pour remporter des cochons vivants qu'ils finiront bien par faire rôtir. Une folie furieuse qui n'est pas sans rappeler certains événements récents, changez les cochons par le papier-toilette et les pâtes. On peut regretter la scène de la boîte, à la fois accessoire et juste là pour faire durer le film un peu plus longtemps. Mais dans l'ensemble, Le grand bazar est une comédie rigolote comme les Charlots savaient bien en faire au début des 70's (cela s'est dégradé par la suite) et une chronique sociale pas si anodine.

  • Deux heures moins le quart avant Jésus Christ (Jean Yanne, 1982)

Deux

Deux décennies avant Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2002), Claude Berri avait déjà produit un peplum jouant habilement de l'anachronisme. La télévision existe déjà chez les Égyptiens et 80's oblige, le journal est présenté par Yves Mourousi et les divertissements par Léon Zitrone. Comme à son habitude, Jean Yanne fait dans la critique sociale avec des Égyptiens s'insurgeant de l'oppresseur Romain, mais pas trop quand même. En résulte, cette scène délirante où Coluche se retrouve bien vite seul face à une armée de Romains. A cela rajoutez le discours de Michel Auclair prononcé juste avant qui en rajoute une couche :

  • "Je vous ai compris ! Citoyens, vous voulez que les impôts baissent ? Qu'il y ait du travail pour tous ? Que l'inflation soit stoppée ? Nous ne pouvons rien faire pour le moment, mais dès que nous le pourrons, nous ferons le double !"

Trois

Nous avons beau être devant un peplum fait dans l'esprit des 80's, autant dire que ce type de réplique fait toujours mouche chez le spectateur d'aujourd'hui. Jean Yanne s'est à nouveau payer un sacré casting outre les acteurs déjà cités : Michel Serrault (encore dans son délire Cage aux folles), Darry Cowl, Mimi Coutelier, Paul Préboist, Françoise Fabian, Michel Constantin, Valérie Mairesse ou encore Daniel Emilfork. Le film n'est pas toujours très fin (Serrault est vite agaçant), le côté kitsch de certains aspects n'aide pas toujours, mais un vrai charme découle de cette parodie au twist aussi improbable que jouissif. Sans compter que le film se révèle moins sans intérêt et stupide que certains l'ont dit à sa sortie ou après.

  • La chambre des officiers (François Dupeyron, 2001)

La chambre

La Ière Guerre Mondiale apparaît au début du film de François Dupeyron, puis n'est évoquée qu'à travers un hôpital. Le roman de Marc Dugain (1998) et son adaptation parlent des gueules cassées, ces soldats défigurés durant la Grande Guerre. Ces hommes qui, malgré eux, ont fait évoluer la chirurgie esthétique à travers des réparations faciales et des masques. C'est ce que dévoile en grande partie le film. D'un côté, des médecins qui essayent de redonner un visage à ces gens défigurés. De l'autre, ces derniers essayant de vivre avec et qui doivent aussi faire face au regard des autres. Si les médecins sont bienveillants et prennent soin d'eux, ce n'est pas forcément le cas de proches ou des gens en général. A l'image de cette séquence terrible où un homme (Xavier de Guillebon) est rejeté par sa famille venue le voir à l'hôpital.

La chambre 2

Ici, la violence ne vient pas du front, ni de ces visages défigurés (auxquels on se familiarise très vite sans être choqué), mais bien du regard des autres qui peut être désastreux pour la reconstruction physique et surtout psychologique de ces gens. La redécouverte du monde ne sera pas non plus de tout repos et l'on assistera à l'une des scènes les plus marquantes du film : celle où une enfant regarde le personnage d'Eric Caravaca et passe de la peur au rire. Si une enfant est capable de regarder une gueule cassée, alors les adultes le peuvent aussi. A cela rajoutez l'entraide entre les patients, chacun se soutenant malgré les épreuves. Cela se ressent notamment lorsque Caravaca prend sous son aile le personnage d'Isabelle Renauld, infirmière touchée au visage et rejetée par sa famille elle aussi. La chambre des officiers est un film souvent dur, mais aussi terriblement émouvant, humain et nécessaire.

La chambre 3

A la prochaine ! 

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Commentaires
B
Et qui joue pleinement sur la caricature. Mais curieusement le film s'était bien fait dézinguer à sa sortie, certains critiques trouvant même le film complètement stupide. Sauf qu'en le regardant des décennies plus tard, il se révèle bien moins bête qu'on a voulu le faire croire. Rien que le discours évoqué dans l'article le confirme. On est en plein dedans et cela n'a pas changé depuis les pharaons !
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P
Deux heures moins le quart, une vraie répète pour Chabat et Co avant la "Mission Cléopâtre". Parfois un peu poussif, mais Serrault si jouissif dans une reprise à l'antique de la Cage aux Folles.
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B
C'est ça. D'un côté tu as le côté potache typique des Charlots et de l'autre un aspect social finalement pas si bête et qui est toujours aussi actuel.
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A
Le grand bazar reste un vrai plaisir coupable, avec en filigrane, une critique au vitriol de la société de consommation
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