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Cine Borat
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17 octobre 2020

Made in France #24

"Le cinéma français c'est de la merde !", ""... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 80's ou de 2000's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de déconfinement, voici trois films à (re) découvrir !

  • Le deuxième souffle (Jean-Pierre Melville, 1966)

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Jean Pierre Melville est un des rois du polar à la française et un des réalisateurs français les plus cités à l'international (notamment par John Woo et Johnnie To). A l'époque du Deuxième souffle, le réalisateur a déjà une réputation et pas forcément des plus flatteuses, au vue des problèmes survenus sur son dernier film L'aîné des Ferchaux (1963). Melville s'était révélé odieux avec Charles Vanel, déclenchant la colère de Jean-Paul Belmondo. Une confrontation aussi bien verbale que physique a donné lieu au départ des deux acteurs, contraignant ainsi le cinéaste à finir le film comme il le pouvait. Le deuxième souffle a failli ne pas se faire, le producteur Fernand Lumbroso faisant des siennes au niveau des finances, condamnant le projet une première fois. 

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Les droits du roman de José Giovanni remis en vente, Denys de La Patellière monte son projet avec Lino Ventura (déjà présent dans le projet initial) et Jean Gabin. Grâce à des magouilles auprès du CNC, Melville parvient à stopper le projet de de La Patellière et s'accorde les services de l'auteur pour relancer son projet. Devant initialement jouer le commissaire Blot, Ventura hérite finalement du gangster Gu et vice versa pour Paul Meurisse. Sur le tournage, la scène du train a là aussi provoqué une brouille entre le réalisateur et son acteur principal. En effet, Melville avait demandé au conducteur du train d'augmenter sa vitesse, ce dont n'était pas au courant Ventura, entraînant des relations distantes entre les deux, y compris sur le tournage de L'armée des ombres (1969) où ils se parlaient par le biais de leurs assistants respectifs. 

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Lino Ventura incarne ici un gangster s'étant évadé et désireux de passer à autre chose. Mais pour cela, il lui faut de l'argent. Melville confronte d'office le personnage à une issue inévitable. S'il travaille normalement, il risque d'être dénoncé en tant que criminel en cavale. S'il fait de nouveaux hold up, il sera suspect d'office au vue de son passif. D'autant que le personnage a un certain code de l'honneur, chose qui n'est pas forcément respecté par tout le monde dans le milieu. Y compris par la police qui s'aide de magouilles pour arriver à ses fins. Lino Ventura est génial et on peut également souligner l'excellente prestation de Paul Meurisse en policier prêt à tout pour le coffrer.

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Au passage, évitez le remake d'Alain Corneau réalisé en 2007, qui est assez inintéressant et lorgne plus du côté de John Woo que de Melville par moments. Ce qui donne des scènes de ralentis assez ridicules.

  • Gazon maudit (Josiane Balasko, 1995)

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Un peu avant le sympathique Pédale douce (on évitera de parler de sa sequel), Josiane Balasko s'était elle aussi intéressée au sujet de l'homosexualité en se focalisant sur un trio de choc. Elle-même dans le rôle d'une femme de passage homosexuelle. Puis Alain Chabat et Victoria Abril en couple avec enfants. Ce qui n'empêche pas le premier de tromper la seconde en lui faisant croire qu'il a des rendez-vous immobilier, y compris tard le soir. C'est là qu'arrive Balasko, explosant le couple en faisant ressortir le côté bisexuel d'Abril. Mais là où le film est intéressant est qu'il n'est pas vraiment une comédie contrairement à ce qu'il se dit de lui. On le voit notamment avec le personnage de Ticky Holgado qui apparaît comme un exemple de ce que risque de devenir le personnage de Chabat : un homme seul, divorcé à cause de nombreuses tromperies et qui ne voit plus ses enfants.

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Même quand il réussit à croiser sa fille, il ne la reconnaît pas et essaye presque d'en faire sa prochaine conquête. Ce qui donne une scène particulièrement sinistre et violente qui reste pourtant dans le ton doux-amer du film. Chabat incarne un parfait salaud. C'est le genre de mec qui essaye de faire culpabiliser sa femme, alors qu'il fait exactement pareil, voire pire qu'elle. De même, son attitude est à double-tranchant, car s'il se révèle gentil avec sa femme ou même Marie-Jo, c'est toujours pour servir ses intérêts et autant dire qu'il arrive souvent à ses fins. Comme lorsqu'il se sert des divergences soudaines entre les deux femmes pour reconquérir Abril. Mais Balasko ira encore plus loin dans la dernière scène du film.

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(attention spoilers) Dans un dernier élan, la réalisatrice ose et fait de Laurent un homme bisexuel tombant sous le charme d'un homme (Miguel Bosé). Laurent évoque à lui seul le comportement de certains hommes refoulant tellement leurs sentiments envers les hommes qu'ils en deviennent homophobes. Le final n'en devient que plus cocasse, au vue du comportement du personnage durant le reste du film envers Marie-Jo. (fin des spoilersGazon maudit apparaît comme un film où chacun des trois personnages a le même défaut : la jalousie. La différence est que l'on aura plus d'attachement pour Marie-Jo et Loli que pour Laurent. Chabat signe une prestation à contre-emploi parfaite et il continuera avec bonheur de jouer dans ce registre à travers Le goût des autres (Agnès Jaoui, 2000) ou Le cousin (Alain Corneau, 1997). Quant à Victoria Abril et Josiane Balasko, elles signent de belles prestations là aussi.

  • Grégoire Moulin contre l'humanité (Artus de Penguern, 2001)

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Après plusieurs courts-métrages, l'acteur Artus de Penguern se lançait dans le long avec un titre prémonitoire. En effet, Grégoire Moulin contre l'humanité a totalement bidé face à Princesse malgré elle (Garry Marshall, 2001) et surtout AI (Steven Spielberg). Un film qui n'est curieusement pas devenu culte, n'alimentant pas la TNT de multiples rediffusions et sombrant un peu dans l'oubli. Mais un film avec un titre pareil ne s'oublie pas. Comme il l'a confirmé avec La clinique de l'amour (2012), De Penguern faisait dans la comédie absurde et imprévisible, capable des rebondissements les plus génialement improbables. Un film qui commence mal dès le départ pour son personnage éponyme (De Penguern), véritable poissard en puissance, cumulant les malchances à un point spectaculaire.

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Défilent devant nous une flopée de personnages à cran, du chauffeur de taxi qui a fait l'armée (Serge Riaboukine) au couple amateur d'échangisme (Didier Bénureau et Marie-Armelle Deguy), en passant par des supporteurs belges et parisiens. Car De Penguern a le génie de situer sa sorte d'After hours un soir de match de football. Ce qui veut dire rues de Paris plus ou moins désertes et réactions explosives. Le réalisateur s'amuse de l'ambiance, montrant progressivement les mines déconfites des supporters du bar où se trouve Pascale Arbillot ou l'énervement du collègue de Grégoire joué par Antoine Duléry. Le pauvre Grégoire se retrouve au milieu de tout cela dans une folie furieuse ininterrompue.

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Quand on pense que la mauvaise passe va se terminer, une autre casserole se rajoute et ainsi de suite, le spectateur ne cessant jamais de se fendre la poire. Grégoire Moulin contre l'humanité est un film absurde jusque dans son dernier acte, De Penguern jouant parfaitement avec la malchance de son héros, quitte à partir dans le sordide. Puis évidemment il n'y a que dans un film d'Artus de Penguern que vous verrez un chien conduire, avec son maître qui tire au fusil depuis le toit de la voiture.

C

A la prochaine ! 

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