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Cine Borat
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13 avril 2021

Made in France II #2

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Jean-Pierre Bacri à part râler il faisait quoi au cinéma ?"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2010's ou des 90's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. Pour cette nouvelle édition, revenons sur un grand acteur qui nous a quitté récemment, Jean-Pierre Bacri. En ces temps de confinement partiel, voici trois films à (re) découvrir !

  • L'été en pente douce (Gérard Krawczyk, 1987)

L'été

Le grand public ne connaît peut-être pas le nom de Gérard Krawczyk, mais il a certainement vu un de ses films réalisés entre 1997 et 2007. Même plus d'une fois, car nous parlons du réalisateur de Taxi 2, 3 et 4 (2000-2007), de Wasabi (2001) ou des remakes de Fanfan la tulipe et L'auberge rouge (2003 et 2007). Avant d'être un des plus célèbres artisans de Tonton Besson, Krawczyk s'était fait remarqué avec ses deux premiers longs-métrages : Je hais les acteurs (1986) et L'été en pente douce. Autant dire que lorsque l'on voit ne serait-ce que le second, on se demande ce qui a pu arriver au réalisateur d'Héroïnes pour enquiller autant de mauvais films à la suite, tant le niveau de qualité n'a rien à voir. L'été en pente douce sort dans la mouvance de 37, 2 le matin (Jean-Jacques Beineix, 1986), autre film où la chaleur se fait sentir à travers les images et pas seulement à cause de ses scènes de sexe.

Laffont

Mais comme dans le film de Beineix, ce sont avant tout des scènes d'amour que l'on voit dans le film, renforçant l'attachement pour un trio improbable formé par les regrettés Pauline Lafont, Jean-Pierre Bacri et Jacques Villeret. Deux frères, un balafré, l'autre handicapé mental, pour une seule femme qui les aime à sa manière. Tout pourrait aller pour le mieux s'ils n'étaient pas les intrus du coin. Une maison familiale reprise suite à la mort de la mère et c'est tout un village qui tombe dans ses bas instincts, voyant des moyens divers de les humilier jusqu'au mariage même de Bacri et Lafont. Krawczyk et son scénariste-acteur Jean-Paul Lilienfeld orchestrent un sabotage fiévreux à en faire tourner la tête. Le final explosif apparaît comme une catharsis, permettant aux héros 
de se libérer d'un poids de plus en plus lourd.

Trio

Et ce malgré une perte évidente de rêves partis en fumée. L'attachement pour les personnages face à une adversité aussi jalouse que stupide est présente tout le film, aidé par un casting optimal. Lafont est aussi belle à l'écran que terriblement sympathique en fan de Marilyn. Villeret reprend un rôle à peu près similaire à celui qu'il tenait dans Malevil (Christian de Chalonge, 1981) , tout en étant plus touchant. Quant à Bacri, il étonne par une prestation fragile, moins bougonne et finalement incroyablement humaine. Un homme qui aspire à de grandes choses, mais se voit freiné par bien d'autres (les bâtons dans les roues, le manque d'inspiration, l'alcoolisme). Coluche devait initialement incarner son personnage, mais il est décédé plusieurs mois avant le tournage.

Ecrire

On peut se dire avec le recul que le rôle aurait peut-être été trop proche de celui qu'il tenait dans Tchao pantin (Claude Berri, 1983). Face à eux, un Guy Marchand plus salaud que jamais et Jean Bouise impeccable. L'été en pente douce n'a pas eu le même succès que 37, 2 le matin (785 791 entrées contre 3,6 millions), mais il s'avère tout aussi mémorable. Il confirme également que même les réalisateurs de films peu recommandables ont été ou sont encore capables du meilleur lorsqu'ils ont l'inspiration. A l'image de Paul WS Anderson, capable de faire la plupart des Resident Evil (de 2002 à 2016) et Event Horizon (1997).
  • Mes meilleurs copains (Jean-Marie Poiré, 1989)

Mes

Oubliez les courtes focales en grand angle de Jean Marie Poiré, ainsi que le Christian Clavier hystérique qui gueule "OK" ou "Vive le chocolat !". Ici on est entre potes. Une époque où les deux savaient encore faire de vrais bons films ensemble. Jean-Marie Poiré signait là son film le plus personnel et pourtant il a sévèrement bidé (plus de 358 000 entrées). Il aura fallu de multiples rediffusions pour que Mes meilleurs copains soit considéré comme un film culte. Après cela, le réalisateur partira dans un délire hystérique omniprésent, avec montage à l'arrache si possible jusqu'à un dernier Visiteurs (2016) que tout le monde a envie d'oublier. Mes meilleurs copains est tout simple : des amis se retrouvent dans la maison de l'un d'entre eux. Tout repose sur l'osmose entre les personnages et en soi les acteurs dans un lieu unique et une courte unité de temps, le reste étant composé de flashbacks.

Meilleurs

Un aspect qui ne fut pas si évident, puisque les acteurs et le réalisateur ne s'entendaient pas aussi bien que cela, ou du moins il y avait des clans bien distincts (Jean-Pierre Bacri était souvent avec Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin et se faisait régulièrement engueulé par Poiré). On oscille entre rires et une certaine gravité avec le sentiment de vouloir rester avec les personnages encore un petit peu. Tous les personnages n'ont pas droit à la même caractérisation ou à la même importance. Mais il y a quelque chose d'intéressant dans chacun. Jean-Pierre Darroussin a beau joué un mec type baba cool, c'est avant tout un homme qui revient d'un deuil brutal et dont personne n'ose réellement parlé à part lui. Un personnage aussi attachant que terriblement drôle et que l'acteur joue avec un naturel désarçonnant.

Darroussin

Clavier interprète un homme restant dans le passé et se focalisant trop sur certains détails. Jean-Pierre Bacri s'occupe d'un personnage encore plus singulier, celui d'un homosexuel ne voulant plus coucher avec des hommes depuis l'explosion du sida. Ce qui amène une mélancolie plus triste en comparaison de Clavier. Philippe Khorsand et Gérard Lanvin ont des personnages à la caractérisation plus directe (un metteur en scène croyant absolument que sa compagne le trompe et un homme marié qui fantasme encore sur son ex), ce qui ne les empêche pas d'être intéressants. D'autant que Lanvin jouait encore ses personnages de durs à cuir de manière sympathique et non en mode armoire à glace.

Bacri Clavier

Puis le final sur Joe Cocker qui reprend une des meilleures chansons des Beatles emporte le tout dans un dernier plan savoureux. On peut donc trouver triste que Poiré n'a jamais retrouvé la qualité de ce film depuis, pas même avec Les Visiteurs (1993) qui reste son dernier bon film à ce jour.

  • On connaît la chanson (Alain Resnais, 1997)

On

Alain Resnais a toujours varié les plaisirs, se distinguant par des influences diverses, allant d'HP Lovecraft sur Providence (1977) à la bande-dessinée avec I want to go home (et tous ses projets d'adaptations avortés tels que "L'île mystérieuse" ou "Mandrake"). Cela se confirme encore une fois avec On connaît la chanson, écrit par le duo Agnès Jaoui - Jean-Pierre Bacri déjà à l'origine de son dyptique Smoking / No smoking (1993). Le concept se révèle assez farfelu : un film choral où plusieurs passages de dialogues sont remplacés par des chansons bien connues jouées en playback par les acteurs. Imaginez André Dussollier s'imaginant dans la garde républicaine en chantant Vertige de l'amour (Alain Bashung, 1980) et vous aurez déjà une image du délire global du film. 

D'autant que le choix des chansons s'avère varié avec du Gilbert Bécaud, Johnny Hallyday (Dussollier décidément en feu), Serge Lama, Léo Ferré, Eddy Mitchell, Téléphone ou Serge Gainsbourg. Le délire du playback aurait pu être ridicule au bout d'un moment et pourtant Resnais rend les interludes musicaux amusants à regarder. D'autant plus qu'ils correspondent parfaitement aux tempéraments et pensées des personnages. Comme les anciennes relations entre Bacri et Sabine Azéma ou Pierre Arditi hésitant de plus en plus à quitter Azéma avant de s'arrêter net. Sans compter le Résiste de France Gall (1981) qui n'en devient que plus évident avec Agnès Jaoui au bord du gouffre.

Puis on se demande à chaque fois quelle chanson va passer à la casserole et la surprise n'en est que meilleure. Les acteurs se donnent à fond pour donner cœur au concept. Le film s'articule sur divers personnages : Bacri est hypocondriaque et son mariage semble au point mort ; Arditi ne sait plus quoi faire avec Azéma, plus préoccupée à l'idée de trouver un appartement ; Jaoui est amoureuse d'un type dont l'employé est amoureux d'elle. Un chassé-croisé tantôt très fun, souvent romantique, parfois triste, quelques fois explosif (Azéma qui apprend les raisons du prix de l'appartement est un grand moment de rigolade). Un grand cru du réalisateur qui s'est imposé aux Césars (sept dont meilleur film), en plus d'être un beau succès en salles (2,6 millions d'entrées).

Jane

A la prochaine ! 

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Commentaires
P
Je reverrais bien l'été en pente douce.
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T
Excellent hommage que tu rends à Jean Pierre Bacri. Je n'ai pas vu les films que tu cites, mais, j'ai découvert récemment le très bon Mort Un Dimanche De Pluie, avec un Bacri assez surprenant. Je te le conseille.
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B
Je ne comprendrai jamais comment ce film a pu faire un score pareil. Surtout vu la popularité actuelle du film ou du moins sa réputation. On peut vraiment dire de lui que les rediffusions et ses ventes vidéo l'ont grandement aidé.
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L
Merci pour ce bel article : "Mes meilleurs copains" fait partie de mes films-culte et je lui consacrerai (enfin) un billet tout prochainement.
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