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Cine Borat
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28 juillet 2021

Made in France II #7

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Ah c'est réalisé par un français ? Bizarre, vu que ça parle en anglais, je croyais que c'était américain"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2010's ou des 90's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. Pour cette nouvelle édition, revenons sur trois films actuellement dans les salles. En ces temps de pass vaccinal, voici trois films à découvrir !

  • A l'abordage (Guillaume Brac, 2020)

Abordage

Et si l'un des meilleurs films de ce début d'année n'était pas sorti au cinéma, ni en vidéo, du moins durant un temps ? Présenté à la Berlinale et à Cabourg (avec Grand Prix à l'appui) l'an dernier, A l'abordage a vu sa sortie en salles repoussée et au final il a été diffusé le 28 mai sur Arte, avant une petite sortie au cinéma depuis la semaine dernière.  Le film de Guillaume Brac se présente comme une comédie de vacances assez simple. Trois gars (deux qui se connaissent, un inconnu) partent pour un camping en covoiturage. Une fois sur place, l'un d'entre eux va voir une fille avec qui il était en relation à Paris, mais cela ne se passe pas comme prévu et c'est pareil pour les deux autres zigotos.

Trio

 

A partir de ce point de départ pas loin de faire penser aux Camping de Fabien Onteniente (2006-2016) et autre Camping paradis (2006-), Brac réussit son étude de personnages avec une simplicité à faire peur. Ici, pas de punchlines que l'on retient plus pour leur ridicule que pour leur pertinence (personne ne débarquera en slip pour demander si on ne l'attend pas pour l'apéro), ni de bons sentiments un brin dégoulinants. Le récit joue sur le film de potes ou plutôt le film de potes en devenir, puisque Edouard aka Chaton apprend à connaître petit à petit Félix et Chérif et ils deviennent copains. Chacun a une personnalité intéressante. Félix pensait faire une surprise en amoureux transi. Il va se prendre une claque, en plus de découvrir qu'il est très jaloux.

Rando

 

Chérif est le plus conciliant des deux et se retrouve dans la position du potentiel amant dans la tente, en plus du babysitter improbable. Quant à Chaton, il réussit à bousiller la dites voiture, l'amenant à une situation qui risque de le changer durablement. Trois cas différents mais tous attachants. D'autant que le trio Éric Nantchouang / Salif Cissé / Édouard Sulpice est d'un naturel incroyable et suscite tout de suite l'adhésion. A eux se rajoutent également les filles qui sont également très différentes entre elles. Il y a la fameuse élue du cœur de Félix ne sachant pas vraiment ce qu'elle veut (Asma Messaoudene) ; sa sœur (Lucie Gallo) qui est beaucoup plus respectueuse et voit bien que la situation ne pourra qu'empirer si la fameuse Alma n'est pas plus conciliante ; et la mère de famille (Ana Blagojevic) qui voit bien que son couple est en train de partir en cacahuètes avec un mari jamais là (le rapprochement avec Chérif n'a rien d'anodin).

Aline

 

Là encore, Brac ne fait pas des personnages idéalisés. Ils ont tous des défauts et ce sont ces derniers qui les rend au final humains. A l'abordage se suit sans déplaisir et pourtant il ne s'y passe pas non plus énormément de choses. C'est cette simplicité qui fait tout le charme du film, comme un voyage de vacances avec ses aléas, mais également ses très bonnes choses. Avec les amis, les amours (forcément compliqués), les emmerdes et même les karaokés. La scène en question est incroyable, car elle permet à un personnage de s'émanciper et d'oublier enfin ses problèmes, mais aussi à un couple de réellement se former. A l'abordage est donc le parfait film pour vivre un été sous de bons augures.

  • 5ème set (Quentin Reynaud, 2020)

5ème set

Alors que nous sommes en pleins Jeux Olympiques, le tennis s'expose aussi au cinéma. Le tennis n'est pas forcément le sport le plus illustré dans le 7ème art, mais il a eu ses métrages consacrés, généralement en langue anglaise d'ailleurs. Avec 5ème set, il n'est pas question de voir l'ascension fulgurante d'un joueur dans le milieu, mais plutôt l'inverse. Alex Lutz incarne un tennisman de 37 ans que tout le monde pense voir échouer une énième fois après une demi-finale perdue en 2001. Quentin Reynaud montre alors ce qu'est un sportif qui ne gagne plus, qui n'a plus rien à perdre, voit également son corps se casser avec des ampoules qui explosent ou un genou opéré. Le personnage n'a plus vraiment de rêve de gloire, mais il veut voir s'il a encore une chance. Dans un sens, il n'est pas sans rappeler Sparring (Samuel Jouy, 2017) mais version tennis.

Lutz

 

Un homme d'un certain âge qui a globalement vu sa carrière aller nulle part, mais qui a encore un souffle de persévérance. Un battant qui a tout contre lui et qui voit en un match que cela peut changer. Du jour au lendemain, un espoir apparaît. Lutz retranscrit bien la frustration que peut avoir son personnage à l'écran, homme semblant repartir de zéro après deux décennies alignant les échecs cuisants. Sans compter les médias qui ne reparlent de lui que pour évoquer sa défaite, entretenant ainsi chaque année cette réputation de raté. Mais Reynaud interroge aussi sur l'après avec des joueurs qui finissent soit commentateurs, soit dans la ligue des plus de 35 ans, voire deviennent professeurs et découvreurs de talents à leur manière ou tout simplement arrêtent.

2001

C'est là que le personnage d'Ana Girardot s'avère intéressant, car il est l'antithèse de son mari. Elle a arrêté car elle a eu un enfant et qu'elle n'était visiblement plus au niveau. Elle aussi a ses frustrations et la plus cuisante vient de la plus improbable des personnes : son fils. Dans une scène, on la voit donner sa raquette à son fils pour jouer en son absence et ce dernier la rejette car il veut celle de papa, ne savant pas que sa maman jouait aussi au tennis. Toute la tristesse de ce personnage qui n'a pas voulu mettre sa raquette au placard, mais a été contrainte de le faire se lit dans les yeux de Girardot. Il suffit parfois de peu pour susciter l'émotion et là tout fonctionne à travers les répliques innocentes d'un enfant. Cet anonymat se confirmera à un autre moment quand elle sera invitée avec son mari à un soirée de gala et que les gens parviennent difficilement à la reconnaître.

ANA

 

Comme si tout ce qu'elle avait fait tenait du néant, que la célébrité dans le sport n'est qu'éphémère et que l'on est toujours remplacé par d'autres. Reynaud ne filme donc pas tant le tennis. C'est même un aspect assez banal du film, jouant sur les dispositifs habituels de France Télévision avec Lionel Chamoulaud aux commentaires (encore un peu et on avait Nelson Monfort). En revanche, il réussit à retranscrire un certain suspense durant les phases de jeu, quand bien même le film ne montre que des bribes de matchs et résume les sets par des cartons. 5ème set parle surtout des vieux sportifs, des outsiders qui y croient encore un peu et ceux qui ne croient plus en rien. Il leur rend hommage à sa manière.

  • Gagarine (Liatar, Trouilh, 2020)

Gagarine

A la base, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh réalisent en 2015 un pur film de commande sur la cité Gagarine, inaugurée en 1963 par le cosmonaute soviétique. Le film dressait le portrait de différents habitants en mettant déjà en scène le personnage de Youri. Après deux courts-métrages remarqués (dont Chien bleu en 2018), le duo se lance dans la réalisation d'un long basé sur leur premier court-métrage. La situation est alors différente, puisque cette fois-ci la cité s'apprête à être démolie en août 2019. L'occasion de tourner une dernière fois avant qu'elle ne soit réduite en cendre. Gagarine montre le passé de la cité avec un rayonnement à son inauguration, avant d'enchaîner sur ce qu'elle est désormais. Une ruine sentant fort l'amiante, rafistolée comme certains le peuvent, avec son lot de trafics (symbolisés par le personnage de Finnegan Oldfield) et dont pas mal d'habitants ont baissé les bras et se demandent s'il ne faudrait pas partir vers des jours meilleurs ailleurs. Un seul semble encore y croire : le fameux Youri.

Youri

Idrissa Diabaté laisse sa place à Alseni Bathily dans le rôle de ce jeune homme dont la seule existence repose sur un rêve impossible. Il essayera dans un premier temps de remettre la cité en état, mais rien n'y fera. Alors reste cet espoir improbable, celui de faire de Gagarine un temple de cosmonaute : un vaisseau spatial. Le spectateur peut facilement être en empathie avec ce héros seul contre tous, au rêve fou mais pas si anodin. Gagarine est son monde et il s'écroule sous ses yeux. Il essaye de recoller les morceaux, mais il ne peut pas sauver tous les meubles. Sa seule attache est une fille qu'il aime (Lyna Khoudri), un ami (Jamil McCraven) et sa famille, sa mère l'ayant abandonné. Et encore là aussi tout est relatif.

Lumière

Youri est un héros combatif dans une situation où il est donné perdant d'avance et c'est ce qui rend le film si émouvant. Gagarine est un film amer où l'aspect science-fictionnel tient du rêve au sens propre comme au figuré. Ce qui donne de très belles scènes, mais aussi un sentiment d'impuissance partagé avec le héros. Gagarine ne se pose pas comme un film à charge, mais il se sert très bien de la réalité pour alimenter le drame qu'il décrit. Il montre surtout un héros dont le rêve se brise petit à petit. A cela se rajoute la poésie du premier amour, se manifestant par une simplicité aussi incroyable que monter sur une grue en pleine nuit. La complicité entre Bathily et Khoudri fait mouche très rapidement, avec des petits pas devenant grands. On peut en dire autant de la relation entre Youri et le personnage de Farida Rahouadj, véritable mère de substitution.

COuple

Gagarine s'apparentait au départ à un film de genre, il est au final un très beau film sur l'espoir où le genre sert avant tout de rêverie poétique, alimentée par la superbe photographie de Victor Seguin (déjà présent sur les courts des réalisateurs).

Ville

A la prochaine ! 

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