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Cine Borat
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29 janvier 2022

Made in France II #13

"Le cinéma français c'est de la merde !", "La France ne fait plus de films de genre ou alors ils sont tellement mauvais qu'on les enterre"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de pass sanitaire et de Festival de Gérardmer, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Teddy (les Boukherma, 2020)

Teddy

Un grand nombre de créatures ont parsemé le cinéma français, mais le loup-garou reste une figure rare. On peut toutefois citer l'érotique La Bête (Walerian Borowczyk, 1975) ou la coproduction Le Loup-garou de Paris (Anthony Waller, 1997), sorte de suite / remake pourri jusqu'au trognon du film de John Landis (qui n'était déjà pas si folichon). C'est donc sur ce terrain un brin vierge que débarque le second long-métrage de Ludovic et Zoran Boukherma. Comme souvent dans l'actuel cinéma français fantastico-horrifique, il y a une tendance à l'hybridation, Teddy n'étant pas un film fantastique total et il tend vers l'absurde avec des personnages qui le sont tout autant. Surtout que le film met en avant un village isolé où les rares occupations sont des hommages aux morts, le super loto ou un salon de massage.

Police

 

Rien de bien dingo à l'horizon, si ce n'est des loups qui rôdent autour des moutons pour des résultats carnassiers. C'est dans ce petit monde que vit Teddy (Anthony Bajon), un gamin paumé gérant sa famille comme il peut (l'oncle n'est pas clair, madame est en état végétatif), ses histoires de couple et ses envies d'ailleurs. C'est là qu'arrive la morsure et les réalisateurs optent pour le hors-champ, ce qui peut être une bonne comme une mauvaise chose. D'un côté, on comprend l'intention, car le film ne coûte qu'un million d'euros (soit moins que La nuée de Just Philippot et Titane de Julia Ducournau) et ne peut pas se permettre toutes les folies possibles. De l'autre, la scène aurait mérité d'être un peu moins longue. Le film va donc jouer constamment au yoyo avec les limites du budget.

Sang

 

Les réalisateurs avaient ainsi avoué au Point Pop (*) qu'ils avaient coupé pas mal de plans où Teddy est un loup-garou, car le résultat n'était pas assez réaliste. Cela se ressent dans le final où on ne verra Teddy entièrement transformé qu'une seule fois dans un plan assez éloigné, les réalisateurs privilégiant des parties du corps. Quitte là aussi à ce que ça passe ou ça casse comme ce plan entièrement en images de synthèse d'un effet douteux. Néanmoins, si tout n'est pas parfait, en revanche, la transformation progressive du héros en créature est vraiment intéressante avec un corps qui change et une attitude qui varie du tout au tout. Teddy a des repères qui vont disparaître au fil du film, au point d'arriver à une fin logique.

A!l

 

Le film renvoie donc à des aspects habituels des films de lycanthropie avec une malédiction qui change radicalement son héros, des amours qui virent à des désillusions destructrices et une violence radicale. Si tout n'est pas montré encore une fois, les réalisateurs nous offrent une belle séance de tirage de langue et les cadavres ne manqueront pas. Le final est peut-être même plus angoissant sans partir dans le gore. Les cris, le noir quasiment total et le hors-champ font alors leur effet. Teddy est un film qui commence de manière cocasse et va aller petit à petit vers l'horreur et la tragédie. Soit un dernier aspect typique du genre comme en attestent The Wolfman (George Waggner, 1941) et le remake de Joe Johnston (2010), Hurlements (Joe Dante, 1981) ou même Van Helsing (Stephen Sommers, 2004).

Langue

 

Les Boukherma signent une véritable curiosité avec son lot de freaks et un côté improbable qui fonctionne, malgré des soucis divers. De quoi attendre avec intérêt leur prochain métrage L'année du requin, premier film de requins réalisés par des français depuis Jaws 2 (Jeannot Szwarc, 1978) !

  • L'heure de la sortie (Sébastien Marnier, 2018)

L'heure

Sorti début 2019 dans un certain anonymat (66 534 entrées), le second long-métrage de Sébastien Marnier mérite une meilleure visibilité. Le film utilise pleinement le point de vue du personnage de Laurent Lafitte. Comme le spectateur, il découvre le collège dans lequel se déroule en partie l'action (Lafitte incarne un professeur de français suppléant, dont l'arrivée survient suite au suicide d'un confrère), ainsi que ses élèves. Ces derniers sont surdoués et intriguent dès le départ. Tout d'abord par le manque d'émotions qu'ils véhiculent, puis par leurs réactions suite à des altercations avec d'autres élèves. Un groupe à part que l'on peut voir comme les enfants du Village des damnés (John Wyndham, 1957), sans les pouvoirs maléfiques, ni la conception étrange. Il y a un truc qui cloche et le professeur finira par le découvrir tôt ou tard.

Rassemblement

Marnier s'amuse du côté voyeuriste du personnage, alimentant le film de plusieurs plans subjectifs où il observe ses élèves, donnant un caractère étrange à ce professeur. Il est à la fois compréhensif (il essaye d'aider ses élèves lors d'altercations, même s'ils le rejettent) et trop curieux. Le réalisateur se permet même de brouiller les pistes à travers l'intrigue du téléphone. Il instaure également le mystère avec des petits éléments devenant de plus en plus insistants, comme des cafards dans l'appartement de Lafitte. L'acteur se révèle impeccable, tout comme ses élèves à l'écran (dont Luana Bajrami vue notamment dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma).

Altercation

L'heure de la sortie est un film intriguant et dévoilant ses cartes progressivement, permettant ainsi de se prendre les dernières minutes en pleine figure et ainsi de comprendre pleinement le point de vue des élèves. Sébastien Marnier signe un film inquiétant qui risque d'avoir une plus grande visibilité à l'avenir, au vue de ce qu'il raconte. Jusqu'ici tout va bien...

  • La traque (Antoine Blossier, 2010)

Trauqe

Antoine Blossier est un réalisateur de films grand public, tels que la comédie A toute épreuve (2014) et la dernière adaptation de Rémi sans famille (2018). Mais avant cela, il avait signé ce film d'horreur sorti dans l'anonymat le plus total et désormais oublié. La traque n'est pas un film parfait et est en partie victime de son manque de budget. Blossier a dû faire avec les moyens du bord et cela se ressent dans les passages de pure suggestion, où les sangliers sont présents grâce à des bruitages ou des herbes hautes qui bougent. Ou alors par des plans rapides où le monteur fait tout pour ne pas trop montrer les sangliers en cgi ou en animatroniques. Même quand les sangliers attaquent, on ne voit finalement que le haut du corps de la bête (des effets plutôt réussis au passage).

Animaux

En revanche, pour ce qui est du reste, La traque fonctionne pleinement. A l'heure où les pesticides sont de plus en plus considérés comme nocifs pour la santé des êtres-vivants, on peut dire que Blossier et son scénariste Erich Vogel ont été visionnaire. D'autant plus que le contexte est très crédible (une entreprise est sauvée de la faillite grâce à l'utilisation de pesticides, qui au final dégradent la nature et rendent fous les animaux des alentours). La traque devient également en cours de route un terrain de chasse entre les protagonistes. Le patron de l'entreprise (François Levantal) face à son père (Fred Ulysse), son frère (Joseph Malerba) et son gendre qui en sait un peu trop (Grégoire Colin). Dès lors, un duel psychologique intéressant va se jouer entre Colin et Levantal, les deux ayant un contentieux qui dure depuis plus longtemps que l'action du film.

Famille

 

Le final paraît d'ailleurs plus que logique, dans la tonalité d'un scandale que l'on essaye d'étouffer. Donc si La traque n'a pas les moyens de ses ambitions (mais est-ce que Russell Mulcahy les avait à l'époque de Razorback, le film référence des attaques de sangliers ?), il s'avère efficace, bien joué et écrit intelligemment (la référence à Predator de John McTiernan est plutôt bien vue).

Colin

A la prochaine ! 


 

* Voir https://www.lepoint.fr/pop-culture/teddy-un-film-de-loup-garou-francais-rural-et-au-poil-29-06-2021-2433223_2920.php

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Commentaires
A
J'ai détesté La Traque quand je l'ai vu, des personnages sans épaisseur joué par des comédiens absolument pas concernés (mention spéciale au Grégoire Colin pas frais). Pas vu Teddy, mais, le film s'est retrouvé dans les flops de Mad Movies. Seul L'heure de la sortie m’intéresse, notamment parce que j'aime bien Laurent Lafitte, même si le sujet du film semble ressembler beaucoup à celui d'un autre long métrage des années 70 découvert récemment, Les Yeux De Satan, de Sidney Lumet, avec James Mason : https://www.telerama.fr/cinema/les-yeux-de-satan-un-sidney-lumet-imparfait-meconnu-mais-fascinant-miroir-de-son-art-6852349.php
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