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Cine Borat
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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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6 février 2022

Made in France II #14

"Le cinéma français c'est de la merde !", "On ne voit jamais des héroïnes d'action, il serait temps que cela change"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de pass sanitaire, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Nid de guêpes (Florent Emilio Siri, 2002)

Nid de guêpes

Avant de s'égarer à Marseille et de se mettre à Cloclo, Florent Emilio Siri s'était notamment fait remarquer avec son second long-métrage. En 2002, il signait ce remake non-officiel d'Assaut (John Carpenter, 1976), qui lui-même était un remake non-officiel de Rio Bravo (Howard Hawks, 1959). Dans Nid de guêpes, il est toujours question d'hommes de loi et de criminels collaborant ensemble face à une menace fantomatique de plus en plus envahissante et essayant de rentrer à l'intérieur d'un bâtiment. Ici plus de commissariat, mais un entrepôt de marchandises braqué qui devient le refuge d'une unité d'élite convoyant un dangereux criminel. Un mafieux très gentil (viols, proxénétisme, trafic d'armes, torture) qui a une panoplie d'hommes prêts à tout pour zigouiller du militaire et qui ne vont pas se faire prier pour le faire. Cela marche également pour les témoins, soit les braqueurs et les braqués.

Farès

 

Siri a d'ailleurs la bonne idée d'installer l'action le jour de la fête nationale, rendant le braquage et le manque d'intervention de la police plus faciles à justifier. Personne ne viendra les sauver, ils devront s'en sortir avec les moyens du bord et si les militaires ont des grosses armes avec eux, les munitions ne sont pas illimitées. Chez Carpenter, les tueurs étaient des silhouettes, ici ce sont des hommes équipés de haut en bas, dont on ne verra jamais le visage. D'autant que l'éclairage rend leur menace quasiment invisible, l'entrepôt étant quasiment plongé dans le noir, qui plus est de nuit. Là où Jean François Richet s'est copieusement raté sur le remake officiel d'Assaut (2005) à force de changer complètement l'histoire et de vouloir tout justifier (les tueurs sont trop personnifiés notamment), Siri signe un film d'action réjouissant, bien réalisé et bien joué.

Equipement

Un élément qui n'est pas donné tous les jours à Nadia Farès et Samy Naceri. La première est excellente en militaire, héroïne que Siri iconise le plus possible. Comme quoi, on n'a pas forcément besoin qu'Hollywood se mette à adapter la femme merveilleuse pour voir une femme qui dégomme des bonhommes par paquets de douze. Il suffit parfois juste de regarder ce qui se fait ailleurs. Quant à Naceri, il n'est pas si présent que ne le suggère son nom sur l'affiche, mais il assure et son personnage est loin de celui qu'il jouait dans les quatre premiers Taxi (Pirès, Krawczyk, 1998-2007), ce qui est appréciable. Sans compter Benoît Magimel impeccable, au même titre que Richard Sammel ou Pascal Greggory. Le film possède également une excellente gestion des lieux et le groupe de survivants tient la route, assurant un spectacle sanglant et spectaculaire. Il est donc sinistre qu'un film pareil n'a pu faire plus de 360 000 entrées à sa sortie et n'est pas plus diffusé depuis...

  • La cité des enfants perdus (Jeunet, Caro, 1995)

Cité

La sortie de Big Bug sur Netflix est l'occasion de revenir sur un des plus beaux sommets de Jean-Pierre Jeunet, là aussi un film de science-fiction. A l'origine, La cité des enfants perdus devait être le premier long-métrage de Jeunet et Marc Caro. Mais le projet étant très ambitieux et potentiellement cher, il attendra et le duo partira sur un second scénario qui deviendra Delicatessen (1991). Ce dernier attire 1,4 million d'entrées, est plutôt bien accueilli et récolte même 4 César (dont meilleurs premier film et scénario). La Cité... peut alors être mise à flot avec un budget d'environ 13 millions d'euros (là où Delicatessen était aux alentours de 3-4 millions d'euros de budget), avec beaucoup de décors (créés par les équipes de Jean Rabasse), des effets-spéciaux (supervisés par Pitof), un acteur international (Ron Perlman qui parlait français phonétiquement) et un grand couturier aux costumes (Jean-Paul Gaultier qui en viendra à payer certains frais, car le budget ne le permettait pas). 

Décor

La Cité... ne rapportera pas autant que Delicatessen car plus cher (plus d'1,3 million d'entrées tout de même), mais il permettra à Hollywood de repérer Jeunet et c'est ainsi que le réalisateur se retrouvera à remplacer Danny Boyle sur Alien Resurrection (1997). A l'image de DelicatessenLa Cité... apparaît comme une œuvre science-fictionnelle que l'on arrive difficilement à situer, car le look de ses personnages semble d'un autre temps et en même temps, il y a des aspects modernes de partout. Comme les cyclopes (des aveugles qui arrivent à voir grâce à une caméra mise à la place d'un de leurs yeux et connectée à leur cerveau), un cerveau qui parle avec la voix de Jean-Louis Trintignant, Dominique Pinon en plusieurs exemplaires et une créature qui veut rêver. Delicatessen se basait globalement sur un décor spécifique (le bâtiment de la boucherie), ce qui légitimait l'aspect choral.

Cyclope

 

Ici, Jeunet et Caro ont un décor plus vaste et ils jouent la carte du mystère avec différentes intrigues qui s'entrechoquent. Krank (Daniel Emilfork) veut rêver pour retrouver une certaine jeunesse et fait kidnapper des enfants pour voler leurs rêves, ce qui est contrecarré à chaque fois car ils font tous des cauchemars. One (Perlman) est un marin qui fait des shows dans la rue et part à la recherche de "son petit frère" justement enlevé (Joseph Lucien). Miette (Judith Vittet) fait partie d'une bande de gamins volant pour des sœurs siamoises qui les exploitent (Geneviève Brunet et Odile Mallet). Enfin, un homme mystérieux et ayant perdu la mémoire sillonne les fonds à la recherche d'objets. Si le duo semble se focaliser en particulier sur les deux premières intrigues, tout finit par se recouper au bout d'un certain temps pour ne former qu'une seule et même histoire.

Krong

La Cité... développe un univers fascinant qui détonne encore aujourd'hui de par sa proposition artistique singulière. Krank est peut-être fou, mais il n'est pas sans rappeler Roy Batty (Rutger Hauer dans Blade Runner), autre personnage en voie d'extinction avec un fort désir de vivre. Ce qui l'humanise en fin de compte. Il en est de même pour les clones de Pinon, sidekicks comiques de l'histoire amplement sympathiques et loin d'être méchants. La vision d'Irvin pourrait faire croire qu'il est le "cerveau" de l'histoire, alors qu'il est au final d'une grande aide pour les héros. C'est également lui qui évoque le mal de Krank sous forme d'histoire à raconter avant de dormir.

Cerveau

Si le lien entre One et son petit frère est un peu trop rapidement montré pour marquer le spectateur, en revanche celle que le premier entretient avec Miette est absolument magnifique et sert de véritable leitmotiv au récit. D'autant qu'il y a une incroyable alchimie entre Ron Perlman (dans un français plutôt correct) et Judith Vittet. La petite apparaît d'ailleurs comme plus énergique que ceux qui l'entourent et c'est par elle qu'arrive la résolution du film. One est un homme un peu simplet dans un corps de brute, mais les scènes où il pense que Miette est morte confirment le grand cœur de ce personnage. Quant aux effets-visuels, si certaines choses ont évidemment pris de la bouteille (on parle tout de même d'un des films live-action qui utilisaient le plus de cgi à sa sortie), cela reste tout de même suffisamment innovant et au service du récit pour ne pas être dérangé.

Ron Perlman

 

Ainsi, les séquences avec les puces sont encore ingénieuses et les distorsions d'image de l'ouverture montrent bien tout l'aspect cauchemardesque voulu par le contexte. La Cité des enfants perdus est donc un deuxième essai magistral, avec un univers riche, des acteurs investis et un sens du visuel encore fort de nos jours, en faisant un des meilleurs films de science-fiction français. Même le travail de Jean-Paul Gaultier paraît plus élégant (avec d'ailleurs One arborant sa marinière fétiche) que ce qu'il fera sur Le cinquième élément (Luc Besson, 1997).

  • Un mauvais fils (Claude Sautet, 1980)

Fils

La promotion du film de Claude Sautet fut un carnage. A l'époque, Patrick Dewaere s'apprête à épouser Élisabeth Chalier et se confie à ce qu'il pense être un ami, Patrice de Nussac. Manque de bol pour lui, le journaliste balance tout dans la presse, ce qui sera suivi d'un coup de poing en pleine figure. Quel rapport avec Un mauvais fils ? Il est très simple. Dewaere doit en faire la promotion et la presse le boycotte de toutes les manières possibles. Refus d'entretiens, pas évoqué dans les articles sur le film, voire subtilement renommé P.D. Malgré quelques bonnes critiques, le film est tout de même mal accueilli à cause du boycott. Il n'en reste pas moins que le public est tout de même au rendez-vous avec plus d'1 million d'entrées. Si la promotion fut catastrophique, la production ne fut pas triste non plus. Sautet pense au départ à Gérard Depardieu et écrit le rôle pour lui.

Dewaere

 

Une information qu'il glissera lors d'une projection de presse, ce qui ne plaira pas à Dewaere alors fortement dépressif au vue de la situation, au point de s'engueuler avec le réalisateur. Toutefois, Sautet n'a volontairement pas pris Depardieu, car il ne le trouvait pas assez vulnérable, privilégiant ainsi Dewaere. De plus, il voit l'investissement de l'acteur dans le rôle, au point de s'être rasé la fameuse moustache qu'il arbore depuis le début des 70's. Le film fait d'autant plus écho à l'acteur que lui-même se drogue et ne parvient pas à se défaire de cette addiction. Si son personnage est plus ou moins sobre depuis sa condamnation, ce n'est pas le cas de celui de Brigitte Fossey qui s'enfonce encore et encore dans les shoots. Ainsi, la rechute peut revenir à tout moment, là où la drogue ne fait ironiquement plus rien à Dewaere.

Fossey

Initialement écrit par Daniel Biasini et Claude Néron, le scénario était jugé trop sinistre et Sautet l'a retouché avec Jean-Paul Török , ce qui permet notamment d'étoffer le rôle du libraire. Incarné par un Jacques Dufilho particulièrement classe (et césarisé pour l'occasion), le libraire apparaît comme un père de substitution pour Fossey, mais aussi pour Dewaere. Ce qui nous amène au titre du film. Avec Un mauvais fils, Sautet aborde une relation père-fils explosive, faites de non-dits, de rancœurs, de bêtise même qui prend des proportions gigantesques. Dewaere devient ainsi le responsable de la mort de sa mère, mais la tromperie du père n'est pas un problème pour ce dernier. Comme si cela ne s'était peut-être pas vu à l'époque. La confrontation au petit-déjeuner n'en devient que plus violente, car le spectateur voit un homme essayant par tous les moyens de se racheter une conduite face à des gens qui lui en voudront toujours pour des futilités.

Dufilho

 

Le petit-déjeuner est l'occasion d'inverser les rôles. Le coupable n'est plus celui que l'on croit et le combat de coqs n'en est que plus fracassant. Yves Robert incarne un homme ne se remettant jamais en question, devenant ainsi un véritable monstre en incriminant son fils de tous les maux. Le fils a eu une peine de prison pour ses péchés, le père aura sa peine de solitude pour ses propres erreurs. La conclusion apparaît un peu hâtive, Sautet restant un peu évasif là où il aurait pu prendre un peu plus son temps. Néanmoins, le film se révèle bien assez convaincant avec un casting au top, Dewaere en tête trouvant là un de ses plus beaux rôles.

Duel

A la prochaine ! 

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Commentaires
A
Pas vu Nid De Guêpe (mais, je rejoins l'avis de Prince sur Cloclo). En ce qui concerne La Cité Des Enfants Perdus, je trouve que le film à tellement vieilli qu'il en devient irregardable aujourd'hui, j'en ai fait l’expérience récemment. Quant à Un Mauvais Fils, je l'ai vu il y longtemps et je ne m'en souviens plus.
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B
Ah pour le coup je trouve Cloclo super. En revanche Marseille était un désastre et pas osé voir Pension complète.
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P
Tu m'as redonné le goût du Nid de Guêpes avec ton formidable article. Siri a hélas bien perdu de sa superbe effectivement depuis son décevant Cloclo.
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