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13 mars 2022

Made in France II #19

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Le cinéma français ne sait plus faire des films populaires"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de pass vaccinal, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Coup de tête (Jean-Jacques Annaud, 1979)

Coup

Ah Trincamp ! Son usine ! Son bar ! Ses patrons ! Ses magasins ! Son équipe de football ! Ses violeurs et ses arrivistes ! Après les deux aventures du Grand blond avec une chaussure noire (Yves Robert, 1972-74), Le Jouet (Francis Veber, 1976) et On aura tout vu (Georges Lautner, 1976) ; François Perrin revient sous la plume de Francis Veber avec Coup de tête. Cette fois-ci, ce n'est plus Pierre Richard qui l'incarne (il reprendra le rôle dans La Chèvre), mais Patrick Dewaere. Le personnage n'est donc plus montré sous un air gaffeur, mais plus comme un marginal sur qui le sort s'acharne. Une certaine vision de l'hypocrisie règne dans Trincamp, ville qui s'est donné le mot pour dégager l'élément perturbateur (Perrin donc) de toutes les manières possibles. Perrin n'a pas la même malchance que quand il fut incarné par Richard.

SDF

 

Il ne s'agit plus d'un violoniste pris entre deux feux ou d'un homme contraint de servir de doudou à un gamin pourri gâté. Perrin est ici l'ennemi public numéro 1, le coupable idéal qui a bon dos. Il a osé faire une bousculade à la star du club de football local (feu Patrick Floersheim, voix française de Kurt Russell et Michael Douglas et terrible Père Noël) ? Il est viré et interdit de séjour. La star commet un viol ? On sait qui va prendre sa place en prison, à grand coup de faux-témoignages. Après tout, il faisait noir et Perrin n'a plus de boulot et aucune réelle attache. La vengeance n'en sera que plus jouissive face à la bêtise et à la cupidité des interlocuteurs de Perrin. Successeur de Robert, Veber et Lautner, Jean-Jacques Annaud (alors auréolé de l'Oscar du meilleur film étranger pour La victoire en chantant) s'en donne à coeur joie pour orchestrer ce jeu de massacre qui se retourne contre ses instigateurs.

France

Ils ont fait souffrir Perrin ? Ce dernier va les humilier jusqu'au bout à coup de baffes, de vitres brisées et de femme laissée sur le bas côté de la route. Parfois même sans avoir besoin de faire grand chose, juste en instaurant une frousse totale à ses ennemis au point d'en devenir fous. Dewaere est parfait dans ce rôle plein de malchance, semblant même peu satisfait du bordel qu'il a généré. Sans compter les second-rôles convaincants que sont Jean Bouise (récompensé pour l'occasion aux César), Gérard Hernandez, Michel Fortin ou Michel Aumont. Le football n'intéresse pas vraiment Annaud, comme le confirme les matchs tout sauf dingues en terme de mise en scène (bien qu'il avait l'appui de l'AJ Auxerre entraîné par Guy Roux). Le principal repose sur les répercussions du football sur la ville et ceux qui en tirent les ficelles. 

fOOT

Autant dire que le réalisateur a bien saisi cet aspect. Coup de tête n'a pas été un énorme succès (902 144 entrées), Dewaere refusant d'en faire la promotion. Néanmoins, le film avait été bien accueilli par la presse, est encore bien apprécié de nos jours et la célèbre musique de Pierre Bachelet résonne encore dans toutes les têtes.

  • Possession (Andrzej Zulawski, 1981)

Possession

Réalisateur polonais, Andrzej Zulawski s'exile en France au cours des 70's suite à l'interdiction du Diable (1972) dans son pays natal jusqu'en 1988. Après L'important c'est d'aimer (1975) où Romy Schneider trouve un de ses rôles les plus forts, il revient au pays grâce aux autorités pour Sur le globe d'argent, film de science-fiction qu'il tourne en grande partie avant que le nouveau gouvernement n'arrête le tournage, empêchant le réalisateur de travailler dessus. Ce qui amène Zulawski à repartir en France in extremis. Ce tournage catastrophe, ajouté à un divorce houleux et à l'alcool, amènent le réalisateur à travailler sur Possession, un film traitant justement d'un couple en voie de séparation et dans une phase totalement explosive. Le tout en plein Berlin, ville témoin des tensions entre les blocs de l'est et de l'ouest.

Mur

 

Tourné sur place, le film montre une ville à deux faces et en pleine décrépitude. Elle symbolise en quelques sortes le couple star, à la différence que le mur est bien visible à l'œil nu. L'atmosphère pesante du film se développe d'abord dans les lieux. D'un côté, l'appartement du couple absolument banal, mais lumineux. De l'autre, l'appartement de l'amant aussi délabré que sombre. Le mur entre le couple se dévoile également dans la scène du bar où Isabelle Adjani et Sam Neill sont assis à deux extrémités, ne se regardant que sur le côté. La violence se dévoile à travers le couple, mais aussi par leurs actions individuelles. Deux personnages impulsifs qui se font du mal à eux-mêmes et aux autres, n'hésitant pas à tuer pour arriver à leurs fins. Dans le premier cas, comment ne pas évoquer la crise spectaculaire d'Adjani dans le tunnel, aussi longue qu'épuisante ?

Adjani

 

L'actrice a tout donné au point de se faire beaucoup de mal psychologiquement. Elle dira d'ailleurs qu'elle regrettait d'avoir accepté le rôle (d'autant qu'elle l'avait refusé au départ), Zulawski l'ayant amené vers des choses qu'elle n'aurait pas imaginé d'elle et qui l'ont durablement traumatisée, malgré toutes les récompenses qu'elle a reçu pour le film (dont le César de la meilleure actrice). Sam Neill n'est pas mieux loti, incarnant un homme à la déroute. Le duo peut être très calme, comme totalement excessif, partant dans des crises violentes au niveau des cris et des gestes. Puis il y a le fameux amant, créature multiforme créée par Carlo Rambaldi. Le concepteur d'ET n'a pas eu le même budget que sur le film de Steven Spielberg, mais il a conçu une créature que l'on voit peu mais bien et qui évolue au fil du film.

Créature

 

On peut ainsi la voir un peu comme une larve, puis comme une sorte de créature-tronc et ainsi de suite jusqu'à arriver à une forme qui n'est pas sans rappeler les films autour des Body Snatchers. D'autant que le doppelgänger est un sujet récurrent du film avec des copies positives et négatives. L'enfant du couple (Michael Hogben) est peu présent aussi, mais il anticipe beaucoup de choses grâce à des dons de voyance. Le final nihiliste ne fait que renforcer l'idée d'une expérience sinistre, difficile et sans pareil dans la production française. Au point que Possession est encore un de nos films d'horreur / fantastique les plus connus dans le monde. Le plus ironique étant qu'il a fallu que l'éditeur Le chat qui fume s'y intéresse pour avoir enfin une édition décente en France.

  • Délicieux (Eric Besnard, 2021)

Délicieux

On évoque souvent Nicolas Boukhrief le réalisateur, mais il est déjà arrivé que l'ancien critique de Starfix soit scénariste pour les autres. C'est ainsi qu'il a écrit un premier jet du Silent Hill de Christophe Gans (sans être crédité) ou qu'on le retrouve au scénario d'Assassin (s) (Mathieu Kassovitz, 1997) ou de films de son collaborateur Eric Besnard (il a écrit Le convoyeur et Made in France pour lui). C'est encore le cas ici avec cette histoire autour du premier restaurant de France ou du moins un des premiers. En effet, Délicieux n'a pas la vocation d'être un biopic, encore moins de mettre en avant une personnalité de la cuisine française. Il s'agit donc une fiction se situant à l'époque où des restaurants ont commencé à émerger, ce qui coïncide également avec les balbutiements de la Révolution Française, la libération des échanges (permettant ainsi aux marchands de vendre plus d'un produit) et le départ des nobles avec cuisiniers à la rue.

Travelling

 

Cette dépendance est abordée au cours du film, le cuisinier incarné par Grégory Gadebois étant viré par le Duc de Chamfort (Benjamin Lavernhe) sur une critique, avant d'attendre sans cesse qu'on le rappelle à la cour. Ce qui n'arrivera jamais. Besnard parvient à retranscrire l'humiliation faites à cet homme viré pour un simple choix d'ingrédient (la pomme de terre assimilée à de la nourriture pour cochons), mais croyant encore qu'il a une chance jusqu'au déclic. Et quand les humiliés se vengent, cela donne un sacré coup de poker où les perruques tombent. Si l'histoire d'amour entre le cuisinier et son apprentie (Isabelle Carré) n'est pas forcément d'une grande utilité en fin de compte, elle a le mérite de sortir un peu des sentiers avec une relation amour-haine, chacun se tournant autour sans s'avouer ses sentiments au point d'aller dans les mauvaises directions.

Carré

 

En revanche, Besnard se révèle toujours passionnant quand il part sur la cuisine. Certes cela ne plaira pas à tout le monde (il faut aimer le lapin), mais le réalisateur parvient toujours à magnifier les artisans et leurs produits, au point d'avoir faim après le visionnage. Gadebois s'avère mémorable en cuisinier contenant tout et la scène à la cour où il encaisse tout sans broncher en est la preuve. Besnard part de Lavernhe et un travelling arrière nous montre progressivement que l'on suit le point de vue du cuistot. Une manière comme une autre de l'isoler en le plantant au milieu devant des commentateurs faisant des compliments, avant de déchaîner les enfers. Un personnage bourru mais attachant et il en est de même pour ceux qui l'entoure. Le personnage de Guillaume de Tonquedec pourrait être vu comme supérieur au cuistot et pourtant comme lui, il apparaît comme un être méprisé par ceux qui l'engage au point de se demander si sa place ne serait pas ailleurs également.

Tonquedec

 

Le Duc est montré comme une girouette prête à tout pour avoir les faveurs de son entourage, quitte à dézinguer ses jouets pour mieux arriver à ses fins. Lavernhe incarne avec saveur un personnage égoïste et stupide pris à son propre jeu. Délicieux est un film historique réussi, captivant grâce à un récit bien écrit et bénéficiant d'un cachet indéniable au niveau de ses costumes et de son décor quasi-unique pour restaurant.

Lavernhe

A la prochaine ! 

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Commentaires
T
Pour Coup de tète, je l'ai récupéré récemment grâce a sa diffusion sur la chaîne L'Equipe (ça ne s'invente pas). Pour Patrick Dewaere, je l'ai détesté dans Série Noire et adoré dans Le Juge Fayard, donc, on verra bien.
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B
Coup de tête a en tous cas un des meilleurs rôles de Patrick Dewaere, même si selon Guy Roux, c'était un piètre footballeur. Délicieux n'a à mon sens pas eu une grande publicité et s'est pris Boîte noire dans la figure. Il se trouve que Canal avait mis plus le paquet qu'M6.
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T
Pardon, je voulais écrire : "J'ai lu quelques articles dessus".
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T
Jamais vu Coup de tète, mais, à l'occasion, pourquoi pas. Possession est un film assez complexe, mais, particulièrement intéressant. Et Isabelle Adjani y est incroyable. Pour Délicieux, j'ai lu quelques articules dessus et la plupart vont dans ton sens, mais, pas vu.
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