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Cine Borat
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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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19 mars 2022

Made in France II #20

"Le cinéma français c'est de la merde !", "On ne sait plus faire des films en France qui fassent parler d'eux. A part les films racistes..."... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de pass vaccinal, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Barbaque (Fabrice Eboué, 2021)

Barbaque

Après deux films plutôt cocasses coréalisés avec Lionel Steketee et Thomas N'Gijol (Case départ et Le crocodile du Botswanga en 2011 et 2014), Fabrice Eboué avait continué dans la réalisation avec Coexister (2017). Barbaque lui permet d'aller beaucoup plus loin en partant sur le terrain de la comédie horrifique. Sur le papier, Eboué semble signer un pamphlet contre le véganisme et notamment ceux qui participent à la cause. Pourtant le film est beaucoup plus nuancé que ce que certains veulent bien croire. D'ailleurs, le réalisateur en rappelle plus d'une fois les préceptes de manière cocasse comme pas du tout. De même, ils montrent aussi bien des gens sympathiques voulant juste manger mieux que les cas extrêmes qui bousillent des boucheries et agressent leurs employés. Il y a donc un poids, deux mesures dans le traitement de ces personnes et ce ne sont pas les seuls.

diner

Les héros ne sont jamais montrés comme des gentils, à part lorsqu'ils sont agressés la première fois. Une fois qu'ils deviennent des tueurs, ils le restent en s'imposant comme de véritables prédateurs en puissance. Certes le personnage d'Eboué est parfois pris de remords, mais il revient régulièrement à la charge. En revanche, le portrait de sa femme est moins reluisant. Derrière les sourires caustiques de Marina Fois, il y a une véritable lâcheté qui se dégage du personnage et rappelle Lady Macbeth. C'est elle qui fomente les crimes, pousse le mari à l'acte, mais c'est lui qui s'en occupe. Elle se contente de regarder et par la suite de découper leurs victimes. Le mari est même obligé de calmer ses ardeurs par moments, Fois ayant certainement plus faim que son boucher.

Fois

 

Eboué en vient même à une amusante réflexion en suggérant qu'un végan a peut-être meilleur goût, car il mange plus de légumes et est donc moins gras. Les bouchers joués par Virginie Hocq et Jean-François Cayrey apparaissent en comparaison comme des gens prétentieux, parlant d'argent tout le temps, tout en alimentant la soupe aux clichés. Ils participent également à la dégradation du métier de boucher avec une production industrielle éloignée de celle des personnages principaux. La fille du couple-star est loin de démériter (Lisa Do Couto Texeira), amenant un gendre (Victor Meutelet) aux propos délirants (la scène du dîner est fantastiquement drôle) et assumant son nouveau régime comme ça l'arrange. Mais ce qui marque le plus avec Barbaque est qu'il assume pleinement sa dimension horrifique, au point de se demander comment TF1 a pu produire ça.

Liquidation

 

Les exécutions ne sont clairement pas filmées hors-champ, le découpage des corps encore moins et autant dire que c'est probablement le film français le plus dégueulasse de ces dernières années. Ce qui est un véritable compliment, les effets étant bien réalisés. On peut également s'amuser des parodies de l'émission Faites entrer l'accusé avec Christophe Hondelatte semblant bien se marrer à l'idée de reprendre le concept de son émission. Barbaque est donc une comédie bien grinçante, qui éclabousse et ne plaira pas à tout le monde. Doublé d'un film qui assume pleinement sa violence jusqu'au décalage improbable (des tueries sur du Village People, c'est quelque chose). Plus que C'est arrivé près de chez vous (1992) auquel il a été comparé plus d'une fois depuis sa sortie, on pense souvent à Pain and gain (Michael Bay, 2013). Sauf que les héros sont beaucoup moins idiots, mais tout aussi dangereux.

  • The Prodigies (Antoine Charreyron, 2011)

Prodigies

L'adaptation de La nuit des enfants rois (Bernard Lenteric, 1981) a connu une gestation longue et sinueuse. Lancé en 2002 par le producteur Marc Missonnier, le projet passe de scénariste en scénariste, changeant également de format en cours de route, puisqu'il devient un film d'animation après avoir été envisagé comme un film live-action. La principale raison de ce choix artistique est que certaines scènes auraient été difficiles à réaliser avec des acteurs et auraient coûté trop cher. Après avoir envisagé l'animation traditionnelle, les producteurs ont misé sur un mélange entre CGI et performance capture. Manque de pot, le studio français qui se chargeait du film a fermé ses portes en pleine production, amenant l'équipe à finir le film en Inde en quatrième vitesse. Un aspect peu évoqué par la presse à l'époque de la sortie de The Prodigies (en dehors de Mad Movies qui était revenu dessus), alors qu'il explique pourquoi certains aspects de l'animation n'ont pas forcément bien vieilli ou que certains personnages manquent d'expressivités faciales.

Kasso

Des aspects du roman ont également été modifié afin de rendre le récit plus actuel (comme l'émission de télé réalité qui réunit les surdoués), d'autres changements ont été fait pour le simplifier (Jimbo devient un surdoué équivalent aux enfants, il les rencontre seulement adolescents...). Quant à la fin, elle s'avère différente dans le film, même si elle garde une certaine gravité (des personnages meurent dans tous les cas). Si l'adaptation est assez libre, le film n'en reste pas moins particulièrement violent et radical. Le réalisateur Antoine Charreyron (réalisateur de cinématiques sur les jeux-vidéo Tomb Raider : L'ange des ténèbres et Wheelman et réalisateur seconde-équipe de Babylon AD) signe un film d'animation pour adolescents et adultes qui s'impose par des scènes dérangeantes et saignantes.

Viol

 

Charreyron débute son film par une scène de maltraitance annonçant la couleur d'un film qui ne fera aucun cadeau à ses personnages, masculins comme féminins. D'autant qu'il opte pour un style différent pour les scènes explicites, dévoilant un univers blanc dégueulassé par des assaillants devenant plus massifs et dont la violence semble encore plus accentuée. On le remarque notamment durant la scène de viol qui est d'une bestialité incroyable et reste durablement en mémoire après le visionnage. Idem pour la vendetta envers les violeurs, dont le châtiment est synonyme de corps désarticulés et de ravalement de façade. Charreyron signe un film fantastique choc, dont l'interdiction aux moins de 12 ans est plus que méritée.

Désarticulé

 

Le film n'en est pas pour autant gratuit, montrant juste un univers sombre et mature où des enfants maltraités se vengent de la pire des manières face à un adulte ne savant plus dans quel camp il doit être. Malgré des soucis esthétiques dus à sa gestation, l'animation du film permet un grand lot de séquences spectaculaires et de qualité, les scènes blanches étant certainement les mieux animées. The Prodigies est donc une expérience animée mémorable, qui impressionne par sa violence et ses thèmes. Soit la principale raison de son malheureux échec commercial (144 536 entrées).

  • Ah ! Si j'étais riche (Munz, Bitton, 2002)

Ah

Musicien à la base, Michel Munz s'est consacré à l'écriture dès le début des 90's en multipliant les épisodes de séries télévisées. C'est sur ces feuilletons qu'il rencontre son futur binôme Gérard Bitton avec qui il signera le script des trois premières Vérité si je mens ! (dont ils réaliseront le fameux prequel par la suite). Quelques années après le succès du premier volet, ils se lancent dans la réalisation d'Ah ! Si j'étais riche, film qui sera un beau petit succès (1,1 million d'entrées), en plus d'alimenter régulièrement les chaînes de la TNT. Bitton et Munz montrent à travers leur film les problèmes inhérents à la victoire au loto, qui plus est en prenant exemple sur un gars lambda. Le personnage de Jean-Pierre Darroussin n'est peut-être pas pauvre, mais il fait partie de ces gens qui peuvent se faire virer à tout moment de leur boulot.

yes

 

Ou voir sa situation changer du tout au tout, ce qui finit par arriver dans son cas, loto ou pas. Darroussin est peut-être riche désormais, mais est-il heureux ? Il essayera bien de s'en convaincre une bonne partie du film à travers quelques petits plaisirs (restaurants, vêtements, chaussures, cigares... call-girl !). Mais tout cela bien qu'agréable n'est qu'éphémère. Beaucoup de gagnants du loto ou plus généralement de jeux ont vu l'argent leur brûler les doigts, au point de revenir à la case départ ou de tomber encore plus bas. Si le film ne va pas trop loin, n'évoquant pas ou si peu l'accompagnement psychologique des gagnants ; le personnage peut à tout moment basculer et les réalisateurs le font sentir par une déprime sentimentale certaine. Aldo est marié, mais son mariage bat de l'aile au point que sa femme finit dans les bras de son nouveau patron (Richard Berry).

Teduchi

Il a désormais une condition confortable, mais avec un couple qui vacille et un emploi qu'il n'aime plus, alimenté par une course aux chiffres qui le dépasse. Dès lors, soit il continue dans le fric en solitaire, soit le changement sera drastique. Les réalisateurs opteront pour la seconde option avec une certaine malice, un peu comme sur La vérité si je mens ! (Thomas Gilou, 1997). Darroussin est parfait pour ce type de rôle, passant facilement de la naïveté la plus totale au sérieux paranoïaque (cf ses procédés pour que l'on ne remarque pas sa victoire), en passant par l'amoureux transi aussi bien avec Valeria Bruni Tedeschi qu'Helena Noguerra. D'ailleurs, la première ne paraît pas très à l'aise, semblant au mauvais endroit, au mauvais moment. Dommage car le reste du casting tient largement la route, participant à la réussite générale du film.

Noguerra

Une comédie sociale jouant bien de son concept et se revoyant sans déplaisir. Après un Cactus (2005) que beaucoup semblent vouloir oublier, le duo retrouvera Darroussin pour une aussi mémorable Erreur de la banque en votre faveur (2009). Mais il s'agit d'une autre affaire de gros sous...

Darroussin

A la prochaine ! 

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Commentaires
T
Juste pour rajouter que je ne partage pas ton avis sur The Prodigies (les changements par rapport au roman enlève tout intérêt au scénario) et Ah ! Si J'étais Riche (le film tient uniquement grâce à ses acteurs et on y retrouve pas l'humour de La Vérité Si je Mens).
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T
Pas encore vu Barbaque, mais, il fait partie de mes priorités, d'autant que j'adore l'humour de Fabrice Eboué et ses films ne m'ont pas déçu jusque là (même Coexister que j'avais trouvé amusant).
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