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Cine Borat
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10 avril 2022

Made in France II #23

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Comment ça il y a un film sur L'équipe ce soir ? Français en plus ?"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps d'élections, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Goliath (Frédéric Tellier)

Goliath

Après avoir montré la traque de Guy Georges et avoir fait de Pierre Niney un pompier défiguré, Frédéric Tellier s'attaque au sujet des pesticides dans l'agriculture et les ravages qu'ils provoquent. Comme pour L'affaire SK1 (2014), le réalisateur a fait des recherches durant de nombreuses années (5 ans selon ses dires) avant d'accoucher du premier jet de Goliath. La force de son film est de montrer trois points de vues bien différents. Celui de la justice par l'avocat incarné par Gilles Lellouche ; puis celui des victimes avec Emmanuelle Bercot, femme d'un homme ayant un cancer dû à des pesticides (Yannick Renier) ; et enfin Pierre Niney le lobbyiste faisant tout pour que les dits pesticides ne soient plus interdits. Les deux premiers font face à leurs manières au dernier. Lui se bat contre la corruption et compte bien faire éclater une vérité qui dérange.

Lellouche

Elle voit les effets des pesticides sur son mari et combat aux côtés d'activistes contre ceux qui amènent l'accès à ces dangers de santé publique. Ce sont eux les fameux David, des gens face à un Goliath aussi impressionnant que tentaculaire. Niney incarne parfaitement cet aspect, homme de l'ombre alignant les pions jusqu'à arriver au but. Ainsi, une phrase disant que le tétrazine est aussi nocif que des bonbons va être dites une première fois. Puis tel un virus, elle va se propager jusqu'aux plus hautes instances du pouvoir, devenant ainsi un argument imparable. Car si tout le monde le dit, c'est que c'est forcément vrai. Comme quoi, une simple phrase peut amener le chaos à elle toute seule. Tout le travail de Niney relève de la désinformation et de la bassesse.

Niney

Tout est bon pour arriver à ses fins, du temps que l'enveloppe budgétaire le permet : payer un scientifique pour qu'il raconte le blabla sur les bonbons au 19/20 ; proposer de l'argent à un avocat pour qu'il stoppe ses investigations, avant de lui envoyer des trolls et des menaces de morts quand il n'accepte pas l'offre ; ou soudoyer des politiques pour qu'ils votent contre l'interdiction. Tellier s'amuse même à confronter d'une scène à l'autre deux mondes que tout sépare. D'un côté, la détresse de Bercot et les traitements de son mari ; de l'autre Niney qui fait la fête dans un château pour la naissance de son enfant. La misère et le fric roi s'entrechoquent de manière violente, montrant une différence flagrante des priorités. Cet exemple en est un parmi d'autres, le réalisateur faisant cela tout au long du film pour montrer ce décalage souvent indécent.

Bercot

Car derrière des discours pompeux et des dessous de table, il y a des vies en jeu et un constat dramatique. Le personnage de Bercot est d'ailleurs présenté de manière énigmatique, le réalisateur la montrant d'abord au quotidien comme professeur d'EPS avec un second emploi le soir. Plus le film avance, plus on comprend son lien avec le reste de l'histoire. Elle n'est pas là par hasard, elle est directement concernée par le problème au quotidien (son mari comme d'autres dans son coin sont des victimes des pesticides propagés par un agriculteur sur ses récoltes). Un aspect qui dévoile aussi qu'il n'y a pas que les agriculteurs qui sont touchés, mais aussi les civils qui vivent autour des champs. Ce qui permet au spectateur de s'identifier davantage et de se dire que cela peut arriver à n'importe qui.

Renier

Un sentiment d'impuissance se propage donc durant tout le visionnage de Goliath. Il n'y aura pas de happy-end ici. Juste des gens qui se battent face à un ennemi que l'on arrive difficilement à déboulonner. Tellier réussit à tenir en haleine le spectateur comme il l'avait fait autrefois avec le serial killer numéro 1, transformant un drame humain en thriller qui laisse un goût amer en bouche.

  • Fucking Kassovitz (François-Régis Jeanne, 2011)

Babylon AD de Mathieu Kassovitz devait être un des événements de l'été 2008, au même titre que The Dark Knight (Christopher Nolan) ou Wall-e (Andrew Stanton). Un film de science-fiction ambitieux coproduit par la Fox et la France (notamment Studio Canal), adapté d'un célèbre roman de Maurice G Dantec (Babylon Babies, 1999) et avec un casting international (Vin Diesel, Mélanie Thierry, Michelle Yeoh, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Mark Strong, Jérôme Le Banner, Gérard Depardieu...). Au final, un film un brin ennuyeux qui s'attarde trop sur des détails insignifiants, quand d'autres arrivent trop tard et auraient mérité plus de développement. Sans compter un aspect futuriste pas forcément dingue, tenant plus de la citation à Blade runner (Ridley Scott, 1982) et aboutissant à un manque de folie. Un rendez-vous manqué en quelques sortes.

Babylon

Si l'on se souvent encore de Babylon AD de nos jours, c'est en grande partie à cause de sa production catastrophique illustrée par le documentaire de François-Régis Jeanne. On peut regretter le manque de sous-titres sur certaines séquences (les non-anglophones apprécieront), l'absence de certains intervenants (Baboulinet ne parle pas face caméra et n'est présent que dans les images de tournage) ou encore que tout le tournage ne soit pas présenté. Toutefois, le documentaire offre une vue d'ensemble d'une production chaotique du début à la fin et qui pouvait difficilement aboutir à quelque chose de bon. Babylon AD était tout simplement une production trop chère pour la France. Son réalisateur a vu les choses trop grandes et son film lui a échappé, au profit de producteurs pas forcément plus compétents.

Diesel

Son acteur principal a finit par laisser tomber au bout de quelques jours (le film ne le montre pas, mais il semblerait que Kassovitz et lui se seraient rapidement engueulés sur le tournage, au point de s'envoyer des personnes pour communiquer) et fait le strict minimum, tout en constatant lui-même qu'il y a des soucis à droite et à gauche (cf le pitch qu'il fait à un moment). Des décors, costumes et accessoires qui ne sont pas ceux demandés ou faits sur le tard. Fucking Kassovitz montre un terrible échec collectif. Un projet trop gros pour les épaules de Kassovitz et ses collègues et qui leur a explosé en pleine figure, avec toutes les bonnes intentions que l'on peut avoir dans une telle situation. Finalement, la personne la plus lucide du documentaire est Mélanie Thierry, évoquant le mieux ce qui a mal tourné. Il manquait un meneur, un esprit d'équipe. 

Tournage

Mathieu Kassovitz n'a réalisé qu'un seul film depuis (le film de guerre L'ordre et la morale en 2012) et son nouveau projet de réalisateur a tendance à faire sourire. Soit un film de science-fiction tourné en anglais où Daisy Ridley trafique des souvenirs de personnes et les implante dans d'autres personnes, avant d'être associée à un crime. Le pitch vous dit quelque chose ? Rien d'étonnant car c'est plus ou moins ce dont parle Strange Days (Kathryn Bigelow, 1996). Au vue des expériences étrangères du réalisateur (parce que Gothika est aussi un sacré désastre), on peut déjà avoir un peu peur du résultat.

  • Les triplettes de Belleville (Sylvain Chomet, 2003)

Belleville

Si vous aimez un peu zapper, vous savez que la chaîne L'équipe ne diffuse pas que du sport ou des débats animés autour du football. Il arrive que le canal 21 de la TNT passe des films selon les jours creux, souvent des oeuvres du roi du grand écart Jean-Claude Van Damme ou de l'as du moulinet dans le vide Steven Seagal. Mais pas que. La preuve avec Les triplettes de Belleville qui ressort la semaine prochaine dans les salles, fréquemment diffusé sur la chaîne, le vélo étant une part importante du métrage. Auteur de bandes-dessinées et réalisateur du remarqué La vieille dame et les pigeons (1996), Sylvain Chomet avait épaté son monde avec ce film. En compétition au Festival de Cannes en 2003, le film avait attiré 873 051 spectateurs, soit presque un miracle tant l'animation française arrive difficilement à s'imposer dans les salles françaises malgré ses qualités indéniables. 

Cyclistes

 

Mieux, il était devenu le premier représentant français pour l'Oscar du meilleur film d'animation, rejoint depuis par Persepolis (Satrapi, Paronnaud, 2007), Une vie de chat (Gagnol, Felicioli, 2010) Ma vie de courgette (Claude Barras, 2016) ou Ernest et Célestine (2014). L'impact du film de Chomet est d'autant plus incroyable que le film ne contient quasiment aucun dialogue et repose en grande partie sur de la musique et des bruitages. Sans compter le style très particulier de Chomet, jouant des imperfections de ses personnages et exagérant le trait. On pense notamment aux cyclistes et à leurs jambes très musclées. Ce qui permet un look décalé intéressant et changeant clairement des styles Disney et Pixar, ses adversaires aux Oscar en 2004. L'exagération est également présente dans le récit où des cyclistes sont kidnappés par la mafia américaine en plein Tour de France.

sTATUE

 

L'improbable continue avec cette grand-mère faisant tout pour retrouver son petit-fils, quitte à traverser l'Atlantique en pédalo ! Sur le coup, on croit à une blague, mais Chomet assume totalement, la montrant même passer devant une Statue de la liberté quelque peu différente. Il y a un côté attendrissant à travers la relation entre la grand-mère et son petit-fils (elle est sa première supportrice) et également frappadingue comme l'atteste la poursuite finale. Chomet parvient parfaitement à marier les deux, optant même pour une certaine mélancolie dans les dernières minutes, ce qui n'est pas sans annoncer la tristesse ambiante du film suivant du réalisateur, L'Illusionniste (2010). Ce qui fait des Triplettes de Belleville un film particulièrement singulier dans le cinéma d'animation et une oeuvre marquante de notre histoire hexagonale.

Mémé

A la prochaine !

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